Te raconter la terre en te bouffant des yeux

Juliet est navrante parfois.

A toujours souhaiter et rêver la vie dans tout ce qu’elle a de plus tendre et de plus beau, à croire qu’à force de sourires et de caresses, on peut tout résoudre. Mais cette naïveté est sans doute plus forte qu’elle et ça se voit sur son visage. Elle a les joues gonflées de cet amour gigantesque dans lequel elle a grandi ; Cette certitude que le bonheur, le vrai, on ne le trouve pas en soi mais chez les autres. Alors Juliet ne sait vivre seule, quand elle a toujours vécu avec sa grande et bouillonnante fratrie. Alors Juliet a le besoin naturel, impérieux de la compagnie bien souvent. Problème étant, qu’elle est un peu timorée, un peu craintive. Et parfois ses yeux se baissent, s’éloignent, tremblent de ces premiers élans de timidité. Mais malgré cette peur constante qui l’habite lorsqu’il s’agit de découvrir quelqu’un d’autre, Juliet fait toujours un pas en avant, se jette dans l’ombre car au fond, c’est toujours cette vieille histoire du jeu qui en vaut la chandelle. Et Juliet a tous les espoirs du monde dans son cœur qui n’a toujours connu que l’amour et la douceur : De ces soirées au coin du feu dans les bras de son père, de ces baisers que sa mère étalait sur son front avec chaleur.

Et c’est parce qu’on lui a toujours tout donné, qu’il est si naturel à Juliet de le faire sans seconde pensée. Il faudrait lui dire parfois de se méfier parce qu’un jour, elle ira dans de mauvais bras et qu’il y a des gens qu’on ferait bien de ne pas découvrir. Il faudrait lui dire parfois, qu'à vouloir voir le bien partout on en devient aveugle et l'on s'en blesse.

Les doigts parfois maladroits, le coeur par instant fébrile, Juliet est prompte à connaître le doute et la peur. Le noir, même à son âge, l'effraie encore. Et les histoires pleines de frissons, résonnent encore avec écho en elle et glace ses veines. Mais même dans cette trouille, s'il y a une main pour l'aider à tenir, Juliet ne vacillera pas. Elle se sublimera en s'accrochant à vos doigts, essaiera du mieux qu'elle peut, car il y a cette force silencieuse en Juliet qu'on ne saurait jamais abattre totalement. Elle a le courage et l'obstination tapies au fond de son coeur mais c'est une force qu'elle n'a pas pour elle, mais plutôt pour les autres. Alors Juliet aime, parce que seule, il lui vient parfois l'impression d'être faible.

Juliet a cette peur inhérente de mal faire et de ne pas s’y prendre de la manière dont il le faut. Elle ne souhaite pas brusquer, a cette inquiétude naturelle sous-jacente aux mots qu’elle lance, soucieuse de presque tout. Elle demande vos problèmes, vos ennuis, tente de les résoudre car cela lui tient à cœur, car elle aime les sourires qui succèdent à la tristesse, ces soleils qui éclairent le ciel après les tempêtes.

Elle a cet optimiste un peu navrant et innocent des gamines nourries aux contes de fées. Des phrases préfabriquées filent sans cesse de ses lèvres, on pourrait croire par convenance, mais Juliet ne sait pas mentir quand elle s’adresse à quelqu’un. Mais elle n’a pas l’honnêteté brutale qui vient lorsqu’on la vexe. Juliet ne voudrait pas qu’on la blesse et donc elle ne lui vient pas en tête de blesser les autres. Parfois donc, Juliet se renferme lors des malaises et des incompréhensions et préfère souvent s’accabler plutôt que de crever l’abcès. On la dira sensible alors, puisqu’il est commun de voir sa main qui s’ébroue, le revers de sa paume qui frotte le dessous de ses yeux pour dissimuler les chagrins lui venant souvent. Juliet n’est pas heureuse en permanence ; Elle est à fleur de peau oscillant d’un coup entre la joie et le chagrin, quand on vient la prendre à contre-pied. Sans doute, le contrecoup de trop espérer.

Il y alors les larmes qui dévalent sur son visage et son coeur qui se serre dans sa poitrine. Et c'est dans ces instants que Juliet a l'impression qu'elle ne se relèvera pas et que tout est affreusement laid. Car Juliet ressent tout avec la même intensité alors au fond, il n'est pas surprenant de constater l'étendue des peines qui semblent la tordre dans tous les sens. Il semble si facile de la déchirer et de l'arracher, tant il en faut peu pour l'écorcher.

