J'étais un peu trop impatient. Un peu trop excité aussi. C'est la première fois qu'Aili avait un rencard. Enfin.. la premier fois qu'elle me mettait au courant quoi. Alors forcément c'était un moment important. J'avais même insisté pour qu'elle y mette un peu du sen niveau vestimentaire et le reste. C'était toute une histoire pour la faire lâché ses pulls trop grand et ses converses délavées. Mais j'y suis arrivé et j'avoue que j'étais carrément fier. Les invitations spontanées et mystérieuses comme ça c'était toujours beaucoup trop cool et romantique. J'étais limite jaloux tien, mais j'avais pas tellement à me plaindre de ce coter là.. Alors ce soir c'était elle qu'allait en profiter.
Bien sur le mot n'était pas signé mais j'avais pas beaucoup de mal à m'imaginer Alex lui envoyer ça. Sous ses airs de grand pas douée au regard farouche finalement il s'était plutôt montré à la hauteur. Même plus que ça. Je savais qu'ils avaient pas rejoint leurs bungalow après la soirée anniversaire. Je me souvenais juste d'avoir vus les deux s’éclipser discrètement. J'ai pas posé la question même si ça m'avait carrément démangé. J'ai quand même un minimum de respect pour ma soeur ! Puis si elle voulait m'en parler elle le ferait quand elle se sentira prête.
Mais ça m’empêchait pas de me montrer impatient et de l'attendre devant les bungalows. J'aurais tout donné pour pouvoir espionner leurs rendez vous. Un peu trop curieux peut être. Un peu trop heureux aussi. Même si elle faisait la gueule je savais qu'au fond ça lui faisait du bien de fréquenter des gens et de se lier un peu à d'autres êtres vivant capable de lui faire ressentir des trucs. Elle en avait besoin. C'est pour ça que j'étais là assis avec mon crabe de feu à attendre qu'elle revienne sans même savoir quand est ce qu'elle allait le faire. Dans le fond peut être qu'elle n'allait pas rentrer ce soir non plus. J'aimais bien cette idée, même si ça voulait dire me faire poiroté ici toute la nuit. Heureusement que Rief s'était proposer de me tenir compagnie sinon je serais probablement mort d’ennuis.
Les minutes passaient. Je n'avais aucune idée de l'heur qu'il était mais Aili avait finit par revenir. J'en trépignais d'impatience même si j'étais un peu déçus qu'elle n'ai pas disparue toute la nuit une fois de plus. Ailleurs dans les bras d'un grand blond, c'était pas trop mal comme idée. Mais elle revenait déjà, Rief avait eu la délicatesse de retourner à son bungalow pour nous laisser entre jumeaux curieux. On en avait besoin de temps en temps. Surtout maintenant. Sur cette île on était jamais vraiment seuls, alors de temps en temps on se fait le caprice de l'être tout les deux.
Souriant, je me relevais soudainement, les mains dans les poches et une étincelle au fond du regard. J'étais impatient, et j'espérais vraiment qu'elle allait tout me dire cette dois ci.
Finalement seule sur le toit du réfectoire. Green parti, je pouvais enfin pleurer sans être vue. Je restai là, sans avoir bougé d’un centimètre depuis le départ du garçon, à pleurnicher comme une gamine de cinq ans. Et je me détestais pour ça. Horrible sensation de faiblesse qui me rongeait, incapable de rester droite et digne suite aux attaques du Serpentard. Je me laissai du temps, suffisamment pour chasser les sanglots, avant de quitter ce cocon d’amoureux. Pour ma part, je laissai derrière moi la scène d’un désastre. Sur mon passage, je repris mes talons sans pour autant les remettre. Je préférai laisser mes orteils s’enfoncer dans le sable tiède de la plage. Ces petites choses qui faisaient que la vie pouvait toujours être appréciée, même après une soirée pareille. Mais je ne m’attardai pas trop. Au fond, je voulais retourner au bungalow et disparaître sous mes draps. Qu’on m’oublie et qu’on me laisse jouer à la DS pour le restant des vacances. Arrivée devant les bungalows, je vis deux silhouettes sur un banc. L’un se leva pour laisser l’autre seule et il fut aisé de reconnaître mon frangin avec son crabe au feu. J’essuyai nerveusement ma main blessée sur ma robe et tentai d’effacer les dernières traces de tristesse de mon visage. Mon air revêche naturel pouvait facilement se justifier. Des larmes, un peu moins.
