Don't feel adequate // Dawn la plus naine

Assis sur une chaise froide et inconfortable, Jason avait passé quelques heures à gratter un cours théorique très loin de l'intéresser. Quoique très rapidement, ses pensées avaient divaguées, et la tête appuyée dans sa main, ses yeux fixaient un pan de mur. À tel point que l'un de ses camarades tirait brutalement son bras, et surpris, Jason s'aplatissait sur son bureau. La vengeance ne tardait pas, et quelques heures plus tard, le gryffondor enfonçait la tête de sa victime dans un bol de soupe. La maturité avait alors atteint son paroxysme.

Désoeuvré désormais, il arpentait les couloirs du château. Il aurait pu suivre ses amis et perpétrer moulte conneries, qui resteraient gravés dans leurs mémoires un temps peut être, avant de s'envoler avec tout les autres souvenirs. Et peut être que dans quelques années, ils en reparlerait en riant. Mais aujourd'hui, il n'avait pas l'âme bien créative. Ses pas lourds presque lents le portaient un peu n'importe où dans les couloirs, mais loin, très loin des agitations habituelles.

Il était vexé. Touché en plein ego. Un animal blessé qui s'égarait. Et pourtant, il avait toujours la petite feuille de papier froissée dans la poche de sa veste. Il se sentait idiot, maladroit, terriblement maladroit. Il se rappelait, qu'il avait fracassé une chope dans son pub sorcier préféré. Devant une fille. Devant Dawn Nashwood. Déjà, il se demandait encore ce qu'il foutait avec elle dans un tel endroit. Quand ils se croisaient généralement, c'était en cours, dans les couloirs, ou les salles communes. Rien de bien fou, leurs seuls liens étaient cette perpétuelle manie d'emmerder l'autre sur son physique, ses manières, ses gestes. Sur les tics et tacs, les mimiques. Rien de très proches, ils avaient des caractères relativement différents. Elle est trop calme et distante pour suivre un tel phénomène dans des aventures débiles à travers la forêt ou entre deux tours du château.

Il arrivait dans un endroit particulièrement calme, voir même désert. Pas un élève à l'horizon, des lumières qui vacillent contre le mur, mais sans le moindre soupir. Il y a cette porte ouverte, ces murmures qui glissent le long des parois, mais tellement timidement qu'on pourrait croire qu'un sévère dragon garde les lieux. Sans trop savoir, Jason avance, et s'arrête sur le seuil. La bibliothèque. Il n'ose pas, il ne vient jamais dans ces lieux.
Et il sait pas vraiment, pourquoi il entre. Ceux qui le connaissent d'un peu loin sont étonnés qu'il soit là, avant de se re-concentrer.
Il commence à errer entre les rayons maintenant, qu'est ce qu'il peut bien foutre là ? Et finalement, il tombe sur un ouvrage traitant des dragons. Voilà. Il n'est pas venu pour rien.

Un jour plus ou moins commun puisque caractérisé par des recherches plus ou moins sérieuses en vue de construire une nouvelle machine. Cette fois Dawn, c'est la bonne, ça va marcher. Tu lui donneras fièrement le nom de Briochator 3001, le 3000 ayant été une sombre, horrible catastrophe. Une machine qui aura pour fonction de créer des brioches à l'infini. Machine qui réglera bien des problèmes, comme la faim dans le monde ou encore le petit creux dans ton ventre en milieu d'après-midi.

Parce que oui, tu aimes les brioches. Et là ou les autres réponde "Moi aussi, surtout avec des grains de sucres !" tu fais non de la tête. Toi tu aimes juste la brioche. La brioche nature. Sèche et sans goût véritablement marqué ou louable, en gros un peu comme toi.

Des murmures te sortent de ton livre de cuisine, parce que d'habitude, les habitués de la bibliothèque, comparable à une secte, respecte à la lettre la règle d'or de ce lieu sacré, faire le moins de bruit possible, allant de toute performance vocale jusqu'à sa respiration, et sourient avec amusement quand un élève extérieur à la secte entre dans la bibliothèque dans un capharnaüm de bruit de pas, en pensant "Nous n'avons pas les mêmes valeurs". Mais là ce n'est pas juste un élève ayant oublié de réviser pour son test de potion qui entre. C'était Earnshaw.

