je suis faible je suis faible
impuissante et carrément pas courageuse
et dans ce couloir je me fais écraser par les couleurs
le jaune
le bleu
l'orange le rose le violet et même le blanc même si ce n'est pas vraiment un pigment
et quand tes doigts frôlent ma peau (régulièrement) et quand ton pinceau glisse le long de mes omoplates je me sens écrasée carrément faible et surtout pas courageuse
je crois que je me suis résignée
je crois que je suis qu'une lâche
car je ne fais pas le poids face à tes excuses face à ton contact qui me fait frissonner et il n'y'a rien d'amoureux
c'est vraiment ((carrément)) physique
tout est carrément tout avec toi
carrément dingue
carrément coloré
carrément artistique
carrément peinant (quand tu vois dans ma peau que je prends soin d'entretenir qu'un textile précieux qu'il ne faut à tout pris pas perdre qu'il faut préserver et flatter)
c'est ça n'est-ce pas sören
je ne suis qu'un ramassis de peau albâtre à tes yeux c'est ça sören n'est-ce pas
(puis-je te blâmer)
car je suis actrice ((p r o t a g o n i s t e)) de cette tragédie qu'est l'art car je suis obnubilée par tes effleurements
c'en est devenue une obsession malsaine tu sais
je te tends le bâton pour me faire frapper en dévoilant ma peau et je ne sais pas si tu te rends compte que pour moi c'est important que je suis vraiment vraiment bizarre vraiment vraiment accrochée à ton oeuvre à devenir une partie singulière de chacun de tes dessins
et que j'ai terriblement peur de te perdre
alors j'ai tût mes désirs (comme d'habitude) et j'ai souri j'ai ri j'ai même arrêté de respirer pour pas que ma poitrine qui se gonfle n'écaille pas les pétales dessinés sur mon épiderme tendre
j'ai essayé d'être parfaite car à défaut d'avoir pu bâtir bien plus avec toi j'ai commencé
un
d é b u t
((d'empire))
c'est déjà pas mal non
il faut bien commencer par quelque part non
et ici c'est la loi du plus beau ici y'a rarement des professeurs qui passent y'a que les artistes à cette heure-ci même des gens sans complexe qui étalent leur art pour écraser celui des autres pour agiter les bras et dire
((hep j'existe))
y'a des dessins qui bougent ((d'autres pas))
sören savais-tu que je préférais ceux qui sont immobiles
(je crois que oui)
car je parle beaucoup trop
alors j'attends alors je suis là et j'admire je t'attends car c'est ainsi car c'est tout le temps moi qui arrive en avance tout le temps moi tout le temps moi (est-ce un signe d'addiction dis-moi) de patienter sans crainte les yeux fermés ou ouverts à griffonner simplement sur un bout de papier les mots qui me viennent
je ne décore pas les murs
car je suis de ceux qui ont un art bruyant et éphémère qui ne tâche rien à part les esprits et les croyances
je guette ce qui ressemble le plus à l'entrée de ce couloir
et à chaque passant j'écarquille les yeux pensant avoir affaire à toi
dommage que la voûte étoilée ne soit pas dessinée sur le dôme
((un jour j'aimerai que tu dessines les soleils l'astronomie selon ton point de vue sur mon dos))
et tu te dessines là ombre chatoyante ((non pas vraiment une ombre en fait)) silhouette
ou plutôt toi ou plutôt sören c'est joli sören n'est-ce pas
et je me lève et j'accours (je crois que je suis bizarre sören c'est grave)
c a r r é m e n t
bizarre
car c'est toi qui me rends carrément
je souris tellement fort et ça me fait mal à la mâchoire
sören ! je suis contente de te voir ! tu sais déjà ce que tu veux faire ?