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 Time in a bottle |Hjörtur

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Militant Contre les Dragons à Poudlard
Duke E. Osborne


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Duke E. Osborne





Time in a bottle |Hjörtur
27.06.16 13:41

Time in a bottle
"Yo soy un paria de corazón y yo no tengo camino, busco tierra mejor, que me guarde un destino, mis pies que sangran una ilusión, que con ahínco persigo, y los que piensen igual, que vengan conmigo." Paria-Lullah



Il a une main plongée dans les cheveux bruns, et même ainsi il ne parvient pas à se décoiffer vraiment. Il a la coupe un peu trop propre, l’apparence simple et soignée, et c’est tout son être qui semble avoir été lissé dans cette netteté qui peine à s’évader. Il s'arrête encore par moment, sans réellement y songer, observe tantôt ses pieds. Il traînasse encore une fois de plus une fois de trop, et ce devrait toujours être la fois de trop mais Duke repousse toujours plus loin son vagabondage. Il sait où aller pourtant, s'est seulement contenter de suivre le chemin le plus long. Duke fait des détours aussi bien qu'un première année. Il ne se perd pas pourtant, ne s'abandonne pas, et ses errances bien que longues ne sombrent pas dans l'ignorance. Duke ne rêve pas à ce qu'il fera demain. On lui a dérobé ses idées, alors l'air de rien il les cherche. Et plus il marche et plus il donne l'impression de ne pas exister, pas tout à fait. Il a le corps qui déambule, semble n'en faire qu'à sa tête, et dans son esprit, c'est une grosse tâche blanche. Une page vierge. La page de l'écrivain qu'on a posé à côté d'un encrier vide.
 
Il est un vieil habitué qui a arrêté depuis longtemps les explorations, a arrêté de s'émerveiller des choses, et même des gens. Il aurait presque l'air con, tout seul dans les couloirs oubliés du septième étage. Cependant il s'arrête encore, et sa mâchoire tombe légèrement et ses yeux s'ils ne s'écarquillent pas totalement lui donnent néanmoins cet air hagard. Et il se demande bien encore comment cette silhouette voûtée a réussi à monter autant de marches, à gravir autant d'étages. Mais surtout, il se demande bien comment une apparence si singulière a pu lui passer si longtemps inaperçue. Un vieux, il n'a pas l'impression qu'il y en a tant que ça. Un vieux, il ne se souvient pas en avoir vu beaucoup au sein de Poudlard, ne se souvient pas d'un tel professeur. Et croyez bien que Duke se souvient des gens. Il n'oublie pas. Parce que Duke a une bonne mémoire, Duke retient les visages et les noms, et il devient à peu près certain que s'il ne se souvient pas de ce vieillard c'est très certainement parce qu'il n'existait pas avant. 

Il n'hésite pas longtemps encore, sait ce qu'il convient de faire. Il devine instantanément qu'il doit s'en approcher, s'imagine un devoir envers celui qu'il ne connaît pas. Parfois, Duke donne cette impression d'être redevable à tous, s'en convaincrait presque lui-même, tandis qu'on se moquerait encore de cette générosité éhontée, quasi obsessionnelle.

Il n'est pourtant pas pressé Duke, dans cette marche tranquille et cependant assurée. Pour un peu, on s'attendrait à le voir dépasser la silhouette décrépie, comme un invisible, car c'est en général ce que font les gens; ils ne se soucient pas des autres. Et la nonchalance de Duke n'a pas l'air si différente. Cependant il marque un arrêt à la hauteur du papy, net, et la promptitude du geste indique encore que c'était bien là ce qu'il comptait faire depuis le début. Les mots ne lui viennent pas tout de suite, Duke aime prendre son temps, les mains traînent encore dans les poches, son épaule effleure presque librement celle du vieillard, tandis que toute sa silhouette se tourne encore en direction du mur, et lentement il soulève son regard vers la porte qui accueille la mystérieuse salle. Par moment, ses yeux jettent des regards discrets sur les rides qui sillonnent le visage voisin. Il pourrait lui demander qui il est, quel genre de vieux sage représente-t-il encore, s'il ne s'est pas tout simplement trompé d'adresse, s'il n'est pas simplement un ami du directeur, le grand-père d'un élève, et soudain cette peau chiffonnée de plis comme une antiquité humaine lui devient une énigme, un mystère qu'il brûle d'élucider, de connaître. Car il est une chose certaine, celui-ci ne se trouve pas à sa place. Et la page vierge de son esprit se remplit doucement, les questions s'y bousculent tandis qu'il fixe toujours le mur, et malgré un énorme point d'interrogation qui se dessine sur son front, Duke reste de cette sérénité profonde, et il n'y a vraiment qu'une question qui parvient encore à se précipiter du haut de ses lèvres. Elle tombe alors dans l'air, occupe un moment le silence.

