when ur cringy & u can't help it | Luigi

Septembre 2016

« Genre du coup j'allais en cours de Potions. C'est un peu comme la chimie, en fait, sauf que les noms des espèces qu'on utilise sont plus prononçables... Quoique ! Franchement ça dépend ! »
Leoti se promit mentalement de ne pas évoquer l'odeur humide qui se dégageait des murs de pierre sombre et froide des Catacombes. Ni elle,
ni les torches rudimentaires qui projetaient sur les murs des ombres mouvantes qui frémissaient avec leurs flammes lorsqu'une cape se soulevait à la suite des pas pressés de son propriétaire,
ni le dépit et le découragement que lui inspiraient la froideur catégorique et sans appel de son professeur
(sans parler de sa taille immense et de ses indénombrables tatouages rouge sang)
— elle ne voulait pas inquiéter ses parents, qui restaient suspicieux à l'égard de la magie, et n'en cherchaient que plus à protéger leur fille chérie.

Oui, non, elle préférait garder ça pour elle
— éventuellement s'en plaindre à mi-voix à son partenaire de paillasse entre deux Agiter la baguette —
Elle accéléra le pas, pour éviter d'être en retard, un peu, et pour rattraper Luigi, surtout. Il était dans la même année qu'elle et la même maison, et lui, il s'en sortait très bien en potion.
« Salut Luigi ! Ça va ? Dis on pourrait s'asseoir à côté en cours de potion ? T'as l'air d'aimer et ça et moi j'm'en sors pas, haha ! — c'était un drôle de rire embarrassé, ça. Nan, sérieux. T'es d'accord ? »

Luigi aimait le prochain cours, potions. Il allait s'éclatter. Comme d'habitude. Bien qu'il avait tout le mal du monde à avoir un partenaire. Car il était genre très méticuleux. Comme en pâtisserie, chaque erreur pouvait se payer cher, très cher. Il serrait manuel. Oui, il avait déjà sorti. Il saluait brièvement le prof, pas étonné pour un sou de son comportement. Chaque fois, ce jour-là, il s'empressait de filer. Le sourire joyeux sur son visage. Encore un peu plus, il sauterait en s'avançant. Mais il restait soft. Il arrivait en cours, tout content, il s'installait vers l'avant, mais pas trop. Il aimait le cours, mais il n'allait pas imposer son choix à celui qui aurait le courage de venir à ces côtés. Il n'était pas si effrayant que ça. Juste qu'il avait parfois cette impression. Il se retournait en entendant une voix haut perché. Une personne de sa maison. Il souriait.

« Salut, mademoiselle. Bien sûr, installe-toi avant que le prof rapplique. J'adore ce cours. Pas parce que tu es moins doué que tu n'aura pas ta part de travail. Ne t'en fait pas. Je ferai en sorte que la potion soit parfaite. Si tu es d'accord de suivre un peu mes directives, pas de souci. Même si je t'avouerai, que je n'aime pas donner des ordres... Désolé d'avance si je me comporte mal. »

Ce n'était pas nouveau ça. Il se voyait assez mal en tant que leader. Mais il devait faire des bonnes potions, hors de question d'avoir une note en dessous de A dans cette matière. Cette façon de noter était étrange, propre à la communauté sorcière. Il avait tout le mal du monde à comprendre tous ces paliers. Qu'est qui différenciait un P d'un T ? Sûrement pas grand chose...

Le prof faisait son entrée, ce qui était bon pour Luigi. Il sortait son carnet, là où il notait ces recettes. Il n'allait pas laisser cette demoiselle dans les soucis. Bien qu'il connaissait pas son nom. Il avait raté l'occasion de lui demander. Sa méfiance l'avait conduit à être assez isolé pour un jaune et noir. Il avait des amis, bien entendus, mais assez rares. Le jeune sorcier lisait la recette, heureusement pour lui, c'était assez simple. Il sortait ses outils.

« Si on allait chercher les ingrédients ensemble, une paire de main supplémentaire ne seront pas de refus. »

Il aurait pu y aller seul, mais son but n'était pas qu'il fasse tout. Entre pouffy, ils devaient se serrer les coudes.

Elle retient un gloussement quand il l'appelle « mademoiselle ». C'est que, ah, les sorciers... Ils sont souvent perchés. Enfin, c'est un constat.
« Je rencontre plein de gens... Euh... Spéciaux ! Mais, quelque part, ils le sont pas plus ou moins que les gens des pays où on a été. C'est une autre culture, en fait, c'est tout. Mais qu'est-ce que ça me fait marrer ! »
Avec un petit « yes ! » sur le bout des lèvres, elle se place derrière le banc sur lequel est assis Luigi.
« Merci ! Et t'inquiète pas , cap'tain ! fait-elle en singeant un salut militaire, dressée de toute la hauteur de son mètre soixante. J'obéirai au doigt et à l'œil. »
Sur ce, elle pose son derrière sur le banc et passe ses jambes par-dessus en pivotant, pour s'accouder à la table et tourner la tête vers lui en souriant. Pour s'apercevoir qu'il lit la recette du jour. Un rapide coup d'œil vers l'avant lui fait apercevoir le Très Terrifiant Môsieur Rollins, oui-je-sais-mes-cheveux-sont-très-longs de son petit nom. Leoti ne l'aime pas particulièrement. Parce qu'il ne répond pas à ses bonjours, notamment. Leoti fait beaucoup de raccourcis. Qui ne rend pas les bonjours est un ventilateur. Et un ventilateur, c'est l'une des déclinaison d'un oignon. Un oignon étant une personne ayant plusieurs visages et/ou faisant pleurer les yeux et couler le nez.

