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 Farther Away — [Demeter]

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Louise A. Ryan


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Louise A. Ryan





Farther Away — [Demeter]
23.08.16 14:15


« Et même si on lui avait dit qu’elle n’en reviendrait pas, Louise ne regrettait pas. Car il y avait en ce lieu quelque chose de si particulier, forçant le calme et la sérénité. Il y avait, oui; le bruit des vagues, le chant du vent. Il y avait cet air de rien, ces obligations oubliées : cette envie de se réinventer. Aussi se sentait-elle bien, n’avait trop peur de dormir, le soir. Elle en venait même à apprécier la solitude, fuyant Duke au possible; ses taquineries et gestes tendres. Rien plus ne lui faisait envie si ce n’était un bon roman, une sieste dans les hamacs voire une promenade dans le marché.

Quoique, elle aimait également observer les gens. S’asseyait souvent en retrait, dévisageant ces visages si heureux; étrangers à la tristesse. Il y avait quelques fois ces rires fusant, venant s’échouer tout contre ses oreilles; la tirant d’une énième rêverie. Et tout chez Louise semblait alors si flou, son corps sursautant; se rattachant au réel. Quelle heure était-il, se demandait-elle, levant son poignet pour y découvrir trois heures de vide. Que s’était-il passé, pendant tout ce temps ? S’était-elle à ce point perdue en elle, en les autres ? A les imaginer, leur inventer des histoires; de l’amour et maints secrets ? Elle aurait aimé devenir écrivain. Narrer d’une plume sans doute maladroite le coeur de personnes qu’elle ne serait jamais, mais comprendrait. Peut-être aurait-elle créé un monde fantastique, peut-être se serait-elle contentée du sien; qui lui plaisait déjà tant. Qui savait. Le droit resterait à jamais sa plus grande passion.

Et Louise n’était pas insatisfaite, non. Elle aimait sa vie, ses amis; aimait tout ce qu’on lui avait offert. Aurait juste aimé quelques années de plus, de quoi ne pas avoir peur de se priver du bonheur. Demeter lui manquait. La pensée avait fusée comme une balle de revolver, brisant le reste; la rendant prisonnière. Il n’y avait présent que son image, que ce manque immense qui toujours il laissait derrière lui. N’avait-il donc aucune honte ? Ne réaliserait-il jamais ? Soupir, sourire. Que pouvait-elle bien y faire ? On ne forçait pas les hommes à s’aimer, ni même à s’attacher. Il y avait là une toute autre alchimie, bien plus singulière; spontanée. Et elle aurait aimé, Louise; que la nuit ne les définisse plus, que le jour également arrive; souriant à leur présent. Elle le savait ici, avait vu les cheveux flamboyant de Pepper; les épaules droites d’Argus. Et comment aurait-il pu être absent, quand ses plus chers étaient ici; sur l’île ?

Pourquoi dans leur nom sonnait ce quelque chose de si incompatible.
Pourquoi, oui; Ryan n’allait-il pas avec Green.

Marchant sur la plage, Louise s’était rapprochée des flots; laissant l’océan lui caresser les pieds. Elle aimait cette fraicheur qui l’attaquait sans prévenir, repartant sans qu’elle ne puisse réagir. Aussi ses mains croisées dans son dos, tenant distraitement ses sandales elle errait. Et il y avait ce vent, oui; qui nuançait la chaleur; faisant s’envoler ses cheveux. Cela l’agaçait d’ailleurs un peu, tant elle devait des fois les ramener derrière elle, n’y voyant plus rien. Quelle idée que de ne pas les couper, murmurait des fois son père; quand se préparant pour un diner elle cherchait comment les coiffer. Mais elle les aimait bien ainsi, leur trouvait un petit air de liberté. C'était comme cette robe, que sa mère avait bien voulu lui céder; au dos décolleté. Et cela lui faisait un peu bizarre, de ne plus être en jean. Elle vivait si souvent en uniforme qu'elle en oubliait des fois ce qu'il se trouvait dans son dressing. Rire. Qui s'en souciait ?

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Demeter H. Green


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Re: Farther Away — [Demeter]
23.08.16 18:27

