Honnêtement j’étais encore un peu confus par ce qui s’était produit. Si Kieran avait si peur pourquoi ne pas me l’avoir dit ? Probablement une question de fierté. Alors que je l’examinais dans le noir grâce à la lueur de ma baguette, il la repoussa, m’assurant que tout allait bien. Vraiment ? Parce qu’il n’avait pas l’air d’être dans son assiette non plus vu le tremblement dans le fond de sa voix.. Mais après ma bourde, je n’insistais pas et je lui laissais un peu d’espace et de temps pour récupérer, encore penaud de m’être fait engueulé et surtout d’avoir mis le rouquin en danger. Il aurait vraiment pu se faire mal. Il avait eu de la chance.
Alors, comme cela semblait fonctionner avec les Nails en général pour les rassurer en situation de détresse, comme on le fait à un enfant, je lui attrapais doucement la main et je décidais de faire demi-tour. C’est vrai que j’étais un peu déçu mais je cherchais à ne pas le montrer avec un léger sourire. Ce n’était pas si important, je pouvais toujours revenir. Mon camarade était plus important qu’une hypothétique découverte, et j’avais pas envie de le mettre en PLS. Vu qu’il n’avait pas de baguette, il ne pourrait pas retourner seul à l’entrée sans se prendre des murs. Mais à ma grande surprise il refusa, me retenant pour m’empêcher de l’entraîner avec moi. Hein ? Mais pourquoi ? Il essayait de sourire, de paraître mais il tremblait encore un peu, me fixant avec ses grands yeux marrons. C’est alors qu’il se mit à balbutier un tas de choses, assez vite. J’étais carrément surpris. Non. Stupéfait.
« Hein ?!! Comment ça t’es claustrophobe ?!!»
Je tombais des nues. Simplement parce que j’en avais pas la moindre idée. Evidemment que si je l’avais su, je ne lui aurai pas proposé de me suivre comme un crétin. Mais surtout pourquoi est-ce qu’il avait accepté de venir cet idiot ?! Il aurait pu me le dire. Il aurait pu me prévenir. C’était déjà pas facile de se déplacer dans ce genre d’endroit avec l’air lourd et l’obscurité qui rendrait n’importe qui nerveux. Mais un claustrophobe...cela relevait de la torture. Pour être honnête, j’étais surpris et un peu mécontent. Est-ce que c’était parce qu’il avait l’impression qu’il ne pouvait pas me le dire ? Parce qu’il ne me faisait pas confiance ? Ou bien parce qu’il ne voulait pas me décevoir ? Ca n’avait pas d’importance s’il souffrait. Une phobie, on ne la contrôle pas. C’est pas rationnel. Mais les lèvres serrées, j’écoutais ce qu’il avait à dire. Ses doigts serraient mon bras et ma main, comme s’il avait peur que je m’en aille, comme pour appuyer la véracité de ses propos. Comme s’il me suppliait pour que je comprenne. Alors il commençait à dire des tas de conneries, sur sa baguette qui était restée dans sa valise ( comme si ça avait une quelconque importance) et plus il parlait et plus j’avais l’impression qu’il avait cherché à braver sa peur...Pour moi. Pour ne pas me décevoir. Parce qu’il avait envie que je m’amuse et de ne pas être le rabat-joie. Et c’était...c’était vraiment gentil. Et mignon. Et attentionné mais… comment dire… je ne pouvais pas m’amuser s’il souffrait.
«Evidemment que ça va aller. Mais tu sais, il n’y a pas de honte à faire demi-tour. Ca ira. Si ça te met dans un état pareil...je préfère revenir en arrière.»
C’était sincère. C’était dit avec un léger sourire et une voix douce. Pour le rassurer que non je n’allais pas lui en vouloir si on faisait demi-tour. Comment lui dire ? Comment lui faire comprendre qu’il était plus important ? Je veux dire autrement que lui dire en regardant dans les yeux. Je veux dire...je pourrais...mais… voilà. C’est parce que Kieran avait décidé que j’étais plus important que sa peur, qu’il devenait plus important que mon désir d’aventure. C’était une sorte de sacrifice. Et quelqu’un capable de faire ça pour quelqu’un d’autre devait être considéré comme quelqu’un de précieux. A moins bien sûr qu’il soit juste un idiot. C’était aussi une possibilité. J’éclatais d’un léger rire alors qu’il mentionna mes paroles de toute à l’heure. Je dois avouer que je n’avais pas de quoi être fier, c’était probablement la chose la moins intelligente à dire. Mais avouez que c’était drôle. Ce qui l’était moins, c’était ce qu’il ajouta à la suite. La peur d’être seul dans le noir. Je regardais Kieran avec une certaine tendresse. En fin de compte, malgré son corps d’adulte, ses piercings, ses tatouages, ses pectoraux et tout le reste...il restait un gamin. Un grand gamin certes, mais un gamin quand même. Il me relâcha, ayant l’air un peu honteux. Pauvre Kieran. Je prenais une grande inspiration, réfléchissant un instant.
Faire demi-tour maintenant revenait à le faire se sentir inadéquat. Comme si c’était sa faute et qu’il me privait de quelque chose. Même s’il avait la trouille et qu’au final, je comptais le privilégier de toute façon. En gros… je n’avais pas tellement le choix.
« Okay. Puisque tu insistes. Mais si tu veux arrêter, tu n’hésites pas à me le dire. Bien ? Okay.»
J’étais très sérieux là dessus.Après tout il n’y avait pas une méthode pour “guérir” un peu les phobie qui consistait à surexposer le sujet à sa peur ? Autant tester. Bon si Kieran tombait dans les vappes entre mes doigts, j’aurai plus de mal à le transporter. A moins d’utiliser un sort. Mais alors adieu la lumière. Si je le faisais voler, il risquait de se cogner partout. Pire que mieux. J’attrapais de nouveau la main du rouquin et je reprenais la marche, pataugeant joyeusement dans l’eau tout en faisant mine de râler :
« Tout seul dans le noir, hm. Comme si je pouvais me débarrasser de toi si je le voulais de toute façon. Idiot»
Ce dernier mot avait été prononcé presque avec affection. Le but c’était de le faire sourire et d’alléger l’atmosphère à défaut de la rendre facilement respirable. J’étais beaucoup moins nerveux que tout à l’heure même si le fait que nous nous tenions la main avait de quoi… m’embarrasser un peu. Mais c’était nécessaire. Avec Aileas c’était différent. Nous étions deux à avoir peur. C’était un lien pour ne pas se perdre. Ici...ce n’était pas le cas. Aussi, je ne vais pas mentir, ça avait sûrement quelque chose à voir avec le fait que Kieran était un garçon et que c’était dû à mon initiative. Je balançais d’avant en arrière la main qui nous unissait, cherchant à dissiper mon léger malaise.
«Ca me rappelle la maternelle...à part le décor bien sûr.»
Oui, à bien m’en souvenir c’était la dernière fois que j’avais dû tenir la main à un garçon de mon âge ou presque. J’avais bien envie de parler de la claustrophobie de mon camarade. Comment ça s’était développé ? Est-ce qu’un évènement particulier l’avait causé ? Mais je sentais que pour l’aider, je ferais mieux de parler d’autre chose. Alors qu’on poursuivait, accompagné du bruit de nos pas dans l’eau froide, je changeai brutalement de sujet. Le silence, l’obscurité et le contact physique étaient propice à une chose et ce n’était pas l’aventure. Enlevons le silence de l’équation et ça ira mieux.
«Tiens au fait, ce tatouage dans le dos...Ca fait longtemps que tu l’as où c’est nouveau ?»
A Poudlard, on ne se voyait pas torse nu. Et Kieran cachait plein de choses sous ses vêtements...apparemment.
Oh non ! Vous avez nagé jusqu'à la grotte plutôt que de prendre une barque... Vous voilà bien trop fatigués pour retourner du côté de la plage ! On dirait bien que vous allez devoir passer la nuit ici... À moins qu'un membre de votre équipe remarque votre absence et décide d'acheter une barque pour venir vous chercher ? Enfin.
Bon courage, le directeur n'aimerait pas être à votre place...
Il aurait eu raison de ce fâcher contre moi, c'était complètement stupide. Inconscient même. S'il arrivait quelque chose dans cette grotte, j'étais incapable de raisonner correctement, j'avais pas de baguette et je tremblait de la tête au pied. La honte vola rapidement la place de l'angoisse. Je sais pas tellement si mes confessions et mes excuses allaient servir à quelque chose. Je crois que y'avait aucune chance pour qu'il n’emmène avec lui la prochaine fois. Je crois que je me sentais un peu triste à cette idée. Pour une fois que j'étais celui qu'on entraîne, celui qu'on a envie d'avoir à ses cotés, c'était rare qu'on me le demande, en réalité c'était même souvent moi qui proposé. C'est certainement pour cette raison que je me suis un peu trop emballé à l'idée de venir ici et que je me suis muré dans la bêtise quitte à tout foutre en l'air. Je m'en voulait et Rief avait la gentillesse de comprendre.
La honte ce dissipait légèrement quand il me rassura d'une voix douce. C'est la première fois qu'il se montre si sincère et délicat avec moi. Normalement quand je fais le con il me sert son regard de préfet pas content et ce montre toujours un peu trop formel pour me rappeler à l’ordre. Quand il est sincèrement en colère il me cris dessus en agitant les bras mais je crois que je l'avais simplement jamais vus juste rassurent et réconfortant. Je sais bien que c'est juste parce que je panique et que je tremble comme une feuille, il voulait pas empirer les choses, mais j'aimais bien penser que c'était aussi simplement parce qu'il voulait être gentil avec moi.
Je me laissais vaguement séduire par sa proposition de rebrousser chemin, après tout il avait raison y'avait pas de honte à avoir ou quoi que ce soit d'autre. Mais maintenant qu'on était là, autant continuer non ? Je pense pas pouvoir être plus paniqué que je l'étais déjà de toute manière et sa présence avait définitivement quelque chose de rassurant. De toute façon ça pouvait pas être pire que ça j'imagine. On était déjà cerné d'obscurité à suffoquer. Je le laisse me prendre la main et en étouffe un soupir de soulagement en serrant mes doigts aux sien. Je l'avais lâché pour feindre une assurance qui m'avait quitté depuis bien longtemps, peut être aussi pour lui prouver que je pouvais continuer. Que j'étais plus fort que j'en avait l'air. Mais je l'étais pas tellement et je m'accrochais à sa main comme à une bouée en pleine tempête. Comme ça c'était mieux. Un contacte et tout devenait plus simple tout d'un coup. J'étais pas seul dans le noir et Rief ne risquait plus de disparaître. Ou alors il m'emporterais avec lui. J'étais prêt à dégringolé au cœur des ténèbres tant que je pouvais lui tenir la main.
