Ty Carpenter - Eyes up, hun' !

CARPENTER - TY.

FEAT Zoe Shepard | PHEBERONI

JE SUIS Ty Carpenter. Prononcez Ta-ï, proprement. J'AI 30 ans. JE SUIS anglaise, droit sortie de creuset ethnique de Londres. MES PARENTS SONT moldus. JE SUIS professeur. J'ENSEIGNE le vol DEPUIS 1 an.  MA MAISON ÉTAIT Gryffondor, j’ai la crinière pour. J'AIMERAIS RAJOUTER QUE je sais parfaitement gérer une bagarre de bar.

❝ Here she comes again
With trouble on her brow ❞

Caractère.

Ty. Assieds-toi.
Ha, ça, c’est pas facile à obtenir d’elle. Assise, calme, immobile, c’est non, c’est jamais de la vie plutôt mourir ! Un requin. Vous voyez, ces animaux qui sont obligés de bouger pour vivre ? Voilà, la même chose. C’est fatiguant des fois, alors vous allez essayer de lui demander de se calmer, de rester silencieuse deux secondes et elle vous lèvera son majeur au nez, en riant.
C’est pas qu’elle soit méchante ou teigneuse ou quoi, c’est juste qu’elle aime bien s’activer, que ça l’aide à réfléchir. Et qu’elle n’aime pas trop les conventions de politesse aussi, mais ça c’est un autre soucis. Concentrons-nous sur le premier d’abord : son trop-plein d’énergie. Elle sait bien le gérer, elle a appris comment se canaliser toute seule. Elle court, elle vole sur son balais, elle fait trop de sport, voit trop de gens, trouve toujours quelque chose à faire. Elle fait partie de ces gens qui ne peuvent penser qu’en marchant, Ty, et parfois ça l’ennuie elle-même mais c’est comme ça, elle n’y peut rien.

Le pire c’est qu’elle réfléchit bien quand elle s’y met. D’accord, elle est un peu bornée, elle aime avoir raison, elle tend à essayer de parler plus fort que les autres. Ouais, voilà, elle est Bélier. Mais si on arrive à la canaliser, elle a plein de qualités. Elle apprend vite, elle est loyale, elle est battante et courageuse jusqu’à la stupidité. Et elle raconte de bonnes histoires. Il faut pas la lancer là dessus, franchement, parce qu’une fois partie on ne la rattrape plus. Elle vous parle pendant des heures des trucs qui lui sont arrivés, qu’elle a lus, qu’on lui a dit et après vous avez le crâne comme une pastèque… Mais vous avez aimé. Parce qu’elle sait rendre les choses vivantes.
Peut-être à cause de sa diction de racaille qui pétille, bouge, agite. Quand elle commence à être trop dynamique, trop heureuse, bref quand elle perd le contrôle, il y a une remontée de môme de barres d’immeuble -c’est ce qu’elle a été après tout. Alors elle bouffe ses lettres, elle accélère, elle sort l’argot t’vois juste pour foutre le zbeul comme ça mais elle le fait que devant les adultes. Devant les élèves, elle sait quand même se tenir.

Sans doute parce qu’elle les aime bien, les mômes. Même les têtes de pioche, oui, même ceux qui veulent la faire sortir de ses gonds, ils sont marrants aussi. Les seuls qu’elle n’aime pas, c’est ceux qui pensent que ses origines la rendent moins apte à être une sorcière qu’un autre. Là oui, elle va s’endurcir, elle va sortir la voix polaire, le regard méprisant, et elle va juste laisser tomber cet élève. Il n’aura plus le droit à rien.
Un adulte qui fait la même chose ? Au choix, le Pôle Nord, ou le très gracieux pied-bouche. Ha oui, parce qu’elle sait être agressive. Elle sait très bien l’être. Le Bélier, on en revient à ça, la tête dure et prompt à charger. Et des habitudes de moldue aussi, alors lancer un sort n’est pas toujours la première chose qui lui vient à l’idée.

