ÉPISODE #9 — Dragonrun ! [course]

Quelle est cette mascarade ? Encore une fois, les trois autres dragons font des siennes. Décidement, seul le tiens ne te crache pas de feu ou ne tente pas de fricoter avec violence les autres dragons. Puis vint le choc, tu pestes vulgairement comme à ton habitude. Te tenant à ton dragon, celui-ci virevolte mais tiens la route, il zigzag encore un peu choqué du dernier coup. Allez je t'en prie, évite de te venger on a pas le temps. Tu fais un signe à Siham que tout va bien. Mais au fond de toi, cette course te lassait déjà. Non pas dans le sens ennui, mais dans le sens ou chaque entrainement était brillant, tu aurais pu gagner. mais le jour j, ton vert gallois ne semble pas emprunt à la victoire.

Tu n'as pas le temps de souffler qu'un nouveau choc te projette contre le dos de ta monture. Le dragon du serdaigle semble avoir été excité par toute cette agitation, à moins que ce ne soit le tien qui le provoque à ce point, car il a décidé de se joindre au groupe. Petite humaine chétive coincée entre trois reptiles géants, tu te recroquevilles et tentes de prendre le moins de place possible. De te faire oublier. Tu entends les mâchoires, les griffes et les ailes qui claquent en tous sens autour de toi. Finir coupée en deux par un coup perdu serait une façon bien peu glorieuse de mourir.

Un nouveau tonnerre t'annonce l'approche d'un nouveau participant et tu n'ouvres un œil que le temps de voir Kieran et sa bête foncer droit dans la mêlée. Un couinement de terreur s'étouffe dans ta gorge à la vision de ses cornes monstrueuses. Tu enfouies à nouveau ton visage entre tes bras pour ne pas voir ce qu'il va suivre.

Le hurlement de douleur du dragon blessé te perce les tympans, et soudain l'amas de créatures s'agite, se déchire, et se sépare. Une griffe a trouvé ta jambe dans le chaos, mais tu refuses de regarder l'état de ta blessure de peur qu'elle ne te fasse chavirer.

Tu auras tout le temps de compter tes bosses après, quand tout ceci sera terminé.

Tu ne sais pas si Perle d'Ivoire s'en est sorti indemne, il te semble qu'autant de dragons réunis au même endroit peuvent difficilement en réchapper sans une égratignure, mais peut-être leurs écailles sont-elles assez solides pour dévier les coups de pattes qui percent si facilement la peau de tes membres. Tu sers les dents et, avec ce qui te reste de force (tu ne peux plus bouger ton bras droit), t'arqueboutes sur ta selle pour tenter de faire comprendre à ton compagnon qu'il est temps de se diriger vers la ligne d'arrivée.

Quelque part au milieu des plaies béantes, des cotes froissées, des brûlures et des articulations déboîtées, tu captes le regard de Kieran et lui fait un clin d’œil accompagné d'un sourire.

Qu'est-ce qu'on s'amuse à la dragonrun, pas vrai ?

Et puis les poteaux s'effondrent. Tu entends les cris dans les tribunes, et tu supposes qu'un accident est à l'origine du problème. Jusqu'à ce que tu le voies, lui, minuscule silhouette à la face dorée planté au milieu du champ comme s'il lui appartenait. En un éclair tu comprends. Tu comprends que tu es coincée dans le ciel alors que les terroristes sont revenus. Tu comprends que ta sœur, tes amis, les gens auxquels tu tiens se trouvent dans ces tribunes sans doute encerclées.

Il faut que tu les rejoignes. Il faut que tu termines cette course. Vite.

Le sigma semble si confiant, si sûr de lui que tu sens une bouffée de rage monter en toi malgré tes peines. Tu te demandes s'il ferait toujours le malin face à un dragon de trois tonnes lancé à pleine vitesse.

- Il faut qu'on rentre Perle d'Ivoire, dépêche toi !

Si seulement cette tête de mule voulait bien t'écouter pour une fois.

Mais l'effondrement de l'arrivée l'a perturbé, à moins qu'il ne se soit pas encore remis de l'accrochage avec les autres concurrents, car le monstre rue et de débat sous toi. Tu fais ce que tu peux pour restée accrocher. Tu es trop près pour abandonner.