❝ and ignite; cassidy

❝ Le dernier refuge, la suprême consolation, c’est de savoir qu’on appartient au cosmos, qu’on fait partie de l’ordre.


— Bien. Il est 16h.
L’air du professeur se durcit alors, comme si ses sourcils épais n'attendaient que cette occasion pour se froncer.
— Veuillez sortir une feuille et rédiger un texte réfléchi et argumentaire sur comment vous vous voyez. C’est un exercice qui peut paraître simple au premier abord, mais qui nécessite de se questionner sur … qui on est. D’ailleurs.. qui sommes-nous en réalité ? Des micro poussières résidents sur une poussière entourés de poussière parmi d’autres dans le cosmos infini…


Cassidy joue avec la plume de son stylo, appuyant avec une certaine lassitude sur son pupitre de bois, comme bercé par le laïus du professeur.
Celui-ci finit par se reprendre d’une toux rauque et malaisante, tapant dans ses mains pour annoncer métaphoriquement le feu vert.

“J'ai envie de luxure, petit à petit vous pousser vers un abandon aveugle, douce folie. Là, ou la morale est abolie. A genoux, soumets toi, je suis homme et oublie tout ses liens qui t'emprisonnent. Laisse toi aller, laisse moi y aller, mais ne crains plus d'être seule car je serais celui qui saura délier la langue muette de tes nuits. Arrachons les masques, il est temps de figer l'instant.

Un prédateur, un menteur, cela fait de lui un chasseur idéal. Veillant sur ces proies avec patience, surveillant ce repas avec malicité. Il est le maître de sa concupiscence. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il se contrôle très bien, il se domine. Ses petits excès de colère ou de rage sont parfaitement volontaires... Tout est un jeu, tout est une loi, tout se définit, même la folie. Il est instable et il le sait. Juste incapable de ressentir la moindre compassion. Il a un mépris cordial pour tout ceux qui restent passif et faibles, il ne daigne s'attarder que sur les jolies proies qui résistent à ses charmes, à ses ordres et à ses drames.

C'est la nuit, c'est l'hérésie qui ronge son être, comme un parasite qui le dévore lentement. Elle rentre dans ses veines, les brûle. C'est l'éclate écarlate dans ses pupilles. Il tremble, si tard et le temps semble s’enfuir lentement, comme parcimonieusement ennuyé. Un lot d'absolu pour ce réel perdu. Il ne sait plus ce qu’il fait, il ne sait plus ce qu’il fait. La raison l'abandonne au rythme extatique que la folie l'emprisonne. Il veut rester dans les airs, les paradis artificiels l'attendent à bras ouverts, il  en veut plus… toujours plus. Goûter à ce plaisir interdit, perfide envie, sensuelle agonie.

Arcturus.”

Quelle jolie mascarade. Et bien, mon enfant ? Tu ne vas tout de même pas nous faire miroiter ces belles paroles... suintantes de malicieuse malice.

— Posez vos crayons, c’est la fin de la journée. Faites passer les copies devant vous, je vous souhaite une bonne soirée.

Tu sors de la salle de classe, un sourire aux lèvres, le regard nébuleux se cachant derrière tes mèches rebelles d’adolescent. Peut-être qu’à cette époque tu voulais juste être ce qu’on attendait de toi. Un sang-pur, un prédateur, la création parfaite de la sélection naturelle. Mais c’est en observant tes camarades chaque jour que tu comprenais doucement que tu n’étais qu’un parmi les autres. Parmi les autres. Parmi les autres.

Tu veux savoir la vérité ? C’est parti petit curieux.
Colérique —  Détaché —  Plutôt farceur —  Déteste les règles et l’autorité —  A beaucoup trop d’égo pour un seul homme — Hais profondément son prénom et désire qu’on l’appelle Arcturus, son deuxième —  Possède une culture riche en astronomie, sa passion —  Parle le fourchelangue  — A peur du noir et dort avec une petite veilleuse sur sa table de nuit — Courageux —  Intrépide —  Travailleur —  A mauvaise réputation à cause de sa famille — Son père est un immonde connard —  A un faible pour les petites poitrines —  Déteste les épinards — Excellent joueur d’échecs — Collectionne secrètement les tickets de cinéma moldu, fasciné par les affiches immobiles — Autoritaire — Leader — Arrogant — Impudent — Vieux jeu.

“Tu es un sang-pur, Cassidy. Tu as cette chance et ce privliège de faire partie de la grande famille des Hinglsey. Ne sois pas arrogant.”

Tu le regardes, de tes prunelles défiantes. Il te dégoute et te fascine à la fois. Ce n’est pas ton père, c’est ton gourou. Il ne t’élève pas, il te fascone, de ses grandes mains dégueulasses, il te sculte à son culte, il te dévisage comme sa propre image. Tu es SON fils, tu dois LE rendre fier. Tu dois suivre le même chemin de lui, comme une extention de lui même. Il a peur de la mort, de la fin et de l’oubli et tu le sais, tu l’as senti comme une aura destru-constructrice.
“Je veux que tu me rendes fier. Tu feras tes études à Poudlard, dans la seule maison acceptable qu’est Serpentard. Je te ferai rentrer au ministère après tes études afin que tu puisses reprendre ma place quand je serais…”
— “Mort ?”

