Je cherchais vaguement Aili parmi la foule, un réflexe que j'avais toujours même dans des moments comme celui ci. J'avais du mal à fixer mon attention sur les gens autour de moi, tout dansait étrangement, les lumières devenaient éblouissantes et hypnotisantes Je fermais les yeux quelques secondes, secouant vaguement la tête au rythme de la musique qui reprenait lentement. Qu'est ce que j'allais faire maintenant ? La question me traversa rapidement l'esprit sans réellement s'y attarder, l'alcool noyait mes pensées désormais, j'aurais tout aussi bien put passé le reste de la soirée accoudé à ce bar sans que ça ne e gêne. Les yeux fermés pour laisser mon esprit vagabonder à sa guise en s’inventant un autre vie ailleurs. C'était une fuite comme une autre, je me sentais pas mieux pour autant, mais je pouvais garder ce sourire sur mon visage suffisamment longtemps pour pouvoir regarder Aili dans les yeux et lui dire que ce qui venait de se passer c'était pas grave. Elle aura peut être suffisamment bue pour y croire et remettre cette conversation à demain. Comme ça je pourrais passer mon temps à éviter ses questions et faire comme si rien ne s'était passé. Un peu comme elle avait l'habitude de le faire. Pour une fois ce sera moi la coquille fermé.
Je me détourne de la foule, attrape un autre verre et le vide lui aussi. Je savais plus tellement combien j'en avait descendu depuis le début de la soirée mais je savais que le réveille allait être douloureux, alors quitte à avoir une gueule de bois carabiné autant y aller jusqu'au bout. Avec de la chance j'allais oublié cette soirée, je pourrais me convaincre qu'elle a été super et me contenter de ce que les gens raconteront. Oublier. Ça semblait facile à faire comme ça, mais ça l'était certainement pas. C'était chiant, et j'aimais pas ça alors j'essayais de relativiser un peu en essayant de ne pas trop penser à lui ou à demain quand on se recroisera à nouveau. Peut être qu'on pouvait s'éviter toute notre vie.. J'en avait pas envie, mais j'étais pas certain que lui courir après soit tellement mieux. Ne plus y penser. Profiter de la soirée et de ceux qui restent. Aili allait revenir, pour une fois je pouvais l'attendre.
Je senti quelque chose sur mon épaule et me retourne en m'attendant à voir le visage de ma sœur. Mon cœur rata un battement en découvrant le visage de Rief juste à coté de moi. Finalement il était revenu. J'étais incapable de cacher ma surprise et ne chercha pas particulièrement à le faire. Pourquoi est ce qu'il était revenu au juste ? Il avait l'air assez gêné, ce penchant vers moi pour me parler à l'oreille et me demander si on pouvait aller parler ailleurs. J'arrivais même pas à articulé, un peu surpris et paniqué de la situation. Je le fixe simplement en secouant la tête de bas en haut pour acquiescer à sa demande. Incapable de parler à cause de la boule d'angoisse qui était venue se loger dans ma gorge. Je m'étais redressé, essayant de ne pas trop tanguer, mes jambes étaient étrangement fébrile à cause de l’alcool et de l'émotion. C'était un peu bizarre, mais je crois qu'on avait besoin de ça tout les deux, alors je lui désigne la sorti d'un signe de tête. Dehors c'était peut être mieux pour parler. Au calme, à l’abri des regards et sans avoir besoin de hurler.
De quoi il voulait parler ? De ça bien sur. Quoi d'autre ? L'air frais de la nuit eu au moins l'avantage de me réveiller d'une bonne claque. Les gens stagnaient devant la porte, certains fumaient, d'autres évacuaient le surplus d'alcool de divers façons. Finalement je suis pas certain que ce soit le meilleur endroit pour parler mais je crois que je m'en fichais un peu. Je voulais juste comprendre ce qui ce passe si possible au calme pour éviter de me mettre à vomir d'angoisse moi aussi.
Une fois assez loin des fumeur pour ne pas subir leurs fumée, je m'étais assis sur une grosse des grosses pierres qui parsemaient la rue. Assis c'était mieux. On sait jamais. Je me décide à relever la tête vers lui, m'attardant quelques secondes sur l'éclat de ses yeux, juste assez pour y voir le trouble. Il avait l'air mal, c'était ma faute je sais mais j'avais aucune idée de quoi dire pour que cette situation soit un peu moins gênante... Je triturais nerveusement mes mains en cherchant les mots. Mais quoi ?
« .. ça va ? »
Super. Je crois que c'était l'entrée en matière la plus stupide que j'aurais put sortir à cet instant. Bien sur que ça va pas... Il venait de prendre la fuite et semblait sur le point de le faire à nouveau. Heureusement que j'avais trop bus, ça rendait ma propre connerie un peu plus supportable. J'étire un sourire en guise d'excuse à cette approche minable et me contente d'un regard pour la suite. C'était mieux comme ça.
Il accepta de me suivre en silence. C’était déjà ça. Je sentais mon coeur battre alors que je faisais demi-tour, retournant sur mes pas pour retourner vers l’extérieur. Qu’est-ce qui allait se passer ensuite ? Comment ça allait se terminer ? Je n’en avais pas la moindre idée. Dehors, toujours la même clique, entre ceux qui prenaient l’air pour fumer et ceux qui s’en allaient un peu tôt, souvent accompagnés, pour participer à d’autres activités. Kieran marchait, avec son pagne et ses baskets lumineuses. Mais cette fois-ci on pouvait oublier la joie et le côté joueur de tout à l’heure. Le jeune homme qui était assis sur ce rocher devant moi me paraissait fatigué et abattu. L’alcool ne devait pas aider c’est vrai mais... c’était ma faute. Lui qui était une personne si solaire, si énergique, au sourire chaleureux...la dernière fois que je l’avais vu comme ça, avec ce faux sourire, c’était quand il s’était disputé avec son père.
Je l’ai rendu malheureux.
Je me tenais debout en face de lui alors qu’il brisait ce silence pesant avec une petite phrase habituelle et convenue.
« Heum...o-oui...et...et toi ?»
Question stupide et mécanique. Entrée en matière maladroite et petit mensonge. J’enfonçais mes mains dans mes poches. Non ça n’allait pas. J’étais plus stressé qu’à un examen. Un examen on peut le recommencer. Ce n’est pas le cas d’une précieuse amitié. Je passe ma main dans mes cheveux puis je secoue la tête avant de combler rapidement ce fichu silence avec des mots.
«Je..euh…merci d’être sorti discuter. Je...je voulais savoir...»
Pourquoi est-ce que c’est si difficile de parler ? Pourquoi est-ce que j’ai une boule dans la gorge comme ça. Je la touche momentanément et je regarde ailleurs. C’est difficile de lui parler et de le regarder. Je m’éclaircis la gorge et je recommence. Il faut que ça sorte de toute façon. Si je continue de garder ça à l’intérieur de moi, j’ai la sensation que ça va exploser. Je regarde ses baskets. Je ne peux pas regarder son visage. Parce que j’ai honte. Parce que j’ai peur aussi, peur de ce que je vais lire dans ses yeux, de ce que je vais me mettre à penser.
« Je voulais savoir...ce que ça voulait dire. Je veux dire… ce qui s’est passé sur la piste de danse. Le.. quand tu m’as embrassé. Est-ce que...ça voulait dire quelque chose? Ou bien c’était juste pour t’amuser, ou je sais pas...Parce que moi ça-ça m’a bien embrouillé tu vois. J’ai pas...j’ai pas vraiment l’habitude...du tout. Et j’ai vraiment besoin de savoir quoi parce que sinon...je vais juste m’embrouiller encore plus. »
C’était loin d’être clair et calme et mesuré comme je devais l’être normalement. J’avais l’impression que je ne parvenais pas à exprimer correctement ce que je voulais dire. J’avais peur que Kieran le prenne mal. J’avais peur de le blesser à nouveau. Mais ce silence...je ne le supportais pas. Alors je comblais comme je le pouvais, avec mes balbutiements.
