Ouroboros // Fallen

HAVE YOU SEEN THE TEARS ? HAVE YOU SEEN THE SADNESS ? SEE HOW I DO, I STEPPED ON THAT PAIN AND STOOD UP AGAIN AT THE MOMENT I FELT IT WAS THE END.

▫ Fuir aussi vite que le vent ▫

C’est la peur qui l’avait prise au ventre quand elle avait reçu l’origami. La peur, puis la fureur, un cocktail explosif. L’oiseau de papier, reconnaissable entre mille c’était posé sur sa tête, picorant son crâne et ses cheveux chocolat aux reflets mordorés. Elle l’avait saisi, d’une main secouée de soubresaut, n’ayant même pas besoin de voir la couleur, de voir la forme pour savoir de qui il venait. Le simple piou avait suffi. Kara.
Le nom s’était répandu dans son esprit comme une traînée de poudre, embrasant tout sur son passage. Ce n’était pas un petit feu de cheminé, mais un incendie de forêt qui s’était déclenché, soulevant tempête et chaos dans le crâne de Fallen. Elle avait tremblé, émis un hoquet et lâché la plume qu’elle tenait, l’envoyant s’écraser au sol avant de se casser. Quelques yeux de serdaigle avaient quitté les pages des livres et cours qu’ils travaillaient pour venir se poser sur le visage blanchâtre de la Dewitte avant de se désintéresser d’elle. Ils n’avaient que faire d’un Lion même si celui-ci semblait profondément perturbé.

Fallen déplia le petit mot. L’écriture de son ancienne amante n’avait pas changé. Toujours aussi fine toujours aussi belle, toujours aussi parfaite. Comme elle voulait l’être.

"Viens me retrouver aux balcons du cinquième étages, je dois te parler, s'il te plait."

Quelques mots qui frappèrent la demoiselle bien plus qu’ils n’étaient nécessaire. Je dois te parler. Mais qu’est-ce qu’il y avait à dire. Qu’est-ce qu’il y avait à raconter alors que Kara était partit, mettant fin à leurs relations, mettant fins aux tourments, mettant fins aux heures de tortures. Mais surtout mettant fin à l’amour que Fallen pouvait encore éprouver. Kara l’avait amené jusqu’aux premières marches de l’enfer, lui avait fait découvrir de quoi était fait ses routes. Elle l’avait amené aux confins de ses limites.  Le sang versé, les larmes qui coulaient, les mots qui creusaient des sillons de douleurs, Fallen s’en souvenait. Elle se souvenait de tout malgré les longues heures à essayer d’oublier. A tenter d’effacer. Personne ne savait et personne ne saurait jamais ce qui s’était passé entre elles.

Kara l’avait poussé dans cet enfer, l’y avait enchainée et se faisait seule clé libératrice. Puis, du jour au lendemain, elle s’était envolée. Elle avait disparu. Laissant Fallen à ses fers. Laissant la Dewitte à ses démons.

Fallen se releva brusquement de sa chaise. La colère avait pris le dessus. Elle se répandait dans ses veines comme de l’adrénaline, faisait tremblait ses membres. Et surtout, oh surtout, elle la rendait dingue. Dingue d’une fureur mal contenue, dingue d’une amertume qui la dévorait lentement mais surement sans que personne ne s’en rende compte. Sans qu’elle s’en rende compte. Ses yeux verts prirent une nouvelle teinte, s’enflammant. Quiconque croisait le regard de la Lionne baissait immanquablement les yeux. A ce moment-là, personne ne voulait se mettre en travers de son chemin.

Le vent siffla dans ses oreilles alors qu’elle s’engouffrait sur les balcons, ne prêtant aucune attention aux paysages mais seulement à elle. Elle était là, droite, de dos. Toujours aussi fine que dans ses souvenirs, même malgré les épaisseurs des robes et des pulls. Toujours aussi glaciale, impériale, comme une Noble qui contemple ses terres. Elle était là face à Fallen avec ces yeux qui renfermés un bout de ciel, ses cheveux bruns qui venait donner une ovalité parfaite à son visage. Elle était là avec son regard hautain, ses lèvres pincé et la droiture et sècheresse de ses gestes.

 «  Kara… »

Fallen avait oublié sa colère, oublié sa haine, celle qui la consumait au moment où elle avait croisé son visage. Elle se trouvait pathétique à en pleurer, incapable d’assumer ses émotions, incapable d’aller jusqu’au fond de ses actes. Elle se sentait minuscule, inutile, écrasée soudainement par le remord et l’angoisse, écrasée par le paysage magnifique, écrasée par les tours et surtout écrasée par Elle.

Elle avait envie de s’effondrer, de laisser échapper les larmes qu’elle avait si longtemps retenue. Elle avait envie de hurler, de la frapper, de l’insulter. Mais elle en était incapable, figée qu’elle était.

 « Pourquoi ? »