ÉPISODE #9 — Dragonrun ! [course]

À dire vrai, tu ne pensais pas être sélectionnée.

Poudlard est tellement grand et les dragonruns sont tellement populaires, quelles étaient les chances que le sort te sourie à toi ? Tu as néanmoins mis ton nom sur un papier, parce qu'il fallait tout de même que tu essayes ; chevaucher un dragon, ça n'arrive qu'une fois dans une vie.

Et te voilà maintenant, juchée sur une créature reptilienne de deux ou trois tonnes, emmitouflée dans une tenue soit-disant anti-inflammable d'un jaune criard. Les cris de la foule te parviennent étouffés, ton visage à moitié caché sous une cagoule pour te protéger des froids des hauteurs te brûle presque, de même que tes mains dans leurs gants renforcés. Tes lunettes te semblent encombrantes, mais tu sais qu'elles empêcheront la pluie de venir frapper tes yeux alors tu n'y touches pas. Sous tes jambes, tu sens la bête respirer.

Tu devrais être terrifiée (et sans doute qu'une partie primale de toi l'est, ainsi confrontée à son prédateur naturel) mais tu n'arrives qu'à être émerveillée. Les écailles nacrées de l'Opaloeil des Antipodes jettent des reflets iridescents même sous ce ciel chargé de nuage. Son cou élancé le dote d'une grâce toute irréelle, soulignée encore par ce regard sans pupille que tu le vois darder sur ce qui l'entoure. Ton dragon semble bien fragile en comparaison de ses concurrents, mais les dragonmasters se sont faits un devoir de te mettre en garde : il ne l'est pas. Tu n'arrives pas à croire que c'est toi qui se trouve sur son dos, que c'est toi qui va devoir te recroqueviller entre ses ailes durant son envol. Tu te demandes si c'est ainsi que ton destin va s'achever, mais tu sais aussi que les professeurs sont là pour veiller. Tu sens tes mains trembler, mais aucune peur ne vient t'habiter.

Tu te demandes si ta sœur est venue t'encourager.

Autour de toi, les gens s'agitent. Le début de la course approche, tu le sais. Tu tournes la tête pour contempler les autres élèves qui sont là avec toi, tes rivaux, et tu te demandes s'ils sont dans le même état que toi. Ont-ils eux aussi l'impression d'évoluer dans un rêve ? Leurs boyaux se nouent-ils d'appréhension et d'excitation mêlées ? Tu as du mal à les distinguer – minuscules silhouettes sur des créatures légendaires – et encore plus à lire leurs traits. Mais tu sais qui ils sont grâce aux commentateurs et aux encouragements des tribunes. Tu en connais certains, d'autres non. Dans tous les cas, ton cœur te dit que ce qui se passera aujourd'hui vous liera à jamais.

Les dragonmasters s'avancent, bientôt ta monture va te propulser dans les cieux. Tu agrippes plus fermement encore les sangles qui te permettent de tenir sur ta selle, un sourire mal contrôlé sur les lèvres. Soudainement, tu espères arriver au bout de cette course. Tu espères ne pas perdre de membre. Tu espères ne pas être brûlée trop grièvement.

Brusquement, le signal de départ fuse dans les nuages et ton Opaloeil le suit aussitôt. Plaquée sur son dos, écrasée par la force du vent, tu ne peux empêcher un rire extatique de faire trembler les airs.

Tu n'essayes même pas de le guider, il est seul maître de cette chevauchée.

Le gallois vert n'est pas si fan des humain, quelle plaie ! Pourtant tu es naturellement attiré par les animaux. Ca te fait penser aux ghouls de la dernière fois, tu les a bien caresser avant qu'elles ne quittent leur donjon. Le dragon, c'est un peu pareil, mais en plus majestueux. Tu avais longuement caresser ses écailles pensant que celui-ci daignerai rester paisible pendant la course. Il est d'un naturel calme, il te fait penser à toi. Tandis que ces pupilles te fixe, tu te remémore encore le parcours, ton trajet avant d’accéder au superbe stade de quidditch. Pour la gloire de ta maison.

Vous échangez tous un regard entre compétiteurs puis... la grille se lève, le balai des dragons allait commencer. Tout allait bien mais.. voilà que celui de Kieran fait la mule, tu soupires et décide de l'intercepter pour guider le dragon du gryffondor dans le bon sens. Tu adresses un sourire au rouge. Tu es plus joviale quand tu es en contact avec les animaux.

Avec adresse, ton vert gallois suit la route après avoir rebroussé chemin d'instinct pour la dragonneur précédent. Comme si vos pensées étaient connectés, mais non, faut pas déconner.

Le vent siffle à tes oreilles, de grosses gouttes de cette pluie qui te semblait si fine s'écrasent sur tes lunettes, la température glaciale de l'altitude transforme ton nez en un petit glaçon. Et pourtant, tu ne peux t'empêcher de rire.

Lorsque ton dragon adopte une posture qui te semble assez stable, tu oses sortir la tête de tes épaules et te redresser un petit peu. Ce que tu vois est à te couper le souffle. Poudlard s'étend à tes pieds, comme une tâche brune au milieu de ce paysage enchanteur. C'est si beau. Tu voudrais ne jamais retrouver le sol.

Une embardée soudaine (un zigzag ?) te ramène à la réalité et tu sers plus fort les lanières entre tes doigts gelés. Tu jettes un rapide regard derrière-toi et, tu oses à peine y croire, tu comprends que tu es en tête. Tu observes avec une terreur admirative le candidat serdaigle faire des loopings au milieu des nuages tandis que les deux autres semblent avoir pris la direction opposée.

Un nouveau rire rempli tes poumons et, la cage thoracique creusée par l'émotion, tu le laisses exploser librement. Galvanisée par ton début prometteur, tu t’enhardis même au point de ne plus te tenir que d'une main, l'autre pointée dramatiquement vers le terrain de quidditch qui est ta destination.

- En avant, Perle d'Ivoire !

Tu n'as aucune idée d'où ce nom te vient, mais tu décides de l'adopter.
Perle d'Ivoire, lui, semble célébrer son nouveau nom par une figure de son invention.

Tu n'étais pas au courant que les dragons pouvaient voler sur le dos. Un instant étonnée, tu sens la panique monter en toi quand tes jambes commencent à glisser de ta selle et resserres aussitôt ta prise et de tes cuisses, et de la lanière entre tes mains. Pourvu que ça ne dure pas trop longtemps.