Il dit que ça va. Une réponse évasive à une question un peu stupide. Je voyais bien que quelque chose n'allait pas et il devait se douter que c'était assez flagrant. Mais je le laisse prendre son temps pour me parler s'il en avait envie. Peut être que j'aurais due faire l''effort de commencer mais j'avais juste aucune idée de ce qu'il avait besoin d'entendre. Désolé ? Peut être.. J'en sais rien, alors je reste silencieux quelques secondes à simplement l'observer. C'est la première fois que je le vois comme ça. Normalement il est toujours assuré, il sait ce qu'il faut dire, quand il faut le dire. Pas d'hésitation. Pourtant là il fixais mes pieds avec soin juste pour pas avoir à croiser mon regard. Il avait l'air au moins aussi perdu que moi et tenta de s'exprimer en bafouillant. Rief qui bafouille c'était quelque chose, l'espace d'une seconde j'en oubliais l'angoisse simplement pour trouver ça mignon. Je le troublais assez, je sais pas si c'était bien ou non, mais au moins ça lui faisait quelque chose. Rien qu'à cette idée je me sentais un peu moins triste.
Il commence par me remercier avant de se lancer en ayant l'air un peu plus perdu de secondes en secondes. Je ne le quittais pas des yeux, le laissant parler du début à la fin sans l’interrompre, je souris sans tellement m'en rendre compte en le regardant perdre ses moyens. Il avait l'air un peu vulnérable, totalement paniqué aussi mais ça lui allait bien. C'est moi qu'ai fais ça ? Je dois avouer que je savais pas tellement comment il allait réagir. J'avais même pas eu l'intention de lui avouer quoi que ce soit.. alors un baiser. C'était carrément tombé du ciel... parce que je me suis dis que c'était maintenant ou jamais. Ça semblait un peu idiot avec du recule, mais je me rendais compte que ça avait tout de même compté pour lui sinon il serait pas dans cet état.
On a l'air idiots. On l'était certainement. Je savais pas quoi lui répondre sans que ça le bouleverse encore plus. J'en avait mal au cœur à force de réfléchir. Peut être qu'il fallait simplement être honnête, de toute façon on pouvait plus revenir en arrière maintenant. Même en s'accordant sur un « on oubli ». C'est pas un truc qu'on oublie, et franchement, j'avais aucune envie d'oublier ce moment même si ça m'avait fait du mal. L'espace d'une seconde, tout avait simplement été parfait et j'avais envie de m'en souvenir quoi qu'il arrive. C'est peut être l'alcool ou simplement cet air troublé qui me donna la force nécessaire de me relever pour lui faire face. Debout, les yeux dans les yeux et le cœur sur le point d'exploser.
« Ça voulais dire quelque chose ouais... C'était pas comme ça, juste pour rire.. tu sais bien que te ferais jamais ça. J'veux dire ... ce que je veux dire c'est que t'es important... et tu l'étais même avant ce soir. Je suis désolé si ça t'as embrouillé.. c'est pas ce que je voulais.. je voulais juste ... je voulais... »
Qu'est ce que je voulais en réalité ? Je le regardais un instant, cherchant les mots pour expliqué ce qui m'avait prit tout d'un coup. Je voulais pas lui faire peur, ou lui donner l'air de pas être sérieux ou je sais pas quoi. Il pensait que c'était peut être juste comme ça, pour m'amuser. C'était un peu blessant mais je pouvais pas lui en vouloir.. parce que dans le fond ça me ressemblait beaucoup. J'ai fais n'importe quoi, je m'en rendais compte maintenant. Je me sentais rougir un peu sous son regard et passa une main dans mes cheveux, fermant les yeux quelques secondes pour me remettre les idées en place et continuer avec un sourire mal assuré.
« Je sais pas tellement en faite. T'étais juste là.. prêt de moi à danser, c'était la première fois que je te voyais si heureux... puis quand tu t'es approché je sais pas je me suis dis que c'était le moment parfait. Que peut être ça servait à rien de réfléchir milles ans à comment te dire ça... Que j'avais juste à te le montrer. Alors.. voilà.. Mais je me rend compte que c'était peut être pas la meilleur façon de faire.. j'en sais rien... Mais dans le fond je crois que je me suis dis que j'aurais jamais eu le courage de venir te voir un matin pour t'avouer ça... Alors j'ai juste saisie ma chance.. mais j’aurais.. peut être pas due.. hein ? »
J'étire un sourire désolé sur mes lèvres en passant ma main sur ma nuque pour traduire une gêne qui s'installait lentement. J'avais la sensation de m'être planté sur toute la ligne. Les choses étaient pourtant si simple normalement. Mais c'est parce que normalement j’avais pas le cœur qui battait à mille à l'heure ni cette sensation que j'allais mourir à chaque secondes... J'ai été un peu idiot, mais c'était un peu sa faute aussi.
C’était comme ça. Je ne savais pas trop où j’en étais, où j’allais, ni ce qui était acceptable de dire. J’étais dans le flou total le concernant et ça se voyait à mort, j’arrivais pas à articuler une phrase correctement moi qui suis d’habitude si éloquent. Je réalisais qu’exprimer des sentiments aussi intimes c’était loin d’être facile. Quelque part je m’attendais à ce qu’il se moque de moi ou m’avoue que c’était juste une blague pour m’ennuyer. Mais il avait raison cela ne lui ressemblait pas. Mon regard remonta vers lui pendant qu’il me répondait au mieux. Lui aussi avait l’air plutôt désorienté. L’alcool ne devait pas l’aider à articuler son discours c’est vrai et si on avait été dans une autre situation, j’aurai probablement éclaté de rire en regardant la belle paire d’idiot qu’on devait faire vu de loin. Si seulement je n’étais pas aussi nerveux à l’idée de ce que j’allais découvrir.
Le rouquin se redressa pour me répondre, lui il osait me regarder dans les yeux. Lui aussi s’emmêlait dans ses mots et dans ses sentiments. “Important”. Qu’est ce qu’il voulait dire par important ?
Important: chose à qui on attache un intérêt particulier. C’est vrai qu’en y repensant, ça faisait un moment que je me disais que Kieran ne traînait pas dans mes pattes juste pour m’ennuyer. A chaque fois nous nous étions rapprochés et ...oui d’une certaine façon il avait gagné de l’importance pour moi. Et j’aurai dû me douter que ça avait dû être pareil de mon côté. Quoique...Kieran avait cette faculté magnétique d’attirer les gens autour de lui. J’ai toujours pensé que je n’étais pas le seul. Ils étaient nombreux à graviter autour de lui, certains plus proches, d’autres plus distants. Mais moi...je ne m’étais pas douté que j’avais une telle place dans son monde. Au point qu’il ait sincèrement envie de m’embrasser.
Il rougissait de gêne à cause de ce qu’il disait, à ressasser ce qui s’était passé mais de son point de vue. Et c’était révélateur. Kieran me regardait. Moi. Au milieu de cette foule, il m’avait regardé, il m’avait remarqué. Heureux. C’était bizarre parce qu’on parlait rarement de moi en ces termes. On parlait de l’intello, du préfet. Du mec rasoir, intelligent, sérieux, responsable mais parfois un peu bizarre. Mais on ne parlait pas du mec heureux. Une fois de plus je ressentais un drôle de frisson. Ensuite il enchaîna sur le fait qu’il aurait dû me le dire et qu’il ne savait pas. Je hochais vaguement la tête. Pour essayer de calmer ma nervosité, je disais simplement ce qui me passait par la tête/
« C’est marrant, dans les mangas ils font toujours ça. Une confession. Le mec se tient là, comme un idiot et il exprime ses sentiments à la personne qu’il aime. J’ai toujours trouvé ça… ridicule. Tu sais, si une fille que tu connaissais à peine venait te dire ça, tu trouverais ça franchement bizarre dans la vraie vie. Carrément louche, même. Mais bon. Si on était dans un manga je serai en train de t’engueuler pour m’avoir volé mon premier baiser. Quoique. J’ai embrassé une fille quand j’avais 5 ans il paraît. Mais ça compte pas. Je m’en souviens plus. Ahahahaha !»
Un petit rire nerveux qui se termine en un soupir. Oui, en fait confesser son amour à quelqu’un d’autre c’est vraiment difficile. C’est se rendre vulnérable, ça veut dire ouvrir son coeur comme une fleur fragile à la personne qu’on aime sans être certain. Bref. Ce que je voulais dire c’est que je n’en voulais pas vraiment à Kieran d’avoir fait ça, à sa place j’aurai fait pareil.