_ Qu'est-ce que vous comptez faire là-dedans ?


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Hjörtur Vilhjálmsson


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Hjörtur Vilhjálmsson





Re: Time in a bottle |Hjörtur
07.07.16 5:52

oldJojor Affamé, il semble déambuler dans les couloirs du château, ombre solitaire dans une allée déserte à cette heure-ci de la journée. Petit pas par petit pas, appuyé bizarrement sur une canne trop grande pour lui, l'homme avance doucement en soufflant fortement par les narines. Ses jambes lui semblent chacune affublées d'une couverture de plomb pesante et douloureuse. Son dos courbé n'est plus capable de maintenir pleinement ses épaules voûtées. Une broussaille blanche, impromptue, couvre la moitié basse de son visage. Enfin, des rides nombreuses et profondes tranchent l'épiderme de son visage soucieux. La tête inclinée, le vieillard prend garde à ne jamais croiser le regard d'un éventuel passant.

Hjörtur a l'air relativement calme si on oublie qu'il sort tout juste d'une crise de panique terrible. Le poids de la vieillesse lui est tombé dessus avec une violence rare à en tomber par terre. Ses jambes, son dos, ses épaules, tout s'est affaibli en une seconde tout au plus ; et un pas de trop l'a précipité sur le sol qui l'a réceptionné sans douceur. Il a contemplé avec horreur ses mains fripées, tâté la barbe blanche qui a poussé tout comme ses cheveux agrémentés d'une calvitie incomplète, ressenti une douleur aiguë sans ses genoux comme si un balai furieux les avait frappé de plein fouet. Touchant les rides sur le visage, il a compris les tenants de la transformation et l'hyperventilation a débuté. Rampant vers le mur le plus proche, il s'est recroquevillé dans un angle obscur en tremblant comme une feuille, la vue trouble et les pensées agitées. Pourquoi… ? Comment... ? Et si on le voyait... ? Que dirait-on... ? Les rumeurs... Les moqueries... Il ne sait même pas s'il peut marcher... Incapable de descendre à la grande salle… Pas question d'aller en cours… Que va-t-il faire... ? Que va-t-il devenir… ? Et c'est la panique, la tête tourne, c'est la panique, il est perdu, c'est la panique qui l'étrangle. Il a mal, partout, il a mal, voudrait mourir tant ça lui semble plus doux que la situation présente, que peut-il faire ? Que peut-il faire contre ça ?
À ce moment il a éclaté en sanglots.

Il s'est calmé au bout d'une minute de supplice lorsqu'il a entendu un bruit de pas. Coupant sa respiration, fermant les yeux, souhaitant disparaître, il a attendu. Mais personne n'est venu et les talons claquant sur le sol ont fini par s'éloigner avant de s'engager dans le couloir. Hjörtur soufflé très fort et longuement et ses pensées se sont remises en place.
Il s'est souvenu de l'épisode datant de quelques semaines où tout le monde s'était transformé.Incapable de supporter cela, le jeune Serdaigle avait réussi à briser le maléfice au bout d'un travail titanesque qui lui avait fait manquer une grosse demi-journée. Il s'était rendu compte que ce phénomène avait touché tous les élèves, tous ressemblant à un modèle féminin ou masculin dépendamment de leur sexe d'origine. Cependant, Hjörtur avait agi dans la salle commune et la bibliothèque avec foules d'outils qu'il ne possède pas aujourd'hui. Et son corps trop faible ne lui permettra pas de faire tout le chemin. Les autres élèves sont-ils aussi touchés par cette vieillesse intempestive ? Les pas trop légers entendus plus tôt constituaient un indice négatif à cette hypothèse, ce qui l'a fait déglutir. S'il n'est pas seul, il pourra rentrer dans la salle commune des Serdaigle sans avoir honte. Dans le cas contraire… Il sera obligé de se réfugier dans un lieu isolé et d'attendre.
Il a attrapé avec peine sa baguette et l'a levée d'un geste faible et tremblant. Inspirant longuement, il a murmuré d'une voix sèche et vibrante qu'il ne reconnut pas : « Accio canne... » Sait-on jamais que quelqu'un dans le domaine en possède une… En l'attendant, il s'est appuyé sur les murs qui forment l'angle et a entrepris de se remettre sur les pieds. Le temps qu'il y parvienne – une grosse minute – un bâton s'est frayé un chemin dans le dédale du château et a traversé le couloir en glissant bruyamment sur le sol, se relevant au dernier instant pour se dresser debout à portée de main d'un vieux éberlué.
Les miracles existent.