Il évite le sujet. Avoir peur d’un mot ne fait qu’accentuer la peur elle-même. La mort… c’est sûrement la seule chose que craint ton père, et paradoxalement, c’est sûrement pour cela qu’elle te fascine.

Le ministère de la magie. Des couleurs sombres. Pas de fenêtres. Un espace confiné et cloitré sous terre, en perpétuel mouvement, en continuelle extension. Cet endroit t’ennuie, leurs costumes trop serrés, étouffants, baillants, ridicules, sainte-nitouches, trop carrés… avec un seul dénominateur commun : ça schlinguait l’autorité et l’ennui morbide.
Pourtant, c’était le repère même du pouvoir magique. Un pouvoir attractif, un pouvoir qui même toi, te donnait presque envie.

Tu avais 11 ans la première fois que ton père t’avait emmené ici. C’était à la fois un châtiment pour te “remettre dans le droit chemin”. Tu faisais beaucoup de bêtises à St. Justine, l’école privée ou on t’avait placé jusqu’à tes 14 ans, l’entrée à Poudlard. Marcus Leodagan Hinglsey, actuellement sous-secrétaire d’état au département de la justice, c’était ton père. Et malgré ses allures d’homme de pouvoir, très respecté, il semblait surtout craint plus qu’admiré. Tu le remarquais dans leur façon de marcher, d’un pas pressé, tête baissé, priant presque que ton père ne leur adresse pas la parole. Car quand ton père interpellait quelqu’un, ce n’était que rabesse et humiliation.

— “McOwell.” Sa voix rauque et caverneuse trancha l’air, comme un coup de fouet sur le flanc d’un étalon. Ses iris perçantes dominaient du regard une femme qui traversait rapidement le couloir pour se diriger vers l’ascenceur. Tu suivis sa course du regard, les courbes de son corps en mouvement harmonieux disparurent d’un coup pour se raidir. L’expression de son visage trahissait son sa retenue. Elle se dirigeait à contre-coeur vers vous, suivi d’une fille qui semblait avoir ton âge. Tu te demandas tout à coup le pourquoi du comment tu ne l’avais pas remarqué de suite.

— “McOwell. J’ai entendu dire que vous preniez position contre la de mon assemblée dans le cadre du procès d’hier sur la restriction des droits magiques d’un sang-mêlé criminel. Je ne sais pas si je dois le prendre personnellement car c’est la deuxième fois depuis le début de ce mois que vous prenez ainsi position activement contre moi.”
— “Cet homme est de ma famille, je le connais… j’ai monté un dossier pour assurer sa défense et vous l’avez jeté.” Son ton devenait plus sec et avenant.
— “Un criminel est un criminel. Et prendre la défense d’un criminel reconnu par la loi est une infraction au code de la moralité magique.”
Tu restais debout à écouter. Te tenir à côté de lui, en tant que fils, ne faisait que construire de plus en plus ton image aux yeux de tous. Tu es son fils, alors tu es sûrement le même que ton père.
La fille de cette femme te fixait de temps à autre, te mettant mal à l’aise. Mais tu ne laissais rien paraître. C’était déjà trop tard pour toi, prisonnier de cette spirale infernale.
— “Je pourrais vous faire perdre votre emploi Elena, vous connaissez … l’étendue de mon influence ici. Alors ne vous mettez pas en travers de mon chemin.” Sa langue sifflait tel un serpent, menaçant sa proie avant d’attaquer.
— “Je n’ai pas peur de vous Marcus, et vos menaces ne m’atteignent pas.” Elle tourna les talons et prit sa fille par le bras pour l’entrainer loin de vous. Tu pouvais presque imaginer un long soupire de soulagement, car tenir tête à ton père était sûrement une épreuve éprouvante.


Le soir-même, au manoir des Hingsley.

— “Cass !” Ta petite soeur accourt vers toi, rayonnante comme une étoile qui explose.
— “Arrête de m’appeler comme ça.” Ton ton est froid, détaché. Tu es de mauvaise humeur, débordant de rancoeur après cette journée fatiguante. Tu tournes les talons pour monter les escaliers vers ta chambre.
— “Eh ! Pourquoi tu m’ignores ?”
— “Je ne t’ignore pas. Je vais dans ma chambre. Laisse moi tranquille.” Tu aimes ta soeur, comme un frère protecteur, possessif même. Mais elle est bien différente de toi. Ambitieuse à l’âge de seulement 9 ans - vous avez deux ans d’écart - et bien décidée à être une Hingsley digne de ce nom.
— “Tu as passé une bonne journée avec père ? Je t’envie, ça devait être tellement intéressant...” Tu lui claques la porte au nez, dos à la porte. Tu sais qu’elle restera au moins quelques minutes à attendre.


La veille de la rentrée à Poudlard.