« Salut. »
Bon, pas de trémolo dans ma voix, je partais sur une bonne note. Je passai devant lui sans m’attarder. Avec un peu de chance, Kiki comprendrait que je ne voulais pas parler de la soirée. Et c’était tout à fait mon genre de ne pas vouloir en parler. Garder tout ça pour moi. Je ne lui avais même pas souffler mot de ma fin de soirée avec Alexis. Silence totale. Puis, il avait lui-même son histoire avec Rief alors je ne voulais pas assombrir sa joie avec mes propres doutes.
« Aïe ! »
Rapidement, je retirai ma main de celle de Kieran. Peut-être avait-il essayer de me retenir ou simplement la prendre. Je n’en savais rien, je ne l’avais pas écouté. Toutefois, j’étais clairement dans la bouse de dragon.
Un large sourire au lèvres, j'avais du mal à contenir mon impatience mais fit l'effort de la laisser approcher sans lui sauter dessus. Elle passa prêt de moi. Rapide, un peu trop peut être ? Elle se contenta d'un salut un peu froid, comme si elle cherchait déjà à m'éviter. Pas déjà, il fallait au moins qu'elle me raconte. Je savais que parler c'était pas son truc. Même avec moi.. Surtout avec moi. Parce qu'on était jumeaux, et parce que contrairement à ce qu'on peu penser c'était parfois un poids. Mais là, c'était encore différent. Être jumeaux c'est connaître l'autre par cœur. C'est être la seule personne au monde à pouvoir traduire des regards, des gestes. C'était partager un peu le même cœur. Tout ce qui la touchait m'affectait, et tout ce qui me touchais l'affecter aussi. En bien, ou en mal. Ce soir quelque chose n'allait pas et je n'avais pas l’intention de la laisser partir cette fois ci.
« Aili... »
Ma main attrapa la sienne dans un réflexe naturel. La retenir un peu, la serrer dans la mienne pour la rassurer quoi qu'il ai put se passer. Je la tenais une seconde, et puis elle s'est libéré. Un peu trop brusque à mon goût, comme blessé, pourtant je n'avais fais que la tenir. Qu'est ce que ça voulais dire. Je la regardais avec une certaine stupeur. Elle me repoussait rarement, mais cette fois c'était seulement un réflexe pour elle aussi.
J'avais du sang sur la main.
J'étais certain de pas en avoir avant d'attraper la sienne. Mon cœur manqua un battement avant de se figer au fond de ma poitrine. Je manquais un peu d'air tout d'un coup, un peu choqué par ce que ça voulait dire. Elle voulait vraiment me cacher ça ? Mon autre main attrapa le poignet de ma sœur pour le tirer jusqu'à moi et dévoiler sa paume ensanglantée. Elle s'était blessé, ou on l'avait blessé j'en savait rien et c'était certainement ce qui me paniquait le plus.
« Mais.. mais qu'est ce qui s'est passé ! »
Mon regard quitta finalement sa main pour glisser jusqu'à son visage et s'encrer dans ses yeux. C'était assez flagrant maintenant, elle allait mal et quelque chose s'était passé. Cette soirée s'était mal passée et c'était peut être ma faute. Je me sentais mal d'avoir autant insisté, mal de m'être autant extasié sur tout ça. Je restais planté là en face d'elle, scrutant son regard comme si les réponses s'y trouveraient. Il fallait qu'elle me parle. Il fallait vraiment qu'elle me parle maintenant.
Fait chier. En moins de deux, son visage se décomposa visiblement choqué par le sang sur sa main. Mon sang. J’essayai d’éloigner ma blessure de lui serrant mes doigts douloureux. Kiki fut plus rapide que moi et attrapa mon poignet pour me forcer à présenter ma paume blessée. Je le laissai faire. Je n’avais plus la force de me battre avec lui. Au fond, je préférai que tout ça s’arrête rapidement et qu’on passe à autre chose. J’étais blessée, ce n’était pas la première fois. Pouvions nous passer à autre chose ? Mais Kiki voulait savoir. Il restait là, à me fixer et ne bougerait pas tant et aussi longtemps que je ne lui avais pas offert une réponse. Malheureusement pour lui, je ne voulais pas en parler. Mon seul désir était de me retrouver dans mon lit.