Vous vous dites qu’elle manque quand même de subtilité ? Vous avez raison. Elle n’est pas bien née, elle a pas eu le droit à une bonne éducation, et même Poudlard n’a rien rattrapé. Quand elle ne vit pas au château, elle a toujours un appartement dans un quartier bétonné, au milieu de gosses comme elle l’a été, de gens de toutes les origines qui parlent dans toutes les langues et qui, oui, ne savent pas se servir d’un couteau à poisson. Et vous savez quoi ? Elle en est fière. Parce que ça lui a appris la tolérance, la chaleur, la souplesse d’esprit. Parce qu’elle est débrouillarde et volontaire grâce à ça. Parce qu’il y a pas besoin d’une grande maison bien organisée pour être heureux quand on préfère se faire inviter par ses voisins de palier à partager leur repas juste parce qu’ils vous ont croisée au retour d’une séance de jogging.
Par contre, ça la rend légèrement trop communautaire. Toute seule, elle s’ennuie comme un rat crevé. Ou non, plutôt comme un gros chien, dans le sens où ça lui fait faire des choses stupides. Elle ne va pas ronger les pieds des chaises, mais elle trouvera toujours un autre moyen débile de s’occuper, si possible bruyant aussi.

Histoire.

Ty, silence.
La gamine en fond de classe ferme son bec, prend un air innocent alors que trente secondes plus tôt, elle piaulait tout ce qu’elle avait avec son voisin. C’est qu’il a réussi à trouver une console de jeu, vous voyez ? Ses grands-parents lui en ont offert une. Game Boy, noir et blanc, petite, intuable, un jeu tout seul dessus. C’est incroyable, elle en aura jamais elle, c’est sûr.
Pas que ses parents la détestent. C’est même l’inverse : ils adorent leur petite lionne, vraiment, sincèrement. Ils la trouvent adorable, avec ses yeux verts, ses tâches de son partout, du front aux orteils, avec son métissage incompréhensible. Le nom de famille à consonance anglaise est presque un miracle, avec des grands-parents issus des quatre coins du monde. Enfin, ils habitent dans la banlieue pas si favorisé de Londres alors être issue de lignées afro-caribéennes, arabes, un peu anglaises, un peu berbères, c’est à peine étonnant. Elle ressemble à tous les autres gamins du coin, avec lesquels elle court dehors à la sortie des cours sous la surveillance attentive des mères disponibles. Les enfants de l’une sont celles de l’autre, quand il s’agit de garder un oeil dessus.
Il n’y a pas vraiment d’argent mais il y a de la bonne humeur, de la bonne volonté. D’accord, des trafics aussi. On va pas vous mentir. Mais elle ne les voit pas, elle est trop petite, et de toute façon on est soudés ici. On vend l’illégal aux types riches de la City, c’est une version moderne de Robin des Bois non ? On est d’accord.
Alors il n’y a pas grand-chose d’autre à dire là dessus. Elle a eu une enfance totalement banale pour une moldue. Pas de tragédie -si, elle a perdu son précieux lion en peluche, son Simba alors qu’ils étaient au zoo une fois, ça compte ?-, pas de drames. Rien. Ronronnement rassurant de la banalité. Vraiment. Circulez, il n’y a rien à voir.