EARNSHAW A LA BIBLI. SONNEZ L'ALARME.

L'alarme fut ton fou rire contenu, suivit par les regards interrogateurs de tes compatriotes connaissancophiles. Tu prends quelques minutes pour te calmer, ce qui fut plus dur que ce que tu pensais, avant de prendre tes affaires, pour aller t'installer à un siège de lui, avec un sourire en coin difficile à réprimer au lèvre. Tu jettes un coup d'œil plus ou moins discret à l'ouvrage qu'il a retiré de l'étagère, pour découvrir un livre sur les dragons. Un animal qui lui va plutôt bien au final, quoique plus intelligent.

Tu articules à voix basse, en espérant ne pas indigner tout les travailleurs.

Par le cul de Merlin, si on m'avait dit que je verrais un jour Earnsahw à la bibliothèque... Ah ben non il neige pas dehors.

Et tu repars dans tes rires, cette fois moins contenus que la première fois.

Alors, qu'est ce que tu étudies. Si tu cherches les tests de Q.I. t'es au mauvais endroit, j'tiens à le préciser.

Tu vas sûrement t'en prendre plein la gueule en retour mais tu rigoles tellement de ta connerie que là maintenant tu t'en fiches.

Il lisait presqu'attentivement, essayant d'enregistrer toutes les informations qu'il peut dans sa boîte crânienne. C'est pas comme si elle était pleine, il a de l'espace de stockage libre semblerait il. Ça le passionne ces grosses bestioles, et il se rappelle avec plaisir la sensation de ses doigts qui glissent sur les écailles rigides. C'est fabuleux, que le directeur soit assez fracassé pour faire étudier de vrais dragons à Poudlard. Jason pense à son avenir. Au moment où il pourra étudier directement les dragons dans la nature. Le menton appuyé dans la paume de sa main, il imagine. L'épreuve physique qu'il va vivre pour parvenir aux nids des fabuleuses créatures. La patience, le calme de la nature, la force des éléments, la rigueur. Tout ça le fait trembler d'envie.

Par le cul de Merlin, si on m'avait dit que je verrais un jour Earnsahw à la bibliothèque... Ah ben non il neige pas dehors.

Il sursaute, et tourne la tête en direction de la petite voix moqueuse. Nashwood assise juste à côté de lui. Et elle se fout de sa gueule, pas possible qu'elle change de disque celle ci.

Alors, qu'est ce que tu étudies. Si tu cherches les tests de Q.I. t'es au mauvais endroit, j'tiens à le préciser.

Inspiration, expiration. Ses neurones se connectent le plus vite possible pour trouver une répartie digne de ce nom. Même s'il n'est pas très doué. Surtout face à Nashwood.

Les dragons. Mais c'est bizarre, le bouquin ne présente pas les dragons nains. Tu dois être le seul spécimen qui existe, c'est dingue.

Lâche-t-il finalement, assez fier de sa réponse. Un peu trop fort aussi, puisque tout le monde regarde dans leur direction en sifflant ''chuuuut''. Allons bon, quelle bande d'abrutis.

Hé les loosers, désolé de vous déranger dans votre vie plationis... platiniqu... platipus...

Platonique. Il avait entendu le mot une fois, mais il était incapable de le dire correctement. Encore une fois, il passait pour l'imbécile de service, et dépité, il se levait en emmenant le bouquin sous son bras. Il allait quitter l'endroit quand la bibliothécaire le rappelait à l'ordre, puisqu'il devait emprunter le bouquin avant de l'emmener. Ce qu'il fit, passablement agacé, avant de s'en aller dans un sillon de rires moqueurs. Au final il ne se rappelait même plus du mot correct. Boarf, tant pis. Il s'éloignait un peu, avant de s'assoir par terre et reprendre le court de sa lecture. De son sac, il avait extirpé -non sans difficulté- un paquet de gâteaux moldus, plus commode que des chocogrenouilles.