« J’ai simplement… tombé. J’suis pas habituée de marcher avec ça »
Doucement, je secouai les talons que je tenais toujours à la main. Ces horribles talons qu’il m’avait obligé à porter pour cette soirée. Je les détestais tellement qu’ils n’étaient restés dans mes pieds qu’une vingtaine de minutes. Ma lassitude transparaissait dans mon ton de voix. Ma flamme intérieure avait été soufflée par le rire de Green et il ne restait plus rien de moi. Une coquille vide une fois de plus. Si je pouvais ne plus ressentir ces émotions qui me taraudait, tout serait parfait. En réalité, je ne devais juste plus penser à cette soirée avec Green. En fait, je ne devais juste plus penser du tout. Incapable de supporter plus longtemps son regard, je baissai les yeux. Je les baissais toujours quand je mentais à Kiki.
« En vrai, il n’y a rien à dire. Ça s’est révélé être une mauvaise blague et nous sommes restés pris sur le toit du réfectoire. Voilà. Tu veux bien me relâchai s’te plait. J’suis hyper fatiguée et j’aimerais vraiment retrouver mon lit. Je demanderai à Rief de regardai ma blessure demain. J’te parie que c’est presque rien. Juste nettoyer et ce sera déjà mieux. »
Elle voulait s’enfuir. Je le sentais, je le voyais dans ses yeux. Un automatisme chez elle, c'était sa façon de se protéger. S'enfermer dans sa solitude, bâtir des murs tout autour d'elle et courir le plus loin possible de toute forme d'affection ou de sentiments même quand ils venaient de son propre jumeau. J'étais le seul qui prenait la peine de démolir ces murs. Le seul qu'avait la patience et l'envie de le faire. Encore ce soir, il fallait que je franchisse cette obstacle pour qu'elle me parle. Je croyais que notre discussion sur la plage lui avait finalement fait ouvrir les yeux, qu'elle avait compris l'importance qu'il y avait à communiquer, ou juste ce confier à moi. J'étais la seul personne au monde qui pouvait réellement la comprendre, le seul qui serait sincère quoi qu'il arrive. Qui la soutiendrait quoi qu'elle fasse et qui ne la jugerais jamais sur ce qu'elle fait. Pourtant elle me tourne encore le dos.
J'allais pas la laisser partir. On a au moins ça en commun. On est têtus et on lâche rien. Je pouvais l'être au moins autant qu'elle et elle en était parfaitement consciente. C'est pour ça qu'elle me sort cette excuse nulle comme quoi elle était tombé et s'était fait mal. Des fois je me dis qu'elle me prend vraiment pour un idiot. Je m'étais assez casé la figure en skate pour savoir à quoi ça ressemble une main blessé dans une mauvaise chute. La on voyait clairement les entailles. Quelque chose l'avait blessé, ce n'était pas une chute. Je gardais le silence pour le moment, la laissant parler. La laissant me mentir encore une fois, les yeux baissés sans oser me regarder. Elle fait toujours ça quand elle ment. Elle pouvait me regarder droit dans les yeux pour me lancer son sarcasme au visage ou ses méchancetés, mais les mensonges elle y était jamais arrivé. Elle savait que ça, comme le reste, je finissais toujours par savoir quand elle était sincère ou non.
Là elle l'était pas. Son histoire était bizarre en tout cas, peut être pas si impossible que ça en réalité. Je voyais pas pourquoi elle mentirait sur ça. Maintenant que j'y pense c'était un peu bizarre cette façon de l'inviter. Alexis aurait certainement prit la peine de lui demander lui même, parce que c'était pas franchement le genre à jouer les romantique mystérieux. Ça collait même carrément pas. Je sais pas pourquoi mais j'avais tout d'un coup un mauvais pressentiment. Comme une boule d'angoisse au creux du ventre. Y'avait quelque chose derrière se mensonge.
«Alors y'avait personne ? Qui peut avoir envie de faire des blagues aussi nulles serieux... Pourquoi t'es pas revenue tout de suite alors ? Et ça explique pas ta main... »
Je sentais qu'elle voulait me cacher un truc, alors je la lâchais pas, je la retenais encore jusqu'à ce qu'elle me raconte tout quitte à s'énerver contre moi. Elle semblait étrangement trop fatigué pour le faire. Elle m'aurait même déjà rembarré depuis longtemps en faite. Ma main libre fouilla dans ma poche pour en sortir une des bandes que je gardais sur moi. L'avantage de devoir s'occuper d'un crabe de feu c'est qu'au bout de trois brûlures on finit par se promener avec une pharmacie partout ou on va. Mon regard glissa juqu'à sa paume, la nettoyant d'un coup de baguette pour y chasser le sang qui avait cessé de couler, laissant le silence planer encore quelques secondes.