«B-bref je.. je ne t’en veux pas pour ça..» Je me sentais un petit mieux. J’avais vraiment peur qu’il m’en veuille. J’avais vraiment peur que ça parte mal. Mais pour l’instant ça allait. Si j’oubliais la boule que j’avais dans la gorge et l’angoisse qui plantait ses griffes dans mon torse comme un animal affamé. Je regardais mes pieds un instant avant de continuer, parfaitement conscient que ma tirade avait été absurde.
« Alors ...heum… quand tu dis que je suis “important”...ça veut dire que..tu as des sentiments pour moi ? Comme...des sentiments...amoureux ?»
J’avais besoin de l’entendre pour le croire. Peut-être que je me trompais. Peut-être que cétait autre chose.
Je savais pas tellement si c'était ce qu'il fallait dire. Peut être qu'y'avait simplement pas de manière de le faire, ou de phrases toutes faites qu'on peut lancer dans ce genre de situations. C'est peut être pour ça que c'était compliqué l'amour, ou sait jamais quoi faire, on a toujours l'impression de faire une connerie, de pas être à la hauteur ou juste de nager en plein doute. Je réussissais à rester à la surface pour le moment, essayant de lui faire comprendre pourquoi même si j'avais moi même encore un peu de mal à le comprendre. C'est étrange la vie parfois.
Il m'avait laissé parlé sans m’interrompre, essayant de comprendre lui aussi et de me rassurer un peu à sa manière. Maladroit. Mais mignon. C'est vrais que c'était peut être un peu bizarre dans les mangas cette manie qu'ils avaient à se déclarer spontanément à ceux qu'ils aiment. Pourtant moi j'avais toujours trouvé ça courageux. Peut être beau dans un sens. Trouver le courage d'aller voir quelqu'un qu'on connaît à peine pour lui ouvrir son cœur, se mettre à nu juste pour elle. On est vulnérable et on le sait, pourtant on sens qu'on aime assez pour prendre ce risque quitte à en avoir mal. C'est ce que j'avais l'habitude de faire en quelque sorte, sourire aux gens, leurs dire simplement les choses et m'ouvrir à eux. Mais c'était certainement ridicule dans un sens.. Il avait peut être raison.
Je souris à sa remarque sur le baiser. J'en avait presque oublié qu'il avait jamais embrassé personne, je pensais qu'il m'avait dit ça simplement pour ne pas avouer qui était son premier béguin. Mais visiblement c'était simplement vrais. J'étais son premier baiser. Cette idée me rendait à la fois heureux, mais aussi un peu triste. Heureux d'avoir été le premier à lui offrir ça, un peu triste à l'idée que je serais pas le dernier. Peut être que c'est pas comme ça qu'il se l'était imaginé. Les gens accordent tellement d'importance au premier baiser que je me sentais un peu honteux de lui avoir volé comme ça même s'il disait qu'il m'en voulait pas. L'instant était passé. Il n'aura plus jamais de premier baiser après ça. J'espérais secrètement avoir quand même réussit à lui laisser un bon souvenir de ce moment, même s'il s'était enfuit juste après.
Je le regarde toujours alors qu'il s’évertuait à fixer ses pieds. Il semblait pas tellement plus à l'aise, peut être juste rassuré d'avoir eu quelques explications et d'avoir put m'assurer qu'il était pas fâché ou je ne sais quoi. Je me sentais plus calme même si mon cœur s'emballait à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, cette fois il manqua de nouveau de s’arrêter. Rief tenais vraiment à ce que je le dise, comme s'il voulait être certain de ne pas se méprendre sur la situation. Je senti mes joues s’enflammer lentement. Finalement j'étais content qu'il évite de me regarder, au moins j'avais pas l'air trop idiot en face de lui.. le truc c'est que je savais toujours pas comment lui répondre. Lui dire simplement ? Je savais que quelque soit ma réponse, tout allait changer à partir de maintenant. Je pouvais peut être reculer un peu, lui dire que je savais pas, que non c'était pas ça, juste un attachement comme avec les autres. Mais l'idée de lui mentir m'étais quasi insupportable. De plus, ça n'aurait vraiment rien arrangé à la situation. Alors, c'est le moment de se lancer même si mon cœur manquait de s’arrêter à tout moment et que je sentais que mes jambes allaient finirent par s'écrouler sous mon poids. Je pris une brève inspiration pour lui souffler un mot dans un sourire beaucoup trop timide.
« Oui... »
J'étais incapable de bouger. Je restais là planté devant lui, osant à peine respirer en braquant mon regard sur lui. Qu'est ce qu'il allait dire maintenant ? Dans le fond je m'étais imaginer cette scène des milliers de fois, envisageant tout les cas de figures, mais à cet instant j'étais juste pas capable de penser, et tout ce qui me traversais l'esprit c'était la panique et la gêne. Parce que j'avais peur qu'il s’en aille encore, qu'il dise qu'il est désolé et qu'il me laisse la. C'était un peu irréel quand on y pense, même Aili avait trouvé ça bizarre, comme si c'était le truc le plus improbable du moinde pourtant c'était ma jumelle.. Alors Rief.. il allait juste halluciner.
J'en soupirais un peu, baissant les yeux à mon tour, incapable de garder mon sourire après cette prise de conscience et marmonna quelques mots de plus en espérant qu'ils parviennent à franchir mes lèvres.
Enfin, quand je disais que j’aurai fait pareil, que j’aurai préféré tenter ma chance sur un baiser plutôt qu’une confession amoureuse particulièrement embarrassante..je ne savais pas de quoi je parlais. D’abord à moins d’être bien alcoolisé je n’aurai probablement jamais eu le courage de faire ça. Ensuite parce qu’il m’était difficile de m’imaginer éperdument amoureux. Je pense que je finirai par me faire une raison avant de tenter quoi que ce soit, comme un lâche. Mais Kieran, lui, il avait été courageux. Il avait sauté sur l’occasion...je pouvais au moins lui laisser ça.
Je sais que c’était stupide mais j’avais besoin de l’entendre. D’être sûr qu’il ne s’agissait pas d’un malentendu ou de quoi que ce soit d’autres. Alors j’attendais sa réponse. Sans le regarder. Les secondes s’écoulèrent, pesantes. Pas de sauvegarde disponible après ce point. Jusqu’à ce qu’il admette. Mes yeux s’écarquillaient un peu de surprise alors que je relevais les yeux vers lui. Donc c’était vrai ? Je recevais la nouvelle comme une gifle alors que mon coeur trouvait que c’était le bon moment pour faire du saut à l’élastique dans ma cage thoracique. Je déglutissais difficilement Donc...Kieran...m’aime comme ça…
Pourquoi ?
C’était ma première réaction. Pourquoi ?. Ce n’était pas d’être déçu, ni d’être content. C’était de me demander pourquoi. J’encaissais la nouvelle en serrant les lèvres, parce que si je me mettais à parler maintenant j’allais dire un tas de conneries. Comme okay. ou merci des choses stupides qui risquaient d’être mal interprétées. Qu’est ce qu’on répond à ça ? Je ne savais pas. Je ne savais vraiment pas. Je tapais machinalement du pied, me rongeant un peu les ongles avant de démentir.
«Quoi ?! Oh non non non, pas du tout je….je suis surpris c’est tout...je...ah...hmmm»
Je remontais mes lunettes pour me donner une contenance.Je savais ce que Kieran espérait. Il espérait un “moi aussi”. Mais je n’étais pas sûr je n’étais sûr de rien. Pour plein de raisons différentes. Parce qu’on ne m’a jamais aimé comme ça avant ou alors on ne me l’a jamais dit. Parce que Kieran était quelqu’un que j’avais vu grandir et que je considérais comme un ami. Parce que j’étais bien loin de penser - jusqu’à ce soir - qu’il éprouvait ce genre de sentiments pour moi. Parce que c’était un garçon aussi et que ça, ça n’était pas prévu.
« Je veux dire… Est-ce que je peux être honnête avec toi ?»