Fast forward, allez, on va à un bout intéressant. Ty a huit ans, elle veut faire plaisir à son père alors elle lui fait couler un bain. Il est un peu triste, en fait, avec juste de l’eau dedans. Elle voudrait, vraiment très fort, trouver quelque chose de plus exceptionnel pour son père. De la couleur, il aime la couleur, du rouge, du bleu ! Est ce que si elle se concentre assez fort en imaginant la chose, elle pourra rouvrir les yeux et l’eau sera colorée ? Elle essaie.
L’eau est rose, genre rose flamant rose quand elle ouvre les yeux. Elle crie. Maman vient, ouvre grand les yeux, ouvre la bonde de la baignoire parce que franchement, non c’est trop bizarre et elle prend sa fille dans ses bras.
Le phénomène restera un grand mystère.
Enfin pas trop longtemps non plus puisqu’elle reçoit une lettre de Poudlard quand elle a l’âge. Entre temps, elle a changé l’eau de couleur douze fois dans sa vie, fait disparaître une robe très laide qu’on voulait lui mettre pour un anniversaire, et changé le goût d’un yaourt une fois. Ca, elle l’a jamais dit. Elle a juste mangé son yaourt au chocolat avec un vilain sourire moqueur vissé au visage.
Bref. La lettre de Poudlard arrive, personne ne sait trop quoi faire, c’est la panique mais on s’accroche, on trouve des moyens de s’en sortir pour comprendre comment ça marche. Chemin de Traverse, d’accord, compris, facile -non ça l’est pas. Mais ils trouvent l’entrée, le Chaudron Baveur, un professeur de Poudlard qui veut bien guider l’enfant parce qu’on l’a envoyé là pour ça. Il dit que ça arrive parfois, quand les deux parents sont des moldus, et il les assure qu’ils reverront leur fille dans une heure au plus long avant de l’emmener faire ses emplettes.
Elle n’a jamais eu de Game Boy, elle n’a pas beaucoup d’argent non plus, mais elle ressort du Chemin avec des étoiles partout dans les yeux. Son matériel d’occasion est la plus belle chose au monde, vraiment, ses parents sourient aussi de la voir si heureuse. Tout est merveilleux.

Poudlard ? C’est sa grande histoire d’amour. Depuis son premier pas dans le hall, elle le sait. Les lumières, les vieilles pierres lui ont parlé. Elle se fiche de se faire insulter par les sorciers mieux nés qu’elle, de se faire bousculer dans les couloirs pour des raisons débiles comme sa crinière, ses chaudrons pouilleux, ses robes trop longues. Elle réplique régulièrement d’ailleurs, à coups de poing dans des nez comme une sale fille de moldus qu’elle est. Elle finit en heures de colles, ça ne la traumatise pas plus que ça puisqu’elle continue de se battre quand on la cherche. Il n’y a qu’enlever des points à sa précieuse maison qui lui fait repenser son comportement, petit à petit.
En première année elle est imbuvable.
En dernière année elle est calmée. Elle a appris plein de choses pendant sa scolarité, elle a surtout découvert quelque chose qui lui importe plus que le reste : le Quidditch. C’est un peu cliché, je sais. Mais en même temps c’est le cas : elle est devenue batteuse pour Gryffondor, et là elle a trouvé un vrai moyen de se défouler qui ne consiste pas à mettre son pied botté dans les genoux d’autres élèves. Enfin si, mais uniquement sur le terrain. Elle a appris à garder ses poussées d’agressivité pour les adversaires, en fait.
A côté de ça, elle a été une élève normale. Pas brillante, juste dans la moyenne, parfois à peine en dessous. Un peu au dessus en astronomie et en métamorphose, étrangement, mais rien d’exceptionnel. Non, elle a sagement laissé les miracles aux autres, aux plus intelligents. Elle s’est contentée de naviguer entre-deux-eaux et d’apprendre tout ce qu’elle pouvait.