« Y'a un truc que tu me dis pas.. je le vois tu sais. Je suis pas idiot... Alors dis moi. »
Je fis le tour de sa main à l'aide de la bande. Restant délicat dans mes gestes, presque lent. Même si elle passait son temps à prétendre le contraire, elle avait parfois besoin qu'on fasse attention à elle, qu'on soit simplement attentif à ses besoins, qu'on prenne soin d'elle. Je l'ai toujours fais, depuis qu'on était gamins, depuis que 'Man était parti, je continuais à le faire tant qu'elle en aura besoin, et au vus de l'éclat triste au fond de ses yeux c'est évident que c'était le cas en ce moment.
Je le laissai me soigner. Mes yeux posés sur ses mains, je n’osai pas ouvrir la bouche pour continuer à lui mentir. Il l’avait deviné. Comme à chaque fois. J’étirai le silence tout le long qu’il me soigna. Sa douceur en était presque étonnant. Parfois, j’oubliais qu’il n’était pas qu’une énorme boule d’énergie qui court partout en gesticulant les bras. Kiki pouvait aussi se montrer calme et délicat. Puis savoir qu’il y avait au moins une personne sur cette planète qui m’aimait me faisait du bien. Que malgré tout ce que Green pouvait dire de moi, il y avait toujours quelqu’un quelque part qui m’appréciait un peu. Beaucoup même dans le cas de mon frangin.
« Je n’étais pas seule… » débutais-je avant de m’interrompre.
Bordel de merde. Pourquoi ça me rendait aussi émotive ? Je soufflais chassant ce vibrato de tristesse dans ma voix.
« On m’a fait une blague. Pourquoi? j’sais pas. Mais, c’est Green qui m’a rejoint. Nous comprenions pas au début, puis ce fuit clair. La porte du toit était verrouillée et on pouvait plus descendre. J’lui ai bien proposé de sauter en bas de l’édifice mais il a pas voulu. Puis, il m’a énervée et j’ai éclaté mon verre dans ma main. »
Il manquait beaucoup d’informations, d’énormes blancs dans mon histoire, mais je ne pouvais pas réellement lui dire que j’avais cru, un instant, Green et ses compliments. Sérieusement… Ni que je l’aie embrassé. Mieux fallait changer de sujet.
« Ton crabe est vraiment cool. Moi je pense remettre le mien en liberté. Tu sais, moi et les animaux domestiques… »
La tendresse fait son effet. Le calme du moment lui délit lentement la langue. Il fallait du temps avec Aili, il en fallait toujours un peu plus de jours en jours. Je sentais que quelque chose l'avait troublé, elle le cachait a merveille , comme toujours. Mais son masque de marbre se fissurait lentement, le désintérêt laissait place à quelque chose de plus triste. Quelque chose de blessé. Il s'était donc passé quelque chose là bas.
Pas seule. Quelqu'un était bien avec elle su ce e toit. Le mystérieux prétendant. Pourquoi n'était elle pas heureuse dans ce cas, ou simplement gênée. La tristesse n'avait rien à faire dans un rencard, sauf quand il se finit par un échec. Un échec c'était envisageable, à vrais dire j'avais eu peur qu'Aili et sa capacité à se punir constamment finisse par gâcher sa soirée, bousiller tout ce qui peut lui arriver de bien juste pour s’interdire d'être heureuse. Mais ce soir elle avait fait cet effort, elle avait laissé de coté sa mauvaise humeur et ses soupir pour enfiler des talons et une jolie robe. Elle était parfaite, pourtant elle était revenue accompagné d'une tristesse un peu trop flagrante.
Je l'écoutais sans un mot, ouvrant simplement de grand yeux à ses paroles. Une blague. Quelqu'un avait certainement trouvé ça amusant de lui faire perdre son temps, de lui faire croire à de jolies choses. Les gens peuvent être d'une cruauté, s'en était écœurant. Plus écœurant encore, la mention de Green. Qu'est ce qu'il venait faire là celui là ? Coincée sur un toit avec Green comme seule compagnie. Je pouvais comprendre sa détresse, mais pas sa tristesse. Quelque chose d'autre s'était passé. Quelque chose d'assez grave pour qu'elle en brise son verre.