Je n’attendais pas vraiment sa réponse pour me mettre à tourner en rond comme tout à l’heure, parfois me rapprochant parfois en reculant et en agitant les mains pour expliquer mon raisonnement. Comme si j’étais en train de lui expliquer une leçon d’histoire de la magie ou autre chose. Comme si je parlais de quelqu’un d’autre.
« Je...Je ne comprends pas pourquoi. Pourquoi tu….m’aimerai moi comparé à tous les gens que tu côtoies...Je veux dire… je suis con, j’ai probablement rien remarqué rien du tout. Je… Hmmm…Comment dire… Tu vois, toi ? Tu attires les gens. Tu as un joli sourire. Tu es chaleureux. Tu dis des conneries et puis la minute d’après tu dis quelque chose de très sage et de très profond. Tu es...tu es toi quoi ! »
Je commençais à rougir un peu alors que je réalisais que j’étais doucement en train de faire une liste des choses que j’aimais chez lui. Et ici le mot aimer commençait à prendre un entre sens. Ca recommençait à se mélanger, la cacophonie dans ma tête. Je devais être honnête avec Kieran. Peut-être qu’il comprendrait. Peut-être même qu’il pourrait m’aider. J’avais tous ces sentiments emmêlé dans une toile élastique et je ne savais pas quoi en faire comment discerner ce qui était toi. J’osais m’arrêter, camper devant lui pour le regarder, suppliant.Mon coeur battait à cent à l’heure et j’avais la nette impression que mes entrailles s’étaient liquéfiées.
« Kieran...tu es mon ami. Et...je t’aime vraiment, vraiment beaucoup...mais maintenant...je ne sais plus...Tu...tu m’as dit ce truc et puis..tu m’a embrassé et j’ai eu...j’ai eu tous ces sentiments qui m’ont...submergé d’un seul coup. Comme une vague et là...je ne sais pas où j’en suis. Je me sens tellement...bizarre...je veux dire ...Hmmm...Je ne sais pas ce que je ressens. Je...j’aimerai pouvoir te donner une réponse claire mais...je ne peux pas.Je...je ne sais pas vraiment pas....»
C’est nul comme réponse, je sais. Mais là je le regardais. Et oui je l’aimais vraiment beaucoup. Mais j’étais incapable de faire la différence. Etait-ce de l’amitié ou bien autre chose ?
Voilà. Il me dévisage. Il a l'air surpris de ma réponse. Comme si c'était si aberrant que ça que je puisse avoir des sentiment pour lui. Il avait pas remarqué, il se l'étai pas imaginé une seconde, quelque part je le savais mais c'était difficile de voir cette réalité en face. C'était clairement ridicule. J'en avait baissé les yeux, triturant de nouveau mes mains alors qu'il essayait de m'expliquer ce qu'il avait dans la tête. Il voulait être franc avec moi, comme si je pouvais attendre autre chose de sa part. Un gros mensonge aurait peut être été moins douloureux oui, mais j'avais besoin d'entendre ce qu'il avait à me confier maintenant qu'il savait tout. Il s'agite sous mon nez, je m'autorise quelques regard dans sa direction alors qu'il essai de comprendre ce que je peux bien lui trouver. Ça, ça lui ressemble bien.
J'ai jamais compris pourquoi il passait son temps à se sous estimer comme ça. Comme si forcément, d'autres choix plus évident s'offraient à moi. J'avais envie de lui dire. De tout lui expliquer mais j'osais pas l'interrompre, surtout qu'il s'était mis à me faire des compliments. Je me sentais rougir bêtement, stupidement content qu'il dise tout ça sur moi. Il faisait rarement alors je les savouraient jusqu'à ce qu'ils disparaissent envahis par le reste de ses explications.
Il s’arrête. Il me fait face pour une fois et me regard droit dans les yeux. J'y voyais le trouble et l’hésitation, essayant de ne pas détourner le regard quoi qu'il arrive, même si ça devait piétiner ce qui restait de mon cœur. J'en respirais à peine, sentant mon corps sur le point de s'écrouler à chaque mot qu'il prononçait. On est amis. Mais. Il y'avait un mais.. Un mais qui serra mon cœur douloureusement au fond de ma poitrine à m'en glacer les sang. Il y'a un Mais.. Il avait du mal à s'exprimer clairement, il voulais que je comprenne qu'il savait plus ou il en était, qu'a cause de mon baiser et de ma déclaration, il était déboussolé et ne savait pas quoi me dire.
Je le quitte des yeux une seconde. Je regardais ailleurs, l'horizon ou les passant qui allaient et venaient dans cette boite. Bien sur j'étais triste, j'allais pas le cacher, mais quelque part j'étais content qu'il ne m’ait pas simplement jeter. Honnêtement je l'avais imaginé le faire des centaines de fois. Pourtant il avait l'air simplement perdu, et embêté de ne pas pouvoir me donner de réponses, alors j'étire un sourire et posa ma main sur son épaule quelques secondes pour calmer ses émotion et poursuivre sur un ton plus calme, un peu plus triste que je ne l'aurais voulu aussi..
« Rief.. je te demande pas de réponses. Je te demande pas .. que ce soit réciproque non plus.. Je voulais juste te le dire, parce que c'était important pour moi que tu sache ce que je ressent.. Je m'attend pas à une réponse tu sais.... »
Je lui glisse un autre sourire. Compatissant, un peu désolé peut être, je sais plus. Je voulais juste qu'il comprenne que je lui en voulait pas, même si la réalité était douloureuse. L'amour c'est compliqué, et c'était parfois à sens unique. Je fini par relâcher son épaule un peu gêné du contacte soudainement et rougissant en guise d'excuses avant de poursuivre une fois de plus un peu trop calmement
« Je te l'ai jamais dis mais.... quand je t'ai vus les premières fois j'ai tout de suite eu envie de te demander de sortir avec moi. Je te trouvais.. Intéressant.. et puis.. j'adorais vraiment tes cheveux bleu ! Je les adore toujours aussi d'ailleurs...»
Je me permet un rire, attrapant de nouveau mon pagne pour le triturer du bout des doigts. Je sais pas tellement pourquoi je lui raconte ça mais ça me faisait du bien d'en parler simplement, comme une confession ou juste quelque chose que j'avais gardé au fond de moi de peur de gâcher les choses.
« Mais je l'ai pas fais.. parce que.. tu semblais pas tellement à l'aise avec mes compliments, c'était la première fois que je voyais ça.. et ensuite.. bah.. j'avais tout de suite compris que.. je t’intéressais pas... Alors je t'ai rien demandé pour pas, je sais pas.. gâcher ce qu'on avait commencé à construire, même si c'était pas grand chose... »
J'en souriais plus sincèrement, un peu nostalgique de ce temps ou la situation était un peu plus simple entre nous. J'étais l'idiot qui le suivait partout, qui lui cassait les pieds de temps en temps mais savait se montrer digne d'être son ami. Aujourd'hui tout ça était brisé par ma faute même si j'avais pas fait exprès de tomber amoureux de lui.. J'ose de nouveau un regard vers lui, souriant toujours un peu tristement malgré mes efforts pour rendre ça moins désolant.
« ... Je sais pas comment c'est arrivé. Un matin je me suis réveillé, je me suis rendu compte que t'étais la première personne à qui je pensais en ouvrant les yeux. Je me surprenais à me demander ce que tu faisais en ce moment.. à me dire : Tien faudra que je le dise à Rief. J'étais content de te voir dans les couloirs, j’espérais te voir ..même sans se parler, je sais pas.. c'est bizarre.. Puis.. J'avais l'impression de te découvrir un peu plus chaque jours.. comme si j'étais le seul à voir qui tu étais vraiment. T'es toujours en train de te cacher derrière cette image de préfet sérieux et barbant. Moi je sais que t'es plus que ça, que t'es quelqu'un de fascinant, tu brille à ta façon... toute ces facettes que tu cache.. j'en découvre encore aujourd'hui et plus je gratte cette surface plus ce que j'y vois en dessous me plaît. T'es plein de vie, plein d'envie aussi, de rêves.. Un peu de folie aussi.. après tout on a exploré une grotte infernal et on a failli y rester la nuit... si c'est pas de la folie ça.. »
J'en riais un peu maintenant que ce souvenir était dernière nous. Mais sur le coup je faisais pas le malin, heureusement que Rief était là. Une fois de plus il s'était montré courageux et réconfortant, il n'avait pas faibli, du moins pas trop, j'étais content d'avoir vécu ça avec lui malgré tout. Mon regard s'encra dans le sien quelques secondes, je me sentais étrangement plus léger. Peut être que c'était parce que je me noyais dans ses yeux et que je me sentais bien à ses coter. Mieux que n'importe ou au monde, un peu comme on l'avait été sur cette estrade. Un monde juste lui et moi.
