Arcturius Dewitte (présentation)

Dos droit, être instable. Perfection. Spontané spécimen. Passion du beau il avance. Automate. Franchise tranchante, dure. Étrange bavardage, détestable. Nostalgie irisée. Superficialité. Triste complaisance. Fuite. Autodestruction. Être discret. Exigence. Menton levé, stoïque. Solitaire, incomplet. Rêves désordonnés. Efficacité. Possession égoïste. Jalousie. Charisme inflexible. Il râle. Inexorable.

Boutons de manchette ou col roulé. Regard froid, distance draconienne, voix calme et carrure élancée. Inflexibles pensées, il inspire rimaye. Ceinture bouclée, vêtements repassés. Néant et solitude, il n'est pas intéressé. Barricadé, il se bloque il se condamne. Magistral impétueux, outrageusement séduisant. Maniéré, sens du détail considérable. Chaussures cirées, chaussettes montantes. Cloisonné dans l'isolement, il apprécie la conversation intelligente. Cruel. Éloquent. Fermé de tout. Fermé d'esprit, il impose une vision partiale. Cartésien, petit bourgeois. Mesuré.
Conneries.
Cru. Net. Précis. Pète-sec, impitoyable honnêteté. Il fait l'éloge et le blâme de paroles intransigeantes. Véridique. Pragmatique. Il entretient sa culture de lectures et de paroles. Il apprécie les conversations pensées, adore le partage humain pour constater naïveté, manque d’originalité. Dewitte a, Dewitte ne jette pas. Garde jalousement. Secrets, pensées, connaissances. S’enfuit à l’amitié, s’enfuit aux entailles. Entretient sa solitude. Arrogant. Supérieur. Sourire vide d'humanité. Bloc de béton armé. Il rejette clémence et charité. L'humour lui est étranger. Maniéré. Joues qui se gonflent, lèvre inférieure mordue, main redressant cheveux. Observateur. Pensif.

Usé, fatigué. Il soupire. Âme blasée. Il s'ennuie, joue sur le poing. Ressasse rêves. Vie placide. Flegmatique. Il aime les orages, il aime la pluie. Demandez-lui, si jamais il ne voudrait pas un contact. Une main. S'il ne rêve pas; d'avoir quelqu'un. Droiture. Songeur, il aime refaire le monde. Et si. Esseulé. Solitaire, il imagine l'amour. Le personnifie. L'envie. Se l'interdit. Cloisonné. Prisonnier. Stoïcien, ne veut rien, veut tout. Il n'a pas peur de se salir les mains. Individualiste. Pragmatique. Ne croit en rien. Pénible. Agaçant. On évite le calme frustrant de ses lippes. Voix grave.  Destiné à la fatalité. Médicomagie. Mariage arrangé. Enfants. Nom qui s’avance dans le temps. Héritage et prospérité.
Robotisé. Conditionné.

J’avance. Mes pas résonnent d’un claquement brusque et régulier. Me suivent ceux qui choisissent de me protéger, il faut savoir s’entourer. Brusquement, je m’arrête, observe ce tableau du couloir. Je l’aurais oublié, si mon regard ne s’était pas posé. Il n’a rien d’intéressant, au premiers abords personne ne le remarquerait, ne le verrait même tant il semble usé. La solitude soudain se veut évidente, je chasse ceux qui me servent d’amis de quelques paroles franches, mes mains se positionnent dans mes poches. Droit, seul, froid. Je lui fais face. Au tableau terne.

— Bonjour, Arcturius. 

Ce tableau, je le reconnais. Ancêtre; tous les Dewitte y étaient passés. À Poudlard comme part la mort. J’avais hérité de son prénom, arrière-arrière grand-père, puis grand-père. Je ne suis qu’Arcturius V sur une carte d’identité, sur les papiers du ministère. Un autre portrait invisible que l’on accrocherait dans un couloir oublié. Les générations toutes se ressemblent. Le temps passait, immobile. ’Bonjour, Arcturius.’ Son sourire est narquois. Je l’observe lentement, comme le sont ses mouvements. Concentré à poser depuis une éternité, l’intérêt d’être tableau m’exaspérait. Compter les secondes jusqu’à ce que l’heure d’être détaché arrive, il n’avait rien à faire de ses journées, rien à faire du temps qu’il lui restait. L’éternité. Tic, tac. Ça tourne, ça reste fade, il n’y a rien à voir.

C’est la vie qui se veut monotone. Les jours se ressemblent depuis quand, depuis toujours. Des premiers pas aux derniers, ceux qui m’ont emmené ici. Les Dewitte sont médicomages. Les Dewitte sont condamnés aux mariages forcés. À la solitude et aux mondanités. Grandir en voyant ses parents vieillir, sans réellement les observer. Les cheveux blancs sont invisible, les rides ne se remarquent pas, le monotone les gommes des regards réguliers. Des conversations redondantes, aux diners. Les mêmes connaissances. Les mêmes amis. Un père et la même façon de fumer un cigare, auprès du feu, un whisky sur la table, de lire le journal, le matin avant d’aller au travail. La même maison. Les obligations qui se répètent; partir dans la nuit, s’évanouir un instant, sauver une vie, en perdre une autre et revenir, raconter. Avec l’amour parental s’installe la distance du nom, la froideur. Rien n’avait jamais changé, chez les Dewitte. Mes traits ressemblent à ceux d’Arcturius II. Une mâchoire large, un regard placide. Seule une fossette nous sépare, des rides aussi. Elles viendront.

La vie d’Arturius II et V serait strictement la même, à ceci que nos femmes seraient plus ou moins jolie. Je reste immobile, mes yeux parcourant le costume soigné. Un jour, une heure, une minute, j’avais trouvé le temps différent. Mes yeux parcouraient, avides, ces quelques lignes, les avaient relues encore et encore. Oui, un jour, une seconde, il m’avait semblé possible que les choses changent, le paragraphe au milieu de lignes insensées faisant écho d’une vie rêvée. Puis il s’était perdu dans une bibliothèque, dans les années et la poussière; je ne me souviens pas même du titre, qui écrit dans ces lettres noires, m’avait sorti de la banalité une infime partie du temps. Qu’y a-t-il a rajouter. Le temps est long. Fade. Régulier. Tic, tac. Nous nous contemplons comme le reflet de l’autre, intangible. Je me complais dans cette lassitude, habitué à regarder l’aiguille tourner, si lente. Fade automne, hiver, printemps, été. Et ça recommence.

— Au revoir, Arcuturius. 

Mes talons pivotent, se détourne du portrait vieilli.

J'avance. Mes pas résonnent d’un claquement brusque et régulier.

Et je me remémore.