« Qui peut faire une blague aussi nulle ?... Grenn t'as fais chier c'est ça ? Qu'est ce qu'il a fait pour que tu t’énerve comme ça... Fallait me le dire je serais venu.. Enfin.. on a pas de réseaux ici... »
J'aurais du aller avec elle. Pourquoi je l'ai pas fais ? Simplement pour l'accompagner. Je m'en voulais tellement que je m'en serais coller des baffes. Maintenant que j'y pense c'est vrais que c'était un peu étrange cette invitation spontané. Si j'étais allé avec elle je l'aurais sorti de là rapidement, on aurait pendu Green par les pieds sur le toit du balcon et on aurait finit la soirée sur la plage. Pourquoi j'y suis pas aller ?! Je fermais les yeux une secondes, attrapant ses mains une fois de plus le temps de chasser tout ça de ma tête.
« J'suis désolé.. c'est moi qu'ai insisté pour que t'y aille... j'aurais du t'accompagner.. je sais pas... J'espère que t'en a fait bavé à ce crétin.. »
J’essayais de sourire, de rendre ça plus positif. Comme toujours il fallait que chasse toute cette noirceur à l'aide de sourire et de légerté, pourtant, j'en avait pas le coeur à ça, j'en avait pas envie. Je sentais au fond de moi qu'une parti du tableau manquait toujours. Quelques détails qu'elle cachait. Des choses qu'elles ne disait pas. Aili aurait pas été si troublé par une poignée de minutes passées avec Green. Elle en serait pas blessé comme ça. Peut être qu'il lui avait fait quelque chose. Je savais que Green s'en prenait plus facilement à elle qu'à moi. Elle était plus fragile, plus sensible à ses remarques. Il pouvait la briser quand il n'arrivait qu'à obtenir du désintérêt de ma part. On se lasse des gens comme moi, que rien n'affecte vraiment, que rien n’irrite ou ne blesse. Aili c'était tout le contraire.
Mon regard se planta dans le sien, un peu inquiet. Mes mains caressèrent machinalement les siennes comme pour me donner un peu de courage et briser cette glace qu'elle maintenait entre moi et la vérité. Mais il fallait que je sache, et il fallait bien qu'elle finisse par en parler.
Pourquoi moi ? Pourquoi Dem ? Pourquoi nous deux sur le toit du réfectoire ? Tellement de questions, mais aucune réponse. Et pourquoi Kiki continuait-il à me poser toutes ces questions. Je ne voulais pas lui hurler dessus pour qu’il me laisse tranquille, mais je voulais tellement qu’il arrête de parler. Qu’il me relâche et qu’il me laisse partir. Je ne sus toutefois pas ce qui fut le pire : Kiki qui s’excusait ou la référence à Green. Mes doigts se serrèrent sur les siens pour calmer mon désir d’éclater en sanglots à nouveau. J’essayai même de lui sourire ce qui, je n’en doute pas, ressemblait plus à une grimace après avoir mordu dans du citron. Je préférai me mordillai la lèvre plutôt que de continuer de lui mentir et de me mentir.
« Ouais, sûr. »
Je ne savais même plus comment répondre. La pauvre idiote que j’étais, pas même de formuler une réponse cohérente. Bordel de merde, ça me faisait chier. Cette soirée, cette île, ces gens. Ma promesse envers Kiki avait été balayé par les paroles de Green. M’ouvrir. Arrêter d’être distante avec tout le monde. Accepter les autres et m’accepter. Parce que ça faisait du bien. C’était du vent. Mon frangin me questionna à nouveau, les yeux plantés dans les miens. Je détournai la tête tellement j’avais honte de la vérité.
« Il… il a dit qu’il regrettait. Qu’il me demandait pardon… »
Je libérai une de mes mains pour aller jouer avec mon piercing sur ma nuque. J’étais nerveuse, j’avais à nouveau les larmes aux yeux.
« Tu sais, c’est pas ta faute. Tu savais pas. Faut pas t’en vouloir. Ça aurait été n’importe qui que… mais ça été lui. Et il a le tour d’être méchant. Il sait où peser pour que ça fasse le plus mal. Genre… il est peut-être le seul à pouvoir… faire ça… et j’sais même pas pourquoi j’ai gobé ce que cette merde m’a dit. J’vais aucune raison… j’suis tellement idiote. »
J'en retenais mon souffle. J’espérai au fond de moi qu'elle balaye ces soupçons. Qu'elle m'assure que rien ne s'était passé. Rien d'autre que le méprit habituel quand on croisait le chemin de Green. J'aurais donné beaucoup pour que ce ne soit qu'un accrochage de plus. Mais elle fuyait mon regard. Elle manquait de volonté. De rage. Elle avait toujours la rage quand elle venait de s'en prendre à lui, cette espèce de colère et de satisfaction de lui avoir craché au moins quelques insultes au visage. Elle me le racontait avec une fierté qu'elle essayait toujours de caché dans un dédain, pourtant, ce soir, elle semblait simplement triste. Peut être fatigué. Comme si quelque chose l'avait simplement vidé de toutes émotions.
