❝ all i want for christmas is you; Alice

Un jeu de regards, de regards à la fois gênés et impulsifs. Tes pupilles trémoussaient dans leurs orbites, et scintillaient tel deux astres lunaires. A peine t’avait-elle vu que tu sentis une animosité malsaine s’installer. Aussi pourpre qu’un rubis, les joues de ta belle s’enflammèrent. Elle se mit alors à crier, ou plutôt à piailler comme une oie sur la défensive. Presque consterné par sa réaction beaucoup trop vive, tu la dévisages avec colère.

— “Non mais tu vas te calmer, oui ?”
Ta voix était sèche et autoritaire. On sentait bien au son de celle-ci que tu n’allais pas patienter longtemps avant d’agir. Elle décida cependant, dans un mouvement brusque de reculer subitement. Elle se saisit de la poignée pour tirer la porte et ainsi t’écarter un peu de la sortie - ou dans ce cas précis, de l’entrée ? - Trépignant comme une enfant, elle semblait omnibulée par le fait que ce soit réservée aux filles et que tu n’avais rien à faire là. Sans blague.. à croire qu’elle te pensait stupide en plus de manipulateur.

— “Je ne partirais pas. Et je ne me suis jamais moqué de toi. Tu as fini ton drama ou bien tu vas continuer de chouiner comme une enfant encore longtemps ?”
Elle te faisait un peu penser à ta petite soeur, sur certains côtés : Enfantine et chamailleuse. Tu décidais soudainement qu’il était temps que sa petite mascarade cesse. Tu avais envie de la voir en position de faiblesse. Tu poussas d’une poigne masculine la porte des douches pour t’engoufrer à l’intérieur. Ils étaient seuls. Les vapeurs de l’eau chaude qui naviguait nébuleusement dans la salle te donna presque le tourni. Te saisissant habilement du poignet de la jeune élève, tu afficha un sourire goguenard.

— “C’est quoi ce pyjama miteux ? Je suis vexé, je pensais que tu te serais fait présentable pour moi. On dirait une petite vieille avec cet accoutrement.”
En réalité, il la trouvait mignonne. Cet attirail lui confessait un petit côté innocent et presque infantile, qui la rendait adorablement craquante.

— “Bon, maintenant, excuse-toi.”
Ton sourire provocant trahissait ton désir de l’énerver gentiment. C’était ta manière à toi de t’avouer coupable.

Tu ne sais pas à quelle réaction t’attendre. Les filles c’est compliqué, et les relations aussi. C’était peut-être pour ça que tu les refusais toute. Tu es très bien tout seul.
Elle était impulsive, peut-être un peu trop même. Et c’est à cet instant que tu compris que tu ne gagnerais pas à ce jeu là, il fallait tourner ça plus sournois… plus perfide.
Elle grimpa sur ses grands chevaux, levant le petit doigt en fronçant ses élégants sourcils. S’excuser ? Elle ? Il en était hors de question. Tu ne pouvais t’empêcher de rire plus longtemps. Tu pouffas avec retenue, une main devant la bouche pour te moquer d’elle. Elle était tellement prévisible que ça en était craquant. Une fille avec du caractère certes.. mais une fille tout de même. Faiblarde.

— “C’est bon, détend toi du string ma belle, je te taquine et tu tombes dedans..”
Elle s’approche finalement de toi sans que tu ne puisses le prévenir. Ses fines jambes tendues ne tremblent plus mais se soulèvent sur la pointe des pieds avec certitude. Elle veut te défier, te faire craquer, les faire plier, les tiennes. Tes joues rosies un peu quand son souffle rencontre le tien dans une légère tournade sensuelle.

Elle joue avec toi, à son tour. L’arroseur arrosé ? Ou pas. Tu te saisis de ses deux poignets alors qu’elle recule, un sourire fière sur ses lèvres.