Tu es assis sur ton lit, fixant ta grosse valise aux armoiries de Poudlard. Tu prépares tes affaires, impatient de quitter le manoir familial, cette prison morale, cette cage d’or pur. Plaqué or. Tout ça n’est qu’une première couche. Le coeur défie le sang, et l’individualité défie les racines. Ta propre route, ta propre route …

Tes paupières sont lourdes, tu t’allonges sur le matelas. La soie de tes draps te caresse le visage. Les images de la nuit dernière apparaissent comme des flashs, comme des morceaux de rêve brisés dans le firmament. Cette sensation… ce serpent. Il avait prononcé ton nom. “Casssssidy…”

On toque à ta porte, tu rouvres les yeux d’un seul coup comme si on t’avait envoyé une décharge sur la poitrine pour te réveiller. Pour te réanimer.

— “Cassidy. C’est moi. J’aurai voulu te parler avant ton départ demain.”
— “Arcturus.”
— “Qu’est-ce qui ne va pas avec Cassidy ?” Son air se ferme et te juge avec froideur.
— “C’est un nom de fille.”
— “Cesses de dire n’importe quoi. Je ne t’ai pas élevé comme ça. Ta mère m’a raconté ton obsession sur ton prénom. Tu portes celui de ton arrière grand-père, Cassidy Alpheus Hinglsey. Un homme remarquable qui a accompli des grandes choses. Tu devrais être fier de porter ce nom.”
— “Je ne suis pas lui. Je ne suis pas toi. Et je ne suis pas fier !” Son expression se durcit, impassible.
— “C’est vrai que tu ne me ressembles pas. Pas du tout même.”
— “Il m’est arrivé quelque chose cette nuit. Je...” Tu hésites.
Mais il saurait te répondre.
— “Tu vas me peut-être me trouver fou. J’ai eu l’impression de.. enfin… ce n’est pas moi je te jure. Il est arrivé dans ma chambre. Enfin. Un serpent. Je sais que ça parait dément. Mais.. Je te jure. Il a parlé… notre langue. Le serpent. Désolé...” Les secondes paraissent des minutes. Chaque tic de l’horloge que tu entends est une lame qui s’enfonce dans ta gorge, qui se noue. Ton père te regarde. Son expression a changé, il s’approche de ton et te saisit par les épaules.
— “C’est merveilleux...”
— “Merveilleux ? Tu es fou ?!”
— “Mon fils est fourchelangue… C’est merveilleux.” Il te regarde à nouveau comme avant, serrant son emprise sur toi, comme un serpent qui s’enroule autour de ta nuque pour t’étouffer. Tu suffoques dans ta tête, tu succombes dans ta tête Cassidy…
— “Quoi..? Tu me fais mal, père.”
— “N’en parle à personne ! C’est compris ?! Personne ne doit le savoir ! ça restera entre nous.” Ses yeux brillaient de malveillance et de fierté et il ajouta pour comme pour t’achever du dernier coup. “Ton arrière grand père était fourchelangue.” Un destin dillué dans ton hémoglobine. Un destin qui te noircit jour après jour, nuit après nuit.

Il quitte la pièce après t’avoir ordonné de finir tes affaires.
En bouclant tes affaires, tu retrouves cette rédaction que tu avais écrite à l’école, ou il fallait se décrire. Tu n’avais écris qu’une satyre de toi-même, une exagération de ce que ta famille voulait que tu sois. Peut-être que tu l’étais à moitié. Peut-être pas. Surement que tu savais pas en fait.


Sur les quais de la voie 9 ¾, la famille Hingsley entoure leur fils.

— “Cass ! Tu vas me manquer… tu pars toute une année, ça va être long.”
— “Dans deux ans, tu me rejoins Lilibel. Et je reviens pour les vacances.”

Enfin. Enfin tu partais dans cette école que tu attendais tant. Ton père se rapproche de toi, sinueusement.
— “Quand tu seras à Serpentard, tu apprendras autant que j’ai appris quand j’y étais. Rend moi fier.”
— “Ouai, c’est ça. J’y vais maintenant, le train va bientôt partir.”
Il esquisse un sourire faux, gêné et hypocrite. Les gens le connaissaient, chuchotaient. Il ne devait pas montrer autant de signe d’affection envers toi. Déjà qu’il n’en avait pas beaucoup au naturel.
Tu embrasses ta mère et ta petite soeur, l’air détaché. Tu prends la fuite. Tu perds la suite. Tu as perdu la suite.


Dans une des cabines, seul.

Tu sors un livre de ton sac. Une odeur de pages jaunies taquine tes narines. On peut lire sur l’inscription. “Le cosmos : Une odyssée à travers l’univers.”
— “Enfin.”

Des élèves toquèrent à ton compartiments et vinrent s’asseoir. Le train démarra. Tu regardais la fumée du train s’engouffrer contre la vitre cristalline. Un sourire déforma ton faciès d’ange. M-a-l-s-a-i-n.

“Mon amour quand tu tires
Quand tu fais brûler l’oxygène
Quand tu fais du bien dans la veine
Quand tu consommes et tu consumes
Quand on parle avec Dieu
Quand de nos feux c’est l’extinction
De l’incendie à l’horizon
Quand j’ai plus le choix que m’éteindre
Rallume-moi
Rallume-moi
Rallume-moi

... Rallume-moi.”