« Je veux juste .. pouvoir sourire à tes cotés. Écouter toutes ces choses que tu raconte avec ton air sérieux. M'en moquer un peu.. Te faire rire, rire avec toi. Vivre des choses ensemble.. Je demande rien de plus.. juste .. que tu m'efface pas du tableau .. »
J'avais du mal à chasser l’émotion dans ma voix. Elle se brisait un peu, s'achevant dans un sourire timide, teinté de tristesse. En vérité j'avais peur que ses sentiments l'effraient. Qu'il ne se sente plus à l'aise en ma présence, de peur de me blesser ou de se sentir gêné par ms regard. Je l'avais assez troublé pour qu'il doute, pour qu'il se pose des questions sur tout ça. Moi même je savais pas tellement comment gérer ces sentiments qui ce bousculaient dans la tête et faisaient danser les papillons dans mon ventre, alors se serait égoïste de lui demander de ne pas faire de faute.
C’était très embarrassant parce que, plus je parlais de lui, plus je réalisais que je commençais à établir une petite liste des choses que j’aimais chez lui. Alors je m’arrêtais tout de suite. Et dans ma tête, j’arrivais rapidement à cette conclusion gênante : Kieran était quelqu’un de facile à aimer. Et cela faisait partie de ces phrases mystérieuses qui résonnaient dans ma tête pendant un moment, comme si elles avaient une signification secrète et importante, mais que je ne parvenait pas à la saisir là tout de suite. Kieran était quelqu’un de facile à aimer et pourtant il m’aimait moi. Ca me restait collé dans la tête pendant un certain temps. Jusqu’à ce que sa main, sur mon épaule me rappelle brutalement à la réalité. Il me souriait, d’un sourire triste et compatissant. Il me disait qu’il n’avait pas besoin de réponse
«Mais...»
Je le laissais finir. Il ne me demandait rien. Il voulait juste que je le sache. C’était...humble et mature. Peut-être qu’il avait peur de la réponse. Ou peut-être qu’il ne demandait vraiment rien, parce que pour lui c’était ça l’amour. Un cadeau qu’on offrait en toute vulnérabilité, sans rien demander en retour…. Il relâcha mon épaule. Même dans ce moment bizarre, il cherchait à me rassurer. C’est alors qu’il commença à m’expliquer que je lui avais plu dès le début. Moi et mes cheveux bleus.
Je me souviens de lui, sa petite tête rousse qui venait dans mes pattes pour me faire des compliments qui avaient pour but de me faire rougir comme une tomate. Au départ je croyais qu’il cherchait à faire diversion où je ne sais pas quoi...et puis au fur et à mesure, j’avais appris à le tolérer. Puis à le connaître. Kieran, il rigole un peu en avouant ça, moi ça me laisse pensif.
« Depuis tout ce temps…?»
Depuis ce moment là il m’aimait bien. Et il ne me l’avait jamais dit. Il n’avait jamais essayé parce qu’il savait que ça ne fonctionnerait jamais. Et il avait raison. S’il m’avait demandé quoi que ce soit à ce moment là, j’aurai simplement refusé poliment. Je n’en revenais pas. Toutes nos conversations. Le fait qu’il complimentait tout le monde sur son physique, tout ça… Moi je n’avait rien vu venir du tout. Je baissais les yeux repensant à tous ces moments qu’on avait partagé. Depuis le débout il y avait eu une sorte de message, d’intention cachée et je n’avais rien vu. Comme un crétin. Et alors il commença à m’expliquer comment il l’avait réalisé. Je l’écoutais et je me retrouvais un peu dans son discours. C’est vrai que quand je m’ennuyais, moi aussi parfois j’espérais voir sa tête rousse venir m’embêter. Et que moi aussi je pensais à lui au moins une fois par jour si pas plus. Et que quand je pensais à lui, c’était souvent en bien et avec de nouvelles métaphores pour le décrire. Je prenais une inspiration profonde et je posais une main sur le haut de mon estomac. Ca ne s’était pas calmé là dedans et la tempête reprenait. Qu’est ce que ça voulait dire ? Est-ce que...j’aurai des sentiments similaires pour lui ? Mais...je me serais contenté de rester son ami jusqu’au bout. Et si Kieran ne m’avait pas embrassé ce soir je...je ne serai même pas en train de me poser ces questions. C’était insupportable. Et si je ne le voyais vraiment que comme mon ami est-ce que je serai si perturbé ? Est-ce que je ne serai pas simplement triste et plein de pitié pour lui. Pourquoi est-ce que c’était aussi difficile de dire Désolé mais je ne ressens pas la même chose pour toi
Et puis il commença à me complimenter. Et c’était à mon tour de rougir comme une tomate en tordant le bas de ma chemise. Kieran, lui il en rigolait. Mais moi ça ne me faisait pas rire. C’était pas drôle du tout. Je lui rendais son regard par le mien, profondément troublé. C’était..vraiment...on ne m’avait jamais dit de choses aussi gentilles, aussi sincères. Je déglutissais difficilement. J’avais envie de dire ”Ne dis pas des choses comme ça”, j’avais envie de dire “Moi aussi, c’est ce que je veux” mais tout ce qui pouvait sortir de mes lèvres pincées c’était
«Kieran…. »
Un ton presque plaintif. J’avais l’impression que ma poitrine était sur le point d’exploser. Il ne pouvait pas me dire tout ça et espérer que rien ne se produise. J’en tremblais à l’intérieur. Je n’en pouvais plus. Je n’étais pas plus sur de ce que je ressentais, ni de ce que je voulais, mais je savais ce que je ne voulais pas.
J’étais nul à ces trucs là. A ces élans d’affection, de contact physique. Mais j’essayais. Je m’avançais vers lui pour l’attraper dans une étreinte. Je ne lui laissais pas le choix. Quelques secondes de silence avant que je ne puisse articuler :
« Je ne pourrais pas t’effacer du tableau même si je le voulais…. idiot..»
Son torse plein de peinture et de sueur se collait contre ma chemise. Tant pis pour les peinture de guerre et tant pis pour la chemise. Tant pis si ça ne partait pas au lavage. Mes mains se collaient dans se dos, effaçant aussi probablement la peinture. Par ce geste je voulais lui montrer que je tenais à lui. Que je ne comptais pas le lâcher aussi bien au sens littéral qu’au figuré. Même si pour ça que devais être recouvert de sa peinture et de sueur dégueulasse. J’inspirais profondément et je poussais un soupir. Je le serrais un peu plus fort. Je pouvais sentir son coeur battre à travers ma chemise. Je pouvais sentir son odeur, sa peau sous mes doigts. Et cette fois-ci le silence ne me parut pas gênant, comme un vide à combler. Le silence se suffisait à lui même. Je me sentais soudainement plus calme, même si je sentais encore mon coeur faire des bonds dans ma poitrine.
C’était agréable. Je fermais les yeux un instant.C’était ça que je voulais. Cette sensation.
Je me souvenais de ses paroles, du goût de ses lèvres et de la sensation métallique de son piercing contre ma langue. Mais là tout de suite je ne me sentais pas embarrassé. Je me sentais enivré. Kieran...Il m’aimait...et à force de me le répéter ça commençait doucement à rentrer et à faire son chemin. Kieran, mon ami. Son sourire. Sa chaleur. Sa gentillesse. Son espièglerie. Kieran que j’avais appris à apprécier, à qui je faisais confiance.Kieran qui avait l’air vraiment adorable quand il m’embrassait. Ca me donnait un peu le vertige. Ca me donnait des sentiments. Et même si je n’étais pas sûr de ce que je faisais, ni de ce que je ressentais, je décidais de laisser mon instinct prendre les commandes. Et là, avec ma tête posée sur son épaule, près de lui, près de sa peau, je déposais un baiser dans son cou.