Il est décidé à repartir et m’entraîne avec lui. Je le suivais comme un aveugle ce laisse guider, fermant de temps en temps les yeux en me concentrant sur la chaleur de sa peau contre la mienne. Il tenta de détendre l'atmosphère en ce moquant gentiment de moi et des ma manie à le coller en permanence, il m'avait même traité d'idiot comme il le faisait tout le temps. J'en souriait presque par réflexe, à force c'était devenu affectif, presque une habitude en faite et j'aimais bien ça. Je réussit à garder mon sourire, oubliant presque les ombres alors qu'il meuble au mieux la conversation. Je voulais penser à autre alors je m'accroche à ses mots autant qu'à sa main.
« La maternelle.. carrément.. ça fait loin ça.. »
Il sautillait presque en balançant nos main d'avant en arrière comme un enfant. Je devinais sans peine qu'il essayait de rendre cette situation moins étrange, plus enfantine comme si le fait de me tenir par la main était un geste purement innocent et animé par un raisonnement pratique. Ca avait quelque chose de plutôt amusant mais aussi mignon. A son âge, être gêné de tenir la main de question c'était carrément adorable. Je savais bien que Rief m'aurait jamais tenu la main en temps normal en faite il avait rarement eu de gestes envers moi. Sauf pour me frapper la tête avec un livre bien sûr, ça rendait peut être cette petite étreinte un peu gênante pour lui. Moi c'est claire que ça me rappelait pas vraiment la maternelle, pas du tout même. En faite ça me rappelait surtout des bon souvenir. Que ce soit avec 'Pa ou Aili, avec mes exs. Ceux ci étaient agréable, le souvenir d'une caresse ou d'une tendresse un peu timide, passagère. C'était le genre de truc que j'adorais. Aujourd'hui c’était Rief, même si ça comptait pas vraiment, du coup j'en profitais un peu, de toute façon j'étais pas capable de la lâcher et je la serrais un peu plus au moindre bruit qui ce faisait entendre.
J'avais calmé ma respiration, je sentais toujours mon cœur s'emballer au fond de ma poitrine mais je me sentais plus tellement paniqué. Une part de moi ne pouvait s’empêcher d'imaginer que le pire allait arrivé mais la voix de Rief et notre proximité balayait rapidement les pointes d'angoisse qui jouaient un peu avec mes nerf depuis qu'on s'était remis à marcher. Il avait remarqué mon tatouage. Une fois de plus la surprise du sujet focalisa assez mon esprit pour en oublier le reste. J'y pensais plus à mon tatouage, c'est vrais qu'il l'avait jamais vus, déjà parce qu'il était nouveau, et ensuite parce qu'il m'avait jamais vus dans une tenue aussi légère. Une fois de plus je me rendais compte qu'on était tout les deux quasi nus. Le détails m’échappa rapidement et je déglutis un peu difficilement avant de lui répondre avec un peu plus d’assurance cette fois ci.
« Nan il est nouveau.. c'est un cadeau de mon père pour mes 18 ans. On a pas le droit de tatouer des mineurs tu sais, mais lui il en a plein alors il nous a promis qu'on en aurait un a notre majorité. Ça et tout ce qu'on voulait d'autre.. genre.. si on veux ce teindre les cheveux en rose ou ce percer la totalité du visage.. J'me suis fais des indu aux oreilles aussi.. j'aimerais bien un autre tatouage mais bon... un c'est déjà bien pour le moment. »
Je parlais sans même m'en rendre compte, enchaînant les mots et les phrases naturellement malgré l'angoisse qui faisait battre mon cœur. Parler c'était bien, Rief l'avait compris et je l'en remerciais pour ça, il savait bien depuis le temps que me lancer dans un sujet que j'aimais me déliait facilement la langue. Alors je continue, un peu plus rassuré qu'il y'a quelque secondes.
« Puis c'est quand même pas donné, en plus c'est long a faire alors .. petit à petit c'est bien, puis ju voudrais essayer différent style, là c'est un ami à 'Pa qui me l'a fait alors on s'est arrangé pour pas prendre de rendez vous.. mais avec un autre faut facilement attendre six mois tu vois... mais je suis content de celui ci.. tu le trouve jolie ? »
Rief était la première personne à le voir en réalité. Je me demandais ce que les gens en dirait, il était pas commun et assez loin de ce que les gens aiment ce faire en générale. Moi je l'adorais bien entendu et même si au final l’avis des autres n'étais pas tellement important j'étais curieux de savoir ce que Rief en penserait. La curiosité avait chassé les ombres jusqu'à ce qu'un bruit me fasse frémir de la tête au pied. Un murmure, ou plutôt un bruissement régulier qui semblait étouffé par la pierre de cette grotte. Je l'entendais parfaitement, j'aurais juré que c'était là tout pret. Y'a quelque chose ici. J'en suis certain. Je m'étais brusquement arrêté, figé sur place alors que mon cœur s'emballait une fois de plus et manquait de me faire suffoquer pour de bon. Un frisson désagréable parcouru mon échine alors que mes yeux scrutaient les ténèbres tout autour de nous à la recherche de je ne sais quoi. Je ne voulais pas y trouver quoi que ce soit de toute manière.. mais ne pas savoir c'était peut être pire. Ma main ce crispa sur celle de Rief et d'un réflexe fulgurant je m'étais accroché à son bras pour enfouir mon visage contre son épaule. Les yeux clos, je respirais bruyamment en essayant d'articuler quelques mots d'une voix tremblante.
« Y'a un truc... je te jure qu'y'a un truc.... »
Je retenais une plainte qui ne cherchais qu'à sortir. Mais j'étais déjà assez pathétique comme ça je voulais pas en rajouter encore. Un soupir, un gémissement discret le temps de reprendre mon souffle et de me concentrer sur tout sauf le bruit et cette certitude débile qu'on allait juste mourir ici tout les deux parce que j'étais trop stupide pour simplement lâcher l'affaire. J'aurais aimé m'excuser une fois de plus ou simplement dire quelque chose mais ma gorge s'était déjà nouée d’angoisse et de terreur.
A chaque occasion que nous avions de nous rapprocher j’en apprenais un peu plus sur Kieran Nails. Par exemple, aujourd’hui j’avais appris ce qui lui faisait peur. D’abord, les espaces confinés et fermés, ensuite le fait d’être seul. Et cela, en soi, constituait une forme d’exploration et d’aventure. Alors cela n’avait pas tellement d’importance si on ne trouvait rien au fond de cette grotte. Parce que j’avais déjà trouvé quelque chose, un tout petit morceau de trésor, comme les morceaux de verre colorés qu’on ramasse sur la plage ou les jolis coquillages.
Donc Kieran avait peur d’être seul. C’est ce que j’en déduisais puisqu’à son âge, je doute que ce soit l’obscurité qui le mette mal à l’aise. C’est vrai qu’en y réfléchissant, je ne le voyais jamais tout seul dans son coin. Il avait dû passer le plus clair de son temps avec Aileas quand il était plus jeune ( et encore maintenant d’ailleurs). Mais c’était peut-être pour ça qu’il me collait. En dehors du fait que je sois préfet et de la couleur de mes cheveux. Peut-être qu’il me collait quand Aileas et ses autres amis étaient indisponibles. Juste pour ne pas être seul, parce qu’il savait que je ne pouvais pas me débarrasser de lui. C’était peut-être vrai. Mais j’essayais de ne pas trop y penser. Quoiqu’il en soit le contact avec ma main semblait suffire pour lui redonner des couleurs et un peu de courage. Je la balançais doucement d’avant en arrière, au rythme de nos pas pour ...je ne sais pas ? Me débarrasser d’une sorte de sous-entendu ? Pour me rappeler que la main chaude et moite qui serrait la mienne était celle d’un ami et de rien d’autre. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de trouver ça un peu bizarre. Je n’avais pas l’habitude. Ou plus je l’avais perdu depuis la maternelle.
Et même si j’avais vraiment envie de discuter de la phobie de mon camarade je changeais de sujet pour quelque chose de plus léger. A chaque fois que Kieran parlait de son père, il ajoutait quelque chose à ce portrait de cet homme mystérieux un peu étrange. Maintenant je l’imaginais comme un grand roux barbu avec un kilt et des tatouages, avec des gros avant-bras poilus, une grande carrure mais une bouche prète à sourire. Une sorte d’écossais punk. Peut-être même que c’était un motard/ En tout cas, je m’en étais fait un tableau tout caricatural dans mon esprit. En tout cas il semblait être quelqu’un de sévère et de cool en même temps. Si mon père me proposait d’aller me faire tatouer ou autre, je crois que ma mère n’apprécierait pas. Elle dirait quelque chose du style “ c’est les stars du porno et/ou les hooligans qui se font tatouer, tu veux que les gens pensent ça de toi ?” Mais bon… ma mère avait parfois des idées assez...conservatrices sur certaines choses.
«Ouais il est plutôt joli. Pour être honnête je pensais que t’étais plutôt du genre à te faire tatouer un dragon dans le dos ! Il paraît que c’est assez commun, quand on commence à se faire tatouer, on a toujours envie d’en faire plus. Moi j’aimerai bien en faire un. Un jour. Par contre j’arrive jamais à me décider quoi et où pour ne pas regretter….Et sinon Aileas elle a fait quoi ? »
C’était moi tout craché, le temps que je me décide j’aurai 40 ans. Quant à sa soeur, je l’avais croisée tout à l’heure et il ne me semblait pas avoir remarqué de tatouage ou de piercings supplémentaires du coup je me demandais bien ce qu’elle avait pu faire pour ses 18 ans. Et je me demandais aussi si à 30 ans, Kieran serait complètement tatoué avec des piercings partout. Mais j’imagine que je ne le saurai jamais, puisqu’un bruit étrange et perceptible venait de se faire entendre.