Depuis, il erre dans les couloirs, s'adaptant plus ou mois aux caprices de ce corps qui sera sien dans cinquante ou soixante ans tout au moins. Il a croisé un élève dans la force de la jeunesse qui lui est passé à côté sans s'arrêter, daignant à peine glisser un regard sur ce homme vieux qu'il ne reconnut pas, confortant ainsi Hjörtur : il est un étranger. S'il attend simplement que le phénomène se dissipe – vingt-quatre heures, comme le précédent ? – il n'a qu'à se faire passer pour un autre. Il a pris le temps de réfléchir à un nom, une histoire parsemée fausse parsemée de quelques vérités, et il est arrivé dans le couloir de la salle sur demande.
Bien.
Il souhaite un cocon où se réfugier, s'isoler sans pour autant décrépir, adapté pour y rester la journée et la nuit dans ce corps ignoble. Un refuge. Un asile. Il passe devant une première fois puis fait demi-tour et recommence. Que c'est long… Ses genoux envoient des râles douloureux de plus en plus persistants et son corps s'appuie de plus en plus fort sur la canne à chaque tour de talons. Aaaah, ses chevilles rejoignent le chœur souffreteux de ses genoux et ses chaussures sont devenues dures comme le marbre. Il laisse échapper une grimace, puis deux.
Et la porte – le saint Graal – apparaît.
Un dernier tour de talons… Les mètres les plus longs à parcourir… Et un bruit de pas subtiles qui se rapprochent. Tardivement, Hjörtur réalise qu'il n'est pas seul et réduit la force de son souffle, se mettant à souffrir plus discrètement. Déjà la silhouette arrive à sa hauteur – encore un jeune, confirmant si besoin qu'il est bien le seul à être concerné par cet épisode de vieillesse – elle va le dépasser, elle va repartir… Et bah non.

C'est un jeune homme brun qui marque un arrêt à sa hauteur, figeant l'Islandais sur place. Souhaitant qu'il s'en aille, il sait que le noiraud porte toute son attention sur lui. Tout en lui peut attirer sa curiosité confirmée par la question qui vient combler le silence. « Qu'est-ce que vous comptez faire là-dedans ? » Inspire. Hjörtur a l'habitude de se cacher, de ne pas dire la vérité, de la distiller dans les mensonges pour leur donner vie… Mais il n'a encore jamais joué un rôle aussi éloigné de la réalité. « Je comptais la retrouver... » répond-il d'un regard un peu triste. D'une phrase vague, il invite volontairement à la question suivante avec cependant une appréhension qu'il doit masquer. Il change son appui sur le canne, son dos ne supportant pas de garder la même position debout.
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Duke E. Osborne


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Duke E. Osborne





Re: Time in a bottle |Hjörtur
12.07.16 14:50

Time in a bottle
"Yo soy un paria de corazón y yo no tengo camino, busco tierra mejor, que me guarde un destino, mis pies que sangran una ilusión, que con ahínco persigo, y los que piensen igual, que vengan conmigo." Paria-Lullah



« Mmmh », et il était resté un peu silencieux, presque perplexe devant cette moitié de révélation, celle qui soulevait plus d’interrogations que de réponses, celle qui n’en disait pas assez. Mais le respect de la vieillesse, de l’ancêtre, l’empêchait encore de se montrer trop insistant, trop pressant. Car il y avait des choses qui ne lui appartenaient pas ; et dans ces rides qui sillonnaient ce visage, creusaient les joues, il y distinguait encore la manifestation de la vie qui avait coulé comme autant de petites rivières profondes, cicatrices ou actrices du temps qui passe et qui s’en va et qui s’enfuie.