Elle se cache encore derrière son mur d'acier. Elle s'y barricade, évitant les mots, les regards. Je pensais pourtant avoir réussit à l'ouvrir un peu plus aux gens. Souriante, rayonnante comme le soir de notre anniversaire. Tout ça venait d'être balayé en si peu de temps que s'en était révoltant. Qu’est ce que Green avait pu faire ? Je savais qu'il aimait s'en prendre à elle, simplement parce que ça l'atteint un peu trop. J'avais beau lui dire de ne pas faire attention, de laisser cet idiot dans son coin et se contenter de vivre sans y prêter la moindre importance.
Aili avait jamais réussit à l'ignorer. Aussi bizarre que ça puisse être, c'était justement parce qu'il s'en prenait à elle. Parce qu'il s'acharnait. C'était une forme d’intérêt. D'attention. Elle avait besoin qu'on fasse attention à elle, même de cette manière. Qu'on la remarque quand elle passait son temps à prétendre se foutre de tout. Green la remarquait à sa façon. Il en profitait un peu trop, ce soir il en avait certainement abusé. Elle était un peu nerveuse, avouant qu'il lui avait fait croire à un « pardon ». Green qui s'excuse. Green qui regrette. Elle avait eu la faiblesse de le croire, peut être qu'elle avait eu la faiblesse de l'espérer.
« Aili... »
Ma voix trembler un peu trop à mon goût. Comme depuis toujours, la voir au bord des larmes était difficile à supporter. C'était même insupportable tant ça en était douloureux. Mon cœur se serrait au fond de ma poitrine, charger de tristesse et de culpabilité. Voir les gens qu'on aime décimé par la méchanceté de certain était peut être une des pires choses au monde. C'était ma jumelle, elle était à mes cotés depuis toujours. Depuis le premier instant, on avait partagé chaque secondes de cette vie ensemble. Les joies, les peines et le reste, on avait tout affronté ensemble. Pourtant ce soir elle était parti se faire lynché par un connard au relent de pervers narcissique... et c'était un peu ma faute. Ma main captura de nouveau la sienne, la serrant à mon tour quelques secondes dans une tendresse un peu triste. Cette fois c'est moi qui évitais son regard, les yeux braqué sur nos mains pour garder un minimum de contenance.
« Non Aili.. c'est pas idiot d'espérer que les gens changent.. c'est lui qui mérite pas que tu lui tende la main... J'arrive pas à croire qu'il ai fait un truc pareille.. c'est malsain. Même pour lui.... Pourquoi faut toujours qu'il s'en prenne à toi.. c'est quoi son problème à ce mec putain !»
La douleur laisse place à la colère. Une haine viscérale à l'encontre de Green, de tout ce qu'il a pu faire depuis toutes ces années. J'aurais aimé l'avoir sous la main à cet instant simplement pour pouvoir lui faire mal et évacuer cette colère. C'est tout ce qu'il méritait. Le blesser au moins autant qu'il l'avait fait à ma sœur. Le briser. Je suis certain que ce serait d'une grande satisfaction.. Les yeux fermé, j'en soupirais pour lâcher la pression, décharger cette tristesse et tenter de reprendre le contrôle de mes émotions. Machinalement mon corps s'était emparé du sien, l'enlaçant dans mes bras sans même lui demander son avis. J'avais besoin de se contacte pour me rassurer et pour la réconforter. Un cocon juste elle et moi. Je voulais rien d'autre que ça.
Je me retrouvai dans ses bras sans même chercher à me sortir de son étreinte. J’en avais besoin. Savoir qu’il y avait au moins une personne qui m’aimait me suffisait. Kiki me suffisait. Ça avait toujours été le cas, alors j’emmerdais bien tous les autres pour leur méchanceté. Je me collai à lui reposant ma tête au creux de son cou. L’odeur familière de mon frangin me réconforta. J’avais l’impression d’être de retour à la maison. Assise sur le canapé, à regarder des films avec ‘Pa, les uns coller sur les autres. De plus en plus, je regrettais ces vacances. Dans notre appartement au-dessus de la boutique à Glasgow, je n’avais pas à me préoccuper de l’opinion des autres. Je pouvais les oublier jusqu’à septembre. La colère de Kiki était perceptible et j’essayai de le calmer par des caresses légères. C’était bizarre; les rôles étaient soudainement inversés. Normalement, j’étais celle en colère.