Je sursautais. Pas à cause du bruit, mais à cause du rapprochement soudain du rouquin tatoué qui s’était accroché à mon bras libre, cachant son visage contre ma peau en gémissant. Je dois avouer que pour un gryffondor et quelqu’un était capable de se faire percer et tatouer, il ne brillait pas actuellement par son courage. Quand je lui avais proposé de me rejoindre dans l’exploration de cette grotte, j’avais imaginé quelque chose de plus épique style indiana jones. Voire même les goonies. Je m’attendais pas à ce que ça tourne comme un rendez-vous galant au cinéma pour voir un film d’horreur. Il paraît que ça fonctionne. Il paraît que le corps humain ne fait pas la différence entre la peur et l’excitation. Et donc, c’était une technique commune de moldue. Emmener sa chérie voir un film très effrayant pour faire battre son coeur et qu’elle s’accroche à votre bras. Bizarrement, ce n’était pas l’effet que j’avais cherché à susciter avec cette escapade. Non, je ne pensais pas que Kieran se collerait contre en moi en gémissant, et que je sentirai son souffle erratique contre mon épaule, pas loin de mon oreille. C’était...pour le moins perturbant.
« Shhh. Arrête de bouger.»Lui intimais-je à voix basse.
Le faisceau de lumière de ma baguette éclairait rapidement les parois et le sol. Je plissais les yeux pour essayer de voir quelque chose, prêt à agir si quelque chose surgissait. D’un autre côté si la menace venait de l’eau, je devrais être capable de sentir les vibrations et le remou. Si seulement on s’arrêtait complètement de bouger. De toute façon toute créature qui devait vivre dans dix centimètres d’eau ne devait pas être mortellement dangereuse non ? Je m’arrêtais de respirer un instant, sentant mon coeur battre à cent à l’heure. J’entendais de nouveau le bruit. C’était pas loin. Bon. Il était temps de faire quelque chose et d’être prêt à courir dans le sens inverse si jamais ça attisait la colère de la créature. Maniant ma baguette, j’envoyais des étincelles vertes droit devant moi. Inoffensives, elles étaient destinées à éclairer plus loin, brièvement. Les étincelles éclairèrent les parois de la grotte avant de s’écraser au fond, arrêtée par un méandre.
«Bon ben au moins c’est pas énorme...»murmurais-je à voix basse.
Ou alors c’est encore loin . Mais je gardais ça pour moi. Pas de tremblements dans la cave, pas de gros remous dans l’eau. Cela suffisait à me calmer un peu même si mon coeur battait à mile à l’heure et que j’avais le souffle court. Je prenais un grande inspiration et j’avançais d’un pas avec ma baguette. Difficilement puisque Kieran me retenait vers l’arrière. C’est alors que la lumière émise par ma baguette éclaira quelque chose de flou et de petit près du sol. Une carapace bombée, décorée de pierres luisantes d’un rouge sang, qui ressemblait fortement aux pierre de cette cave. Il y en avait au moins deux. Et le son provenait de ces deux créatures et vu leur position et les bruits rauques que ça émettait, on pouvait en tirer deux conclusions : soit ils étaient en train de se battre ou de se reproduire. Sur le coup, j’éclatais de rire. C’était un peu nerveux mais bon, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Des crabes de feu dans dix centimètres d’eau, ça ne fait pas beaucoup de dégâts. Je tournais la tête du côté de mon compère pour le rassurer
«Regarde Kieran. Ce sont juste des crabes de feu.»
C’était logique au niveau géographique. On les appelais crabes de feu mais en fait ça ressemblait plus à des grosses tortues. A part qu’elles crachaient du feu bien sûr. Souvent chassée pour les joyaux de leurs carapaces, il s’agissait d’une espèce protégée par le ministère, pas question de les attaquer donc. J’éclairais les parois aux alentours. Elles En effet la plupart étaient couvertes de petits trous et autres cavités qui leur permettait de voyager là dedans et donc d’échapper à d’éventuels prédateurs.
Alors il appréciait mon tatouage. Je me sentais stupidement satisfait de l'entendre de vive voix, surtout de quelqu'un comme lui qui ne forçait pas le compliment. C'est simplement sincère. Parler avec lui m'aider à ne plus penser au reste, j'en étouffais même un rire à sa remarque sur le dragon, je devais avouer que ça m'avait peut être traversé l'esprit à une époque. Mais en grandissant j'ai compris l'importance du symbole que représente les tatouages, ça doit être unique, personnel. Une œuvre d'art qu'on est le seul à comprendre. Alors un dragon dans le dos, y'en avait des millier déjà ! Le mien il était unique au moins ! J'étais un peu surpris que Rief ai l'idée de s'en faire un aussi. J'étais encore un peu aveuglé par les clichés du Préfet propre sur lui qui ne se risque surtout pas à ce genre de folie. C'était idiot parce que Rief était bien plus qu'un préfet bien entendu. Je m'en rendais assez compte depuis quelques temps, j'avais l'impression d'en découvrir un peu plus sur lui chaque fois qu'on prenait le temps de parler et il s'éloignait lentement de l'image qu'on pouvait avoir de lui au premier abord. Alors Rief avec un tatouage, c'était surprenant mais au fond ça lui allait plutôt bien. A ce train là on allait tous être tatoué, d'ailleurs je me demandais bien ce qu'il avait en tête pour le sien, j'aurais aimé lui poser la question mais le bruit effroyablement angoissant de je ne sais quoi me paralysa.
Heureusement, Rief n'avait rien dit à ma panique. Il n'avait pas bougé et n'avait pas même cherché à ce défaire de mon emprise. J'avais pas la tête aux regrets, au fond de moi je savais que c'était limite de le coller comme ça mais l'angoisse était plus forte que le reste, et sa présence était d'un réconfort inimaginable. Je m’excuserais quand tout ça sera finit, si ça finit un jour et si on arrive à sortir d'ici vivant, car pour le moment je pouvais pas m'empêcher de penser qu'on allait juste mourir au fond de ce trou. Tout vas bien. Rief est là. Il assure carrément plus que moi alors tout vas bien ce passer. J’arrêtais pas de me répéter ça encore et encore. Je sais pas comment il faisait pour rester si calme dans une situation comme celle ci. Je me sentais un peu minable à ses cotés, tremblant de peur comme un enfant au fond de son lit après un cauchemar. Lui restait droit, fort, prêt à ce défendre au moindre mouvement. Il avait à peine frémis au bruit, je pouvais pas m’empêcher d'éprouver une certaine admiration sur le moment, n'importe qui aurait paniqué ou ce serait laissé emporté par l’angoisse, criant, s’irritant sans raisons. Une fois de plus il montrait parfaitement qu'il méritait son insigne de préfet en gardant son sang froid. Peut être qu'on va sortir d'ici vivant tout compte fais. Mais ce sera pas grâce à moi.
Je le sens bouger et me risque à relever le nez pour l'observer agiter sa baguette vers l'obscurité. Des étincelles vertes en avaient jaillit pour éclairé le fond du tunnel. Il y avait bien quelque chose ! Cette simple idée fit remonter un frisson glacial le long de mon échine et mes mains resserrèrent légèrement la pression sur son bras. J'ai pas envie de savoir ce que c'est et j'ai pas envie que Rief y aille. C'était courageux d'accord mais vraiment c'était pas la peine, je savais déjà qu'il l'était il avait pas besoin de le prouver. Une part de moi refusait simplement de le laisser avancer, terrifié à l'idée que quelque chose puisse lui arrivé là maintenant juste sous mon nez et que je sois simplement incapable de l'aider ou de le sauver. Mon cœur manqua un battement à cette idée et je tentais de le retenir faiblement à défaut de pouvoir lui crier ma peur en le suppliant de ne plus avancer de peur que quelque chose d'horrible puisse arrivé.
Mais il rit. Mon corps ce fige une nouvelle fois, pas de peur, simplement de surprise. Pourquoi est ce qu'il trouvait ça drôle ? J'entendais sa voix résonner partout dans la galerie mais aussi dans ma tête comme une mélodie. Je comprenais pas ce qu'il y avait de drôle mais au moins j'avais relâché la pression sur son bras. Il souriait de nouveau en ce tournant vers moi pour me désigner quelque chose. Mon regard eu du mal à quitter son visage, peut être que j'avais pas très envie de voir ce qui m'attendais, j'en sais rien, mais je tournais la tête lentement vers le fond du passage pour y voire scintiller quelque chose. Des crabes de feu. Mon regard s'arrondit à la vision des deux magnifiques créatures apparue sous mes yeux. C'était encore mieux que ce qu'on en voyait dans les livres. Cette fois j'en oubliais ou nous étions, un peu trop fasciné par les créatures magiques qui scintillaient toujours.
« Ils sont trop beau ! C'est la première fois que j'en vois ! »
Je senti mon corps se réchauffer lentement à mesure que la panique le quittait, j'en avait même retrouvé le sourire ainsi que la curiosité débordante qui m'animait depuis toujours. C'était un peu comme revivre au milieux des tréfonds de cette grotte. Mais c'était des crabe de feu ! C'était extraordinaire, du moins pour moi en tout cas. J'approchais un peu plus en traînant Rief avec moi. Je l'avais pas lâché, peut être encore un peu angoissé de voir la panique revenir ou simplement pour profiter encore un peu de cet instant tant qu'il peut durer. Je m'étais mis à parler à voix basse en tournant mon regard émerveillé vers le préfet qui éclairait toujours faiblement des deux crabes.
« C'est encore mieux que tout ce que j'aurais imaginé ! J'ai envie de les toucher mais j'ai pas envie de les déranger... en plus ça peut cramer en moins de deux.. Pourquoi j'ai pas pris mon appareil photo ! J'arrive pas à croire que je l'a oublié ! »
Je m'en plaignais en soupirant, tirant une moue déçus sur mes lèvres avant d'y laisser un sourire y revenir. C'est clair que ça aurait fait une super photo. Je l'aurais montré à 'Pa et à Aili, il en aurait bondit de joie et elle aurait levé les yeux au ciel. Mais ça c'était avant j'imagine, et de toute façon j'avais pas d’appareil photo. Ce moment resterait avec moi et Rief, quelque part c'était peut être aussi bien comme ça. Mon regard glissa quelques secondes vers le reste du passage de pierre. L'obscurité me sauta au yeux soudainement. C'est vrais qu'elle était toujours là, c'est pas vraiment comme si elle allait partir... Je prend une profonde inspiration pour refréner un tremblement et ne pas me laisser embarquer dans une nouvelle crise de panique. Tout vas bien.