Puis il y avait eu cette pensée un peu assassine, un peu étrange, c’était la mort aussi. Car quand on a traversé les âges, on devait bien se heurter à la fin de son ère. Parce que c’était le destin de chacun de disparaître, il le savait, et cela le hantait d’un peu trop. Il n’aimait pas la mort, Duke. Il frotta encore une barbe inexistante, mais quitte à exister, même momentanément, dans une existence vouée à s’éteindre, mieux valait qu’il tâche de s’en rendre utile.

_ Vous allez mourir, non ?

Et les mots avaient glissé de ses lippes, sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, sans qu'il n'en mesure l'entière portée, la vérité. Et on n'en serait pas totalement revenu que lui d'entre tous aurait pu dire ça. Alors soudain il ne savait plus pourquoi dire une telle chose, et il reconnut brutalement l'absurdité de ses mots, de la condition humaine aussi. Il en aurait rougi encore, peut-être, s'il avait été de ceux qui rougissent. Mais Duke resta lisse, et on n'aurait pu deviner qu'une seconde, une brève seconde, il fut gêné d'imaginer qu'ils disparaîtraient tous un jour. Cela l'aurait inquiété encore s'il ne s'était pas proprement décidé d'arrêter d'y penser, s'il n'avait pas chassé l'horreur par ce qu'il convenait présentement de faire.

_ C'est ce que les gens font. 

Et Duke ignorait ce qu'il devait retrouver, mais il n'aurait pas laissé l'autre chercher seul dans sa quête. Car ce devait en être une, et qui savait encore que Duke prendrait les choses aussi sérieusement, il donnait de toute façon l'impression de n'avoir rien d'autre à faire. Il aurait tourné volontairement en rond encore dans l'espoir de tomber sur quelqu'un. Duke avait pour vocation de ne pas servir à rien. « Fort bien, vous avez de la chance je comptais justement rentrer là-dedans moi aussi. » Bien sûr il mentait avec un sourire charmant, mais il aurait encore dit qu'il n'y avait pas de mensonges inutiles pour peu qu'ils soient bienveillants, et c'était exactement ce qu'il essayait d'être, bienveillant. Et on soupirerait devant tant de sollicitude, elle en paraîtrait même anormale d'ailleurs ; avec la montée de l'individualisme, qui se souciait encore d'aider les autres ? Qui se souciait encore du principe de solidarité ? Duke, Duke, Duke. C'était l'incontournable rengaine de Duke.

Alors il avait fait l'ultime geste de sa démarche, son bras était naturellement venu se poser sur celui du vieillard, puisqu'il ne semblait pas lui laisser le choix, puisqu'il s'imposait tant bien que mal comme une évidence, comme il était indubitablement évident qu'il ne partirait pas, qu'on ne s'en déferait plus, faisant bien malgré lui du vieil homme le prisonnier de sa gentillesse.

_ Parfait, allons retrouver ce qui vous manque tant... Et que cherchons-nous au juste ?


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Hjörtur Vilhjálmsson


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Hjörtur Vilhjálmsson





Re: Time in a bottle |Hjörtur
16.09.16 18:22

C'est l'angoisse qui s'éveille en douceur après un sommeil trop court, l'anxiété qui palpite sur sa tempe recouverte d'un rideau blanc. Cette petite voix dans sa tête qui le taquine qui l'oppresse tandis qu'il se tient, digne, sur sa canne trop grande volée à qui ne sait. Il attend les questions ou la contrariété suite à cette phrase trop vague, trop distante, qu'il a énoncée d'une voix fatiguée et méconnaissable. Ses cordes vocales ont vibré, raclé entre elles ; quelle étrange sensation sur laquelle il s'étonne d'un air impassible pendant que l'étranger cheveux corbeaux lui glisse – il le sent – des regards, ses iris bleus glissant le long de rides violentes.