 
Une mine un peu pensive collée au visage, Demeter faisait passer son pouce avec lenteur, contre l’extérieur de sa cheville, où l’on pouvait encore distinguer deux petites traces des crocs qui avaient enfoncés sa chair ; Des souvenirs de sa douloureuse expérience dans le labyrinthe. Il eut alors une sorte de grimace, comme à chaque fois qu’il pensait à cet épisode si embarrassant de sa vie. Pourtant, il ne se souvenait de pas grand-chose à part une impression persistante et étourdissante de nausée ainsi que la voix paniquée d’Argus Jones assénant à plusieurs reprises les mêmes questions. Mais le simple fait d’avoir été empoisonné le rendait plus fébrile qu’il n’aurait bien voulu l’admettre car il rejouait sans cesse le scénario dans sa tête et se plaisait à fabuler sur une fin tragique. Et même si Lux La Chouette ne l’aurait certainement pas laissé périr ainsi, il ne pouvait s’empêcher d’imaginer le contraire et donc d’avoir un frisson en se demandant ce qu’Argus aurait fait s’il n’avait pas trouvé la sortie si vite.
Pour cesser de penser à tout cela, il se leva alors un peu brusquement et quelques grains de sables chutèrent du pli de ses vêtements. Ces choses avaient le don de s’incruster à peu près n’importe où, ce qu’il était loin d’apprécier, pensant plutôt le contraire. Il en était irrité et n’appréciait rien des plages sinon le tableau paisible et serein qu’elle dessinait parfois. Mais le bruit inlassable des vagues, le cri cacophonique des mouettes et le tumulte incessant des jeux d’enfants rendaient parfois la fréquentation de ce lieu déplaisant mais il n’avait pas le choix. Il s’agissait pour lui du moins pire sur Nukonunu. Parce que dans l’intérieur contigu de son bungalow, la chaleur devenait étouffante et l’espace rendu restreint d’autant plus par leur victoire à l’épreuve deux lui donnait l’impression de suffoquer. Quant à la forêt de palmiers, les cocotiers portés par les arbres ne lui inspiraient guère confiance. Sans doute à raison en considération des nombreuses noix se fracassant journalièrement sur la tête des gens s’y aventurant. Enfin il y avait les rues, le bazar, mais le goudron chaud, la foule pullulante et dégoulinante de sueur le dégoûtait réellement. Alors il restait sur la plage à défaut de mieux et avait même refusé d’accompagner la petite bande qui avait voulu faire du shopping aujourd’hui.
Non. Demeter avait préféré rester seul comme on avait si souvent l’habitude de le voir. Il s’ennuyait profondément et se décida à se promener un peu plus loin vers la jetée. Ses pieds s’enfoncèrent dans le sable blanc et il se demanda de quoi il pouvait bien avoir l’air aujourd’hui, où suite encore à un énième pari perdu, il avait dû revêtir une tenue gentiment qualifiée de tropicale et exotique par Juniper. Donc autant dire qu’il ressemblait à un dégoûtant moldu avec sa chemise blanche et fleurie, accompagnée d’un short jaune criard dont la teinte jurait horriblement avec son haut. Au moins cela avait fait rire Argus qui avait perdu de sa superbe depuis l’épreuve du labyrinthe, chose d’ailleurs surprenante parce qu’en toute logique ç’aurait dû être à lui, d’être tout penaud et refroidi.
Il remarqua alors une silhouette, se dressant devant les flots et les pieds dans l’eau. Demeter reconnut le brun profond adornant une chevelure semblable à nulle autre pareille. Et sa direction dévia d’elle-même allant à la rencontre de Louise pourtant dos à lui et face à la mer. C’était la première fois qu’il la voyait sans son uniforme scolaire et il y avait quelque chose de tout curieux dans cette tenue qu’elle portait. Quelque chose d’assez insolite tant il l’avait toujours imaginé vêtue des robes de l’école.
-        Louise.
 
Il l’interpella soudainement quand il ne fut plus qu’à quelques mètres d’elle. Sa voix s’était élevée de son propre chef comme si Louise l’avait attendu ici, comme s’ils avaient convenus de se retrouver en cet endroit -là.  Ce n’était pas le cas pourtant. Il s’agissait d’une rencontre inopinée et complètement hasardeuse pour eux, pourtant si habituée à se fréquenter mais qui ne s’était plus retrouvée ensemble depuis un moment qui lui semblait avoir duré une éternité. Mais après tout cela était de sa faute à lui. Car il s’était tant appliqué à éviter Louise suite à leur curieuse conversation d’il y a quelques semaines, qu’il avait finalement réussi un peu à oublier tout le tracas qu’elle avait soulevé ; Toute cette agitation qui le prenait au cœur de la nuit, quand le sommeil ne venait pas mais qu’il avait son nom au bout des lèvres accompagnées de questions aux réponses inexistantes. Et il s’était alors dit que tout cela disparaîtrait, tout cela cesserait s’il évacuait Louise de son quotidien. Le temps lui avait donné raison puisqu’il avait retrouvé son calme et cette froideur qu’on lui connaissait si bien.
Et pour l’instant même à nouveau devant elle, c’était toujours le cas. Demeter ne tremblait plus. Son esprit ne bafouillait plus ses pensées.  Il était tout simplement heureux de la retrouver, même si son visage ne témoignait de rien, impassible comme c’était si souvent le cas.
Peu enclin à se joindre à elle pour tremper ses pieds, il restait en retrait quelques mètres en arrières, comme pour l’inviter à se joindre à lui. Il fourra ses mains dans ses proches, en observant Louise, sa Louise, si douce et si soyeuse face à l’océan. Ses lèvres dessinèrent alors un sourire infime et bref pour sa Louise et toute la chaleur qu’elle faisait naître au milieu de sa poitrine. Il aurait presque eu un air bienveillant mais cette expression lui était étrangère. A la place Demeter continua de la fixer imperturbable. Elle lui avait manqué.
 
-        Il y a beaucoup trop de vent ici.
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Re: Farther Away — [Demeter]
24.08.16 0:11


« Quand sa voix avait retenti derrière elle, Louise avait souri. Il y avait eu de la surprise, mais également un profond soulagement. Ah, te voilà. Et il en avait mis, du temps. Aussi aurait-elle aimé mimer l’habitude, se retourner avec nonchalance; lui offrir une moue paisible : mais ce n’était pas possible. Car plus rien n’était pareil, la normalité leur ayant été arrachée. Car il l’avait sevrée de sa présence sans qu’elle ne s’y attende, créant un vide en elle qui malgré les jours n’avait pu se remplir. Et peut-être que jamais il ne serait possible de le combler, tant il lui appartenait; tant il y avait creusé sa place. Demeter Hydrus Green. Qu’allait-elle faire, à présent ? Il lui semblait qu’il avait gagné, lui avait tout volé. Son amitié.