« Tu crois que y'en a d'autres ? Y'a vachement de trou quand même.. peut être qu'on devrait pas resté là au cas ou y'en aurait d'autre.. Imagine qu'ils prennent peur et qu'ils décident de tous s’enflammer... Les cicatrice c'est assez sexy mais je préfère éviter de me faire griller comme une saucisse. »
J'adressais un autre sourire au bleu, un peu surpris de l'aisance que j'avais eu à dire cette connerie malgré la situation. J'avais toujours cette espèce d'inquiétude au creux de mon ventre et je trouvais toujours l'air difficilement respirable, mais j'arrivais à garder ce sourire plaqué sur mes lèvres.
C’était un combat constant. Pas un combat épique entre le bien et le mal, non. Il y avait ce côté de moi, le côté reponsable et mature, le côté qui privilégiait la sécurité en tout circonstance. Le côté préfet qui s’occupait des plus jeunes, qui montrait l’exemple. En gros, le mec sur qui compter. Et puis il y avait l’autre. Celui qui voulait taper dans la fourmillière, celui qui se penchait pour regarder dans le puits. Pas par amour du risque, non. Par amour de la découverte. Mais là où il y avait de l’inconnu, il y avait toujours un risque. Heureusement que souvent ces deux côtés de ma personnalité s’équilibraient. Et puis Poudlard, c’était devenu la routine… il n’y avait plus grand chose à y découvrir pour l’instant. Mais il fallait dire que ces vacances étaient particulières. Il s’agissait de mes premières vacances vraiment seul. De mes premières vacances sans guide, sans filet de sécurité, sans parents, sans rien. Et je comptais bien en profiter.
Alors même si mon coeur semblait s’être arrêté de battre en entendant des bruits dans le noir, je n’avais pas bougé. Pure réaction de fight or flight. Sauf que je ne souhaitais pas me battre. Je voulais savoir. Je voulais comprendre. Je ne voulais pas laisser tomber face à un gros point d’interrogation, sans certitude. Je ne voulais pas répondre “ je ne sais pas” à la question “ qu’est ce qui vous a fait fuir?” Mais ce n’était pas forcément le cas de mon camarade qui luttait déjà contre sa peur des espaces fermés et confinés pour supporter un stress supplémentaire. Le pauvre. Heureusement pour nous, il ne s’agissait pas d’un dragon, d’un serpent de mer ou une autre atrocité mais bien d’un simple couple de crabe de feu. J’éclatais de rire pour relâcher la pression qui s’était accumulée jusque là. Ce n’était que des crabes de feu. Kieran en revanche sortit son nez de mon épaule pour les observer avec une certaine curiosité. C’était même lui qui m’entraînait vers l’avant pour qu’on s’en approche. Ah ben, voilà qu’il avait retrouvé sa fougue et son enthousiasme habituel, ça faisait plaisir à voir. J’éclairais les deux créatures pour bien les mettre en évidence, elle et leur carapaces incrustées de rubis et d’onyx. C’est vrai que c’était joli. On pouvait comprendre pourquoi elle avaient été chassées avec autant de ferveur et de férocité. L’avidité des sorciers avait failli avoir raison de leur espèce.
« Non, il vaut mieux ne pas les toucher. Juste regarder..»ajoutais-je à voix basse pour ne pas les effrayer.
Et pourtant les deux créatures semblaient s’agiter, peu habituée à la présence de l’homme, mais ne semblait pas se décider si nous étions des menaces ou pas pour l’instant. Mon camarade poussa un soupir en se plaignant qu’il aurait dû prendre son appareil photo. C’est vrai qu’un crabe de feu c’est plutôt rare.
«C’est pas grave...ça te fera une bonne histoire à raconter !»
Parfois à force de prendre des photos on en oubliait de profiter de l’instant présent. C’est pour ça que j’en prenais jamais. Les souvenirs restent dans ma mémoire. Pas sur un morceau de papier. Mais je savais que Kieran conservait ses souvenirs dans un endroit très précieux. Mais il devrait se forcer à se rappeler de celui-là. Je jetais un dernier regard aux créatures avant d’éclairer le visage de mon compère, son sourire et son visage qui avait retrouvé des couleurs. J’acquiesçais fortement.
«Yep ! Continuons. »
Nous évitions soigneusement les crabes de feu en longeant la paroi opposée. Nos mains étaient toujours jointes, je dois avouer que ça aidait pour les déplacements synchronisés. Avec le temps je commençais à m’habituer à ce contact, même si sur le coup je me grattais l’épaule gauche, là où il avait enfoncé ses doigts avec véhémence tout à l’heure. Nous poursuivions notre chemin pas à pas, en pataugeant toujours dans l’eau. Je dois avouer que j’étais assez content de moi, et sans le réaliser, la main qui tenait celle de Kieran se balançait de nouveau d’avant en arrière, même si j’étais beaucoup plus à l’aise.
«Des crabes de feu...c’est tellement cool ! Il paraît qu’ils en ont amené un, une fois à Poudlard. Je me demande ce qu’on va trouver d’autre ~»
Normalement on étudiait ce genre de créature qu’en théorie vu qu’il s’agissait d’espèces en danger. Alors en observer un dans son habitat naturel c’était...merveilleux -excitant-génial. Bref tout plein de superlatifs. J’en revenais toujours pas. J’étais sur un petit nuage, le pas léger, j’avançais un peu plus vite que tout à l’heure. Après le léger tournant, nous continuions encore un peu. La balade reprenait son côté monotone, avec les mêmes parois ennuyeuse et les mêmes flaques d’eau, sans fluctuation. C’est alors qu’un autre bruit se fit entendre. Plus régulier plus rassurant. Je m’arrêtais un instant pour essayer de l’identifier. Un chuchotement régulier qui me rappelait un peu le temps passé dans des parcs aquatiques.
«Qu’est-ce que c’est…? De l’eau ?»
Je n’étais pas très sûr de moi, mais j’avançais tout de même. Pas de chute ou de cascade à l’horizon. Bizarre. Peut-être que ça venait d’en haut ou d’une autre grotte. J’avançais en regardant distraitement vers le haut. C’est alors qu’au lieu de s’enfoncer dans l’eau et toucher le sol quelques centimètres plus bas, mon pied droit ne rencontra soudainement aucun obstacle.
« WAAAAAA-.»
Je m’étais probablement trop habitué, je n’avais sûrement pas vu le changement de terrain et du coup...Soudainement déséquilibré, mon corps plongea vers l’avant, chuta dans le vide et heurta une eau glacée, entraînant Kieran dans ma chute. Par réflexe, je fermais les yeux et je serrais mes doigts autour de ma baguette pour ne pas la perdre. En revanche, je devais lâcher mon compagnon, parce que nager en se tenant la main c’était contre productif. Je remontais à la surface, inspirant profondément. Je chassais l’eau et les cheveux et mon visage orienta ma baguette partout pour retrouver mon compagnon et en même temps, constater qu’on se trouvait dans une sorte de réservoir. Des cascades semblaient l’alimenter, venant de diverses directions. Ma baguette éclaira une partie sous-marine, dévoilant de petits poissons qui fuyaient la lumière. Je tournais rapidement de chaque côté.
«Kieran ?!»
Ma voix résonna dans la cavité réservoir, qui était bien plus grande que les autres. Des stalactites énormes nous menaçaient de là-haut. Mais lui, est-ce qu’il allait bien ?
La situation semblait s’améliorer. En faite, je crois que ces crabes avaient arrangé beaucoup de choses sans même le savoir. Une diversion parfaite, du moins pour quelques temps, le temps que je m’extasie devant leurs carapaces magnifique et la beauté de ces petites choses. C'est dommage pour les photo mais Rief avait raison, au moins j'avais quelque chose à raconter en sortant d'ici. Si on sortait d'ici. La déception de ne pas avoir put immortalisé ce moment ce perdis vite, je m'étais relevé aux coté du préfet, jetant quelques regards aux deux crabes qui remuaient vers un des trou. C'était bizarre d'appeler ça des crabes alors que ça ressemble surtout à des tortues en réalité. Cette évidement me sauta soudainement aux yeux, mais en même temps c'était la première fois que j'en voyais. Il fallait reprendre la route et ne pas les gênés, Rief longea la paroi à l'opposé des deux créatures e prenant gare à ne pas faire de gestes trop brusquer pour ne pas les effrayer. Je le suivais sans un mot, simplement un sourire. Je sais pas pourquoi mais j'avais l'impression que c'était plus arrivé depuis des lustres, la panique avait cessé de me tourmenter maintenant. J'avais toujours cette gêne au creux du ventre mais Rief n'avait toujours pas laché ma mais. Alors tout ira bien. J'avais l'impression un peu idiote que tout irait bien tant qu'il me tiendra par la main.
Il avait retrouvé son sourire lui aussi, riant un peu avec cet éclat de curiosité dans le regard. Il avait l'air au moins aussi content que moi de croiser des bestioles, pourtant c'était moi le fan de créatures bizarre ! Mais ça me gênait pas de partager cette passion avec lui, surtout si c'était pour trouver autre chose. En tout cas je crois que rien ne lui aurait fait plus plaisir que ça. Je sentais à peine sa main dans la mienne, je m'étais habituer à ce geste, comme s'il était simplement naturel. Je riais à son enthousiasme, oubliant les ombres quelques seconde et l'enfer qui nous entourais. Je voulais juste être là à coté de lui à imaginer ce qu'on aurait put trouvé de formidables dans les entrailles de cette terre. Il y avait pas mal de possibilité en réalité, certaines plus réjouissantes que les autres c'est vrais. Je préférais me concentrer sur les réjouissantes.
« J'aimerais bien voir des sirènes. »
Je me confessais un peu. Parrait que y'en avait dans le lac mais à cause des ces histoires de calamar ou je sais pas quoi j'avoue que j'étais jamais allé vérifié en réalité. Alors si on pouvait en voir sur cette île j'avoue que c'était assez séduisant comme idée. Ma main toujours dans celle de Rief, je la laissai ce balancer en rythme, cherchant des yeux les ombres qui ce glissaient une fois de plus dans l'obscurité. Elle était revenu, j'avais même l'impression qu'elle me suivait maintenant, qu'elle attendais que je baisse ma garde pour m'engloutir. Mais tout ira bien. Je jetais simplement quelques regards en arrière alors que nous avancions toujours. Il n'y avait rien. Plus rien dans ce long tunnel que l'eau qui baignait sous nos pieds. Peut être qu'il n'y avait que ces crabes finalement. J'étais un peu déçus du silence et du noir qu'offrait la grotte... mais après tout c'est pas comme si les sirènes ce baladaient dans si peau d'eau. Si on sort d'ici, on pourras toujours aller voir sur les rivages. J'aimais bien cette idée. Rief et moi à la chasse aux sirenes, ça sonnait comme le titre d'un film d'aventure. J'en souriais un peu jusqu'à ce qu'un bruit ce fasse de nouveau entendre. Cette fois c'est Rief qui l’entendit le premier. Effectivement, y'avais quelque chose ici.. Comme de l'eau qui s'écoulait. Peut être une sorti. Une petite par de moi l'espérais en tout cas.