« Vous allez mourir, non ? » Soudaine et impromptue, la question étonne. Après un très bref écarquillement de paupières, le vieux fronce ses sourcils broussaille et pose durant un très court instant ses pupilles sur celles du brun avant de les dévier. Malgré ses soucis sur le plan social, sa difficulté à comprendre certains comportements ou à en retenir les algorithmes, il est à peu près sûr que ce n'est pas le genre de remarques à faire à une personne âgée. Par… principe. On ne dit pas d'elle qu'elle est « vieille », on ne fait pas de commentaire sur l'apparence de ses cheveux, sur ses rides, son dos voûté… La vieillesse demeure bien trop taboue pour qu'on se donne une telle liberté de parole en sa présence – sortir de ce tabou serait manquer de respect. Sourire envers cette règle étrange parmi tant d'autres dont il ne comprend pas la raison et l'importance alors même qu'il a revêtu la peau d'un vieux.

Sourire qui affiche un semblant de fatalisme quand il doit illustrer les propos qui arrivent en guise de réplique. « On meurt tous un jour ou l'autre, parfois sans avoir vécu. » Une respiration marquée en guise de pause avant de reprendre. « Mon jour arrivera bientôt je suppose... » et songe qu'à cet âge-là, il souhaitera mourir dans un sommeil paisible au terme d'une vie riche. Grimace contenue quand son dos couine silencieusement un nouvel éclair de douleur, le forçant une énième fois à changer d'appui sur son bâton inadapté. Vieillesse insupportable. Il mourra probablement plus jeune que ça dans sa peau de loup-garou. Il est sûrement plus fort sous cette forme, plus résistant, et l'instinct du monstre sera plus fort que la raison d'un vieil homme fatigué.

Pensant fatigue, Hjörtur s'impatiente, son corps s'impatiente, son souffle s'impatiente. Il annonce un pas vers la porte qui n'attend que lui, lui qui n'attend que le départ de cet importun qui déclare alors comme un couperet trop heureux de jouer le rôle qu'on lui a désigné « Fort bien, vous avez de la chance je comptais justement rentrer là-dedans moi aussi. » Et d'interrompre l'amorce de pas, figer la jambe lourde et faillir de peu, bien de peu, laisser échapper un tremblement quand la main se pose sur son bras, lui provoquant un éclair d'horreur suite à ce contact non désiré, ce lien qui s'attache, ce nœud qui se serre fatalement. Il n'est même pas sûr que le mensonge soit absent dans les paroles de l'étranger, se doute plutôt de l'inverse et d'une volonté toute fraîche de se coller à lui et d'imposer sa compagnie, l'enfermant, l'emprisonnant. Dans un autre contexte, il aurait su passer au-delà de cette répulsion, apprécier l'altruisme qui émane somme toute étrangement de ce regard. Il aurait su percevoir avec profondeur cet appui léger contre son bras, cette amitié toute déployée, cette main tendue dans le but de briser une solitude pesant d'angoisse latente. Un instant, cela lui semble possible. « Parfait, allons retrouver ce qui vous manque tant... Et que cherchons-nous au juste ? » Mais son dos se lamente encore sous forme de douleur et lui tire un soupir.

« Je parlais de la salle elle-même et son lot de souvenirs. Sa quiétude, son réconfort. Je m'y réfugiais lorsque les études m'angoissaient et je trouvais souvent de quoi me prélasser pour le restant de la journée. » il doit préparer le terrain, enclencher une logique qui justifiera l'apparence que prendra la pièce une fois ouverte. Il se redresse pour mieux s'écrouler sur sa canne. « Dans l'immédiat, nous recherchons seulement de quoi reposer un vieux corps fatigué par son propre poids. » Et de marcher vers la porte, enfin, parcourir les deux mètres qui lui semblent vingt. Pressé d'ouvrir malgré l'appréhension, pressé d'entrer, pressé d'affaler ce corps insupportable.
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Duke E. Osborne


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Re: Time in a bottle |Hjörtur
09.10.16 13:47

Duke fut proprement terrifié par son propre écart de conduite. Il n’était pourtant pas si maladroit, ou peut-être l’était-il sans ne jamais s’en être aperçu, ou peut-être avait-il toujours eu ces mots comme des dérapements sans qu’il ne s’en soit jamais rendu compte. Etait-ce possible d’être un tel abruti social ? Dire à une personne âgée qu’elle était sur le seuil de la mort, réellement, cela ne lui ressemblait pas. Ou peut-être trop, justement. Il aurait volontiers cogné sa tête contre un mur pour remettre ses pensées à l’endroit, ou plus, pour se donner l’idée de réfléchir avant de se livrer à de tels excès spontanés.