— “Alors, on me tente ?” Un rictus se forme sur ton visage déformé par l’amusement.
— “Tu sais… à force de voler près du soleil, on s’en brûle les ailes.”
Tu te rends compte qu’elle a lu tes pensées, car pendant une fraction de secondes, tu eus l’impression de ne plus être seul en face à face avec ton esprit. Ce terrible sentiment d’être un livre ouvert, qu’elle passe les pages de ses doigts délicats.

Elle baisse la tête, ses mèches ébènes tombant devant ses prunelles humides. C’est à toi de dire pardon. Je veux l’entendre de ta bouche.

— “Pardon.”
Tu hausses les épaules. Tu l’as fait reculer pour la coincer vers le mur, pour la bloquer totalement. Du fait que tu es plus grand qu’elle, tu poses ton bras au dessus de sa tête et tu chopes son menton pour lui lever la tête de l’autre.
— “Et maintenant ? T’auras le cran de finir ce que tu as commencé ? Ou tu me laisses la lourde responsabilité de te punir pour cet élan de courage ?”

Tu l’embrasses fougueusement, en tenant bien son visage pour qu’elle ne puisse le détourner.

Tu la détailles, elle semble perturbée, malaisée, chamboulée. Que se passait-il en ce moment ?
La chaleur de ses lèvres sanguines et purpurines réchauffait ta poitrine d’une lueur de vie. Tu soupirais en l’entendant briser ce moment apaisant, qui était devenu à l’instant crispant. Son marasme puéril montait rapidement à tes nerfs. C’était lassant. Pourquoi te demandait-elle encore si tu jouais avec elle ? A croire que tu n’étais qu’un salopard profiteur et manipulateur, déguisé en gentleman afin d’embrasser les filles sous la douche. Bon, tu étais peut-être un connard, mais avec un minimum de décence.

— “Je t’embrasse parce que j’aime bien et que ça a l’air de te plaire aussi. Par contre, si tu continues à me les briser, je pourrais ne plus jamais le faire.”
Quand tu étais agacé, tu ne mâchais pas tes mots. Tu demeurais un Hinglsey, un homme de caractère qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.

— “Tu ne fais que râler. Tu me provoques et quand je te rends la monnaie de ta pièce, tu joues les saintes-nitouches en clâmant haut et fort que je te manipule comme mon jouet.”  
Tes sourcils se froncent dans un regard accusateur et débordant de jugement. Tu passes une main dans ses cheveux et tu les saisis doucement dans ta poigne pour lui relever le visage. Tu ne tires pas afin de ne pas lui faire mal mais tu affirmes ton autorité dans ce geste clairement dominant.

— “Cette fois, c’est toi qui va t’excuser. T’excuser de m’avoir jugé. Car je n’ai pas besoin d’être legilimens pour deviner que tu m’as toujours jugé. depuis que tu m’as rencontré au ministère.”
Tu frappes à ou ça fait mal. Et c’est une douleur réciproque.  

Enfin les excuses. Enfin elle se montrait sous un autre visage. Enfin cela semblait plus paritaire. Un sourire éclaira ton visage quand elle prononça ces quelques mots. Pourquoi donc agissait-elle avec tant de considération à ton égard ?

— “Est-ce à cause de mon nom que tu as tant d'a priori ? Les Hingsley sont forcément des pourritures gâtées jusqu’à la moelle par l’argent et le pouvoir ?”
Tu fronces les sourcils à cette idée, comme perturbé par le fait même que c’était quasiment la vérité. Toi et ta soeur, la nouvelle génération, étaient déjà moins ainsi, plus détachés de ce système sectaire et perverti par la quête de pouvoir.

Un frisson te parcourut l’échine en l’entendant prononcer ton deuxième prénom. Décidément, il sonnait quand même mieux que Cassidy. Soudain, ses excuses à outrance te mettent presque mal à l’aise. Levant la main pour lui caresser la tête d’un air détaché, tu grimaças d’un sourire presque forcé pour la rassurer.