« On dirait le bruit d'une cascade. »
Mais c'était bizarre, je ne sentais pas d'eau dans l'air, ni de fraîcheur d'ailleurs. Pourtant quand y'a des cascades l'air et gorgé de fines particules d'eau. Là, tout était parfaitement normal. Du moins jusqu'à ce que je me sente tombé.
J'ai pas trop compris ce qui ce passait. J’entendis Rief pousser un cris avant que mon corps ne se fasse entraîné dans sa chute. Par réflexe ma main tenta de s'agripper à quelque chose, n'importe quoi du moment que ça pouvait me retenir de tomber. Mes doigts rencontrèrent la roches quelques secondes, le temps de m'égratigner un peu avant la descente eaux enfer. C'était un geste un peu désespéré car au fond, même avec la meilleurs prise du monde, je n'aurais jamais put retenir Rief. Alors on sombre. Il lâche ma main. Mon cœur s’arrêta quelque secondes jusque ce que mon corps percute avec force un mur d'eau glacée. Le froid m'avait saisie à la gorge et fit repartir mon cœur qui tambourina bruyamment au fond de ma poitrine. Je le sentais résonner dans mes tempes alors que ma bouche s'était fermé et que mes yeux étaient devenus aveugle. Je suis peut être en train de mourir.
Quelques secondes imobile à simplement couler jusqu'à ce que ma raison et un instinct de survie me pousse à réagir. Ce fut comme une décharge électrique. Mes membres engourdi par l'eau remuèrent jusqu'à me sortir de la. Le haut, le bas, je ne savais pas tellement. Le silence. Tout était si noir, si froid, que j'avais la sensation d'avoir simplement astérie en enfer. Je voulais pas rester là, j'entrouvris les yeux pour apercevoir une lueur au dessus de moi. Je m'y précipitais en nageant jusqu'à déchirer la surface dans une inspiration chaotique. J'en avait bus la tasse, recrachant l'eau dans une toux roque et plaintif. Je respire. Je suis vivant.
« Rief ?! »
Une main dégage rapidement mes yeux des cheveux roux pour tenter d’apercevoir le garçon. J'y voyais rien, mais perçus une tache bleuté tout prêt de moi. Je ne savais toujours pas ce qui s'était passé, mais je savais qu'on avait pas pied, et qu'on voyais absolument pas ce qu'il y avait là dessous. En trois coups de brasse paniquées je l'avais rejoins, cherchant quelque chose pour me hisser ou simplement me tenir pour m’empêcher de m'agiter dans tout les sens. Et garder la tête hors de l'eau.
« Qu'est ce que c'est ! »
Ou on est ? Qu'est ce qui s'est passé ? Je ne savais même plus ce que je disais, trop occuper à me maintenir à la surface en remuant des jambes et des bras. Mon regard ce posa un peu partout, découvrant finalement les cascades que nous avions entendu. Peut être qu'on était dans une poche souterraine ou quelque chose comme ça, j'aimais pas beaucoup ça mais j'aimais encore moi ce que je voyais au dessus de nos tête. Tout allait bien ce passer... Je le répétais à mis voix en restant à proximité du garçon, évitant de le coller ou de m'accrocher à lui. On aurait simplement coulé.. Je me sentais moins mal que dans le tunnel, moins à l’étroit, moins oppressant aussi, mais il faisait toujours sombre, et j'avais vraiment horreur de nager sans voir le bout de mes pieds. Je suis certain qu'il y a quelque chose d'horrible en dessous. Je voulais sortir. Mais c'était pas possible..
« Rief ! Comment on va remonter ?! »
Horrifié, je plantais mon regard dans le sien, m'agitant toujours un peu plus dans l'eau pour me stabiliser en essayant de contrôler la peur qui grignotait un peu plus de mon calme de secondes en secondes. La roche était humide, glissante, je suis pas certain qu'on puisse y grimper. Alors vraiment, je sais que tout allait bien ce passer, mais quand même là.. je crois qu'on était mal.
Nous marchions ensemble dans l’obscurité. Moi je regardais droit devant, anticipant la moindre merveille alors que Kieran partageait son envie de trouver plus de créatures. Ca me faisait un peu bizarre qu’on puisse désirer plus ou moins les mêmes choses. Je l’avais toujours considéré comme s’il était mon opposé, mais en fait on avait plus de points communs qu’on pouvait le penser. Les créatures magiques c’était la chose la plus probable qu’on pouvait trouver ici. Et en soi c’était déjà une découverte. Peut-être que je devrais trouver une carte de l’île et noter tout ce que j’avais trouvé et où. Ca serait cool. Kieran, lui, c’est ce qu’il voulait faire. Traquer des créatures magiques dangereuses. Je l’imaginais bien traverser des endroits dangereux sans regarder en arrière, attraper des trucs à main nues...Mais en ce qui concernait les endroits étroits, il allait devoir faire un effort le pauvre. J’imaginais même pas comment il se sentait, ni comment il arrivait à fonctionner ici avec sa peur. Qui sait, peut-être qu’à force de s’exposer, il finirait par y arriver. C’était une technique comme les autres.
«Tu sais les sirènes ne sont jamais que des êtres de l’eau. Mais si tu veux en voir une, il faut aller dans la salle de bain des préfets. Il y a un portrait.»
Ce vitrail était en place depuis la nuit des temps. Et elle avait l’air très belle, endormie sur le coin de son rocher. Mais le fait est que les sirènes sont simplement des êtres de l’eau avec une très belle apparence. Mais en général ce n’était pas vraiment le cas. Les êtres de l’eau étaient rarement aussi beaux et séduisants, du moins selon les standards humains. Il paraît même qu’il y en a dans le lac à Poudlard. Mais je n’allais pas le dire à Kieran, c’était trop dangereux et le connaissant il risquerait de plonger là dedans la tête la première et être capturé par le calmar géant. Avec son sourire et ses cheveux roux, il avait tout l’air d’un appât à poisson.
Mais on risquait pas de pouvoir retourner à Poudlard ou de trouver des sirènes là tout de suite. Après une chute de deux ou trois mètres, Après la panique et le plongeon glacé, Kieran me retrouva, nageant vers moi. Je poussais un soupir, au moins il avait l’air indemne. J’essayais d’économiser mes mouvements pour rester à la surface, parce que mine de rien c’était épuisant. L’air était toujours aussi lourd, rendant chaque effort physique épuisant. Je devais prendre de grandes inspiration pour espérer tenir, haletant pour absorber un maximum d’air.
« Je sais je...ah..je crois que je suis tombé...de là haut.»
J’éclairais rapidement le cavité supérieure de la caverne en levant le bras, mais juste rapidement. Faire ça me demandait d’abandonner un bras pour me maintenir hors de l’eau et ça commençait à être fatiguant. C’était clair qu’on était dans la mouise. C’était ma faute, c’était moi qui l’avait entraîné dans ma chute, parce que j’étais distrait, parce que j’avais pas les lunettes. Etc. Je pouvais continuer à me chercher des excuses ou utiliser ce qu’il me restait d’oxygène dans le cerveau pour trouver une solution.
« Je sais pas je...ah...attends. Attends.»
C’était pas le moment d’avoir du mal à réfléchir, Rief. Mais là tout de suite, je n’étais pas calme, je n’étais pas serein. Mon cerveau se focalisait sur ma stupidité, sur ce qui pouvait éventuellement nous attirer vers le fond pour nous dévorer. Je me demandais pourquoi il n’y avait pas de barrière. Peut-être qu’elle était tombée au fond de se réservoir. En tout cas il n’y avait pas d’issue,et à par remonter et sortir d’où on était venu, on avait pas le choix. Mais comment ? Kieran aussi paniquait. Allez. Des idées. Faire monter le niveau d’eau ? Ca prendrait deux heures. Impossible de tenir aussi longtemps sans risquer la noyade, l’hypothermie et autres joyeusetés. L’idéal serait de pouvoir voler. Je pouvais faire voler Kieran mais pas moi. Et je n’aurai pas suffisamment de stabilité pour l’amener là haut avec ma baguette sans me noyer. Il n’y avait pas 36 solutions. Pas de sort de corde. Et il n’y avait qu’un sort que je connaissais qui puisse me faire voler, moi et Kieran en même temps. Ce n’était pas le plus précis, ni le plus délicat, on allait certainement se cogner violemment et l’atterrissage allait faire mal, mais là… j’étais à court d’options.
« Okay. Je sais. Viens. »
Eclairant le promontoir d’où on était tombé, je nageais un peu pour me placer le plus près possible et surtout dans le bon angle pour bien atterrir. Pas vraiment le temps de faire des calculs de précisions, il fallait simplement prier pour que tout se passe bien.
«Accroche toi bien à moi, et attention à la tête.»
Avec Kieran accroché à moi, je pouvais me maintenir que quelques secondes avec la tête hors de l’eau, grâce à mes jambes. Ma main gauche l’entoura comme je le pouvais, le serrant contre moi tandis que la droite levait ma baguette dans la bonne direction.
«Ascendio !»
Ma tête passa sous l’eau un bref instant avant que nous ne soyions propulsés vers le haut. Je fermais les yeux, les dents serrées je m’accrochais à Kieran et à ma baguette comme si ma vie en dépendait. La chute fut violente. Le sol dur et humide, le poids du rouquin qui retomba un instant sous moi avant de rouler sur le côté. Mais on était en sécurité maintenant. Je sortais ma tête des centimètres d’eau qui était là. J’avais mal. Aux genoux, au dos, aux bras et à la tête qui résonnait un peu à cause du stress et du choc. Je poussais un soupir ainsi qu’un long gémissement de douleur. Ma baguette éclairait le l’avant de la grotte. J’étais encore un peu trop étourdit pour me relever, toutefois j’appelais mon camarade, un peu inquiet.