« J’en sais rien Kiki, mais c’est pas grave. J’ai été naïve c’est tout. Ça n’arrivera plus, j’te l’assure. J’en ai seulement vraiment marre de lui. »
Je me séparai de lui posant une main sur sa joue et la caressai du pouce. Mon regard noisette se perdit dans le sien. Je n’avais pas que marre de Green. C’était la vie en entier qui me pourrissait la vie. Et parfois, je me demandais si ce n’était pas moi le problème. Une tare dans cette société.
« Green a seulement profité du moment. J’ai abaissé mes défenses et il en a profité. Faut croire que j’suis juste pas assez bien, même pour lui. Ça m’apprendra à ne plus le faire. Ça m’prouve que j’suis mieux toute seule. »
Lentement, je me mis sur la pointe des pieds et l’obligeai à se pencher. Je déposai un baiser sur son front avant de le relâcher. Seule, personne ne pouvait me faire de mal. Personne ne pouvait m’abandonner. Personne ne pouvait utiliser mes faiblesses contre moi. J’avais besoin de personne finalement. Que ma DS, mon ipod, et de la nourriture. Cette pensée me fit sourire tristement. Ma DS. Contrairement aux humains, elle ne me trahirait pas. Peut-être même que je pourrais rester sur cette île une fois que tout le monde repartirait pour Poudlard. Une île pour moi toute seule. Génial…
« Tu remercieras la personne qui t’as prêté les talons… ils sont p’t-être écorchés, j’les ai balancés du haut du toit. »
Je lui tendis la paire de chaussures, prête à l’abandonner pour ce soir. Pour toujours même.
Parfois j'aimerais que le temps s’arrête. Que le monde autour disparaisse et emporte avec lu les souffrance qu'il nous inflige. J'aimerais simplement pouvoir me tenir à coté d'elle et la voir sourire. La voir libérer de ses démons qui la faisaient sombrer lentement dans cet enfer qu'elle appelait simplement solitude. Je voulais la sauver mais la vérité c'est que j'en était simplement incapable. Quoi que je fasse, quoi que je lui dise, tout finissait toujours par la briser un peu plus. Je recollais les morceaux jours après jours, ramassant les fragmentent qu'elle éparpillait sur son chemin en espérant pouvoir reconstituer quelque chose d'un peu moins triste. Un tableau plus éclatant. Un tableau ou elle serait éblouissante.
Mais elle était terne, même dans mes bras. Je me sentais coupable, avant de me sentir simplement inutile. Pourquoi j'arrivais pas à l'aider ? C'était ce qu'on était supposé faire pour ceux qu'on aime. Même dans mes bras, elle semblait simplement perdu. C'était pourtant sa place, ça l'avait toujours été et ça le serait éternellement.. mais elle s'en détachait lentement. Elle me laissais là, m'offrait un regard qui balaya ce qu'il me restait de contrôle. Ses mots dépassaient ma raison à m'en déchirer l Pourquoi elle parlait encore de Green... Depuis le premier jours, le premier regard, c'était devenue une obsession. Se hisser à sa hauteur, comme si ça pouvait vraiment signifier quelque chose.
Aili prétendait se moquer des autres, elle jouait cette comédie de mépris et d’indifférence mais elle crevait simplement de n'être personne. Elle mourrait de n'être qu'une ombre parmi la foule. Négligeable, facilement oubliable. Elle prétend se protéger, être égoïste au point de vouloir rester seul, mais c'était faux. Une illusion qu'elle brandissait à tout va. La vérité c'est qu'elle voulait être aimé, elle voulait faire parti de ces gens aux sommet, ceux qui brillent, avoir la reconnaissance qui lui manquait depuis toutes ces années. Vivre sous les projecteurs et marquer les mémoires. Être inoubliable. Personne n'abandonne ceux qui comptent, même s'ils ne valent rien de plus que du mépris. Green faisait parti de ces gens là. Lui et sa meute marquaient les esprit quitte à les écorcher, laissaient une trace que rien ne pourra combler. On l'enfouie sous la jalousie, on y ajoute du mépris et on la maquille d’indifférence... mais elle reste là, jusqu'à saigner encore.