— “C’est bon c’est bon, arrête. Je ne t’en veux pas, idiote.”
Elle te fixe de ses iris quémandeuses et attendries, ça t’effrait encore plus. C’était quoi ce regard ? Pourquoi dégageait-elle autant d’ondes positives et aphrodisiaques ? Elle semblait avoir changé, évolué depuis vos dernières rencontres. Elle rougissait, se sentait gênée comme par peur de s’avouer des choses ?
Tu étais un garçon, et comme pour beaucoup d’entre-eux, tu n’arrivais pas clairement à décrypter le comportement d’une fille envers toi.

— “Peut-être que si personne ne t’a jamais embrassé, c’est que personne n’en ressentait l’envie.” Après t’être réécouté dans ta tête, ça sonnait moins bien à l’oral, et c’était peut-être limite vexant - pour une fille susceptible qui part au quart de tour - mais tu n’osas pas te rattraper avec d’autres commentaires.

Tu te permis seulement de reculer un peu pour rajouter de l’espace entre eux. Tu avais besoin de respirer, de te ressaisir. Elle était mignonne, mais tu n’aimais pas ressentir autant de sentiments contradictoires envers une personne. ça t’étouffait.

— “Je suis passé à Honeyduckes tout à l’heure. Je t’ai pris ça.”
Tu sortis le paquet de fraises coulantes, une délicieuse sucrerie en forme et au goût de fraise, pouvant s’étirer à rallonge comme un chewing-gum elastique mais qui aura toujours du jus de fraise coulant à l’intérieur quand on le croque.
— “Je sais que tu en raffoles.”  

Elle change un peu de sujet, ne répondant pas à ta question. Puis d’une main habile et presque pavaneuse, elle passe une main dans ses cheveux en évoquant les garçons qu’elle aurait déjà embrassé. Tu ne sais pas si ça t’agace par jalousie, ou tout simplement parce qu’elle se la jouait un peu trop à ce moment là. Tu décides alors d’ignorer tout simplement son commentaire en essayant de retenir une grimace nerveuse.

Une fois qu’elle eut veut les fraises coulantes, tu eus l’impression d’avoir affaire à une toute autre fille. L’Alice vantarde et arrogante se transforma en une petite boule humaine mignonne à souhait. On pouvait rajouter des oreillles, des moustaches félines et un filet de bave, que l’on pouvait la confondre avec un chat en proie de son prochain repas. Tu hausses un sourcil dubitatif et amusé en même temps. Alors que tu tenais le paquet, tu éloignais progressivement celui-ci pour les placer beaucoup trop par rapport à ce qu’elle pouvait attraper, un peu pour se moquer d’elle et parce qu’elle était beaucoup trop adorable dans ce genre de situation.

Soudain, elle s’arrêta et te fixa de ses prunelles méfiantes. Comment diable avais pu-tu savoir pour son amortencia ? Il est vrai que tu avais mené ta petite enquête sur elle, afin de te venger sur son intrusion non désirée dans ton esprit pendant des années. Après tout.. elle connaissait pas mal de chose sur toi, même tes faiblesses. Alors maintenant, vous étiez quits. Tu en savais presque autant sur elle qu’en savait sur toi. Du moins.. pas ses pensées.

— “Disons que j’ai mené ma petite enquête sur toi.” Oui, tu étais du genre assez cash. Tu arborais une mine plutôt fier à ce moment là, car tu étais à nouveau en position de force envers elle. Puis tu te souvenus sur le chant qu’elle pouvait facilement lire dans ton esprit ce que tu avais pu obtenir comme renseignements et que le chantage ne pouvait être une option. Perdant ton sourire, tu fis légèrement la moue.
— “Bon. Tu les manges ces fraises ? Ou je te les fais avaler de force ?”
Tu ricana d’un petit air narquois et lui attrapa le front pour plaquer sa tête au mur, tu pris une confiserie pour lui coller entre les dents.

— “Mange, petite.”