Je me demandais pourquoi j'avais accepté ça. Vraiment. Pourquoi je pouvais pas être comme tout le monde est juste dire « nope » quand on me propose un truc qui me fichera forcément la trouille ?! Des fois j'en venais à me dire que quelque chose allait vraiment pas cher moi.. Et je me le prouvais un peu plus chaque jours. Résultat j'étais ici avec Rief à me noyer dans une caverne souterraine. Personne n’allait retrouver nos corps, peut être même qu'on allait ce faire manger par un truc qui surgirai des profondeurs abyssale sous nos pied. Ne pas y penser. Tout allait bien ce passer. On va sortir d'ici. Je sais pas comment, mais on allait y arrivé. Je faisais entièrement confiance à Rief pour ça. Moi je servais pas à grand chose ici. Sans baguette et mort de trouille j'étais plus qu'un boulet pour lui. J'avais la furieuse envie de m'excuser pour ça et pour plein de choses. Parce que ça pouvait pas ce finir comme ça sans qu'il sache que je voulais pas que tout ça arrive et que j'ai jamais voulu que ça tourne à la catastrophe pareil. C'était ma faute. Lui il voulait juste trouver un trésor dans la grotte, explorer les merveilles qu'elle y cache, et pas ce trimbaler un idiot qu'à peur de son ombre.
J'en soupirais, peinant à rester à la surface alors qu'il gardait son calme. Encore une fois je me senti profondément inutile, j'avais presque envie d’arrêter de battre des jambes et de me laisser couler jusqu'au fond de ce trou. Si je coule il avait certainement une chance de sortir d'ici sans problème. Seul avec sa baguette, il serait sortir d'ici rapidement quoi qu'il arrive. Mon regard ce perdis sur le palier au dessus de nous par lequel on avait chuté, désespéré, prêt à abandonner en réalité. Ma respiration se fit plus difficile et j'avais mal aux jambes a force de patauger pour rester hors de l'eau. Un vrais supplice en réalité, le seul avantage de la situation est que je luttais tellement pour survivre que j'en oublié l'obscurité.
Rief leva sa baguette. Il avait une idée. Heureusement qu'il était capable de réfléchir plus que moi dans une situation pareil. Seul je serais mort y'a des heures. Mon regard tenta d'accrocher le sien, fatigué et flouté par l'eau et mon manque de lunette. Je savais pas s'il souriait ou s'il était inquiet, j'espérais que ce soit la première option... Je le senti s'approcher de moi pour m'attraper. M'accrocher à lui ? Il fallait pas le demander deux fois. Mes bras étaient venu l'entourer avec une impatience un peu désespéré.e C'était plus rassurent comme ça même si je ne pouvais simplement plus nager. Peut être qu'on allait couler tout les deux. Quelque part je me disais qu'au moins j'allais pas mourir tout seul au fond de cet abysse, un maigre réconfort teinté d’égoïsme.
Je ferme les yeux en le sentant remuer. J'avais aucune idée de ce qu'il allait faire en réalité jusqu'à ce que je senti mon corps s'arracher brusquement à l'eau glaciale. Une seconde de flottement, une lueur d’espoir brillait enfin au bout du tunnel jusqu'à l'atterrissage. Violent, un peu trop brusque à mon goût. Je senti mon corps retomber brusquement sur le préfet avant de rouler sur le sol. Face contre terre, j'en avait le souffle couper quelques secondes. Un gémissement douloureux mourut rapidement au bout de mes lèvres alors que le monde entier semblait tourner un peu trop tout d'un coup. Je restais là sur le sol, papillonnant quelques fois des yeux pour laisser le temps à ma tête de se reposer. Je sentais l'eau froide et boueuse glisser contre mon visage. Étrangement, je trouvais ça agréable, c'était comme une caresse du bout des doigts, des doigts un peu froid d'ailleurs.
Rester comme ça. Fermer les yeux. Dormir. C'était séduisant. Un peu trop peu être. J'étais fatigué des émotions et de la peur constante qui me hantait depuis que j'avais mis les pieds ici. Mais j’entends la voix de Rief qui m’appelle encore. Elle semblait loin alors qu'il était juste à coté de moi. Je crois. Je plissais un peu le regard pour apercevoir ses cheveux bleu. Un sourire s'étira sur mes lèvres à cette vision. Tout allait bien ce passer.
« J'suis pas sûr.. mais.. j'crois que cette grotte essai de me tuer. »
Je passe un bras sous ma tête pour la reposer plus confortablement le temps de reprendre mon souffle et de calmer le rythme effréné de mon cœur. J'y avait mis un peu de moquerie, la légèreté que j'avais l'habitude d'employer et qui me manquais depuis que j’avais mis le pied dans cette grotte. J'en souriais même, étrangement plus calme maintenant que j'étais hors de l'eau, étendu au sol sous le regard inquiet de Rief.
« Ça va t'en fais pas.. quelques égratignures.. mais j'ai vus pire.. et toi ? »
Je n'avais pas encore la force de me relevé, pas l'envie non plus. Je ne me sentais plus apeuré, peut être que j'étais soudainement trop fatigué pour ça. J'ai pensé mourir milles fois, mon corps s'était habitué à cette idée, à cette sensation, peut être même que j'étais juste prêt à ce que ça arrive. Je sais pas, je voulais pas me poser la question de toute manière. Ma respiration se saccadait un peu moins de secondes en seconde, j'en retrouvais même un peu d'énergie pour me relever, ou du moins me décoller du sol pour m’asseoir les fesses dans l'eau, dos à la paroi de roche et la tête reposant sur cette dernière. En face de moi Rief, je lui adressais un nouveau sourire, plus sincère et naturel cette fois. J'avais apprivoisé la crainte, elle ne me quittais pas mais non, elle était là, mais je m'en accommodait un peu mieux.
« J'imagine que c'est pas tellement à ça que tu t’attendais en venant ici. Je suis désolé. J'aurais aimé qu'on trouve quelque chose de plus .. heu.. intéressant ? »
Je lui glisse une moue désolée en passant une main sur mon visage pour y retirer l'eau boueuse qui y dégoulinait toujours. J'avais mal à la main tout d'un coup, ou je m'en rendais seulement compte maintenant que tout était plus calme. Elle était égratigné, j'avais aussi mal au genoux, aux bras et au dos, j'en gémissais un peu en remuant contre mon mur, frottant quelques hématomes en tournant le regard vers Rief une nouvelle fois dans un autre rire.
Honnêtement j’avais du mal à croire que ça avait fonctionné. Et si la chute ne m’avait pas fait aussi mal, je serais probablement en train de crier de joie et d’embrasser le sol. ALLELUIA ! Merci seigneur, mes prières ont été entendues. En revanche, j’avais mal, très mal, mais j’étais entier et apparemment Kieran aussi et c’était le principal. J’éclatais d’un léger rire quand il m’annonça qu’il allait bien mais que cette grotte cherchait à le tuer. Sur le coup j'imaginais une grotte avec des yeux méchants, près à l'avaler. Drôle. Mais faux.
« Nan...C’est clairement ma faute. Pas celle de la grotte.»
Pour le coup, oui. J’aurai dû faire attention et franchement je n'étais pas fier de moi. Heureusement que j’entendais au son de sa voix qu’il allait bien et qu’il n’avait même pas l’air d’être effrayé. C’était bien. D’un geste de baguette magique, je l’éclairais, le repérant dans l’obscurité. Il était allongé, un bras derrière la tête. Posé. Au calme. Comme si rien ne s’était passé. C’était rassurant et en même temps...j’avais un petit pincement au coeur. Le faisceau de lumière balaya les parties visibles de son corps. Rien que sa peau, pâle et couvertes de gouttelettes. Pas de grosses blessures, pas d’os cassés, rien de grave. Juste quelques égratignures. Il me retourna la question et je m’examinais en m’éclairant de la même façon en redressant la partie supérieure de mon corps. Mes genoux avaient dégustés. Ils étaient rouges et un peu blessés sur les côtés mais rien de grave. Même si j'avais mal partout, il ne devait s'agir que de quelques hématomes mais rien de sévère. En d'autres termes, on était plutôt indemne.
«On dirait que...ça va.»
Ma baguette et mes lunettes de natation étaient également intactes. Coup de chance. Sans ma précieuse baguette, j'aurai bien été perdu. Mon dos et mes coups me faisaient mal. Et ma tête aussi. Mais ça allait je n'allais pas me plaindre. Mon camarade s'excusa. Sur le coup je ne comprenais pas pourquoi. Rien de ce qui s'était produit aujourd'hui n'était sa faute, est-ce que je lui avais fait croire que c'était le cas ? Avec un léger sourire je lui répondais :
«C'est pas ta faute Kieran. Et puis, on trouvera d'autres endroits à explorer, d'autres trésors...si du moins tu es toujours partant..»
Après tout ce qui venait de se produire, je pouvais comprendre qu'il refuse et choisisse de passer vacances de façon un peu plus calme, comme les autres. De passer son temps à alterner entre bronzer et barboter dans l'eau. Ou de lire. Ou de faire la fête dans un cadre beaucoup plus sécurisant. Mais plus je me disais ça, plus je me disais que "tranquille" n'était pas un adjectif qui collait bien au gryffondor. Il avait beau être effrayé par les endroits étroits, il parvenait à surmonter sa peur. Pour moi ou pour lui ou pour ne pas se mettre la honte peu importe, il le faisait. C'était admirable d'une certaine façon. Il n'avait peut-être pas toutes les compétences qu'il fallait mais il avait au moins cette qualité. Sa persévérance. Son énergie. Sa joie de vivre. Il aurait pu me blâmer, me crier dessus et refuser de me parler ou de voir. Et pourtant il me souriait. D'une certaine façon, c'était ce qui m'impressionnait le plus chez lui. Ca et la façon qu'il avait de lâcher des petites bombes de vérités, de distribuer des petites perles de sagesses quand on s'y attendait le moins. Pas mal pour un simple idiot, non ? Enfin simple idiot. A chaque fois je découvrais de nouvelles couches, comme lorsqu'on épluche un oignon. Enfin la comparaison n'était pas forcément flatteuse mais ça y ressemblait bien. A chaque fois j'en découvrais plus sur sa personnalité, sur ce qu'il pensait. Par exemple, je pense que pas mal de gens doivent ignorer qu'il est claustrophobe. Ses peurs, ce qui le rendait vulnérable...je l'avais entraperçu aujourd'hui. La peur d'être seul. Désormais j'avais l'impression de mieux le comprendre, de compléter le puzzle qui constituait Kieran Nails. Et chaque pièce ajoutait de nouvelles questions mais présageait également de nouvelles découvertes. Et j'aimais bien ce que je voyais. Même si quelque part, je savais que je n'étais pas censé aimer ce que je voyais.
