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 Des mots qui brûlent mes lèvres (Argus)

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Stella S. Grant-Sinclair


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Date d'inscription : 30/05/2016

Stella S. Grant-Sinclair





Des mots qui brûlent mes lèvres (Argus)
24.07.16 14:19

Elle observait les minuscules grains jaunes d'un regard curieux. Du sable. C'était la première fois qu'elle venait à la plage. Il y avait quelque chose sans doute d'enfantin, à voir de loin, remuer ses doigts de pieds faiblement avec maladresse, droite et guindée comme à l'accoutumé.
Stella aimait bien ce contact granuleux, ses chatouillis sur sa peau qui n'était que trop pale. Grisée par cette première expérience, elle décida d'enlever ses tongs et s'approcha de la mer dont les vaguelettes venaient titiller timidement le bord de plage. Avec précaution, elle glissa un pied dans l'eau. Et si elle n'avait pas été Stella, elle aurait sûrement poussé un petit cri de surprise, tant le contact avait été froid. A la place, elle se pinça la lèvre inférieure, une joie dissimulée animant ses traits ternes. Elle qui avait été si réticente à ce voyage, commençait à apprécier désormais toutes les possibilités qu'il offrait, comblant surtout des désirs inavoués de liberté. Parce que pour Stella qui ne jurait que par sa famille et les obligations qui convenaient au prétendu statut social d'une famille de sang-pur, elle s'était toujours refusée, par diligence, de même songer à s'adonner à quelques activités ne bénéficiant pas à son futur ou à sa famille. Ainsi elle avait jusqu'alors passé l'entièreté de ses étés, et ce depuis sa jeune enfance, à aider son père sur le chemin de traverse ; Les Grant étant propriétaires d'une boutique notoire et réputée de potions.
Mais pour la première fois depuis bien longtemps, il n'y avait à l'horizon pas l'ombre d'une obligation, seulement quelques remous un peu éloignés, dont l'écume blanche la laissait contemplatrice et rêveuse.
Et face à ce soudain trop plein de liberté Stella se retrouvait sincèrement démunie. En dehors de quelques rêveries, de quelques fictions, accordées au gré de quelques caprices, elle avait toujours su meubler son emploi du temps de telle manière à ne pas céder à l'inaction. Sa mère répétant toujours et sans cessela paresse est l'oreiller du diable, Stella avait pris à coeur cette maxime, s'efforçant de toujours être productive. C'était devenu naturel, presque une seconde nature.
Or à présent elle était là face à l'étendue infinie de choix que lui offrait Nukunonu. et dans cette abondance de possibilités, Stella dont la simplicité se résumait le plus souvent à quelques livres, quelques devoirs, se retrouvait à présent bien perdue sans les deux.
Son attention fut soudainement happée par des cris d'enfants. Elle se retourna pour voir deux petit garçons qui courraient dans sa direction sans pour autant lui prêter attention ; Ils semblaient jouer sans accorder d'intérêt à quoique ce soit d'autre. A leurs peaux basanées, Stella devina des natifs. Songeuse, elle observa ce teint hâlé dont les teintes mordorées lui faisaient songer à du bronze. Cet exotisme lui arracha un faible sourire tandis qu'elle continuait de les observer s'amuser.
Un peu absente, elle ne remarqua pas que le plus grand des deux de dos et trop proche se retourna brusquement avant d'involontairement la bousculer dans l'élan de sa course. Déséquilibrée Stella chuta. Elle sentit le sable mouillée sous ses mains. Elle était désormais un peu assise avec les genoux fléchies. L'eau lui parvenait presque au niveau du coude. Toute sa partie postérieure était submergée.
Et les deux garçons n'avaient rien remarqués, s'étaient un peu éloignés et courraient toujours au loin. D'avantage surprise qu'irritée Stella s'apprêta à se relever. Quand il y eu cette main tendue vers elle, cette silhouette qu'elle n'avait pas vu approcher parce qu'elle avait observé les deux gamins un peu plus tôt.
Elle croisa son regard alors qu'elle acceptait la main qu'on lui tendait. Le temps parut alors se suspendre. Même à contre-jour elle avait reconnu Argus Jupiter Jones. Et la première chose qui lui vint à l'esprit fut de murmurer son nom. Tout bas.
Comme si elle n'était pas certaine s'il s'agissait réellement bien de lui ou pas.