La situation était bizarre, pour lui comme pour moi. Je lui confiais toutes ces choses sans tellement savoir s'il avait envie de les entendre, peut être que je creusais ma propre tombe sans m'en rendre compte, peut être que j'aurais simplement du me contenter de lui dire que j'avais juste trop bu et que je m'étais dis que ça pouvait être amusant. On aurait peut être put oublié, du moins lui, il m'en aurait peut être voulu quelques temps, comme ça pour la forme, et tout serait redevenu comme avant. Comme avant c'était déjà ça. C'était même bien. Mais a cause de ce baiser rien ne sera plus jamais comme avant. J'en avait le cœur serré rien qu'à songer à demain. Qu'est ce qu'on sera demain ? Est ce qu'on sera encore des amis ? Je connaissais Rief maintenant, je pense pas qu'il aurait simplement put faire comme si de rien été, il se serait senti mal à chaque regards, coupable à chaque compliments, par ce qu'il ne pouvait pas m'offrir autant que je lui donnais. Même en attendant rien de sa part, il était trop attentionné pour ne pas en être affecté. Il n'avait rien dis, il s'étonnait un peu peut être, je le sentais dans son regard. Ça et le trouble. Il avait un peu rougit à mes compliments, même après ça il rougissait quand même, triturant lui aussi sa chemise l'air mal à l'aise.
Peut être qu'il fallait que j’arrête de parler. Tout ce que je disais avait l'air de te troubler un peu plus de secondes en secondes. Alors j'étire un autre sourire sur mes lèvres, retenant un pardon quand il leva les yeux vers moi. Un peu plaintif, presque suppliant. J'en avait le cœur retourné. J'avais peut être l'air un peu trop pathétique là tout de suite. Je voulais pas qu'il ai pitié de moi ou qu'il s’apitoie sur mon sort en s'excusant. J'étais triste oui, mais j'irais bien malgré ça. Je relève les yeux vers lui, gardant un sourire mal assuré alors qu'il s'avançait vers moi. Je ne comprenais pas tout de suite ce qu'il était en train de faire jusqu'à ce qu'il me prenne dans ses bras.
Mon coeur ce fige une seconde. J'avais un peu de mal à réaliser ce qui ce passait là tout de suite. Rief a jamais été tactile ou simplement démonstratif quand on parlait d'affection. Il m'avait jamais prit dans ses bras, je l'avais fais des dizaines de fois, avec ou sans sa permission, mais ça venait de moi, pas de lui.. Pourtant là il me tenait contre lui et pour une fois c'était moi qu'étais incapable de bouger. Pourquoi il faisait ça ? C'était aussi agréable que c'était douloureux. J'avais pas envie qu'il essai de me réconforter. Du moins pas comme ça, pourtant j'avais très envie qu'il me tienne dans ses bras encore un peu, parce que je l'avais souhaité tellement souvent. Rester comme ça encore un peu.
Et puis il parle encore. J'attendais plus rien, j'étais même plutôt résigné je crois. J'avais un peu espéré quand il m'avait rendu ce baiser mais l'espoir fut balayé par sa fuite. Il s'était juste laissé emporté, ça voulait rien dire ... pourtant il glissait ses mots à mon oreille qui me firent frémir une seconde. J'étais pas certain de comprendre ce que ça voulait dire. Mon cœur battait tellement vite que j'arrivais plus à réfléchir correctement. Peut être que c'était pas si désespéré que ça. Peut être que c'était juste l'alcool qui parlait, qui le rendait câlin et sensible, une part de moi voulait y croire, même si c'était que pour ce soir, même si demain tout s’arrête. Que la peur le rattrape, la réalité aussi. Je voulais pas y penser. Je voulais juste être l'idiot dans ses bras s'il avait envie, même si c'était qu'une nuit.
Mes main glissèrent le long de son dos pour lui rendre cette étreinte. Il me serrait toujours contre lui sans vouloir relâcher son emprise. Je sentais de nouveau cette sensation agréable m'envahir, comme si un feu d'artifice explosait au creux de mon ventre en millier d’étincelles. Je fermais les yeux, envoûte par sa chaleur et l'odeur de sa peau. Comme sur cette estrade, plus rien autour n'avait d'importance, il n'y avait que lui et moi dans cette bulle. La caresse de ses doigts contre mon corps et son cœur qui battait contre ma poitrine. Je me sentais rougir, incapable de dire quoi que ce soit. De toute manière ce silence parlait pour nous deux. Il n'y avait pas besoin de mots. Je le gardais contre moi, osant un soupir discret, heureux qu'il m'offre cet instant que j'avais rêvé. Je me senti rougir un peu à l'idée d'être si proche de lui. C'est idiot parce que ce genre de situation m'était arrivé des dizaines de fois, mais c'est la première fois que je me sentais si incertain, presque paniqué. J'avais pas envie de lui faire peur, de le faire reculer alors qu'il venait de faire tout ces effort pour se rapprocher de moi. Je me sentais idiot à douter, mais quelque part ça me rendais heureux. J'aimais me sentir bête dans ses bras à ne pas savoir ou poser mes mains sans qu'il ne prenne peur ou qu'il en rougisse un peu trop. On était deux idiots, et j'aimais beaucoup ça.
Alors que j’hésitai toujours à glisser mes mains sur sa peau, lui n'avait pas tellement attendu pour poser sa tête au creux de mon coup. J'en avait rougit une fois de plus, en frissonnant un peu quand il embrassa ma peau. Une vague de chaleur me submergea lentement à ce contacte. J'avais un peu de mal à comprendre ce qui ce passait encore une fois, mais c'était un peu trop agréable pour que je m'en soucis d'avantage. Je sentais mon cœur fondre lentement, une main glissa le long de son dos pour venir caresser sa nuque et se perdre dans ses cheveux. Je me surpris à les trouver plutôt doux, à aimer les caresser distraitement alors qu'il posait ses lèvres sur ma peau. Un nouveau frisson manqua de me faire trembler de désir dans ses bras. J'avais bien imaginer cette scène des dizaines de fois, j'avais toujours un peu de mal à me dire que ce n'était pas un rêve cette fois encore. Pourtant il était bien là tout contre moi, ses bras autour de mon corps, ma main dans ses cheveux alors qu'il se laissait simplement guidé par ses envies.
Ça paraissait dingue. Qu'est ce qu'on était en train de faire au juste ? C'est comme si on avait décidé de tout les deux perdre la tête, de ne plus réfléchir à pourquoi. Ni à demain. Simplement l'instant présent alors que nos cœur battaient toujours plus vite l'un pour l'autre. Il ne savait pas quoi me répondre, je pouvais me contenter d'un « peut être que », je pouvais me contenter de cet instant de doute qui le poussait à m'embrasser encore. Je pouvais tout accepté de lui ce soir, tout lui céder aussi s'il en avait envie. Je me sentais bien ici. Heureux, un peu plus vivant aussi, j'en rougissais toujours, souriant à le lune alors qu'il me chatouillait toujours d'un baiser contre ma peau. C'était soudainement un peu trop agréable. Pris par l'émotion de cet instant, j'étais incapable de lui dire d’arrêter, un peu trop ivre aussi. Dans le fond j'en avait pas envie de toute façon, alors je le laissais faire, gardant une main contre sa nuque et glissant l'autre sous sa chemise pour frôler sa peau du bout des doigts. Je perdais pied lentement mais je m'en fichais étrangement. On était comme seul au monde à cet instant, c'est tout ce qui comptait réellement.