Le gryffondor éclata de rire en retournant mes mots contre moi. Des souvenirs. C'est vrai que ça me ferait une histoire à raconter à mes petits-enfants, comme j'aimais souvent le dire.
« Ouais, c'est sûr que je ne risque pas d'oublier ça..haha..hahahaha..»
A mon tour, j'éclatais d'un léger rire. Cela commençait comme un petit rire poli pour ponctuer une phrase. Un petit rire qui résonnait dans la caverne. Un rire nerveux qui prit rapidement une ampleur incontrôlable. Un fou rire qui me secouait les côtes et qui commençait à me faire mal, j'en avais les larmes aux yeux.
Et puis comme pour compenser ce moment léger et drôle. La réalité me revint tout droit dans le visage. Comme une vague d'eau dégueulasse et salée. Elle me frappa dans le visage, dans les côtes, dans le ventre. Et ce rire nerveux et incontrôlable finit par mourir étouffé. Oui. Ca me revenait. Comme un boomerang. Et tout bascula dans la direction opposée.
Si on avait été des moldus, on serait probablement morts, avec nos corps ivoires et bleus touchant le fond de ce réservoir, progressivement grignotés par les poissons. Morts. Décomposés. Adieu tout le monde. C'était l'accident stupide. Vraiment stupide. Personne ne savait que nous étions là. Personne n'aurait pu nous secourir. Et si je n'avais pas pris ma baguette ? Même tarif. Morts. Il suffisait d'une erreur, une fois pour mettre fin à une vie humaine. Et dans ce cas deux. Kieran, qui n'avait rien demandé à personne ? Mort. Aileas en larme à son enterrement. Et ils pourraient me blâmer car tout ça aurait été ma faute.
Soudainement étourdit, je me laissais tomber sur le sol. Mes mains et mes jambes se mirent à trembler de façon irrépressibles. Je n'étais plus calme. Je n'étais plus mettre de mon corps. Je commençais vraiment à réaliser ce qui aurait pu se passer. Et ça me donnait le vertige et aussi, une vague nausée.
En temps normal j'aurai su quoi faire. J'aurai su que mon corps, humain, était sensible aux changements de chimie. Que l'adrénaline et autres composés chimiques qui avaient fait monté ma tension en situation de danger retombaient dangereusement. Et que cela affectait ma façon de penser et tout mon système nerveux. Notamment, là tout de suite, ma façon de respirer. J'avais beau ouvrir la bouche et respirer l'air aussi vite que je le pouvais, j'avais la ferme impression que j'étais en train de me noyer. Ce qui ne manquait pas d'ironie dans cette situation. Je me noyais, maintenant, soudainement effrayé par la mortalité, la mienne et celle de mon ami qui venait de nous frôler.
Et je ne parvenais pas à respirer.
« Haa.....haa....ha....hn....
C'était plus fort à chaque fois, à chaque respiration.Ma main se plaqua contre mon torse, près de mon cou pour essayer de changer quelque chose. Mais je n'y arrivais pas. Les larmes qui me montaient aux yeux n'étaient plus des larmes de joies, mais de panique. Et c'était tout ce qui pouvait sortir de mes lèvres qui cherchaient à aspirer cet air lourd le plus vite possible. C'est tout ce que je pouvais entendre. Des gémissements saccadés, de plus en plus plaintifs alors que je constatais avec horreur que je ne parvenais pas à revenir à la normale.
Une bonne vraie crise d'angoisse comme je n'en faisais plus. La dernière devait dater de mes 16 ans. Dans la douche. Marrant, ça m'arrivait en général quand j'étais seul et humide.
Mais je n'étais pas seul. Et c'était carrément la honte. J'essayais de me redresser, adoptant la position à genoux malgré la douleur. Penché en avant, le dos arqué, mes cheveux mouillés laissant tomber de grosse gouttes dans l'eau. Comme ça au moins Kieran ne pouvait pas vraiment me voir. Il ne pouvait pas voir si je pleurais.
C'était horrible et surtout horriblement long. J'essayais de faire de mon mieux, j'essayais de ralentir ma respiration comme je pouvais. Ca va aller, Rief. Calme-toi. C'est passé maintenant. Tout va bien. Tu vas rentrer au bungalow, prendre un douche et tout sera fini. Mais ces pensées entraient en compétition avec d'autres. Tu te rends compte de ce qui vient de se passer ?!! T'aurais pu mourir. Fini. Mort. Et Kieran aussi. En plus là t'es tellement en train de te taper la honte devant lui...peut-être que ça serait mieux de juste tomber mort là. Pas aussi fort, ni calme, ni maîtrisé que tu ne le penses, hein ?
Kieran me parlait, mais j'étais incapable d'articuler un seul mot. Mon coeur battait à 1000 à l'heure alors que je continuais d'haleter. C'était douloureux. Ma gorge me faisait mal. En fait, j'avais mal partout et je commençait à avoir de sérieux vertiges. Je fermais les yeux et je plaquais ma main contre ma bouche et contre mon nez pour chercher à me maîtriser. C'était la meilleure solution pour l'instant. Ca finirait par passer. C'était obligé.
On était tout les deux intacte. Enfin plus ou moins. Mais à première vus tout allait bien, pas d'os cassé ou de fracture du crâne, pas de sang en abondance. Rien qui ne suggérais une mort imminente ou des complication pour la suite. D'ailleurs. Et maintenant ? Qu'est ce qu'on faisait ? Rester là encore un peu me convenait assez. Entendre le rire de Rief était rassurant, c'est comme si toute la pression des dernières heures s'était soudainement évacué à grand coup d'éclat de rire. Moi je continue à penser que c'était la faute de la grotte tout ça ! Après tout on était sur une île de sorcier, peut être que cet endroit était hanté par je ne sais quel esprit et qu'une malédiction s’abattait sur les petits curieux qui y entraient ! C'était possible ça ! Pas de chance elle nous avait raté en tout cas. Enfin, j'avoue que c'était pas passé loin. Le bleu examina de plus prêt ses blessures, mon regard suivait la lumière de sa baguette quelques secondes pour détailler son corps. Il était amoché, au moins autant que moi mais je crois pas que ce soit bien grave.
Il me rend ensuite un sourire, affirmant que c'était ps grave d'avoir rien trouvé, que c'était pas non plus ma faute de toute manière. Je suis certain qu'il aurait aimé qu'on trouve quelque chose de plus formidable d'un plongeon au fond d'un trou. Un passage qui menait au centre du monde, des créatures fantastique ou un bateau pirate échoué dans une cavité. Mais la déception ne ce lisait pas sur son visage, étrangement il avait même plutôt impatient de recommencer. Recommencer avec moi. J'en restais étonné quelques secondes, j'aurais pensé qu’après ce qui venait de ce passer dans cette grotte il aurait préféré jouer les explorateur avec quelqu'un qui ne risque pas de céder à la panique au moindre complications. Mais savoir que malgré tout il aimerait faire ça avec moi balaya l'ombre qui s'était accrochée à mon cœur. J'étais peut être pas un boulet pour lui finalement. Je me sentais rassuré, c'est idiot je crois.
« Évidemment que je suis partant, comme si j'allais te laisser barouder sans moi. Il faudra plus qu'un petite grotte et une dégringolade au cœur des enfer pour que je j'abandonne ! »
Bon. Par contre si on pouvait éviter les endroit comme celui ci à l'avenir j'avoue que ça m'arrangeais assez. Je suis pas certain d'avoir le courage de recommencer de toute manière. Mais on pouvait aller ailleurs, je veux dire, cette île était tellement grande qu'on en avait pour des semaines à tout visiter, et je comptais bien le faire. Quelque part j'étais surpris de trouver chez le préfet cette petite étincelle d'aventure. Je l’aurais jamais imaginé si curieux et audacieux. Je pensais même qu'une expérience comme ci l'aurait vacciné pour le reste du séjours. Après tout.. Il m'avait assez fait la moral au sujet des duellistes illégaux, comme quoi c'était dangereux aussi.. et pourtant on est là à explorer les entrailles d'une caverne. C'était certainement mille fois pire que des ados qui s'envoient des maléfice de saucissons à la tête. Je sais pas pourquoi il avait l'air si fade entre les murs de Poudlard. Peut être que c'est cet insigne ou simplement les responsabilité qui le menottaient à cette image du préfet coincé. Celui qui n'a que le règlement à l’esprit, animé par le travail et le devoir. Je me rendais compte que c'était peut être un peu triste, comme s'il essayait de rentrer dans le moule qu'on lui a donné sans vraiment pouvoir être qui il est réellement. Je pouvais comprendre. Faire parti du moule c'était rassurant, sécurisant aussi, mais c'était tellement dommage, parce qu'ici, depuis qu'on était sur cette île, il rayonnait littéralement. J'avais bien soupçonné que quelque chose d'autre que monsieur le préfet se cachais sous cette cravate bleu et ce regard froid. Je m'étais risqué à gratter la surface quelques fois simplement pour voir ce que j'y trouverais. Aujourd'hui j'étais content de constater que j'avais finalement raison, et que j'étais un des rare qui ai eu l'occasion d'en découvrir un peu plus sur « le préfet des Serdaigle. » ; peut être même le seul. J'aimais bien cet idée en tout cas, peut être même un peu trop.
Son rire résonna de nouveau, plus fort cette fois, plus sincère aussi, le mien l’accompagnais presque naturellement alors que la pression finissait toujours de retomber. Le calme me faisait du bien. Rester là à rire de la situation soulageais la douleur de mon corps et de mon âme. Comme si rien ne s'était passé, trop fatigué pour y penser. Je fermais les yeux quelques secondes quand les rires laissèrent place au silence. Juste une seconde, le temps de reprendre mon souffle. Inspiration, expiration. C'était déjà finit.
Du moins, j'aurais aimé que ce le soit. Rief était bizarre tout d'un coup. Je le sentais mal à l'aise, comme gêné par quelque chose d'invisible. Je le regardais sans bouger alors qu'il remuait jusqu'à tomber sur le sol sans prévenir. Qu'est ce qui ce passait ? Peut être qu'il avait finalement mal quelque part. La vision de son corps tremblant m'arracha un frisson glacial.