« Demeter ! » Il y avait eu de la joie dans sa voix, ourlée d'une tiède chaleur. Aussi avait-elle fait volte face, ses cheveux brouillant un instant son champ de vision; ses mains ne tardant à venir les saisir dans un geste maladroit quoique agacé. Tu as bien raison, avait-elle alors pensé; le rire aux lèvres. Pourquoi ne s’en était-elle pas rendue compte plus tôt ? Peut-être car il ne l’avait jamais vraiment dérangée, et que l’idée de se faire emporter l’amusait plus qu’elle ne l’irritait. De loin, j’aurais pu ne pas te reconnaitre. Son constat était tombé alors que curieuse elle l’avait dévisagé, se rapprochant doucement de lui. S’était-il vu, habillé ? Était-ce là réellement son style, que d’aborder une chemise à fleurs; un short jaune pétant ? Il semblait être un tout autre homme. L’avait-on forcé ?

Restant silencieuse, Louise s’était promise qu’elle ne lui demanderait pas. Il semblait y avoir sous ces questions des réponses explosives; aux moues et murmures frôlant le dégout. Car Demeter restait Demeter, et en lui brûlait sans aucun doute une certaine dignité. Et qui aurait été assez fou, pour la lui blesser ? Elle ne l’avait trop vu en colère, mais ne souhaitait jamais le faire. Quelle horreur cela devait-il être, de voir un Demeter tapant du pied ! Rougissait-il, victime de sa propre démence ? Désirait-il alors réduire le monde en bouillie, régner dans la poussière ? Enfin. Là étaient des songes bien abstraits. « Je ne suis pas assez grande pour t’en protéger ! » avait-elle finalement plaisanté, assez proche de lui pour devoir lever les yeux pour le regarder. Et il y avait là une malice particulière, une image un peu loufoque. Louise protectrice, quelle idée ! Elle qui pouvait, d’ailleurs; se réfugier dans l’ombre du garçon. Rire. Encore.

Elle était venue à lui comme une évidence, et restait à présent à ses côtés comme si tout dépendrait toujours de lui. Il y avait là sa moue un peu facile, un peu absente; son quiet bonheur. Aussi attendait-elle, patiente; ses mains liées dans son dos, tenant ses chaussures. Et peut-être le faisait-elle pour se réhabituer, oui; à la présence de Demeter. Il semblait si étranger ! Quelle sensation particulière, que de mêler le connu au méconnu. Le savait-elle encore, ou avait-il terriblement changé ? Pourquoi, oui; pourquoi était-il resté ainsi loin d’elle ! A présent elle se devait d’être timide, de noyer son regard de mille interrogations. Se devait, oui, de le redécouvrir. Misère. « Mais nous pouvons peut-être marcher ? » Car en le faisant ils ne le subiraient plus de face, mais de biais. Et tous savait qu’il valait mieux accompagner le vent que le confronter, le bloquer. N’attendant trop sa réponse, ses yeux cherchant les siens, elle avait souri; tournant distraitement autour de lui. Allons-y ?

Elle avait tant à lui dire et pourtant ne lui avait rien dit.
Demeter cela fait-il un mois ou dix ans ?

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Re: Farther Away — [Demeter]
24.08.16 2:58

Et Demeter sentit ses épaules se détendre, encore et toujours, comme à chaque fois que Louise lui offrait ce sourire si beau et si doux. Sur le moment, il aurait bien eu envie d’aller l’étreindre comme Juniper le faisait si souvent, pour mêler sa joie à la sienne mais il restait lui, désespérément sourd à de tels désirs.
Finalement Demeter se contenta d’un nouveau sourire, plus large cette fois, alors que Louise se rapprochait de lui. Elle se planta à ses côtés, les bras croisés dans le dos pour tenir des sandales dont elle avait dû se défaire avant d’aller barboter. Toute proche de lui, avec sa robe dont le tissu dansait sous les caresses du vent, Louise lui parut soudainement d’une fragilité presque étrangère. Et pour une raison inconnue, cette vision le toucha particulièrement. En la voyant Louise, sa Louise, sous ce jour nouveau, plantée au beau milieu de ce décor si insolite, vêtue de ces vêtements d’étés si inhabituels pour eux, il eut presque l’impression de la redécouvrir. Et cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu. Combien de temps ? Des jours, des semaines, presque un mois en tout qu’il n’avait plus croisé l’incroyable bleu de ses yeux.


Et tout ça lui avait manqué. Oui.


Parce qu’il avait été si tracassé par toute cette histoire qu’il avait craint de ne pouvoir l’observer à nouveau, sans que l’atmosphère entre eux ne devienne embarrassante pour lui. C’est qu’elle l’avait chamboulé comme il avait rarement l’habitude de l’être ; Demeter pour qui la conception de l’affection était terriblement tordue, terriblement asymétrique, terriblement contrefaite, s’était posé des questions dont il n’avait jamais soupçonné l’existence. Et des jours durant, son esprit en avait été martelé, si bien qu’il ne savait plus s’il devait être triste ou heureux, comblé ou frustré. D’ailleurs il ne savait toujours pas mais il avait réussi à rendre tout ce brouhaha presque muet et pouvait l’ignorer comme bon lui semblait, avec ce panache qu’on lui avait toujours connu, même s’il demeurait toujours gêné de manière infime par ces problèmes non résolus.
Il l’écouta plaisanter mais sa satisfaction quant à leurs retrouvailles le rendait étrangement distrait. Demeter perdit plutôt ses yeux dans ceux de Louise, toujours si fasciné par ces deux lacs où miroitaient une délicatesse qui exerçait sur lui une fascination terrible. Mais il oublia bientôt ces prunelles, tandis que son regard longea les épaules de Louise, s’arrêta sur le dessin de la clavicule quelques secondes de trop. Conscient de son indiscrétion, il se mit à rosir et détourna promptement son regard. Louise ne sembla rien remarquer cependant et elle tournait à présent autour de lui, en attendant qu’il réponde à la question qu’elle lui avait posée un peu plus tôt.
Demeter n’avait pas particulièrement envie de marcher mais hésita un instant comme il n’était pas non plus enthousiaste à l’idée de s’asseoir à nouveau dans le sable.
Il trancha finalement en se détournant de l’océan.
 
