I feel I'm goin' under ( Cyrian )

Il fait froid. Sombre. Un voile opaque s'étendait tout autour de toi, ne laissant qu'au monde une teinte grise et quelques ombres en guise de compagnie. Nébuleuses, elles te traverses, elles te touchent, tu voudrais t’enfuir encore. Partir toi aussi. T’échapper loin de cette réalité, ne plus être hanté par le spectre de cette absence. L'effacer de ta mémoire. L’effacer de ton être. N'être plus qu'un corps vide. Vide comme le monde autour de toi, gris comme le temps qui ruisselait par la fenêtre.

Froid comme les mains qui t'avaient quitté.

Pourtant tu est là. Presque vivant, tu arbore ton plus beau masque et tu te cache sous un sourire. Figé. Comme ton cœur. Ton esprit. Tu voudrais disparaître à chaque secondes, chaque regards. Mais tu lutte. Tu t'obstine et tu joue au monde une comédie, elle sonne juste à leurs oreilles, elle rassure leurs songe et t'enterre un peu plus. Les gens sont si peu capable, ils sont aveugles, ils se détournent. Satisfait d'une l'illusion. Tu voudrais les détester, crier ce mal qui venait te ronger lentement. Oser la faiblesse et sombrer. C'était si simple après tout. Abandonner. Laisser les ombres se glisser dans ton corps meurtri, tout comme ton cœur. Il n'y a plus rien à sauver quand on est seul.

Tu es seul.

Abandonné. Pour ton bien. Pour le bien de tous. Parce que c'est ce qu'il y avait de mieux à faire. Ces choix qui t'échappent bien souvent. Ceux portaient par une raison un peu froide, trop pragmatique. Trop réaliste. C'était mieux pour tout le monde, un monde qui t'échappe. Un monde qui n'est pas le tien. La solitude t'angoisse. Elle t’effraye et te paralyse. Tu voulais te blottir dans ses bras, fermer les yeux et y mourir. Ne plus jamais t'éveiller sans lui. Alors tu ne dors plus. Un jours. Deux jours. Peut être dix. Le temps même n'a plus d'importance. Les jours ne sont qu'une succession d'ombres. Des instant perdu dans le temps.

Perdu, tu sombre un peu plus.

Tu te noie. Tu t'accroche. La tête hors de l'eau, l’espoir d'un ciel bleu t'échappe encore un peu. Tu voudrais y croire. Un jour, ailleurs, tu ne sera plus seul. Un jour, ailleurs, tu seras heureux. Tu en oublis le goût, tu rêve de sa couleur. Est ce que le monde brillera de nouveau. La réponse t’échappe depuis des jours. Tu l’oubli un peu, perdu dans tes livres. Les cours. La vie. Tu es las, mais le monde s'agite, il va trop vite. Beaucoup trop vite. Tu t'y accroche, le désespoir au fond des yeux. Ignorer la fatigue. Ignorer la peine. Rien d'autre que la rigueur et l’acharnement. Qu'est ce qu'il te restait d'autre ?

« Monsieur Nails, j'aimerais vous parler quelques minutes. Les autres, sortez de la classe. »

Tu te redresse. Surpris. Inquiet. Ton nom reste suspendu un instant. Il intrigue certain, amuse d'autres. Pourquoi ton nom s'accroche t-ils aux lèvres ? Tes yeux cernés cherchent ceux de l'homme en noir. L'ombre qui t'avait tiré de ton brouillard. Il te semble menaçant, tu lui semble peut être un peu fébrile. Pourquoi maintenant ?

Pourquoi toi ?

Ton esprit s'agite soudainement. Il cherche une raison. Une excuse pour s’échapper. Tu aimerais t'enfuir comme tout les autres. Suivre, poursuivre. Pourtant on te retiens encore un peu. Seul. De nouveau. Seul avec cet homme. Tu ne sais plus quoi dire. Tu ne sais pas quoi faire. Attendre qu'il parle, planter ton regard dans le sien, espérant y chasser l'angoisse et la fatigue. Tu ne trompe personne, surtout pas lui.

Ta voix brise le silence.