« Rief ?... »
Je l'appelais lentement, décollant ma tête de la paroi de roche pour poser un regard inquiet sur son corps et la mains qui tentais de libérer sa gorge de je ne sais quoi. Je l'entendais suffoquer. Sa respiration saccadée lui tirais des gémissement plaintifs qui firent de nouveau naître la panique dans mon esprit. Qu'est ce qui ce passe ?! Il était là devant moi, riant à mes idioties.. et la seconde d’après il ce crispait sur le sol, manquant de s'étouffer avec ses sanglots et son angoisse. C'était pas bon. Je ne savait que trop bien ce que cette crise de panique signifiait, c'était bizarre à voir, perturbant, effrayant aussi. Une tel détresse si brusquement, j'en restais un moment paralysé avant de me jeter en avant pour me rapprocher de lui. Il fallait qu'il respire, il fallait qu'il se calme, mais c'était dans ce genre de moment que la panique prenait le dessus, que rien de ce qu'on pouvait se dire n'était assez convainquant pour chasser l'angoisse. On a l'impression de s'étouffer, de mourir une nouvelle fois justement parce qu'on se rend compte qu'on à frôlé la mort d'un peu trop prêt.
Mes mains ce posèrent sur ses épaules secoué de tremblement. Il essayait de ce contrôler mais ça n'avait vraiment pas l'air de marché, alors je décide de m'approcher encore un peu. Lui faire face et le redresser un instant pour pouvoir lui parler plus calmement malgré la panique qui ne demandait qu'à prendre la place de raison. Si on était tout les deux en proie à une crise d'angoisse c’était finit, autant ce rejeter dans le trou tout de suite. Ce serait certainement moins long et douloureux. Ne pas y penser. Je serre un peu ma prise sur ses épaules et accroche un sourire à mes lèvres.
« Rief regarde moi. Écoute moi d'accord ? Ça va aller d'accord. Tout vas bien, on est là tout les deux et on va très bien. C'était un peu effrayant là en bas, mais c'est finit. C'est passé d'accord.. et ça n'arrivera plus. Respire lentement.. »
Je murmurais presque mes mots comme pour les rendre le plus rassurant possible. Une façon de lui prouver que tout allait bien. Ma main vint chercher la sienne pour dégager sa bouche et lui permettre de respirer un peu mieux. Je la gardai dans la mienne et glissa l'autre dans son dos pour venir l'attirer contre moi. Une présence réconfortante ça aidait toujours. Du moins de ce que j'en avait apprit depuis ces derniers mois. Ça passait plus vite quand je pouvais squatter le lit de ma frangine par exemple. Simplement parce que je pouvais sentir sa chaleur alors qu'elle était dans mes bras. Bien là. Bien vivante. Peut être que ça l'aiderait lui aussi. Je continuais de lui parler à voix basse, essayant de trouver des mots qui pourraient l'aider mais je ne savais pas tellement si j'étais doué pour ça.
« Regarde tu vois, j'suis là, tout entier, toi aussi. Respire encore.. Je te lâche pas, promis. N'y pense plus.. C'est déjà finit. Tu sais que normalement c'est toi qui devrais être en train de me rassurer en disant que tout vas bien. Tu me vole mon rôle de petite chose tremblante, je sais pas si je suis prêt à accepter ça tu sais. Enfin puisque c'est toi je veux bien qu'on échange un peu si tu veux. »
Même dans des moments comme celui ci je trouvais le moyen de glisser une plaisanterie. Je sais pas tellement si ça allait l'aider. Moi en tout cas ça m'aidait un peu à oublier l'incertitude et l'angoisse de ne pas réussir à le calmer. Je le gardais encore contre moi, l'enlaçant d'un bras en gardant sa main dans la mienne tout en respirant lentement comme pour lui montrer l'exemple. Ça pouvait durer longtemps, mais il fallait absolument qu'il réussisse à respirer un peu mieux. Le reste finirait par passé, du moins pour le moment. Malheureusement je l'imaginais sans peine ce relever la nuit à cause des cauchemars que cette réalité allait lui apporter. Mais chaque chose en son temps. La nuit était encore loin.
J’avais vraiment l’impression que si seulement la chimie ne s’en était pas mêlé, j’aurai pu facilement vaincre cette crise de panique, ou plutôt d’hyperventilation. J’avais mes méthodes pour me débarrasser de cette peur paralysante de la mort. J’avais mes mantras. Mon insignifiance. Mais si je pouvais me répéter que j’étais insignifiant, j’avais un problème s’il je devais considérer mon ami de la même façon. Pour moi Kieran n’était pas insignifiant. Ma bouche aspirait l’air pas de grands halètements et ça me faisait mal sans me fournir la satisfaction de respirer. Peu à peu, la peur et la panique de la mort, du danger était remplacée par la panique de ne pas maîtriser mon corps dans cette situation. C’était si embarrassant. Et ça me faisait mal, et je n’arrivais pas à l’arrêter. Et plus ça continuait, plus mon cerveau devenait incapable de raisonner, J’avais des vertiges, je voyais mal, principalement à cause des larmes qui venaient sans cesse border mes paupières. J’essayais de respirer dans le creux de ma main pour que ça s’arrête, à défaut d’avoir un sac en papier dans lequel respirer.
Kieran me parlait, essayait de m’aider avec ses mots, mais cela ne servait à rien. Si je pouvais arrêter ça avec de la logique et du bon sens, je ne me laissera pas souffrir comme ça. C’était une réaction physiologique comme une autre. Et je détestais que mon corps me laisse tomber dans un moment aussi cruel. Fichu hormones. Fichu système nerveux. J’essayais de respirer lentement mais c’était juste impossible. Maintenant que la machine avait commencé à ce rythme là, je ne pouvais plus l’enrayer. Ca faisait tellement mal. Et Kieran qui essayait de faire de son mieux pour m’aider en m’attrapant par les épaules. Mais tout ce que j’avais envie de lui dire c’était Non. Ne me regarde pas. Laisse-moi tranquille, ça va passer.. Sa voix et ses murmures sont doux et rassurants, mais malheureusement cela ne suffit pas. Ses doigts viennent chercher les miens avec surprise pour les ôter de ma bouche. Non. S’il te plaît… c’est ce que j’aurai aimé dire, mais incapable d’articuler le moindre mot, je ne pouvais que laisser échapper un gémissement plaintif en guise de protestation. Il gardait mes doigts entre ceux de sa main égratignée alors que son autre main glissa dans mon dos pour me serrer contre lui. Je poussais un autre gémissement plaintif. Non. Je ne voulais pas de ça. Ca n’allait pas aider. Sentir son corps humide contre moi n’était pas une bonne raison pour le calmer. Je me secouais un peu pour me débattre, vainement. A force de trembler, mes forces me quittaient. J’étais fatigué. J’avais mal. J’avais chaud et j’avais froid. Et Kieran se collait contre moi, en train de dire un truc qui me donnait envie de le frapper un peu.
Je n’étais pas une petite chose fragile. Je n’étais pas une petite chose tremblante. Pourquoi est-ce qu’il me disait quand j’étais au plus bas ? Je savais que je n’agissais pas comme si j’avais une fierté mais quand même. Je ne voulais pas qu’il me voie comme ça et encore moins qu’il me juge. Quand il avait l’air effrayé j’avais changé de sujet, je lui avais pas renvoyé dans le visage. C’était pas cool. Mais là, j’étais trop mal pour dire ou faire quoi que ce soit à part prendre sur moi.
Je sentais ses bras autour de moi serrant mon thorax qui ne cessait de se soulever et en même temps je sentais ses côtes se soulever et se presser contre moi au rythme de sa respiration. Inspirer, expirer. Avec le temps et le silence, je finissais pas me calquer à son rythme. Inspirer…...Expirer. Et au fur et à mesure ça commençait à aller mieux. Les nuages noirs qui encombraient ma tête se dissipèrent, tout comme la douleur qui secouait mes membres. Je pouvais respirer normalement, sans devoir haleter. Enfin...je ne me sentais pas forcément bien. J’avais un peu mal à la tête, j’étais tendu de partout à cause des tremblement, ce qui me donnait l’impression d’avoir vieilli de 10 ans en un coup. Bonjour les courbatures le lendemain. En tout cas, avec un cerveau oxygéné correctement je pouvais retrouver mon calme et ma lucidité. Les doigts de ma main gauche étaient encore emprisonné par ceux de Kieran, qui continuait de m’enlacer. Vraiment c’était...un peu bizarre. D’un geste, je le repoussais mollement avec ma main qui serrait encore ma baguette.
« J’suis pas...une petite chose tremblante !» furent les premiers mots que je pouvais articuler.
Voilà ça c’était dit. Je glissais mes doigts hors des siens pour m’essuyer le visage et arranger mes cheveux. J’étais vraiment embarrassé. Par ma réaction, par ma détresse mais aussi par ce contact physique si proche alors qu’on était si peu vécu. J’étais déjà pas un grand habitué des câlins à travers les vêtements alors peau contre peau...c’était pas désagréable mais bon. Vous comprenez. Je gardais la tête et les paupières basses.
« Je suis vraiment désolé, Kieran...je sais pas ce qui m’a pris. J’ai...juste paniqué, mon corps m’a lâché...ça ne m’est plus arrivé depuis longtemps. Bref. Je suis vraiment désolé que tu aies dû assister à ça. Ca n’arrivera plus.»
Il était temps de mettre ça derrière moi. J’essayais de me dire que ce n’était pas grave, que ça arrivait à tout le monde de flancher de temps en temps et qu’en plus c’était devant Kieran, pas devant tout le monde. Il y avait pire. Bien pire. Mais sur le coup, on ne pouvait pas dire que je brillais de fierté ou de confiance en moi. Je prenais tout de même la peine de relever les yeux vers mon camarade rouquin.
« Mais...merci de ton aide.»
M’aidant de la paroi à côté de moi, je me relevais péniblement. Aaaah...mes genoux. C’était un peu douloureux, mais pas question de me plaindre comme un vieux papy. Je m’étais suffisamment tapé la honte. D’un geste, je secouais ma baguette pour éliminer l’eau. Il était temps de reprendre la route.
« Bon, il est temps de retrouver la lumière du jour, tu crois pas ?»
Je forçais un sourire pour essayer de le rassurer ma condition et je lui tendais ma main. Est-ce qu’il en avait encore besoin ?
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