Je n’avais vraiment pas la moindre idée que Kieran éprouvait ces sentiments pour moi. On aurait pu continuer de se côtoyer pendant des années sans que je le réalise. Parce qu’il était sociable, attachant et qu’il était difficile de rester proche de lui sans être attiré par sa joie de vivre. Alors, j’avais présumé qu’il était comme ça avec tout le monde, que je ne recevais pas de traitement de faveur. Et j’avais tort. Et petit à petit cette année...on s’était rapproché. Moi aussi je l’avais perçu. Nous étions devenu amis. Avec un peu recul, c’était la personne la plus proche de moi. Il était devenu la personne à qui je pouvais tout dire, parce que j’avais confiance qu’il ne le répéterait pas et qu’il comprendrait. La personne avec qui je pouvais parler de tout, sans craindre des moqueries. La personne à qui je pouvais tenir la main sans que ça paraisse comme une tentative...ah…well…, ça devait être raté. Si seulement j’avais su…
Je n’avais qu’une seule certitude : je n’avais pas l’intention de le perdre. Certainement pas. Ses sentiments pour moi, c’est vrai qu’ils pouvaient rendre le choses un peu difficile, ils pouvaient le faire souffrir mais...s’il voulait que l’on reste proche, ça me convenait. Non. Convenir n’était pas le mot correct. C’était ce que je voulais. Et ça j’en étais sûr. Je ne m’imaginais pas lui lancer des regards désolés en l’évitant. L’oublier du jour au lendemain. Demain...Demain on y verra probablement plus clair d’ailleurs. Kieran est important pour moi. Ca j’en avais la certitude.
C’est pour ça que pour montrer mon affection et ma détermination, je faisais ce geste que je ne faisais jamais. Une étreinte. Un câlin. Il m’en avait déjà fait pas mal, il était temps que moi aussi je lui montre -puisque je ne me sentais pas capable de le dire. Tu comptes beaucoup pour moi. Je ne te lâcherai pas. J’avais conscience que ça pouvait être...un peu bizarre comme geste étant donné les circonstances mais je n’avais pas trouvé mieux sur le moment. Une étreinte pour toutes celles qu’il m’avait offertes. Ca me semblait juste comme échange. Une étreinte pour ne pas le perdre. Une étreinte pour le garder près de moi.
Je sais. Pathétique, hein ? Mais ce soir j’avais du mal à garder mes émotions pour moi. Après ce baiser, l’alcool et tout ce que Kieran m’avait dit...comment je pouvais rester insensible ? Honnêtement j’avais juste envie d’aller enterrer mon coeur sur le plage pour être débarrassé de cette gêne, de ce tourment incessant. Avec lui contre moi, les flots déchaînés à l’intérieur de moi se calmèrent progressivement. Le silence s’installait, mais pas un silence gêné. J’essayais de faire de mon mieux qu’il comprenne. Pas besoin de mot pour ça. J’avais l’impression que la tension entre nous diminuait. Je me sentais rassuré de cette angoisse plantait ses griffes dans mon ventre en me susurrant à l’oreille que notre amitié était terminée. Kieran n’avait pas envie que cela arrive et moi non plus.
Et pourtant… il y avait toujours ce pincement dans ma poitrine. Ca ne m’ennuyait pas de sentir son torse gonfler contre le mien à chacune de ses respirations. Ca ne me déplaisait pas de le sentir contre moi. Maintenant qu’il avait tout avoué...c’était bizarre mais je me sentais moins...sur la défensive. La tête posée contre son épaule, je me laissais doucement emporter par le moment présent, guidé par mes émotions. J’ai arrêté de réfléchir aux conséquences puisque désormais ma principale crainte était écartée. Sa peau était si proche de mes lèvres. Je l’ai embrassé. Si j’avais été courageux je me serai redressé pour l’embrasser sur la bouche. Mais je ne l’étais pas. En plus je ne savais pas comment faire. Alors je me contentais de les déposer dans le creux de son cou. Un baiser. Une légère sensation de papillons. Deux baisers. Ce n’était pas si difficile en fin de compte. Ce n’était pas...dégoutant ou répugnant, ni honteux. C’était juste agréable.
Mais ce moment de calme fut vite interrompu par sa une de ses mains. Remontant le long de ma nuque pour me caresser les cheveux. C’est pas bien, Rief, tu devrais arrêter. Pourquoi tu n’arrêtes pas ? . Je fermais les yeux un instant avant de trouver la réponse.Parce que j’en ai pas envie.
Sur le coup ça n’avait pas d’importance que Kieran soit un garçon, qu’il soit plus jeune que moi ou qu’on soit ami. Que demain les choses seraient probablement très différentes pour nous deux quand nous serions sobres et seuls. Mais ce n’était pas le cas maintenant. Sa main effleura ma peau sous ma chemise. Oui, c’est vrai. Kieran était plus aventureux et plus expérimenté que moi. Un frisson secoua ma colonne vertébrale, c’était très agréable. Et intime aussi. J’expirais profondément. Personne ne m’avait touché comme ça avant. Je l’imitais, ma main droite s’autorisa à descendre le long de son dos et de remonter dans une caresse. Ca commençait à devenir dangereux. Le toucher comme ça. Et le fait que ça me posait pas de problèmes. Pas de barrière ce soir, on dirait. Je l’embrassais de nouveau et je découvrais de nouvelles sensations. Cette chaleur qui se diffusait dans mon corps, le rythme de mon coeur, ces désirs....
Où est-ce que ça mène ? Il faut que tu t’arrêtes maintenant.
Surpris par tant d’audace, je déserrais un peu mon étreinte. Il fallait que je m’arrête maintenant avant d’aller trop loin. Ses tatouages fluos ne ressemblaient plus à rien, tout était étalé et partiellement collé sur ma chemise. Je lui accordais un bref regard avant de baisser la tête en rougissant, et de dire un peu gêné:
«Regarde ça...je mélange tous tes tatouages..désolé....»
Les paumes de mes mains demeuraient immobiles sur ses omoplates, l’une d’entre elle les quittant momentanément pour remonter mes lunettes. Une partie de moi voulait rester, me coller contre lui et le toucher. Mais je ne devais pas céder. Et si je me laissais aller ce soir et que demain je changeais d’avis ? Ca serait doublement cruel pour Kieran. Je lui accordais un demi sourire gêné et laissant retomber mes mains le long de mon corps.
J'avais l'impression que le temps s'était une fois de plus arrêté rien que pour nous. J'en oubliais qu'on était toujours devant la boite, qu'on était couvert de peinture et qu'on puaient l'alcool et la transpiration. J'étais simplement là contre lui, caressant sa peau en frissonnant sous son baiser timide. Sa peau était agréablement chaude sous mes doigts, ils filaient le long de son dos le découvrant un peu plus à chaque secondes. C'était comme découvrir une autre facette, encore une. Celle ci était de chaire et de désir, elle frémissais sous mes doigts, elle soupirait un peu à leurs contactes. Une fois de plus j'adorais ce que je découvrais et j'avais envie d'en découvrir encor un peu plus. Mes gestes ne l'avaient pas mis mal à l'aise, en réalité ils l'avaient peut être même encouragés. Je senti sa main glisser dans mon dos nus, m'arrachant un nouveau frisson à cette caresse.
Il m'avait déjà tenue dans ses bras, il m'avait déjà pris la main, il m'avait déjà embrassé, mais il m'avait encore jamais montrer une tel affection. Une caresse peut être un peu fébrile, mais ça ne la rendait que plus agréable. Une caresse. Le spectre d'un désir. Tenir une main, offrir une étreinte, c'était à la porté de tout le monde, c'était presque innocent. Mais une caresse c'était plus intime, c'était plus tendre aussi. Une preuve de tendresse et d'affection que moi même je ne donnais pas à tous. Alors j'en frémis un peu plus, mon cœur bat rapidement au fond de ma poitrine, attisant un peu plus le désir porté par cette vague de chaleur. Peut être qu'il valait mieux arrêter, pourtant j'en avait aucun envie. J'avais tellement bus, je me sentais tellement vulnérable que j'avais plus envie d'être raisonnable ce soir. Je l'ai jamais vraiment été de toute manière.
Je m'étais blotti contre lui quelques secondes, espérant taire tout ces sentiments en les inondant de l'affection que m'apportait cette étreinte. Espérant pouvoir m'en contenter. Je m'enivrais un peu plus de son odeur et de sa chaleur, arrachant chaque secondes à cette éternité qui prenait brusquement fin quand il relâcha son étreinte. J'aurais aimé qu'il continue encore un peu, qu'il continue sans plus jamais s’arrêter. Mais la raison nous rattrape lentement. Du moins, elle essai. Mon regard glissa sur mon torse quelque secondes pour y découvrir un superbe barbouillage de couleur digne d'un maternel. J'en avais souri, contemplant ensuite sa chemise taché pour venir y accrocher une main, tirant le tissu par endroit en frôlant son torse.