« ... J'ai fais quelque chose ?... »

Les secondes passent, s'effacent lentement. Le silence reprend sa place et me glace le sang . Pourquoi je restais assis sur cette chaise ? Le souffle me manquait soudainement, pétrifié au fond de ma poitrine, je ne respirais déjà plus. Mes yeux cherchaient des réponses dans le regard de l'homme. Lui si sombre. Si distant. Il avait cet aura pâle, infranchissable. Imperméable au monde. On aimerait l'effleurer des doigts, le sentir vivre. Bien réel, pourtant ailleurs. Ils sont particulier ici. Tous as leurs façons. Je l'étais peut être aussi. Certainement. Sinon je ne serais pas là.

Assis seul face à l'ombre.

Qu'est ce que j'ai fais ? Qu'est ce que je n'ai pas fais ? L'angoisse se logeait dans ma gorge douloureusement. Elle s’insinue dans mon corps, le gangrène lentement jusqu'à le posséder. Je voulais bouger. Me lever. Approcher pour qu'il parle enfin. Qu'il fasse taire le silence. Les excuses glissent sur moi comme la pluie ruisselait sur les fenêtre. Il s'excuse. Il ne veux pas me faire peur. Je n'avais pas peur de lui. J'ai surtout peur de moi, de mes actes et de mes mots. Les problèmes ne viennent pas des autres.

On créé ses propres démons.

Il parle encore. Les mots s’enchaînent, martèlent mon crâne et brisent lentement mon âme. C'était comme se prendre un couteau en plein cœur. Il s'inquiète. Il est conscient, peut être un peu trop. Mes yeux se baissent et fixent la table. Ils le fuient. Cherchent une issus. Il y lira certainement la détresse, il comprendra mes faiblesse et mes doutes.
Je ne doute pas.
Je ne suis pas faible.
Je suis juste fatigué.

« Oui ! Enfin non ! .. Non mais.. c'est pas à cause de la Dragonrun .. c'est juste.. C'est comme ça... j'ai toujours.. plus ou moins eu du mal à dormir mais ça va. Je sais gérer ça !.. Je suis désolé je ferais attention à rester attentif... faut que je.. Faut que je rattrape mon retard.. mais j'y arrive.. vraiment.. »

La panique parlait pour moi. Elle me rendait confus, embrouillait mes mots et mon esprit. J'essayais un sourire, espérant rayonner assez pour garder cette illusion intacte. J'y arrive.
J'y arrive seul.

Rien n'avait jamais été aussi triste que ce sourire.

Un sourire triste, beaucoup d’espoir. J'espérais un miracle. Disparaître simplement et fuir son regard. Inquiet, peut être plus intrigué en réalité. Je ne suis qu'un élève parmi la foule, un visage de plus parmi les autres. Pourquoi on s'en inquiéterait ? Pourtant il restait là, ses yeux rivé sur les miens qui cherchaient à le fuir. Les yeux trahissent les hommes. Une fenêtre ouverte sur notre âme. Je ne voulais pas qu'il y lise quoi que ce soit.
Ni lui, ni personne.

Pourtant j'étais vulnérable sous ses assauts. J'aurais aimé lui en vouloir. Me lever, cette fierté au fond des yeux, et l'audace aux lèvres. Lui dire au revoir, sans détour et sans doute, me murer dans la solitude et m'en faire une forteresse. Pourtant, même maintenant, surtout maintenant,  j’appréciais l'écho d'une présence. Nourrir les inquiétudes, une attention et savoir qu'on est pas si transparent au final.
Peut être un peu plus vivant.

« J'sais pas... depuis la course.. depuis... ouais.. une semaine ? Plus.. je sais plus trop ou on en est »

Un jours parmi les autres. Lequel ? Est ce que c'était important au final..
Un soupir m'échappa lentement, soufflant comme une brise froide à travers la pièce. Je me sentais froid, peut être parce que je l'étais tout simplement. L'homme remue un instant. Ses mains se frôlent  et sa baguette rencontre l'anneau à son doigts. Le détail qui m'avait échappé, perdu dans un coin de ma tête depuis longtemps.

Un morceau d'âme.

A qui avait il offert ce fragment ? La question resta en suspens, perdu dans mes réflexions qui s'affolaient à la vue d'un miroir. Pourquoi ? Qu'allait il bien pouvoir s'y refléter. Une peur. Une envie. Les réponses à ces questions qu'il ne posait pas. Il vouait que j'y regarde simplement, que je constate cette déchéance. Une fenêtre sur mon âme.