Sa main libre vint se poser sur celle du vieillard, y tapota gentiment la paume en signe de réconfort. Il rectifia. Quoiqu’il sembla si détaché dans sa manière d’être, si lointain, que les mots ne devinrent qu’énièmes formules de politesses indépendantes de sa réelle volonté.

_ Allons, vous êtes plutôt bien conservé. Quel âge avez-vous ? Tout au plus quatre-vingt-dix-ans ? Vous en faîtes soixante-treize, n’est-ce pas formidable ? Vous devez encore plaire à votre âge, et puis de nos jours, être centenaire, ce n’est plus si insolite. Vous tiendrez bien dix ans de plus facilement. Et dix ans, à votre âge, quand on a déjà tout vécu, c’est bien une petite éternité.

Il s’enfonçait ostensiblement. Qu’aurait-on pu attendre de plus de ce garçon ? Quoiqu’il paraissait bien sincère. Evidemment.

La réponse le laissa un instant dubitatif, si bien qu’il ne put s’empêcher de tourner promptement un visage sceptique vers celui de l’étranger. Duke paraissait méfiant. Quel étrange endroit enfin pour noyer ses angoisses. Au septième étage de surcroît, allons papi, voilà qui n'est pas très raisonnable pour tes vieilles articulations. Il fallait en prendre soin de ces rhumatismes. Comme quoi il fut encore bien aisé de surprendre ce Duke qui s'était attendu à devoir participer à une sorte d'extraordinaire quête. S'isoler là où personne ne pouvait vous trouver, c'était en soit une idée qui ne lui était jamais venu. Sans doute parce qu'il n'avait jamais eu besoin de s'isoler des autres dans la mesure où même en étant là ce fut pour certains comme s'il n'y était pas.

_ Par hasard, si vous vous y réfugiez lorsque vous étiez angoissé... Quelles sont vos angoisses d'aujourd'hui ? A votre âge, on ne devrait plus s'inquiéter de rien, non ?

Mais fallait-il tout rapporter à cet âge ? Enfin, Duke n'était certes pas très subtil. Les filles, il savait y faire, il avait appris sur le tas au fil des expériences, quoiqu'elles fussent toutes infructueuses au final. Mais un vieux, tout de même, ça lui demandait une délicatesse qu'il n'avait toujours pas acquis. Enfin. Il n'était pas vraiment brute, parfois même on le trouvait d'une rare finesse d'esprit, vraiment.

_ Au fait, vous pouvez m'appeler Duke. J'ai un faible pour tout ce qui est faible, ce qui fait que je suis incapable de laisser derrière moi une personne dans le besoin. Hélas pour vous, vous semblez appartenir à cette catégorie.  

Naturellement il parut déçu. Naturellement il n'y avait là aucun mystère, aucune grande intrigue qui les mènerait à dénicher de vieux secrets parmi un monticule de souvenirs oubliés dans la grande salle. C'était exactement ce que c'était : une personne âgée fatiguée par ses vieux os, qu'il aurait juré avoir entendu craquer dans ses rares silences. Mais il était compatissant, Duke. Et son sourire engageant indiquait bien évidemment que ce n'était pas grave s'il n'y avait pas d'énigmes à résoudre, il voulait bien faire office de béquille si cela pouvait soulager un tant soit peu les difficultés du vieillard.

Loin de lui l'idée d'être un indésirable. Enfin si.

_ Naturellement vous n'avez pas besoin de me remercier, et vous n'avez pas à vous sentir gêné. Nous ne nous connaissons pas mais cela est inutile, je sortirai bien vite de votre vie, traitez-moi seulement en touriste.