« Ta chemise est pas mal non plus.. Ça te donne un genre je trouve. »
Je lui rend son sourire, capable de plaisanter une fois de plus même s'il venait de me lâcher. J'avais un peu froid maintenant, loin de la chaleur de la boite et de celle de ses bras. J'aurais aimé pouvoir m'y blottir encore un peu pour m'y endormir, bercé au rythme de sa respiration. J'en aurais presque boudé maintenant qu'il était loin de moi. Mais je me contente de le regarder dans les yeux, retrouvant le sourire qui avait l'habitude de m'accompagner par tout, peut être un peu plus tendre, ou simplement plus amoureux. J'avais l'impression de me noyer dans ses yeux, incapable de détourné le regard de son visage, le détaillant un peu plus sous le clair de lune comme pour graver ce moment à jamais dans ma tête. Je le fixe. Une seconde, une minute.. peut être même une heure. Je le dévorais simplement des yeux, prêt à l'embrasser de nouveau. Mon corps entier en frémissait rien qu'à l'idée et j'en rougi brusquement.
« Excuse moi.. c'est ... un peu gênant hein ?.. Ouais.. c'est gênant..»
Je souriais, riant légèrement, plus gêné que je l'aurais voulu mais étant donné que je venais d'être un peu bizarre c'était justifié. Je pinçais mes lèvres dans un soupir, détournant un peu le regard pour tenter de calmer le rythme de mon cœur. Je savais pas ce que je devais faire. Peut être qu'il attendait que fasse quelque chose comme tout à l'heure dans cette boite. Je sais pas, je sais juste que c'était difficile de rester là planté devant lui avec tout cet alcool qui parcourait mon corps et cette étreinte qu'on avait échangé. Je me sentais stupide d'hésiter. Ça me ressemblait pas ! Je l'aurais embrassé mille fois normalement, sans me poser de questions, sans chercher à comprendre. Pourtant là j'étais incapable de faire autre chose que de le fixé en rougissant comme un idiot. Je m'en serais collé des baffes.
J’inspire un coup, j'expire en fermant les yeux pour retrouver un peu de calme. Je me sentais toujours rougir, et j'arrivais toujours pas à détourner mon regard de lui si bien que ça en devenait ridicule. Mais je voulais pas le blesser. Ni lui faire peur.. ou lui donner l'impression que j'en attendais plus de lui. Je voulais juste me sentir bien. Comme tout à l'heure. Fermer les yeux et n'être qu'à lui une seconde, ne plus penser. Juste vivre.
« Dis... Tu veux bien.. m'embrasser ? »
C'était presque un murmure. Juste un souffle qui ce perdait dans la nuit. Je sais pas trop pourquoi. Juste comme ça.. parce que j'en avait envie, parce que si ça venait de lui ce serait peut être plus simple. Parce qu'il avait le droit de dire non aussi. Je voulais juste savoir, ne pas lui voler une fois de plus un instant parfait. Il m'avait rendu ce baiser, mais ça ne voulait pas dire qu'il en avait eu envie. L'alcool, la chaleur, cette folie sur l'instant.. Ici c'était différent. Je le regardais dans les yeux, chassant l'éclat d’angoisse qui y naissais pour simplement lui sourire comme je l'avais fais avant ça., le cœur battant et les joues rouges. Il pouvait dire non. Il allait peut être le faire, mais je ne me sentais pas triste à cette idée. Du moins pas trop, je savais que ce n'étais qu'un caprice. Un caprice que j'aurais du taire, mais j'en étais simplement pas capable, peut être que je n'en avait pas envie non plus.
On était bien, dans les bras l’un de l’autre. J’avais l’impression d’apprendre quelque chose de nouveau. J’agissais à l’instinct, laissant mes désirs me guider. Kieran lui il savait ce qu’il faisait, je l’imitais donc. C’est comme ça que les primates apprennent : par imitation. Je me laissais guider, appréciant son contact, ses caresses. Sur ma nuque. Contre mon dos, le long de ma colonne vertébrale. Je ne trouvais même pas ça étrange, c’était juste...nouveau. Et je l’appréciais. Mais après un moment, je sentais que je risquais de perdre le contrôle de la situation et que ce n’était pas le moment de faire n’importe quoi. Alors je reculais un peu. Pour le moment. Pour ne pas me perdre dans la découverte.
Alors que je m’excusais pour le désordre de peinture sur son torse, le rouquin me retourna la question en tirant un peu sur ma chemise pour me toucher. De mon côté je tirais sur les pans pour bien voir. C’était bon pour le lavage, la belle petite chemise violette avec les petits points blancs bien rangés. J’en riais un peu.
« Ahaha. En effet. Ca va faire bizarre si on rentre. Fluo d’un côté et pas de l’autre.»
Sur le coup ça voulait aussi dire que les gens le remarqueraient...Hmmm…Ca ne pouvait être que dû à un câlin intempestif de Kieran, rien de plus. Pas besoin d’aller chercher plus loin. J’étais un peu embarrassé mais pas vraiment. Tant pis. Je relevais les yeux vers le gryffondor. Pendant un instant, on n’a fait que ça. Se regarder sans parler. Kieran souriait comme un imbécile heureux. Moi je souriais un peu aussi pendant un bref moment avant de me perdre dans son regard. C’est marrant. Quand on s’adresse à quelqu’un on le regarde dans les yeux mais on ne soutient pas vraiment son regard. Non. Ca ne se fait pas. Mais je me retrouvais là debout, à le fixer. Enfin pas vraiment. Il me regardait avec une intensité, un éclat nouveau et je crois que moi aussi je le regardais différemment. Son sourire, son regard pétillant, ses cils, sa peau...Tout me paraissait éclairé d’une nouvelle lumière. Je regardais ailleurs, incapable d’effacer ce léger sourire de mon visage.
« Ouais, juste un petit peu !»
Je me secouais un peu les cheveux avant de baisser les yeux. Kieran me regardait avec des yeux d’amoureux transi et ça me faisait sourire. Qu’est ce qui ne va pas chez moi, vraiment ?. La vérité c’était que je n’avais rien trouvé d’intelligent pour briser ce silence. La vérité c’est que moi aussi j’avais envie de le regarder, même si c’était pour voir mon reflet dans ses yeux. C’était vraiment bizarre. Mais quelque chose me disait que retourner à la normalité serait plus difficile que prévu. Encore pire quand Kieran me demanda de l’embrasser.
Mon visage prit immédiatement une teinte pivoine. Ce n’était pas la peine de faire l’idiot en demandant : un bisou sur la joue ? Je savais exactement ce qu’il voulait. Que je lui rende son baiser. Un vrai baiser langoureux.
«Hein ? euh...ah...quoi ?»
Si Kieran s’était penché pour m’embrasser je ne l’en aurai pas empêché. J’aurai probablement accueilli son baiser avec un certain soulagement. Mais moi...l’embrasser... je..je n’y connaissais rien. Comment on fait ? Est-ce que c’est aussi simple que ça en a l’air ? Qu’est ce que je devais faire ? C’était pathétique… Je n’avais pas vraiment envie de lui dire non, mais j’étais sûr de me planter si je le faisais. J’allais faire une bêtise et rendre ça gênant voire même désagréable. J’essayais de m’esquiver avec l’argument bateau : la spontanéité. On embrasse quelqu’un lorsqu’on en peut plus, non ? Quand on a le coeur sur le point d’exploser, au bord des lèvres.
« Je...hmm...c’est pas le genre de chose que l’on demande....» répondis-je d’une petite voix, très gêné avant d’être interrompu.
Car oui, c’était sans compter sur l’intervention d’un autochtone lourdement déguisé en accoutrement fluo. Chaussures, pagne, maquillage et peinture. Il portait une espèce de perruque fluo et s’annonça d’une voix forte :
« BONSOIR LES MECS ! COLLIERS DE FLEURS ? PINCEAUX MAGIQUES ? BRACELETS FLUO ? C’EST SEULEMENT UNE MORNILLE. ALLEZ SOYEZ PAS TIMIDES.»
Sans lui demander son avis, il passa un collier de fleur fluo autour du coup de Kieran.
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