A peine ridiculisé (par lui-même en plus, promis juré), que Jason quittait déjà le terrain de bataille, son livre sous le bras. Mais t'étais trop bien partie pour laisser tomber, surtout qu'après t'être fait traîté de dragon nain t'avais quand même le droit de répliquer.
Bon, au fond, dragon nain c'était pas une si grosse insulte, et t'avais même pas ressenti une once de vexation. Nan, un dragon c'était intelligent, fort et redoutable. Et en plus, ça volait, et bien plus longtemps que toi avec ton jetpack 3265 avec lequel tu t'étais lamentablement retrouvé sur les tuiles du toit de la tour d'astronomie, ou t'avais dû hurler au moins une heure avant qu'un jour de qwidditch en plein entraînement vienne t'aider à descendre. Triste épisode que toi et le joueur de quidditch essayez tant bien que mal d'oublier. Surtout le joueur de quidditch.

Earnshaw est pas parti bien loin, malgré ses grandes jambes, et ça t'étonnes à peine parce qu'après tout c'est quand même Earnshaw. Alors tu te plantes devant lui, pour le coup tu le surplombes, et ce peut-être bien pour la première fois, avant de dire d'une voix forte :

T'sais c'est pas parce que t'es un géant que tout ceux qui sont plus petit que toi sont forcément des nains. D'ailleurs, tu connais pas "On a toujours besoin d'un plus petit que soi ?", j'crois que c'est dans une chanson en plus...

Tu baisses un peu la tête vers le livre quand tu vois... GÂTEAUX. Earnshaw devient tout de suite aussi invisible qu'un courant d'air (pas trouvé de meilleure comparaison) et  tu pioches un gâteau dans le paquet sans lui demander son avis.

En plus j'ai lu quelque part que les dragons nains sont les plus reduotables de tous, ils peuvent t'arracher la tête en deux deux si tu les fais chier.

Pour appuyer tes propos, tu coinces le gâteau entre tes lèvres avant de prendre la position jujitsu du faucon qui s'envole, en fronçant les sourcils autant que tu peux.... avant de constater que t'es juste ridicule et de reprendre une position normale comme si de rien n'était.
Tu jettes ton sac sur le sol dans un brouhaha effroyable (les vis et les clés ça fait du bruit quand ça s'entrechoque), et tu te poses en tailleur devant le Gryffondor en finissant le gâteau, tout en lorgnant sur les autres qui attendent bien sagement dans le paquet.

Tu veux tenter le prochain dragonrun nan ? Tu penses vraiment que les dragons nains vont pas te traquer et te bouffer avant ? J'serais toi j'me méfierais et je me planquerais jusqu'à la course, parce que sinon pas dit que tu sois vivant pour ne serait-ce que la voir.

En fait tu l'imagines bien sur un dragon, "Peut-être parce que ça lui donnerait un air plus intelligent", que tu te dis à toi-même en dessinant sur ton visage ou se sont posées quelques petites miettes un sourire sarcastique.

Perso j'aurais trop peur d'me faire bouffer, ou fracasser contre une tribune.

Dawn l'avait finalement rejoint dehors, ce qui étonnait à moitié Jason. À moins qu'il n'ait espéré secrètement qu'elle le fasse. Dans tout les cas, elle revenait à l'attaque. Lui qui avait toujours pensé qu'elle était aussi peu bavarde que lui, raté. Pas que sa voix soit désagréable. Plutôt que c'était surprenant.

Donc, si j'ai bien suivi. Tu insinues que j'ai besoin de toi ?

Rétorquait il, moqueur, avant qu'elle ne concentre son attention sur son paquet de gâteau. Il ajoutait ''sans-gêne'' à la liste mentale intitulée Dawn. Qu'il oublierait sans aucun doute. Moqueur, il tapotait du bout des doigts la tempe de la jeune femme.

Hum, oui, peut être de ton cerveau, ça pourrait être utile. Le reste est trop petit.