Argus.
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Invité


Anonymous





Re: Des mots qui brûlent mes lèvres (Argus)
25.07.16 23:52

Il avait fallu que ce soit elle.
Quel pied décidemment.
Argus s’était arrêté subitement au milieu de son geste, alors qu’il tendait une main secourable à la demoiselle en détresse qu’il avait vu chuter un peu plus tôt ; Accidentellement bousculée par une paire de gamins un peu distraits. A l’allure qu’elle avait, il avait deviné avec facilité un condisciple et son air un peu rigide, un peu bancal ne l’avait nullement interpellé ; Après tout beaucoup de britanniques ne connaissaient la plage que de très loin.
Mais il avait fallu que ce soit elle.
Stella.
Et Argus était prêt à tout sauf à ça.
Il la regardait à présent, une main s’ébrouant faiblement dans le vide qui s’étalait entre eux, une mine déconcertée collée à la figure. Argus Jones, d’habitude si nonchalant, si superbe dans son indifférence, semblait pris de court comme rarement. Et c’était bel et bien le cas. Il s’agissait de retrouvailles imposées entre deux personnes ayant passées l’accord presque tacite de s’éviter et qui avaient donc fait de la sorte pendant deux petites années, malgré quelques cours et connaissances en communs. Argus trop blessé par le marbre, la roche qu’était le caractère de Stella lui avait toujours reproché son indifférence envers lui et leur relation. Une sorte de détachement palpable qui l’avait au début rendu particulièrement désirable avant que cela ne la rende particulièrement détestable, quand bien même elle jurait faire de son mieux. Et irascible elle n’en avait jamais démordu. Lui avait fait de même pour son opinion.
Et c’en fut tout d’Argus Jones et de Stella Sinclair.
Dès lors, leurs fiertés respectives avaient creusées un gouffre insondable les séparant toujours un peu plus. Avec le temps s’était ajouté une bonne dose de ressentiment, du moins c’était le cas pour lui. Il restait amer d’avoir tant donné de lui, d’avoir été prêt à donner tant de lui pour au final faire face au mur insurmontable qu’était l’attachement profond de Stella au noyau gangréneux de l’élitiste société traditionnelle sorcière. Il ne lui pardonnait en fait pas, d’avoir été si bas dans ses priorités.
Et pourtant malgré toute cette bile amère, les lèvres d’Argus restaient soudées entres elles. Et soudain il y eu pulsion nostalgique, un murmure poussé faiblement, aveu qu’un jour il l’avait aimé férocement.

- Stella.

Et il s’était tut de nouveau. Ses yeux bien malgré lui, s’arrêtèrent sur les cils d’encres de Stella, sur l’éclat terne de ses yeux et cette posture maladroite qui lui seyait si peu. Un pouffement spontané vint le secouer, oscillation enfantine en constatant à quel point il était rare donc précieux de la voir dans une telle position. Et l’air si sérieux, si morne qu’elle avait comme s’il s’agissait de la chose la plus normal du monde fabriquait un merveilleux contraste.
Mais Stella n’était pas faite pour rester ainsi plus longtemps. Alors il la releva avec douceur, parce que Stella n’était pas le genre de personne qu’on brusque. Et elle était là, le cul trempé, les jambes ensablées, devant lui comme ça n’avait plus été le cas depuis leur séparation. Cette drôle de vision lui procura un sourire taquin, un peu surpris, un peu rêveur. Il avait oublié à quel point Stella était élégante. A quel point son visage anguleux et régulier, lui conférait cet air si grave quand elle ne souriait pas. Mais aujourd’hui d’habitude si soignée dans son apparence, elle avait été pourtant décoiffée et il s’agissait de quelque chose d’assez inédit. La plupart du temps, les cheveux de Stella était relevée en divers chignons qui ne souffraient d’aucune rebellions.

- Il faut te sécher.

Et il sortit sa baguette. Un tergeo avait suffi pour se débarrasser de l’eau qui avait trempé ses vêtements. Et un récurvite pour faire fi du sable.
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