-        Oui. Marchons.
 
Et il ne sut pas exactement pourquoi alors. Peut-être était-ce Nukonunu, peut-être était-ce l’effet des vacances, peut-être était-ce cette discussion enthousiaste avec Argus du soir dernier ; Mais Demeter eut soudainement envie de se saisir de la main de Louise.
Sans vraiment s’en rendre compte il alla la cueillir délicatement, entremêlant doucement ses doigts aux siens, sans vraiment y réfléchir. Et alors qu’un peu plus tôt, il s’apprêtait à lui faire un récit détaillé de tous ses malheurs il songea que ce n’était pas le moment pour cela. Il venait à peine de la retrouver et aurait aimé plutôt lui offrir un peu de joie. Mais il ne savait pas faire ça, ne pensait pas à faire ça, alors il se contentait d’avancer silencieusement, en foulant le sable de ses vilaines tongs qu’il devait s’efforcer de porter.
 
-        Ton séjour ici se déroule bien ?
 
Et il se rendit alors compte que la main de Louise était dans la sienne. Il rosit à nouveau en se demandant ce qui avait bien pu lui passer par la tête et il songea alors à soustraire ses doigts mais de quoi aurait-il eu l’air alors ? Qu’est-ce que Louise penserait de cette indécision ? Et pourquoi avait-il fait ça.
Soudainement gêné, il se surprenait pourtant à apprécier ce contact.
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Louise A. Ryan


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Re: Farther Away — [Demeter]
24.08.16 23:51


« Il y avait eu cette main venant déloger la sienne, la rendant prisonnière. Aussi Louise quoiqu’un peu surprise avait-elle dévisagé Demeter; mille interrogations sur le bord des lèvres. Que t’arrive-t-il ? aurait-elle aimé lui demander, trop timide pour oser le faire. Avait-il peur de la perdre ? Que le vent l’emporte, la déporte; l’éloigne de sa personne ? Sourire. Il avait bien raison, que de penser ainsi; car elle se savait prête à disparaitre. Tu me retiens au réel, avait-elle distraitement avancé, séduite par l’idée. Ainsi accrochée à lui, elle ne pourrait s’évader dans ses rêveries; tomber d’un coup, l’abandonner. Elle était sa captive, une extension de son bras ! Et toujours le suivrait, tant qu’il la guiderait.

« Hmhm. » avait-elle vaguement laissé filtrer, trop occupée à rester à ses côtés sans se faire distancer, écarter. « Tu sais, je n’avais jamais vu la mer; ni même l’océan. » Et elle l’avait regardé, innocente; pétillante. Tu y avais déjà été, toi ? Était-ce pour ça, qu’il semblait si détaché; nonchalant ? Elle aurait tant aimé savoir, mais sentait qu’il fallait mieux que ce soit elle, oui; faisant la conversation. « J’ai l’impression qu’ici je pourrais tout oublier. C’est si différent de chez moi, de ce que je connais : et même de Poudlard. Ici il n’y a aucune obligation, si ce n’est le calme; l’envie d’être heureux. » soulevant leurs doigts entremêlés, elle les avait regardés comme si il s’agissait là de la chose la plus naturelle à faire; un sourire quelque peu flottant ourlant son visage. « Je lis beaucoup, à l’ombre des palmiers. J’aime entendre les vagues au loin, sentir l’air dans mes cheveux ! J’observe aussi beaucoup les gens, si occupés à être eux. Enfin, oui; je crois que tout se passe bien ? Même si je me demande quelque fois ce que je fais ici. » Rire, et elle aurait aimé replacer ses folles mèches derrières ses oreilles; incapable pourtant de le faire. Qu’allait-il lui répondre ? Trouverait-il cela bizarre, que de se distraire en faisant si peu ? Elle qui n’avait plus envie de voir Duke, ne ressentait le besoin de parler à quiconque ? La solitude jamais ne lui était parue aussi charmante; quoiqu’elle se sentait retrouver une part d’elle aux côtés de Demeter. Avec lui elle n’avait pas besoin de réfléchir, de s’épuiser à écouter : elle se sentait juste bien. Ne pouvait empêcher ces sourires un peu tout, un peu rien; ces rires courts quoique bien présents, existants. Il était son habitude, sa routine et son quotidien. Ne se souvenait pas du pourquoi ni comment, avait oublié depuis des années ce qu’elle avait ressenti en le voyant arriver dans leur salle commune. Il était juste lui; et ainsi avec lui elle était juste elle.

Il y avait Louise, puis Demeter.
Mais jamais, non; Louise et Demeter. C’était comme si ils se contentaient de se juxtaposer, se croiser sans trop se toucher. « Tu sais Demeter je crois que tu pourrais m’engloutir ! » Cela avait fusé sans trop qu’elle ne s’en rende compte, son rire se perdant au loin. Réalisant après coup, elle l’avait dévisagé, tachant d’expliquer; lui montrant leurs mains respectives, dont celles liées : « Je me sens si petite, et toi tu es si grand ! » Car que pouvait-elle bien ajouter ? Elle qui devait toujours lever la tête pour mieux le voir, l’observer. Il lui semblait souvent si lointain, presque intouchable : Demeter.