Puis il refermait son bouquin pour le glisser dans son sac, mais aussi libérer ses mains et reprendre la lutte pour les gâteaux. Pas question qu'elle dévore tout sans qu'il ne puisse rien faire. Il arrivait à reprendre le contrôle de son paquet de biscuit quand la serdaigle se levait pour se tordre dans tout les sens. Elle avait l'air assez sérieuse en le faisant, et Jason éclatait d'un rire sonore et grave qui résonnait dans les couloirs. Il s'imaginait une Dawn furibonde tentant de lui arracher la tête, ce qui était relativement drôle, rien que d'y penser. Marrante, la naine.
Et quand elle s'asseyait à nouveau tout en lorgnant le paquet de biscuits, Jason entamait un combat intérieur. D'un côté, le gros affamé qui défendait bec et ongle SA nourriture, de l'autre la brute attendrie par le regard de chien battu, suppliant les gâteaux de s'envoler dans sa direction.
Il essayait de résister, mais rien n'y fit, et il abandonnait la boîte en carton sur le carrelage froid du couloir, en espérant qu'elle ne dévore pas sa précieuse nourriture.

J'adorerais faire une dragonrun, même si les élèves du SSAF peuvent déjà monter sur des dragons. Mais pas dans les mêmes conditions, c'est cent fois plus sécurisé en cours. Par contre oui, je vais aller mettre ma cuirasse sous mes vêtements avant de te croiser dans les couloirs, j'aimerais éviter de mourir à Poudlard quand même.

Perso j'aurais trop peur d'me faire bouffer, ou fracasser contre une tribune.

Mais... Oh Nashwood, serait-ce des écailles qui poussent sur ton visage ? lâchait il moqueur en pointant du doigt les miettes sur les joues de la serdaigle. T'es une vraie chochotte, et tu peux être sûre que partir peureux sur une bestiole, c'est multiplier par dix les chances de la rendre incontrôlable. Même si on est convaincu que la peau des dragons est trop épaisse pour qu'ils ressentent réellement quand quelqu'un les monte... Sache qu'ils ''perçoivent'' quand tu as peur, ou que tu n'as pas confiance en ce que tu fais. Tu deviens donc dominé, et plus dominant comme tu aurais pu l'être, tu vois ?

Sa voix suintait de passion, et il se rendait compte qu'il parlait vraiment beaucoup aujourd'hui. Glissant le paquet de gâteau dans son sac, il se redressait et tendait sa main à la jeune femme pour qu'elle se lève également.

On va combattre le feu par le feu... Tu me suis ?

Lâchait il malicieusement, sans pour autant révéler leur destination.

Mais... Oh Nashwood, serait-ce des écailles qui poussent sur ton visage ?

C'était un peu comme une claque en pleine figure qui se faisait descendre de ton piedestale de fierté le temps de te prendre un coup de moquerie. Beaucoup, BEAUCOUP de remarques sur ta taille, tu finissais pas te demander si t'étais si petite que ça. T'aurais pu continuer à y réfléchir encore un moment si ce qu'il disait par la suite avait pas plus tiqué tes oreilles que d'habitude.

T'es une vraie chochotte

Tu retenais un "Hum, pardon ?", zappait la moitié de son discours sur le rapport dragon/runner c'est la bête qui sent si t'as peur et tout le fatras, discours identique que répondent tout ceux qui font de l'équitation qund tu dis que t'as peur des chevaux.
Tu sors vivement ta baguette et colle la pointe contre le front de Jason, sans broncher et avec un air p't'être un p'tit peu trop agressif.

Assures-toi de savoir ce que tes adversaires cachent dans leurs manches avant de les traiter de chochotte, Earnshaw. Parce qu'à mon avis, si là maintenant tu te prends un Oubliette, participer au dragonrun sera encore plus compliqué, surtout si tu sais même plus comment tu t'appelles.

Duelliste, sorry. Tu ranges ta baguette avec le même calme avec lequel t'as craché tes menaces, et tu lui a prit trois gâteaux d'un coup. Parce qu'y faut pas déconner non plus. C'est la main pleine de miettes que tu as prit la sienne, te relevant avec plus d'aisance que si tu l'avais fait seule, et tu l'as suivi en te disnt que pour une fois il avait l'air sacrément un peu intelligent.

Dans la logique des choses, combattre le feu par le feu c'est pas censé marcher, mais t'as l'air de savoir c'que tu dis donc j'vais arrêter de chercher la p'tite bête pour cette fois.