Alors, Leoti sort son livre et y plonge son nez. Fait semblant de savoir lire. L'alphabet, elle connaît, mais la flore citée lui est étrangère. Lorsque Luigi lui propose d'aller chercher les ingrédients, elle accepte avec la détresse coincée dans la gorge à son hochement de tête : « Ouais, bien sûr ! »

Elle se lève, se met debout sur le banc et saute à terre en écartant ses bras comme des ailes déplumées ;
« Au fait, j'avais capté ton prénom mais je me suis pas présentée. Je m'appelle Leoti ! »
dit-elle en le suivant vers l'avant de la classe.
« Tu peux me dire à quel nom correspondent les ingrédients ? Y a trop de nouveaux trucs et j'ai rien compris. »

Luigi pouffe doucement, cette demoiselle était comique. Elle ressemblait à une de ses filles un peu surexcité pour un tout et un rien. Elle plaisantait sur des choses, les rendant moins sérieuses. Un talent qu'il ne possédait pas. Il avait tenté de l'avoir. Mais sans grand succès. Le jeune sorcier souriait, il partait sur un bon sentiment envers sa camarade. Il serait un peu moins méfiant avec elle. Il la conduit à la réserve avec un grand sourire. Il allait avoir un cours assez drôle. C'était amusant de voir comment ses capacités étaient vite repérées. Il n'avait pas été si démonstratif que ça ? Si. Il n'en savait rien. Elle le renseignait sur son prénom, original, comme la personne qui le porte. Digne des jaune et noir.

« En général, les potions du premier degré sont assez simples, il y a des ingrédients classique, tel que les ailes de chauve-souris, mais aussi des choses plus spécifique, comme ces fèves. »

Luigi les prenait. Car il fallait être prudent avec ce genre d'ingrédients un peu fragiles.

« Comme tu vois, dans ton livre, elles ont un nom bien particulier. Essaye de deviner. Je m'en occuperai. »

Le jeune sorcier déposait des ingrédients dans ses bras, satisfait. Il retournait à la table. Il étendait des ingrédients, rien de bien compliqué. Il souriait.

« Tu peux allumer le feu, j'ai peur de faire tout exploser...S'il te plaît... »

C'était presque arriver. Il avait peur rien que d'y repenser. Autant qu'il profite un peu de son duo. Bien qu'il s'était débrouiller pour ne pas trop donner d'ordre ou des réponses toutes faites. Il n'allait pas la demoiselle rester nulle. Il l'aidait à mieux approcher la matière, en jouant. C'était comme ça qu'il avait appris à cuisiner avec sa maman. Riant de choses stupides. Mais le sujet était un peu plus sérieux.

« Et tu n'as pas lu les potions plus compliqués. T'imagine travailler en première année avec des potions à stase. Je te rassure, ça viendra en temps et en heure. Surveille le feu, il ne faut pas que la flamme soit trop haute. »

Luigi respirait à fond, il devait rester coçncentrer. Alors par automatisme, il commençait la potion sans laisser à Leoti le temps de faire quoique ce soit. Il s'arrêtait un moment pour vérifier la couleur. Il était en bonne voie.

« Enchanté Leoti, je manque à mes devoirs... »