En sortant, c’est… La débandade. Pour dire la chose poliment. Pour paraphraser Ty, mais c’est quoi ce marché du travail, c’est encore plus la zone qu’à la maison, et elle n’a pas vraiment tort. Allez trouver du travail dans la communauté magique quand vous n’avez rien de très glorieux, et pas de nom de grand sorcier pour aller avec… Elle finit par trouver, heureusement, après avoir bien galéré. C’est pas très glorieux, mais ça rapporte un peu d’argent. Vous êtes bien accrochés ? Elle devient… Barmaid. Parfaitement. Barmaid dans un établissement à sorciers, on a fait plus classieux mais ça lui plait, ce boulot. Elle rencontre du monde, elle sert de l’alcool et met de la musique trop forte. Quand les clients sont malpolis, elle a même le droit de les gérer s’il n’y a pas plus baraqué qu’elle pour le faire. C’est qu’elle est pas bien haute sur pattes, mais les habitués apprennent vite à savoir qu’elle a une bonne détente. Il préviennent les bruyants de la possibilité d’un joli bottes-bouche. Rient quand ça arrive, à peu près une fois par semaine.
A côté de ça, elle participe à une équipe locale de Quidditch, bien sûr en tant que batteuse. Les Banshee de Wealdstone ne se sont jamais illustrées sur le plan national, ni même régional, mais les joueuses -oui, joueuses uniquement- s’amusent et c’est bien tout ce qui compte. Elles font leurs matches le weekend, les après-matches au bar où travaille Ty, et elles se considèrent toutes comme des amies. Quand l’une d’entre elles a un gros coup de mou, les autres sont là pour elle. Ca lui plait, à la petite lionne, elle aime cette ambiance.
Elle aime beaucoup sa vie tout court. Elle adore quitter le bar le soir, prendre son métro pour rentrer chez elle, se glisser naturellement entre le monde moldu et le monde sorcier. C'est comme si elle avait un pied dans les deux mais qu'elle était dans aucun en même temps. Entre-deux-eaux, c’est bien comme endroit, c’est confortable.

Et un jour au travail, c’est hey Ty, tu sais qu’ils cherchent un prof de vol à Poudlard ? C’est absurde, elle n’a rien d’un prof, ni la patience ni le talent, certainement pas, elle refuse de postuler. On lui parle, on argumente, on débat pendant plusieurs heures pour savoir si oui ou non elle ferait un professeur compétente. Le vote populaire dit que oui, mais le vote populaire de pochtrons faits au Whiskey Pur Feu…
Elle tente quand même le coup, plus par défi qu’autre chose. Et elle tombe des nues quand on lui annonce qu’elle est reçue. Elle n’a rien préparé. Elle n’a pas d’expérience. Ils ne sont pas sérieux de prendre quelqu’un comme elle ! Bon, c’est pas grave, sur ça aussi elle va s’accrocher. Elle a aidé de nouvelles joueuses des Banshee à s’adapter au jeu non ? Alors ça ira, des mômes qui apprennent à peine à voler sur des balais, elle s’en sortira. Il va juste falloir qu’elle perde ses habitudes de zonarde.
La première année, c’est un peu difficile. Elle passe son temps à s’empêcher de jurer, à essayer de rendre ses cours vivants, interactifs, à trouver de nouvelles idées. Mais elle s’amuse. Oui, vraiment, elle s’éclate avec les gamins à leur transmettre son amour pour le vol, pour la liberté, la vitesse aussi. Elle se sent utile. Comme si elle avait enfin l’occasion de rendre à Poudlard tout ce qu’il lui a donné pendant ses propres études.
Bon. Par contre elle jure encore.
Mais elle ne traite plus personne de pickle avarié.

Vi aw yiss.

Je suis du côté vieux de la vingtaine maintenant, le côté moitié-appartement-chat-impôts. Dans la vraie vie je bosse dans le jeu vidéo et non, ça veut pas dire que je vends des jeux au Micromania, ça veut dire que je teste des trucs rigolos comme des réseaux de neurones et des gravures d’ISO (mais c’est quand même plus drôle que de vendre des jeux, je crois ?). Ca veut aussi dire que des fois, j’ai des horaires rigolos mais que pour compenser je peux aller bosser avec des hauts à motifs douteux.
J’ai des goûts musicaux pourris qui vont de la pop sucrée au trash-rap latino. Je déteste les agrumes. J’ai une fascination pour les chaussettes et l’espace et moi aussi, j’ai le système solaire tatoué au bras.
Mes tics d’écriture incluent des phrases boiteuses, des -tirets en milieu de phrase comme ça-, des italiques partout, et parfois aussi du caps lock.