Elle en avait oublié le mois passé, la distance et tout ce qui les avait séparés. Et toi, raconte-moi.

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Demeter H. Green


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Re: Farther Away — [Demeter]
30.08.16 11:43

Et il l’entrainait dans son sillage, Louise, qui réfléchissait, lui répondait pétulante et fraîche comme il ne l’avait jamais connu. Ils arpentaient le bord de mer, un décor si inhabituel pour eux, britanniques, main dans la main. Les lèvres finement serrées de Demeter trahissait la fébrilité soudaine qui l’avait envahi quelques secondes plus tôt, depuis qu’il avait eu cet élan soudain de venir ravir un bout de Louise. Ce geste le gênait encore, pourtant Louise n’avait rien dit, n’en faisait rien comme si tout cela était normal. Et ils continuaient d’avancer, bavardant tranquillement.
Alors il avait tenté de se perdre dans le récit de Louise, d’oublier les palpitations saisissantes qui vibraient sous l’affreux tissu de sa chemise. Il avait eu ce rire faussé et nerveux devant la touchante innocence dont elle faisait preuve. On croirait entendre Juniper parler ! Mais cette constatation fut brève et furtive, invisible, tant il pensait encore à la main de Louise et leurs doigts entortillés, qu’elle agita plus tard entre eux, les soulevant avec douceur. Et Demeter se mit à déglutir péniblement, il se sentait alors un peu nerveux de toutes ces choses-là. Et le monde sembla alors s’être réduit à leurs mains entrelacées, à la palpitation furieuse de son pouls ; Le contact était chaleureux mais électrique.
Alors Demeter eut cette réponse par réflexe, tandis qu’il s’arrêtait en fixant Louise d’un regard étrangement fiévreux pour quelques secondes.
 
-        C’est toi qui m’engloutis, Louise.
 
Un drôle de sourire tordit alors ses lèvres et ses dents se perdirent sur sa lèvre inférieure en y mordant la chair. Il détacha sa main de celle de Louise et ce simple geste sembla lui redonner un peu plus de contenance. Demeter n’avait plus envie de marcher et il avait avisé un simple banc en pierre blanche un peu plus loin, il l’indiqua à Louise d’un mouvement discret du menton.
 
-        Asseyons-nous quelques secondes.
 
Et il s’y laissa tomber promptement. Avec un semblant de nervosité il passa la paume de sa main contre sa nuque comme si le frottement causé aurait pu l’apaiser. Le vent qui soufflait fort aujourd’hui l’avait complètement décoiffé mais pour une fois Demeter ne songeait pas à l’air échevelé qu’il devait certainement avoir, parce que Louise toute entière s’accaparait à nouveau la moindre de ses réflexions, comme cette dernière soirée qu’il avait préféré oublié mais dont les phrases ressurgissaient à présents, vivides dans son esprit. Et il aurait sans doute souhaité en parler, s’ouvrir comme il le faisait rarement mais Demeter préféra s’enfoncer dans le quotidien qu’ils avaient dessinés depuis qu’ils se côtoyaient parce que pour rien au monde il ne se serait risqué à le voir disparaître à nouveau.
 
-        La chaleur me rend complètement dingue. Mais ce n’est pas tant ça, il fait aussi très lourd et j’ai l’impression d’être poisseux en permanence. Et je dors mal, les bungalows sont trop étroits pour quatre personnes. D’ailleurs je partage le mien avec Argus ce qui ne serait pas si mal s’il n’y avait pas aussi Yasha dedans. Oh et les moustiques sont d’une horreur, je collectionne les piqures depuis qu’on est arrivés ici. C’est l’enfer vraiment je me demande ce qu’a pensé le directeur pour nous envoyer ici, franchement je ne serais pas venu si le voyage n’avait pas été obligatoire. Mais c’est vrai que sans toutes ces choses-là, Nukonunu est loin d’être moche.
 
La différence de ressenti entre Demeter et Louise était saisissante. Et il n’y avait certainement pas songé, trop obnubilé par ce picotement toujours plus persistant qui semblait chatouiller ses côtes, cette même absence qui quelques secondes plus tard lui fit proférer quelques marques d’affections si rares chez lui.
 

-        Mais je suis content de te voir ici. Tu m’as manqué Louise.
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Louise A. Ryan


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Re: Farther Away — [Demeter]
01.09.16 0:33



« Comment pourrais-je t’engloutir, Demeter; alors que tu es si grand. C’est moi qui toujours me perds dans ton regard, dans ta présence : dans ton sillon. Car tu le sais, n’est-ce pas ? Que jamais je ne pourrai te rattraper. Tu es bien trop loin, bien trop toi. Tu es Demeter et je ne suis que Louise; enfin. Peut-être est-ce mes propos qui te perdent à ce point, m’as-tu connue un jour si bavarde ? Moi qui t’écoute habituellement. Mais tu sais Demeter j’ai tant de choses à dire, à crier et à rire. Je pourrais parler sans m’arrêter pendant des heures, voire des jours durant. J’ai le monde à refaire, une existence à broder. J’ai toute une vie à expérimenter; tant bien même ne sera-t-elle pas de longue durée.