J'en avais la rage. J'aurais aimé effacer toutes ces conneries de sa tête d'un coup de baguette. La libéré de ces entraves qui l'étouffaient et l’empêchaient simplement de vivre. Ma main attrapa les chaussure qu'elle essayait de me servir en guise d’au revoir pour les balancer avec force loin de nous. C'était hors de question que ça s’achève sur un « tans pis c'est mieux que ça ».
« Arrête ! Arrête ça ! Pas avec moi ! Personne est mieux tout seul c'est des putains de conneries que t’essaies de te dire pour simplement rendre ça plus facile. Mais c'est juste.. des putains.. de grosses conneries. T'as pas envie qu'on t'aime ? T’essaie même pas.. tu repousse.. tout le monde, constatant.. Même moi. Alors que je suis toujours là pour toi. J'dis pas que je suis le frère parfait ou que je suis infaillible... mais je suis là pour toi.. je te pousse toujours pour par que tu sombre, quitte à m'en prendre plein là tête.. et toi ... toi après tout ce temps à essayer de te faire changer.. tu décide de le faire avec Green ?... »
Je la retenais par le poignet, la serrant avec un peu plus de force que je l'aurais aimé. J'étais certain qu'elle allait s’enfuir. Qu'elle allait fuir la conversation à coup d'insultes et de colère. Si fallait qu'on en vienne encore à se déchirer j'étais prêt à le faire. Prés à lui dire tout ce que j'avais sur le cœur et la conscience. De toute façon c'est comme si je l'avais déjà perdu. Je le sentais dans son regard, jusqu'au tressaillement de sa voix. Il ne restait qu'une coquille vide. L'ombre d'une sœur, et le souvenir d'un sourire.
« Tu vaux tellement mieux que ça... Pourquoi tu voudrais la reconnaissance d'un type pareil alors qu'y'a tellement de personnes qu'attendent que tu leurs ouvre les bras... Moi le premiers... Mais tu veux pas l'entendre.. Je te laisserais pas partir et t'enfermer toute seule en espérant mourir ou disparaître. Ça c'est pas vrais... »
C'était difficile de rester calme, de ne pas crier ou simplement pleurer face à la colère que j'éprouvais à cette seconde. Une colère sourde contre ma propre sœur, contre Green, mais surtout contre moi. Moi et mes idées à la con. Moi et mes espoirs ridicule. Moi et mon inutilité.
A peine eut-il les talons dans les mains qu’il les lança à au loin chassant mon excuse pour m’éclipser. Si j’en avais fini avec cette conversation, ce n’était pas le cas de Kiki. Il avait toujours long à dire dans des cas comme celui-ci. Au final, il devait en avoir marre de toujours me répéter la même chose. « Ouvre-toi aux autres. Permets-toi d’être aimée. Arrête de repousser la main qu’on te tend. » Pourtant, je ne voulais plus l’écouter. Je m’avançai vers mon bungalow pour enfin me cacher sous mes draps. Une scène digne de Twilight. Krystin Stewart tiens-toi bien, Aileas Nails brigue pour le rôle de Bella. Évidemment, mon frangin ne me laissa pas partir. Ça aurait été trop beau. Il me retint par le poignet et j’eus même pas la force de tirer pour me libérer. Mes épaules se soulevèrent négligemment pour lui signaler mon je-m’en-foutisme.
« Ça change quoi ? On m’oublie déjà. Spencer m’parle déjà plus pour j’sais pas quelle raison. On m’connaît sous l’surnom de la sœur à Nails. Pire… J’passe la nuit avec Alexis et il s’souvient même pas de c’qu’on a fait. Alors qu’j’disparaisse ça changera quoi ? Tu s’ras triste. Sûrement pas plus que maintenant. »
Je le laissai toujours tenir mon poignet. Il me faisait mal, à serrer aussi fort, mais ça me changeait de la douleur que je ressentais au cœur. Celle que je traînais depuis trop longtemps. Green n’y avait qu’enfoncé un peu plus le poignard, avant de le tourner et retourner, de le sortir pour l’enfoncer une nouvelle fois. Rien d’extraordinaire. Parfois, j’aimerais bien être un vampire de Vampire Diairies et pouvoir éteindre mes émotions. Ce serait ultra pratique. Et Kiki serait le personnage qui faisait tout pour m’en empêcher.
« T’es sûrement le meilleur frère qu’on puisse rêver. Faut pas t’en vouloir. Demain, j’irai voir le Dirlo pour savoir si j’pourrais pas retourner à Glasgow. Puis s’il dit non… j’sais pas. J’vais pas m’battre avec Green. »
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