L'altruisme avait d'agaçant qu'il était désintéressé et que de ce fait on ne pouvait ni le corrompre ni espérer s'en défaire. Duke était la glue d'un instant. Un court instant dans une trop longue existence.

Il hocha doucement la tête. Un siège confortable où installer ce bonhomme, voilà qui ne devrait pas demander trop d'effort à la salle sur demande.

Faisant un pas en avant, le bras tendu devant lui, il obligea avec entrain le vieil homme à suivre son mouvement. Un peu trop enjoué par une situation qui n'avait pas vraiment de quoi l'être, il poussa les portes d'un geste large.  

_ Voyons donc à quoi ressemble votre cachette.
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Hjörtur Vilhjálmsson


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Hjörtur Vilhjálmsson





Re: Time in a bottle |Hjörtur
24.11.16 3:29

Alors il avance, le vieux, parcourant les derniers mètres qui le séparent de la porte mystérieuse. Il n'a plus envie de répondre au jeune homme, n'a plus envie de s'angoisser de sa présence, de ses mots, de ses gestes. Il veut juste attraper la poignée qui n'attend que sa main fripée. Alors il avance, le vieux, mais sait qu'il n'a pas besoin de lever le bras. Dans la fleur de l'âge, Duke ainsi qu'il s'est présenté pousse le battant d'un geste large, d'une force ample.
Et devant lui, devant eux, un appartement. Spacieux, douillet. Chaleureux ? Des couleurs automne et bleu pâle parsèment les murs, les meubles, les tissus. Contre le mur de gauche, un buffet sur lequel trônent deux bols de bonbons. À côté, un frigo de petite hauteur dans lequel attendent un ou deux petits plats à réchauffer d'un coup de baguette. Enfin, une petite table et une chaise contre le mur. À droite de l'entrée l'on devine derrière une paroi en verre opaque une petite salle de bain bien équipée. Pour finir, en face des deux personnes, une imposante cheminée encadrée d'étagères encombrées de livres devant laquelle trône, posé sur un tapis, un canapé cuir teinté chocolat presque entièrement recouvert d'une couverture bleu alice que l'on devine douce.
Devant eux, un appartement presque complet. Il ne manque que le lit, et ses rideaux, sa couette épaisse, sa table de nuit. Que le lit.

Le vieux s'avance, regarde autour de lui d'un œil avisé. Sur les murs pâles comme la banquise au soleil, des tableaux de créatures fantastiques. Dragons, démonzémerveilles, gryffons, hiboux, phénix ; la grande majorité vole dans leurs décors sauvages. Certaines œuvres semblent désertes, ne mettant en avant que la force de la nature ; ici une plage sous un jour de pluie, là une pleine recouverte de neige.
Le bâton qui sert de canne au vieil homme claque doucement sur le parquet cacao tandis qu'il s'avance vers le canapé encadré de deux petits meubles où garder des objets à portée du large siège sur lequel il finit par s'affaler en lâchant malgré lui un fort soupir de soulagement. Instant de réflexion. « Pfff cette Lux ! On s'en passerait bien. » et de balancer nonchalamment la canne sur le tapis en jugeant que ce serait bien la seule chouette dont la suppression ne le gênerait presque pas.

Il ferme les yeux durant ce petit moment où Duke, découvrant encore le lieu, parle assez peu pour qu'il puisse l'ignorer. Il songe à se redresser puis se ravise lorsque il se rappelle la douleur constante qui suinte de son corps abîmé par ce maléfice. Il lève juste le bras pour effectuer un geste maladroit. « Viens donc, puisque tu es là, profiter d'un bon feu avant de repartir à tes occupations. » Il arrive à tenir une attitude qui lui semble bien bien trop détendue par rapport à l'agacement et le stress qui demeurent dans sa poitrine. Il voulait être seul, ok ? Seul, dans cette souffrance, cette punition injuste, cette honte terrible. Seul pour le restant de la journée et de la nuit. Seul, envers et contre tout, seul. Et pleurer, seul. Et boiter, seul. Ruminer, seul. Seul, seul, seul,
seul !
Il clôt de nouveau les paupières pour prendre une grande inspiration. Il est gentil, le vieux, c'est un gentil garçon sous ces rides, qui a peur de faire mal et s'en veut quand il blesse les gens. Un gentil garçon qui se soucie du bien-être de ceux qui lui sont proche et qui, malgré son défaut d'empathie, peut être touché par un visage inconnu tordu par la peine. Parce que ça lui est arrivé d'être blessé, ça lui est arrivé de pleurer au milieu d'une foule d'inconnus, ça lui est arrivé d'être perdu, et il sait à quel point ça peut faire mal.
C'est un gentil gamin, derrière cet air de plus en plus grognon.

