ÉPISODE #2

Bon ça devenait vraiment n'importe quoi, il en pouvait plus là. Genre une putain de goule lui avait carrément sauté dans le caleçon, seriously ? Si Darwin n'avait pas été là, Perceval se serait transformé — il avait déjà sorti les crocs et dévoilé ses yeux de renard. Bordel. Là, devant tout le monde il avait failli. Sa nature d'animagus n'était pas quelque chose qu'il voulait ébruiter, car même si beaucoup le soupçonnait de l'être, personne hormis ses plus proches amis ne connaissaient sa véritable forme. « Merci — » répondit-il vaguement, fébrile et pas aussi reconnaissant et chaleureux envers son ami qu'il aurait voulu l'être. Le Percy jovial et qui s'amusait à cette chasse avec ses deux meilleurs amis, rendu plus bavard par l'excitation et les péripéties rocambolesques, s'était calmé ; évaporé.

Et pendant ce temps môsieur Anton va conter fleurette à la préfet de Serpentard qui joue les infirmières. Tch. La présence de Fitzgerald n'arrangeait pas son humeur, entre elle et l'autre insolent de troisième année qui t'avait envoyé la goule se glisser jusque sous tes vêtements — non vraiment, râle le bol de tout ça. Ça s'agitait dans tous les sens, présentement, à lui en donner la migraine d'ailleurs. Perceval serre sa baguette entre ses mains. Il a envie de se changer, de revêtir son autre lui — le lui renard, le lui libre qui peut courir ou il le désire. Mais il ne peut pas, pas tout de suite. D'abord les goules ; sa responsabilité, sa faute.

Il en repère une. Le sortilège vole, l'ordre claque et la baguette s'agite d'elle-même. « Confundo ! » qu'on en finisse rapidement bon sang, combien de ces bestioles y avait-il encore de libre d'ailleurs ?

« Darwin s’était attendu à quelque chose d’un peu plus — d’un peu plus expressif, oui; de la part de son ami de toujours. Mais il n’y avait eu que les cinq lettres formant le mot merci sur les lèvres du Poufsouffle. Et cela l’inquiétait, le blond; que d’entendre ça — que d’entendre quelqu'un qui déjà n’était plus là. Il y avait de la distance, oui; soudaine, dans les traits de Perceval. Aussi peut-être était-il temps de rentrer, de le prendre par le bras et de lui dire « eh oh, ça suffit; on a assez joué maintenant on va se poser au calme ».

L’idée ne lui était pas déplaisante, d’ailleurs; vu la migraine qu’il venait lui-même de se chopper.
Car il y avait tant de bruit et d’agitation — et ! Voilà que McDonald venait d’envoyer deux goules dans son panier ! Même dans cet était il était resplendissant. Enfin. Ce serait la dernière pour lui, il le savait — le sentait. Si il continuait à courir dans tous les sens dans cette marée mêlée de sorciers et de goules il allait finir par se blesser.


Et ce n’était pas son but.
Alors repérant une des petites bestioles blanches non trop loin de lui; il avait murmuré un accio; mi-absent mi-présent. Sort, qui; une fois lancé, avait littéralement rebondi sur le front de l'animal. « Mais, what the ? » avait à peine eu le temps d'articuler le blond serdaigle; avant de voir son incantation lui revenir en pleine figure. C'est que ça faisait mal, bon sang ! Heureusement qu'il avait lancé un truc bénin; par Merlin ! Un peu plus et il se mettait k.o. Ça lui apprendrait; à prendre des créatures magiques ne serait-ce qu'une seconde pour des êtres inoffensifs.

Se frottant le crâne; il avait adressé un geste diffus à ses amis, récupérant son panier et s'éloignant. I'm done with this shit, dudes. Car quand c'était pas le jour; il fallait pas pousser mamie dans les orties. Des cheveux en moins, un nez saignant et un sort rebondissant en plein dans sa tête; ça lui suffisait, voyiez-vous.

Amen.

Darwin semblait avoir compris — évidemment ; car Darwin le regardait toujours, le comprenait toujours. Ils atteignaient leurs limites l'un comme l'autre. Au moins Perceval eut le sourire carnassier de la victoire satisfaisante en voyant deux goules être touchées par son sort et rejoindre son panier. C'était toujours lorsqu'il était poussé dans ses retranchements qu'il semblait briller d'avantage alors, comme une bougie qui, se sentant à la fin de sa vie, redouble d'effort pour fournir une flamme digne ces derniers.

Il était satisfait, il en avait assez. Perceval se tourna vers son ami Serdaigle — qui venait de prendre son sort en pleine face. « Darwin ! » malgré l'envie de se cacher, de fuir et de se taire pour goûter au silence, il trouve encore la force d'aligner des mots, de s'inquiéter. Il jette un regard courroucé à la goule. « Levicorpus » marmonne-t-il. Mais sa concentration n'y est pas, le sort rate. Perceval considère la goule, lui jete un regard courroucé qui la fait s'enfuir plus loin — peu importe.

Il se tourne vers Darwin, le cherche des yeux. L'autre s'éloigne déjà. « Da' ! Attends-moi — » Il ramasse son panier avec ses trois goules et le rejoint en trottinant. Sa main libre vient chercher celle du blond, presse ses doigts doucement. Ils étaient débraillés l'un comme l'autre et la fatigue se lisait sur leurs yeux. Mais dans l'instant Perceval se fichait qu'on les regarde, que les rumeurs à leur sujet s'affolent de les voir si proche ou quoi. Il voulait juste aller se reposer avec son ami. « Allez viens, on va aller à l’infirmerie — j'vais te soigner à la moldu en te mettant des pansements colorés sur le nez. » Ça semblait sympa comme programme oui ; tranquille et reposant.