Et toi tu me dis que tu veux t’asseoir : mais moi je ne veux pas. Je veux continuer à marcher, continuer à faire semblant; à croire que tout va bien alors que tout va mal. Mais évidemment tu ne m’écoutes pas, Demeter; et tu y vas en m’y entrainant, ne tardant à me lâcher. Nous ne sommes plus rien, je ne sens plus ma main dans la tienne et j’ai l’impression que je vais m’effondrer. Sais-tu ce que ça fait, que de se dire que ce n’est pas grave; que tout à une fin ? Que la mienne viendra juste avant les vôtres, et que je n’y peux rien ? Alors je te regarde partir sans bouger, t’asseoir et me parler. Il me faut faire tant d’efforts pour finalement venir à toi, et jamais tu ne le sauras mais c’est bien parce que c’est toi. Je t’observe et je sais que je ne pourrai te cacher toute cette affection que je te porte; tant elle me fait mal. Comment est-ce possible d’aimer autant ? Alors que toi tu ne le peux pas. Je dois sans doute être idiote, mais j’aime me dire qu’on ne choisit pas. Car n’est-ce pas là le résumé de ma vie ? Ai-je choisi de naitre dans ma famille, tant bien même pour rien je ne l’échangerais ? Ai-je choisi, oui; cette magie qui n’en fait que des siennes ? Qui m’émerveille et me détruit ? Car le sais-tu seulement, Demeter; que c’est cette magie qui nous anime qui me tuera. C’est fou, n’est-ce pas ? On a inventé des sorts annulant des sorts; mais jamais des sorts empêchant d’en lancer. Moi j’aurais besoin qu’on m’en lance un, qu’on me prive de magie; qu’on me rende plus fade que je ne le suis déjà. J’aurais besoin qu’on m’arrache à mes racines, qu’on coupe une partie de moi; oui. Et ça me fait si mal d’y penser : qui suis-je, sans la magie ? Qui m’aimera, sans la magie ? Le pire est que cela ne me dérangerait pas tant, car j’estime la vie plus que mes habitudes; plus que mes rêves et envies.

Tu parles et tu ne t’arrêtes pas : l’île ne te plait pas. Et j’aimerais te dire que ce n’est pas grave, que ce qui est fait est fait et que tu es bientôt au bout de tes peines. J’aimerais venir poser ma main tout contre toi, t’enserrer de mes bras : te dire qu’il serait temps d’aimer. Mais je me contente de t’observer, les mains dans le dos; ce sourire un peu absent sur les lèvres. Je suis si proche de toi, et pourtant je me sens si loin. Si mal, aussi; car il y a cette douleur qui monte en moi sans que je puisse rien n’y faire : et je sais que si je ne m’assieds pas je tomberai. Alors je cède à tes caprices et à ceux qui m’habitent sans que je les décide — je me pose à tes côtés. J’ai sans doute les jambes qui tremblent un peu mais tu ne remarqueras rien n’est-ce pas ? Nous dirons que c’est car je suis anxieuse : anxieuse de toi; de tes regards, de ta présence. Alors quand tu me dis que tu es content de me voir je ne peux m’empêcher de rire. « Moi tu ne m’as pas manqué. » Et il y a ce ton qui se veut gentil, dans l’humour et la finesse. Il y a cette envie que tu croies en une blague, alors qu’il n’en est rien. Comment pourrais-tu me manquer alors que tu me manques en permanence ? Demeter tu ne m’as pas manqué car tu me manques encore. Et demain ce sera pareil, même quand tu es là j’ai l’impression que tu ne l’es pas. J’ai l’impression que nous ne nous méritons pas, que nous ne sommes pas faits pour rester ainsi, ici. J’ai l’impression de tant de choses, oui; mais aucune ne sont belles ! Alors quand tu me prends la main l’air de rien tout s’efface, car je sais que même si je venais à tomber tu me rattraperais.

Mes yeux te cherchent et je ne sais plus quoi faire; lorsqu’ils te trouvent. Je ne sais jamais quoi faire avec toi, car je sais qu’il n’y a rien à faire. Tu es Demeter et je suis Louise et nos prénoms ne s’accordent pas. J’aurais tant aimé que ce soit le cas, tu sais; que tu me considères ne serait-ce comme une amie. Mais tu ne sais quoi faire de moi, je le sens; le comprends dans tes interrogations. Enfin. « Je suis méchante, n’est-ce pas ? » J’aimerais pouvoir me qualifier de pétillante, m’assimiler au champagne mais ce serait sans doute trop osé. Alors je me contente de me pencher vers toi, de te sourire pour la millième fois. Un jour mon père m’a dit que j’étais innocente et que la vie ne m’épargnerait pas. Je n’avais alors pas compris, car je me suis toujours sentie si réaliste; pieds sur terre : j’ai toujours su quoi faire de moi. Mais peut-être a-t-il raison, car même en m’obstinant jamais je n’arriverai à m’arrêter de te parler. A toi comme à d’autres : c’est plus fort que moi. J’aime vous imaginer heureux, vous inventer une vie. J’aime tant de choses, à vrai dire; que je ne sais plus quoi dire. Et même si des fois je ne ressens rien si ce n’est la lassitude et la non envie… Que dire, oui; quand tu es ici.

« J’utilise des charmes et des sorts pour la chaleur et les moustiques. Même si le vent contribue beaucoup à chasser les deux en même temps. » Je remontais le fil de ses propos à l’envers et ne comprenais pas pourquoi il n’y avait pas pensé. Même les moldus avaient maints remèdes contre les piqures, j’avais vu de loin certains en utiliser. « Quant à l’obligation… Je ne serais pas venue non plus. » Et que pouvais-je bien te dire d’autre ? Alors que je savais que si je voulais me lever, je ne pourrais pas. « Je n’aurais pas pu. Et alors je ne sais pas si j’aurais voulu. » Car la peur aurait alors pris le dessus, car j’aurais eu un choix plus vaste; et que j’aurais sans doute renoncé. Car il aurait fallu le dire à haute voix, oui; je me fiche de mourir. Mais comment pourrais-je le dire ? Il était plus simple de dire : je dois. Je dois y aller, que vous le vouliez ou non. Je dois y aller et vos jugements ne valent rien; ils ne vaudront quelque chose que lorsque vous aurez une réponse. « Mais je suis contente d’être ici, au final. Tu es là. »

Autrement tu ne l’aurais jamais été, n’est-ce pas ?
A mes côtés.