Luigi entonne sa tirade didactique
« En général, les potions du premier degré sont assez simples, il y a des ingrédients classiques, tels que les ailes de chauve-souris, mais aussi des choses plus spécifique, comme ces fèves. »
et Leoti glousse tout du long. Non, pas tout du long. Elle sourit d'abord au « en général », a un petit spasme aux sourcils à « assez simples », souffle du nez à « ingrédients classiques » et n'émet son cri d'oiseau de basse-cour qu'à « ailes de chauve-souris ».
« 'Scuse, mais pour moi, ingrédient classique, c'est, allez, tomate, patate, bacon... »
Elle se reprend.
Reprend son souffle, et écoute de nouveau, sérieusement, en ramenant avec elle sa panoplie de charlatan. Sur la table, elle les dépose, et s'accoude face à son livre pour passer en revue la liste d'ingrédients avec les sourcils froncés jusqu'à s'en joindre.
Rien.
« Tu peux allumer le feu, j'ai peur de faire tout exploser... S'il te plaît... »
Ah ! Ça, Leoti connait ! Allumeuse de réchaud. Voilà une utilité pour dénier sa futilité. Leoti hoche la tête avec un « bien sûr ! » et remonte les manches de son pull en laine sombre. Elle agite sa baguette en murmurant : « incendio ! », et des flammes pointent et embrasent le charbon du brasero.
Leoti, main sur les hanches, a un sourire satisfait.
« Voilà ! Et sans rien faire sauter ! »
Elle tourne la tête Luigi, puis se rappelle de sa quête initiale : le nom des fèves.
« Attends, tu permets, j'ai pas encore trouvé comment ces fèves s'appelaient... »
Elle se penche de nouveau sur son manuel.
« Et tu n'as pas lu les potions plus compliqués. T'imagine travailler en première année avec des potions à stase. Je te rassure, ça viendra en temps et en heure. Surveille le feu, il ne faut pas que la flamme soit trop haute. »
Leoti s'affaisse, suppliante, sur la paillasse, avec un je ne vais pas m'en sortir sur le visage. Potion à stase. Qu'est-ce que ça veut dire !
Leoti ne connaît même pas ce mot, à la vérité. Stase. Elle pousse un long pfff avec les joues gonflées et se redresse sur ses mains, au bout des bras musclés. Elle surveille le feu ; elle regarde la flamme. La flamme danse, tremblote ; Leoti lui fait de gros yeux comme pour lui intimer de ne pas déconner.
Du coin de l'œil, elle surveille aussi son partenaire de paillasse, qui, lui, s'assure de tout faire et veille à le faire bien. Il a l'air tellement concentré, qu'elle n'ose pas l'interrompre. Elle se contente de le regarder, en se disant qu'il faut retenir pour pouvoir et l'imiter et en oubliant au fur et à mesure que les images se succèdent, celles qui ont précédées.
Toutes, sauf : regarder dans le chaudron. Regarder dans le chaudron, et pour Leoti c'est comme regarder la surface d'un lac. Voir son reflet dedans peut-être, ou celui de la couleur du ciel. Regarder s'il y a des poissons, ou si c'est profond, enfin, il y a plein de raisons de regarder dans le chaudron.
« Enchanté Leoti, je manque à mes devoirs... »
Leoti lève la tête du chaudron vers lui, et dit : « oh ! Haha, y a pas de souci. Enchantée aussi ! »
Elle s'approche et regarde à l'intérieur du cercle noir, la potion fumante au fond. Elle la contemple avec attendrissement et dégoût, palpitante comme un cœur qui bat, comme on regarde un bébé monstre qui fait ses premiers pas, et demande à Luigi sans la quitter des yeux :
« Tu regardais quoi, au juste ? »

Luigi se met à rire, il peut comprendre la logique de la jeune fille, elle était sûrement moldue en partie ou entièrement. Car elle parlait des ingrédients naturels, ceux qu'utilisaient les non-magiciens pour faire des choses extraordinaire. Ce à quoi le jeune sorcier aspirait un peu avant de se retrouver ici. Il ne peut s'empêcher de la trouver adorable, à sa façon, son comportement était attachant. Il se demandait si c'était une bonne idée de se lier d'amitié avec elle. En plus son sort pour allumer le feu était impeccable. Elle en était toute fière. Il avait une envie folle de lui frotter la tête.

« C'est bien, moi je sais qu'une fois sur deux, je risque de l'exploser. »

Motivé par ces paroles, la demoiselle voulait vraiment trouver les noms des fèves. Il pouvait en chercher un. Lui confier le remuage de la potion. C'était une idée. Mais il avait un peu peur qu'elle se perde dans les comptes. Elle lui demandait ce qu'il avait regardé ainsi.

« La couleur, Léoti, ça indique si la potion en en bonne voie, et elle l'est, grâce à te surveillance étroite de la potion, si tu veux, j’essayerai de t'expliquer un peu. Là, on est beaucoup pris par le temps. C'est comme en pâtisserie, chaque seconde peut compter. La préparation d'une potion, c'est quelque chose de délicat. Mais je vais te confier une mission importante. Tu es prête. Faire tourner trois fois dans sens des aiguilles d'une montre, puis un tour dans l’inverse, puis arrêter tout.Si la potion devient violette, on aura réussi, si elle devient verte, fuis. Autre couleur, j'avoue ne pas trop savoir. Mais je crois que rester à proximité n'est pas conseillé. »

Luigi voulait vraiment que Léoti apprécie un peu plus le cours de potion, il était un mauvais prof, car il se sentais souvent moyen, il faisait toujours de son mieux, et surtout dans ce cours, c'était son favori. Le bâcler serait rabaissant pour monsieur au tatouages étranges. Il tenait à avoir autant de talent que cet homme plus tard. Il espérait continuer ce cours dans les options possible que lui offrait le cours.

« En attendant je vais rechercher une fève pour t'aider à trouver de quoi il s'agit, je le rendrai au prof à la fin du cours. N'oublies jamais que la couleur indique si la préparation est bonne ou non, c'est souvent écrit dans le manuel. »