Deux petites billes ocres se dardent soudain sur le touriste et les mots claquent, directs enfin. « Que veux-tu ? »
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Duke E. Osborne


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Re: Time in a bottle |Hjörtur
05.01.17 15:54

Ses jambes obéirent docilement, sans qu’il ne s’en rende compte. Il se laissa bientôt tomber à côté du vieil homme, coudes appuyés contre ses cuisses, son menton sur ses mains jointes. Il fixa pensif un point au hasard dans l’appartement. Il ne parla plus, comme il était capable et de s’épancher trop longuement comme de se taire l’instant suivant, sans raison apparente, avec une brutalité presque étrange se renfermer derrière ses lèvres scellées.
Il savait.
Il savait que plus rien ne le retenait, que plus rien ne l’obligeait à rester, que rien d’ailleurs, depuis le tout début, depuis toujours, non, rien. Rien ne l’avait jamais retenu. Tout aurait dû au contraire l’inviter à fuir, à se murer dans sa propre solitude. Le vide aurait dû être cet unique.
Il ignorait tellement.
On n’attendait rien de lui. Il espérait seulement le contraire. Il aspirait seulement à cette consistance que personne ne savait lui donner. Il leur en voulait. A tous. Même à cet homme qui ne lui avait rien fait, même à cet homme à qui il n’avait jamais voulu que du bien depuis qu’il l’avait rencontré, dans la seule idée de se faire du bien à lui-même.
Il leur en voulait de ne pas avoir fait de lui quelqu’un d’important. Peut-être voulait-il bien quelque chose. Il le sentait mais demeurait dans l’incapacité d’y mettre un nom, des mots. Que voulait-il ?
Il essaya.
_ Je veux… Je veux…
Il n’acheva pas, comment aurait-il pu tandis qu’il ignorait jusqu’à ses désirs les plus existentiels, les plus criants ?
Il se mura. Il se renferma.
Il aimait si peu parler de lui.
Vain. Il était vain envers lui-même. Comment aurait-il seulement pu l’être envers un autre ?
Il l’ignorait, mais moi je sais. Il voulait qu’on lui rende ces vibrations humaines, qu’on encombre son espace de mots futiles, qu’on créait de toute pièce un appartement dans sa tête, qu’on lui mette le feu au plancher afin de lui réchauffer l’âme. Il voulait une salle commune dans son cœur, des joies. Il voulait en finir avec son deuil qui le hantait encore de l’intérieur, qui rongeait sa peau, qui anéantissait ses rêves.
Il voulait un foyer.
Il voulait tout.
_ Je vous veux vous.
Il aurait aimé avoir un grand-père.
Il aimait les vieux.
Et s’il avait demandé, l’aurait-il adopté ?
Comme c’était ridicule.
Il se tut.
_ Et vous, que voulez-vous ?
A son tour il détourna le regard, fixa les paupières auréolées de rides. Il aurait pu demander s’il n’avait pas besoin d’un garçon, même d’un petit-fils spirituel, s’il ne voulait pas de lui. Mais à la vérité, il craignait de connaître la réponse. Il craignait aussi de ne pas pouvoir lui accorder la solitude désirée. Car lui avait besoin de compagnie.
Il se savait grotesque.
Grotesque mais honnête.
_ Je suis à cours de prétextes donc je vais vous parler franchement. Je n’ai pas l’intention de sortir de ce canapé. Nous allons passer l’après-midi ensemble que vous le vouliez ou non. Vous me pardonnerez ma brutalité, mais je ne vous demande pas votre avis. En d’autre terme : je vous séquestre à partir de maintenant.
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Re: Time in a bottle |Hjörtur

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