Et pourtant faible, facilement affectée Juliet, a la force de ces gens qui se relèvent sans cesse, convaincu que la prochaine fois ira mieux. Elle foule alors la terre des éternels optimistes, des naïfs idéalistes, toujours persuadés que les choses viennent en cycle ; Et qu'après la tempête vient le soleil.

Juliet est un roseau à l'apparence frêle qui ne sait rompre quand hurle le vent.  

random De tous les surnoms qu'on lui donne, son préféré est Blue ▬ Elle aime beaucoup la littérature moldue, son écrivain préféré est Virginia Woolf ▬ Elle a déjà raté trois fois son examen de transplanage parce qu'elle perd ses moyens lorsqu'elle pense au risque de finir désartibulée ▬ Son film préféré est The Notebook, elle rêve d'un portée comme à la fin de Dirty Dancing ▬ Elle se voit bien travailler à Sainte-Mangouste plus tard et aime beaucoup son cursus ▬ Elle joue du piano depuis qu'elle a six ans.

Quand on en venait à parler de Bluebell, la petite dernière de la famille Callahan, un sourire naturellement attendri venait s’accrocher sur la courbe des lèvres, de ceux qui avaient eu l’occasion de la voir. On parlait alors d’une petite fée, d’avantage que d’une petite fille tant elle semblait avoir un monde différent qui habitait le fond de son regard bleu.
Il y avait quelque chose d’un peu moqueur ainsi qu’un ton légèrement condescendant, lorsqu’on l’évoquait. Bluebell était une gamine gorgée de naïveté tel un ballon gonflé d’hélium qui vaquait dans l’immensité d’un ciel, dépourvu d’aiguilles. Et c’est là, qu’on disait que tôt ou tard, il y aurait quelque chose pour venir crever sa fantaisie éveillée. Bluebell ne pourrait garder un cœur aussi gros toute sa vie. C’était d’une évidence, car à nourrir trop d’espoir pour le monde, la déception qui la guettait, n’était que trop évidente.

Mais s’il y avait quelque chose de navrant dans cette candeur qui animait son visage poupin aux boucles blondes, on n’avait jamais souhaité qu’un quelconque malheur lui arrive, à cette gamine s’évertuant à toujours voir le meilleur. Ses frères pensaient même qu’envers et contre tout, Blue se devait de rester Blue car elle ajoutait à tout une touche de merveille et il avait dès lors, toujours été important pour eux de protéger la précieuse sœur cadette. Plus vieux, ils n’avaient que trop conscience de la fantaisie niaise des idéaux de Blue. Mais il s’agissait pour eux, d’une qualité rare et extraordinaire à préserver.

Elle a donc eu l’enfance pavée d’amour, gonflée d’une tendresse qu’elle retrouvait à chacun des coins de sa maison, que ce soit le soir assise sur les genoux de son père devant une cheminée au feu crépitant, ou dans son vieux grenier, à crier grâce quand les chatouilles d’un de ses frères la mettait au supplice.

Excepté les écorchures bégnines de chutes malencontreuses, saignées bien vite à coup de baisers ou de baguette magiques, ses premières années ont été faciles. Les saisons passaient, mais il n’y avait toujours que l’été pour Bluebell, jolie plante dont le bleu était toujours en fleur.
C’est adolescente, que Bluebell a découvert les premières entailles que pouvaient lui laisser la vie. Dans ce collège où elle était seule, il n’y avait pas que de gentils bras pour recueillir toute l’entièreté de son être qu’elle donnait sans compter. Et bien vite, ont suivi les larmes chaudes, les pleurs brusques et ces pincements aux cœurs dont ne comprend pas toujours l’origine.

Blue s’est fait mal.

Et pourtant Blue a grandi sans changer. Comme une montagne que rien ne pouvait ébranler, si ce n’était le temps érodant quelques gravats de ses pentes, ses frères vont diront qu’elle n’a pas vraiment changé. Elle va toujours comme elle allait il y a bien longtemps, à se prendre éternellement toujours les même murs en pleine figure, donner sa main tout en entier quitte à se faire brûler, à écouter les plaintes d’un ami toute une soirée, à cuisiner des pâtisseries pour les distribuer, ravies, aux amis lui étant tendre ;

Et toutes ces choses dont elle a toujours eu l’habitude.

HRP/IRL : Blue, jspr que cette fiche iraaa (plaira) ♥