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Re: Farther Away — [Demeter]
01.09.16 2:30

Il se sentait bien soudainement.
Demeter s’ancra pleinement dans ce moment éphémère et fugace, où son cœur prenait enfin place au bord de ses lèvres. Ca l’avait fait sourire tendrement d’avouer à Louise le creux qu’elle lui avait laissé. Il n’y avait pas de mal pour une fois, à mettre des mots sur ce que son cœur lui murmurait tout bas. C’était même presque toujours agréable et soulageant, de se rendre enfin compte qu’il n’y avait pas en lui qu’une gangue acide de colère, qu’il gardait au fond de lui, une place ténue pour l’amour et l’affection.
Assis sur le banc, il étendit ses jambes devant lui au-dessus du sable blanc qui vint recouvrir le bout de ses hideuses tongs d’une pellicule blanchâtre. Il passa à nouveau une main sur sa nuque, la grattant un peu pensivement. Louise, face à lui, les mains dans le dos, un sourire délicat cousu sur ses lèvres le regardait d’un air un peu absent et Demeter étendit ses lèvres avec tendresse, sans vraiment s’en rendre compte. Comme à l’accoutumé, quand il s’agissait de Louise et de lui, il s’oubliait dans ces moments hors du temps qu’ils concevaient ensemble, aux rythmes des mots valsant de leurs conversations. Elle vint le rejoindre sur le banc de pierre blanche, il se décala légèrement sur sa gauche lui laissant d’avantage de place. Et il était soulagé. Profondément soulagé qu’il n’y ait rien de maladroit et d’inhabituel aujourd’hui tant il avait craint que leurs retrouvailles furent empruntées et hésitantes, suite aux questions lancinantes qu’il n’avait pas cessé de se poser. Mais Louise était restée Louise. Sa Louise. Alors tout cela lui importait vraiment peu à présent, parce qu’elle était là à ses côtés. Et elle le transportait complètement avec ses sourires si vagues et ses yeux si bleus qu’il se rappela alors à quel point, elle lui était essentielle.
Il se le répéta alors en silence plusieurs fois, peut-être parce qu’il se rendait enfin compte de cette évidence, si longtemps dissimulée par un orgueil qui n’aurait pas dû être. Demeter acceptait enfin avoir besoin de Louise pour peindre son quotidien d’un bonheur aux couleurs pastel.
Un rire discret s’échappa de sa gorge comme une toux, quand elle se moqua gentiment de lui. Il fit mine d’être offusquée un instant mais partagea avec Louise un regard pétillant et espiègle, presque complice. Il se balança de gauche à droite légèrement, son épaule venant à la rencontre de celle de Louise alors qu’il l’observait toujours avec le même air mutin. Et il eut alors envie de la charrier à son tour, mais resta muet quand elle ajouta précipitamment être méchante. Un nouveau rire discret anima Demeter. Sa main forma un poing qu’il porta au niveau de ses lèvres alors qu’il toussait doucement, amusé par Louise, Louise si gentille, si douce avec lui, que la considérer cruelle un instant lui paraissait complètement saugrenu. Elle parmi tous, serait bien la dernière qu’il qualifierait de méchante !
 
-        Mais non.
 
Il était même content de cette boutade parce qu’il se sentait à présent plus proche de Louise, tant elle ne s’était jamais moquée de lui auparavant. Il l’écouta lui répondre à ses propos de plus tôt. Elle remonta le fil de ses propos dans le désordre et quand elle se tut, un sourire fendit à nouveau les lèvres de Demeter. Il se pencha à nouveau, lui asséna un coup d’épaule tendre et joueur alors que son regard se perdait à nouveau sur le visage de Louise, sa Louise qui lui inspirait en ce moment une tendresse si grande qu’il eut l’envie d’enfouir son visage contre sa nuque, juste pour s’y reposer, juste pour sentir la chaleur de sa peau contre la sienne. Mais même dans cet état-là, légèrement béat, Demeter ne se serait jamais autorisé un tel geste alors il se contenta de laisser les secondes s’écouler. Il la fixait toujours d’un regard intense, le bleu de ses yeux dans ceux de Louise, tout simplement heureux de l’avoir si proche de lui et il n’avait besoin que de ça au fond. De Louise proche. Peu importe si elle l’aimait d’amour ou si lui l’aimait d’amour tant qu’elle voulait bien lui accorder secondes, minutes et heures. Et cette réalisation soudaine mit alors fin aux questions qui le taraudaient depuis leur dernière rencontre. Ce simple fait provoqua un nouveau rire étouffé chez Demeter qui se rendait compte à quel point il avait été ridicule ces derniers temps, à remuer ciel et terre, à interroger Argus et Juniper, alors qu’à présent à côté de Louise tout semblait soudainement clair et brutalement simple. A quoi bon se tracasser à s’interroger sur l’amour quant au fond, demeurer et exister en même temps que Louise, le rendait déjà heureux. Lui était déjà essentiel.
Pour Louise, sa Louise, il pensa alors sur le moment qu’il n’avait pas besoin de plus, que sa seule présence suffirait à jamais. Intimement convaincu par cette pensée soudaine, il rejeta alors sa tête en arrière, comme libéré d’un poids. Il en aurait presque exulté de soulagement tant cela l’avait rendu nerveux mais Demeter n’aurait agi de la sorte pour rien au monde. Il inspira profondément  l’air vivifiant de l’après-midi, le respirant à plein poumons pour profiter de cet instant où tout enfin était rentré dans l’ordre. Et sa main vint retrouver celle de Louise, s’en emparant avec délicatesse. Il entrelaça ses doigts aux siens, les serrant doucement et il tourna la tête, plongea à nouveau le bleu de ses yeux dans ceux de Louise. Un court frémissement l’agita puis un nouveau sourire pas bien large, mais joyeux vint étirer ses traits. Il n’éprouvait plus alors le besoin de lui parler, de s’épancher d’avantage sur ses mésaventures à Nukonunu. Il voulait simplement apprécier cet instant fugace de bonheur, partagé avec sa Louise.
Il aimait sa main dans la sienne, comme un ancrage à un espace où il se sentait enfin en paix. Il aimait son épaule contre la sienne et le vent qui agitait ses cheveux auburn. Il aimait cette robe dont elle était ceinte et surtout ce bleu, si bleu qui colorait ses yeux. Et sur le moment elle sembla alors attirer toutes les lumières du paysage. Le monde s’était réduit à Louise seule, si délicate sur ce banc de pierre. Et cette image singulière et touchante fit éclore un compliment sur ses lèvres d’ordinaires si stériles de louanges.
 
