Aux reliquats d'aube. (Bastia)

Parmi les choses que Lancelot déteste sincèrement, on peut compter les mauvaises odeurs, les obstacles qui menacent sérieusement ses projets, et tout ce qui peut le décontenancer. Parmi toutes ces choses-là, une case peut être spécifiquement donnée à l'affaire Bastia. Depuis la rentrée, Lancelot s'est retrouvé à, comment dire... non pas l'éviter, évidemment, ce serait beaucoup trop lâche de la part de quelqu'un comme lui, mais plutôt... de tout faire pour ne pas faciliter une rencontre avec la malicieuse blonde ? Oui, ce serait probablement plus judicieux d'utiliser un tel terme. Lancelot ne fuit pas face à l'adversité, il se contente de choisir la solution la plus efficace pour détruire l'ennemi, ou pour aplanir la situation. Tant que cela fonctionne, c'est tant mieux. Malgré tout, ce n'est guère facile. Lorsque les dortoirs sont détruits, ou que la situation impose que tout le monde se regroupe à cause de ces misérables SIGMAs - Lancelot leur dirait volontiers d'arrêter leur ridicule manège, quel intérêt à défendre une cause irréaliste comme la leur ? (peut-être se montre-t-il aussi critique parce qu'il considère qu'à leur place, il se serait fait entendre beaucoup plus vite) -, s'éloigner du chemin d'une certaine personne relève de l'exploit. Mais Lancelot réussit, parce que Lancelot est doué.
Alors qu'il peste à nouveau contre ces actes grotesques qui secouent l'école et qui l'empêche de mener ses petites magouilles bien tranquillement, Lancelot rassemble rapidement quelques manuels et un crayon, et le voilà parti en direction des balcons. C'est le début de la matinée, la plupart des gens auront cours à ce moment-là, et lui ne se soucie guère de son propre planning. Il compte travailler. Sérieusement. Ça lui arrive parfois. Mais il n'est pas conventionnel, Lancelot ; il n'aime pas s'asseoir derrière un bureau pour potasser des sujets difficiles - en particulier tout ce qui touche au droit magique, où il fait un peu plus d'efforts parce qu'il veut réaliser son rêve, mais c'est quand même chiant et laborieux -, il a besoin de l'air frais caressant ses pommettes et de la chaleur du soleil sur son corps assis en tailleur, il a besoin de voir les arbres et l'eau et la vie qui existe à côté de lui, indépendamment de lui, il a besoin d'être entouré du monde, et non pas isolé. Et les balcons correspondent tout à fait à ses attentes. Assis dos au mur, en levant les yeux il aperçoit la jonction entre la terre et le ciel; et cela le fait sourire, Lancelot.
Il ne voudrait surtout pas être interrompu.
Surtout pas.
(Pas même pas Arthur - c'est son moment à lui, son instant de bonheur.)