i play batman ! – Austreberthe

Il soupire de lassitude, une pointe d'énervement à peine perceptible au bout de son souffle. Ses bras pendent dans le vide, alors qu'il se balance au gré du vent qui le pousse dans la direction opposé de ce qu'il veut faire, se remettre sur la branche. Évidemment, il y a un hic, son pied est coincé. Et tandis que les autres passent devant lui sans le voir, il croise les bras en les traitant d’égoïstes. Dans une dernière tentative, il se relève encore une fois.

« Putain », il retente le coup « de », enchaîne de nouveau, « merde ! »

Il se laisse tomber en vacillant de gauche à droite, observant le sol. Non loin, la bestiole qui lui sert de compagnon le fixe, remuant la queue qui balaie l'herbe dans un geste lent. Il le narguerait presque dis donc. « Mais reste pas planté là ! Va demander de l'aide ! Feignasse va ! » La bestiole continue de le fixer, une lueur de dédain dans l'iris, tandis qu'il lève le postérieur, se retourne et fout le camp tranquillement. Outré, le brun lui peste dessus en gueulant presque, pour se décider de réitérer son acte, soit de se dégager de cette situation.

Et pourquoi, comment même, ce cher Devon s'est-il retrouvé à pendre ainsi dans le vide ? Ah ça... C'était pourtant une bonne journée qui avait débuté, même si le Edelstein n'avait fait que procrastiner dans le fauteuil face à la cheminée à la salle commune des bleus et bronze, à lire des histoires sans importance, testant toutes les positions possibles avant d'aller manger. Suite à cette demi-journée où il n'avait rien fait de productif, il avait décidé de sortir un peu, pour voir un peu du paysage. Parce qu'il s’emmerdait dans la salle commune, parce qu'il se sentait un peu seul. Et parce que Nemo avait encore eu la bonne idée de lui fausser compagnie pour aller chasser de la souris sauvage au bord du lac.

Et donc, Devon était parti à la recherche de son chat. Chouette moment en perspective, ouaiiiis. Ça l'ennuyait déjà, il sentait que son félin allait se faire gronder un truc de fou. Il disait qu'il ne l'aimait pas, mais c'était tout le contraire. Devon ne supporterait pas de finir sans Nemo, car même si il l'engueulait souvent, sa bestiole était sa prunelle des yeux. L'animal ne l'avait pas laisser tomber. Âgé de deux ans, le skögkatt avait été une attache à laquelle Devon s'était inconsciemment enchaîné. Il était comme une bouée de sauvetage, un pilier. Même si il n'était pas doté de parole, ne marchait pas sur deux pattes, Devon avait appris à voir ce que son chat exprimait dans son regard. Deux complices inséparables dans un monde qu'on ne comprenait pas toujours.

Et au final donc, il était monté sur une branche d'arbre relativement solide pour observer le paysage. Il s'était penché, juste un peu pour comprendre d'où venait les miaulements un peu trop familiers. Son pied gauche avait glissé, se coinçant entre les deux branches qui se séparaient au bout, il s'était penché, un peu de trop, pour finir la tête en bas, dans le vide. Il avait étouffé un cri, son hoodie se relâchant, pour n'être soutenu que par les manches. « Eh merde. » avait-il lâché, visiblement pris au dépourvu.

Cela faisait un petit moment qu'il était ainsi, tandis que son corps vacillait encore de gauche à droite, son visage fondu dans la grimace, les bras croisés, la capuche de son hoodie lui cachant presque la vue.

Non loin, il entendit des pas venir vers lui, suivit d'un petit miaulement. Le sourire lui revint, soulevant sa capuche. Il aperçut son chat et une -peut-être- aimable personne venue à son secours ? La galère. Au vu de la demoiselle, il pourrait s'attendre à tout. Absolument  tout.

Balancé, il avait un air plus ridicule qu'autre chose, c'était certain. En voyant la demoiselle ricaner, il sentait que descendre de là avec son aide, ça passait sous son nez à coup sûr. Merde. P'tain. Il se mit à gesticuler, secouant des bras alors qu'elle tenait l'appareil photo dans ses mains. Il gonfle les joues. « Tu peux venir à mon aide là ? », c'est pas tout comme, mais il est en train de décéder. « S'te plaît ? », sans oublier les formules de politesse, évidemment. La gentillesse ça payait des fois, si si, c'est vrai. Des fois.

Il n'était pas tomber sur la perle rare non plus, vu qu'elle s'était marrer à prendre en photo ce pauvre Devon qui avait déjà du mal à se remettre correctement. Il pouvait vraiment se mettre dans de drôles de situations, sans rien avoir demandé qui plus est, sachant que monsieur était un grand maladroit. Combien de fois s'était-il retrouvé dans ces moments de grande solitude ? Des tas, il ne les comptait même plus sur les doigts. Comme cette fois où il avait voulu se cacher pour jouer avec Elias, et qu'au final, il avait débarrasser la table de salon en glissant dessus. Moment assez épique, que lorsque sa mère avait débarqué dans le salon, elle était devenue un peu blême. Pas pour Devon non, elle semblait plus intéressée par les petites décorations de chats sur cette table. « Mes chats... Mes chats... Oh làlà... », tandis que le brun relevait la tête en se demandant ce qu'il lui était arrivé. Sympa la maman.

Il soupirait. Oh, c'était habituel de le retrouver comme ça, dans une position indélicate, nul ne devait plus s'en étonner. Il la regarde en fronçant les sourcils, tandis qu'elle lui fait remarquer qu'il a prit une teinte rouge tomate. P'tain, elle l'aide pas et puis en plus elle lui dit qu'il est rouge tomate. Il tente un dernier mouvement qui le libère un peu trop brutalement. En quelques secondes, son corps flottant au vent se retrouve sur le sol. Il grimace tandis qu'il se relève avec ses bras. Le skögkatt bicolore se bouge, passant sen dessous de la tête de son maître, sa queue lui frottant le visage. Toujours de mauvaise humeur, le gamin continue de faire la tronche, « Oh ça va le chat, je sais que tu me nargues. », le chat miaule, s'éloignant un peu de son humain, posant son fessier dans l'herbe.

Merci pas de l'avoir aider, franchement. Il allait finir avec une tête comme un ballon si ça avait continué dans ce sens là. Il se relève complètement, croisant les bras contre sa poitrine. Devon est un gamin ; qui peut faire la tête longtemps et pour rien. Un caractère difficile à gérer, difficile à vivre. Il fallait donc avoir les nerfs bien accrochés avec un numéro comme lui dans son entourage. Il secoue ses cheveux, détournant la tête en fronçant les sourcils. « Merci pas. »

Non, sérieux ? On parle de maturité ? Avec Devon ? Faut oublier là, c'est out les enfants. Il est bien partit pour faire la tronche à la verte et argent devant lui. Qu'est-ce que Nemo avait été lui chercher comme sauveuse ? PFFFRR.