Mon propre reflet.
La peau pâle, un peu malade, mes yeux cernés manquaient d'éclats et de sentiments. Un peu pitoyable, bien trop fatigué. La vision m'arrache un soupir las, il se perdit parmi le silence et s'y accordait avec merveille. Qu'est ce que je voyais dans ce miroir ? La triste réalité, celle qu'on refuse de voir, qu'on s’évertue à fuir un peu plus chaque jours. Mais la réalité nous rattrape.
Elle nous brise.

« Vous allez me dire que c'est plus possible c'est ça.. Qu'j'y arrive pas.. qu'ça sert à rien de m'acharner vus mon état ... c'est ça ? »

Des murmures plus que des mots. La fatigue les emporte. Résigné. Ils glissèrent un peu tristement sur mes lèvres pour s’en échapper. S'enfuir eu aussi, comme mon regard perdu ailleurs, délaissant le reflet soudainement un peu troublé.

C'est finit. Le monde se fissurait lentement. Il partait en lambeau, ne laissant qu'un paysage lacéré que j’essayais de recoller. En vain. Tout s'écroulait autour de moi et je me sentais bien incapable de tout reconstruire. A quoi bon de toute manière. La fatigue s'abat encore une fois, m'arrache un soupir et un regard embrumé. Le prof était toujours là. Attentif et inquiet. Pourquoi ne me laissait il pas simplement sombrer. J'étais plus facile à ramassé une fois tombé. Il voulait me relever, stopper cette chute en me retenant fermement.
Il était étrange ce prof, mais pour une fois, je voulais bien lui pardonner son air sombre.

Mon regard glissa vers le sien. Sans éclat, sans réel conviction. Il voulait que je le regarde alors je lui offrait l'étendu du désastre à travers des yeux fades. Il semblait différent à cette seconde. Plus humain qu'il en avait l'air. Peut être que ça compte un peu pour lui finalement. Peut être que l'inquiétude était sincère, chaleureuse. Un peu de chaleur quand tout semblait si froid autour de moi.

Il voulait savoir. Comprendre. Qu'est ce qui s'était passé ? Est ce que c'était si évident que ça ? A croire qu'il pouvait lire sur mon visage tout le mal être qui me brûlait les entrailles. Quelque chose s'est passé. Quelque chose que la fatigue masquait à merveille. Mon regard s'écarquilla une seconde, cherchant une faille dans le noir de ses yeux. Il s'approchait encore. Déterminé. Pourquoi ? J'étais si pitoyable que ça ? Il s'imaginait peut être des horreurs, des démons qui me hantaient, des ombres qui me submergent malgré moi. Il y'a bien des malheurs dans ce monde, les miens n'étaient que des détails dans le tableau morbide que pouvait représenter la vie de certain.
Pourtant j'étais là devant lui, semblant peut être me lamenter. Pathétique.

«  C'est pas... C'est pas important.. J'veux dire.. On a tous des problèmes c'est tout.. c'est comme ça.. »

On porte tous un fardeau. Un poids sur le cœur qu'on aimerait chasser mais qui s'accroche jusqu'à nous étouffer. On en oubli le reste, le monde, la vie, trop occuper à lutter pour chaque bouffée d'air. Ça ira mieux demain. Un jour.
Ça ira forcément mieux.
Une illusion de plus. Des mots que je me répétaient alors que mon monde n'est plus que ruine. Des morceaux de souvenirs, de moi même. Mes yeux fuyaient les siens et ma voix portait l'esquisse d'un murmure.

« Vous avez jamais eu l'impression que tout vous échappe... que tout se brise tout autour.. sans qu'on puisse rien y faire... on est là... impuissant.. sans trop savoir pourquoi on veux rester debout.. »

Un soupir m'échappe. Un peu sinistre. Bien trop fatigué, je n'avais pas le cœur à lutter faces aux évidement que mes yeux semblaient hurler. Il n'était pas idiot, il était même loin de l'être. Peut être avait il déjà compris.. Les cours. Mes insomnies. Les sigmas. Ma famille. La dragonrun. Lui.
Oui. Y'avait beaucoup de choses qui n'allaient pas actuellement... Beaucoup trop.

