toutes les garces de ta vie en moi réunies ♕ venus jdanov

Venus, enveloppée contre la blancheur de ses draps.
Naquit contre ses lèvres un sourire velouté, soudainement effacé par l’oppression d’un regard incitateur. On tend vers sa tendresse et ne souhaite que ses caresses. Elle se colle à votre peau, vous murmure au creux de l’oreille qu’elle vous veut.
Elle les veut tous.

Venus chérie est épicée, Venus chérie elle est sucrée/salée. Un goût insalubre, dépravé qui met l’eau à la bouche. Venus, Venus, Venus, il n’y a que son nom qui résonne entre vos lèvres qu’elle a autrefois mordillées – qu’elle a autrefois savourées. Une danse lascive, qui s’est terminée contre sa bouche à la recherche de votre souffle – étouffé – par ses griffes acérées. Venus elle les aime tous, du plus con au plus intelligent, mais avoue avoir un penchant pour les plus chiants. Elle ne vous dévore pas du regard, elle ne se sert de vous, comme simple miroir. Elle aime voir le reflet de son succès entre vos soupirs et vos jouissances, si ce n’était que de l’autosuffisance, elle s’y prendrait de la main droite.

Mais c’est qu’elle a besoin de vous pour lui dire qu’elle est belle.
Mais c’est qu’elle a besoin de vous pour lui dire qu’elle vous émerveille.
Mais c’est qu’elle a besoin de vous pour combler l’ennuie – et son lit.

S’il y a bien quelque chose de pure chez elle s’est son côté garce. Une vraie, une pure et dure comme vous n’en avez jamais vu – comme il n’en a jamais existé. L’humiliation et le sarcasme peuvent se rhabiller, puisque Venus est une princesse. Elle méprise sans poser le petit doigt, laissant le tout à son aîné, à son tendre, au seul humain qui se conjugue au masculin et qui à ses yeux, s’élève à un niveau d’importance considérable au sien – César. Elle ne fait que battre des cils devant la souffrance et elle souffle sur l’agonie pour la cacher bien au loin. Parce que Venus est une princesse et qu’elle ne salirait que pour se refaire une beauté.

Et vous adorez ça, c’est pour ça que vous jouez diablement avec.
C’est qu’elle a tout pour vous plaire – tout pour vous faire misère.

C’est qu’elle était belle Venus – balançant son poids contre la pointe tangible de ses pieds, parsemant son corps d’une élégance enivrante par l’essence même de sa magnificence.  

Elle s’élançait, elle se balançait - elle vous plaisait.

C’était son corps svelte qui épousait la forme de son costume qui vous émerveillait.
C’était ce sourire qui se dessinait sur ses lèvres pulpeuses qui vous hypnotisait.
C’était ses gestes entre les rubans de soie et les anneaux qui vous fascinait.
C’était elle, Venus, qui vous obnubilait.

Elle repartait, tirant sa révérence et s’éclipsa vers la caravane familiale. Elle retrouvait ses sœurs, son frère – elle retrouvait ceux, avec qui elle avait vécu depuis tant d’années. Venus, elle était princesse, mais l’espace elle avait appris à force de s’y tenir les uns contre les autres. Un gigantesque miroir lui redonnait le sourire perdu face au peu de place qui lui était destiné. Cette immense glace qui lui servait de divertissement continuel – auquel elle ne se laissait pas la moindre seconde.

Entre les insultes et les bagarres, entre les conneries et les fou rire, Venus, elle n’avait rien à dire. Qu’elle en ait six, qu’elle en ait quatre, les frères et sœurs ainsi que leurs noms avaient une importance aussi admirable que ses conquêtes nocturnes – limitée. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid, elle a toujours eu cette lacune d’attention, étant la dernière à être née. La petite dernière ou comme elle vous dirait, le fameux pourcentage défectueux des préservatifs. À cela, il n’y avait que César. Que César pour l’admirer, que César pour la complimenter, que César pour l’affection manquée, que César pour lui être loyal, que César pour remplacer un miroir. Il faisait miroiter ce qu’elle voulait entendre sans même avoir à ouvrir la bouche. Si ce n’était de ce que la société appelle bêtement la famille, Venus, elle aurait fait un bon à une époque où l’inceste était viable pour en épouser César.

Ce qu’il avait de plus que ses sœurs – ce qu’il avait plus que n’importe qui en ce monde, c’était ce sentiment de confiance, de sécurité qu’il lui procurait. Il lui donnait l’impression d’être un bouclier – d’être celui qui trouvait les mots justes pour la rassurer. Entre ses bras qui s’enveloppaient contre ses membres tremblant lorsque papa faisait rage, plus rien n’existait, plus aucune anxiété pouvait la pénétrer. César une douce pluie d’un soir qui vous alourdit le poids de vos paupières et qui vous enlace dans un sommeil chaleureux, le sourire aux lèvres. César, chaleur d’un feu après une longue journée à travers le froid, vous laissant bercer le regard sous les traits abstraits des flammes. Il était ainsi pour elle César. Papa pouvait faire tout le temps, papa pouvait être violent, papa pouvait s’acharner bruyamment, mais papa n’atteignait pas Venus.

Papa, il ne pouvait rien, aussi longtemps que César était là, papa n’existait plus.  

Le bruit encastré dans la grande ville, Venus était sereine. Elle ne bronchait pas, elle ne parlait pas, elle observait. Sa fascination pour la grandeur des lieux s’exprimait de manière infaillible à travers son regard bleuté. Un océan qui se berçait doucement entre les battements des vagues – une expression unique qui s’imprimait sur son visage, à travers ses pupilles. L’esquisse d’un sourire qui s’allumait au même rythme que les lumières de la ville et où s’éteignait l’astre dans les cieux pour laisser place à la nuit. Calme, paisible, il n’y avait que sa respiration qui lui était familière, le reste, disparu.
Venus une fois. Venus deux fois. Venus trois fois.

Elle ne bouge pas. César, l’air de rien avec un sourire encastré qui se fendait d’un bout à l’autre de son visage l’observait.

« Venus, t’es encore dans les vapes. »

Il l’a rejoint sur le toit et elle s’appuie par la délicatesse de ses gestes contre son épaule. Sa chevelure prend une forme abstraite, sa tête maintenant penchée contre César. Elle sourit.

« Qu’est-ce qui me vaut ta visite ? Je te croyais avec Anselm. »

Il ne dit rien.

« Alors ? Tu voulais me dire quelque chose ? »

Il retrouva le même éclat avec lequel il était arrivé, se balançant vers Venus, il sortit de sa poche une enveloppe.

« Tu sais, l’endroit magique, l’endroit dont je te parle la majorité du temps ? »

« César crache le morceau voyons. »

Rire.

« Juste que maintenant, on y va tous les deux. »

Il dévoile l’enveloppe avec le sceau de l’école illuminant à nouveau l’expression de Venus. L’idée d’être sorcière ne l’excitait pas plus qu’il ne le fallait, elle réalisait tout simplement qu’elle n’allait pas être séparé de César. Qu’au-delà de la caravane, de l’appartement en Angleterre, ils allaient à nouveau se réunir dans un autre lieu ensemble.

Ses bras enrobèrent le cou de César. La voix faible, la voix veloutée, dans un murmure ;

« Toi et moi, toujours et encore César. »

Inséparable.