Je restais là sans savoir pourquoi.
Ça n'avait pas de sens, et j'avais tellement de choses à faire. J'étais pathétique à cet instant, je m'en voulais peut être un peu de ne pas avoir relever la tête. Offrir un sourire, quelques mots confiants et partir la tête haute malgré le poids des souffrances qui m’accablaient. Mais j'étais pas assez fort. Je sais même pas pourquoi j'ai imaginé l'être ne serait ce qu'une seconde. Il ne restait que des doutes et une confiance ébréché qui se fissurait lentement.
C'était une évidence maintenant.

Il ne restait plus rien.

Je m'accrochais à du vide. Je me berçais d'illusion et de sourire. La certitude que tout ira bien. Que j'irais bien et que la vie continuait malgré tout. Pourtant une part de moi voulait renoncer. Abandonner. Peut être que j'avais le droit. J'étais simplement fatigué de me battre pour un sourire ou un regard. Mes rêves s'étaient ébréchés eux aussi. Lacérés par la réalité des fait. J'étais pas capable, et j'en valait pas la peine.


J'exposais ma peine au prof sans trop savoir pourquoi. Parce qu'il est là. Il s’intéresse. Lui aussi m'offrait cette attention éphémère. Je compte le temps d'un instant, le temps d'un sourire ou d'une confession. Et puis il m’oubliera. Je ne serais plus qu'un élève parmi les autres. Un visage au milieu de la foule. C'était comme ça, c'est tout. On a beau briller de toutes ses forces, perdu au milieux des étoiles personne ne nous remarque scintiller.

Personne ne nous remarque mourir.  

Il s'assoit. Ses yeux changent une seconde. Ils sont plus sombre, peut être plus triste aussi. Je n'attendais pas de réponses, pourtant il me répondait. Oui. Il savait ce que ça faisait. Comment ? Mon regard accrocha le sien une seconde, cherchant des réponses au fond de ses yeux. J'aurais du me réjouir de cette compassion, pourtant mon cœur se serrais un peu plus à ses aveux. C'était difficile. Ça semblait insurmontable. Marcher à travers ces ruines. Le vide et les ombres. Se demander à chaque instants pourquoi on continue.
Pour qui ?

Je savais plus quelle réponse donner à cette question.

« Je sais pas .. peut être.. y'a tout qui s'effondre lentement. Les choses changent. Les gens changent..   Je pensais avoir les épaules pour supporter tout ça mais j'y arrive pas... J’essaie de garder la tête hors de l'eau alors qu'on passe son temps à me tirer vers le bas. Les cours me rendent fou. Je dors deux heures par nuit, on m'a envoyé mourir sur le dos d'un dragon sans aucunes raisons et je dois supporter le bonheur des autres alors qu'on m’abandonne encore, comme si j'étais rien.. »

Je senti mon corps trembler. D'émotions et de chagrin. Un peu de colère aussi. Ma voix s'était brisée, tout comme le reste et tout comme le masque que j'essayais de garder intacte. A quoi ça sert de faire semblant de toute façon. Je m'étais écroulé depuis longtemps. J'avais au moins le soulagement d'une confession.
Ma voix tressaillait toujours, aussi faible que le reste. Faible et brisée. Elle emportait ce qu'il me restait de retenue, balayait ce qu'il me restait de fierté pour ne pas craquer. J'étais fatigué, bien incapable de lutter.

« On se réveille un jour et on est tout seul. On me dit qu'on m'aime et on m'abandonne quand même. T'façon les gens savent faire que ça... je sais même pas pourquoi j’essaie... au final ça finit toujours comme ça. J'suis peut être simplement pas capable.. de réussir quelque chose correctement.. »

Un main passa sur mon visage, y chassant quelques larmes libératrices alors que mes yeux s'étaient efforcé de fuir son regard et son jugement. Je voulais pas d'un quelconque pitié.. ou de quelques mots réconfortants et un peu d'espoir soufflé par un esprit plus sage. C'est des conneries...
Ce que je voulais je pouvais pas l'avoir et je l'aurais peut être simplement jamais.

«  Excusez moi... je voulais pas craquer.. »

Je voulais juste m'enfuir et oublier ce qui venait de ce passer. M'enfouir quelque part et sombrer en paix en espérant qu'on me retienne. C'est peut être le plus pathétique dans tout ça.
Espérer encore...