-        Cette robe te va très bien Louise.
 
Il songea brièvement alors que c’était dans ce genre de robe qu’il avait voulu voir Juniper, mais que cette dernière s’y refusait toujours avec véhémence préférant les jeans et les shorts. Question de courant d’air disait-elle avec un air bougon. Et elle avait tort, pensa alors Demeter qui les yeux perdus sur Louise, se disait que cette dernière était très jolie.
Il partagea son opinion sans vraiment en avoir conscience.
 
-        Je te trouve belle.
 
Et quand il s’en rendit compte, Demeter eut un soupire intérieur. Parce que Louise lui arrachait toute la joie, toute la gaieté qu’il gardait prisonnières en lui, depuis si longtemps déjà qu’au fond cela ne le surprenait plus. Elle l’avait déjà tant fait sourire après tout, ce qui était un exploit quand on ne s’appelait pas Juniper, Argus ou James. Et elle était sans doute la première personne qui lui eut fait sortir ce genre de niaiseries, de fadaises qu’il aurait abhorrées en temps normal. Lui qui se moquait toujours d’Argus et de ces flatteries ridicules. Mais cela lui paraissait à présent curieusement approprié tant cela s’était imposé comme une évidence dans son esprit. Il l’avait toujours trouvé jolie, mais aujourd’hui plus particulièrement. Peut-être était-ce la robe ou peut-être était-ce simplement parce que Louise lui prenait chaque jour un peu plus et qu’à présent, elle avait presque mis son cœur à nu, ce qui expliquerait alors ses confidences habituellement trop intimes pour être partagées.
Mais pour Louise, sa Louise, certaines et des centaines de ses règles volaient en éclat, tant elle distordait son monde de sa présence. Il eut un air grave mais heureux qui respirait la plus honnête des sincérités.
 
-        Pour de vrai.
 
Son sourire s’effaça, sa mine devint pensive quelques secondes.
 
-        Veux-tu continuer à marcher ?
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Re: Farther Away — [Demeter]
08.09.16 2:16


« Louise ne savait pas répondre aux compliments et l’aurait-elle su qu’elle n’aurait pu le faire face à Demeter. Aussi avait-elle voulu disparaitre, dissimuler ses joues qui soudainement n’en faisaient qu’à leur tête, rosissant; se réchauffant imperceptiblement. Mais comment le faire, alors qu’une fois de plus il l’avait prise en otage; sa main dans la sienne ? Demeter tu es cruel avait-elle alors pensé dans un sourire amer, son regard dérivant au loin. Car comment pourrait-elle le regarder, après tout cela ? Qui était-il pour la trouver belle, pour lui dire que tout allait ? Qui était-il, oui; pour l’animer d’une gêne si sincère qu’elle ne voulait plus être vue. Pourquoi l’avait-on faite si timide, si incapable de dire merci comme il était là la chose la plus naturelle à faire ? Pourquoi ne pouvait-elle pas être pleine d’assurance, quand tout revenait à elle; elle et un autre. Elle se fichait des insultes, des mots doux qui n’avaient de sens : mais lui, mentait-il ? Lui qui était si avare de tout, d’amour comme de tendresse. Lui qui était si fermé, si incapable de venir à elle; ni vers tout autre. Demeter tu es un idiot.

Et pourquoi, pourquoi devait-il poser ce genre de question. Pourquoi lui laissait-il le choix lorsqu’elle ne pouvait lui offrir la moindre réponse. Il était sans pitié, la plongeait en permanence dans l’embarras; n’hésitant une seconde. Le réalisait-il seulement ? Était-il conscient d'à quel point il était étrange pour elle de recevoir de telles remarques ? Savait-il qu’il la brusquait, la déstabilisait ? Lui qui se devait être insaisissable, infranchissable. Ne viens pas vers moi. Ne me propose rien, ne fais pas d’efforts. Qu’il ne cherche pas, non; à être attentionné. Cela ne lui allait pas, elle n’y était pas habituée. Personne ne lui demandait rien, si ce n’était si elle allait bien quand évidemment elle allait mal. Et ça l’avait toujours fait rire, de voir ses médecins se précipiter vers elle et lui demander si elle ne souffrait pas. Depuis quand mourir se faisait-il sans douleur ? Etaient-ils réellement diplômés ? « Si je te disais que je ne peux pas marcher, tu me porterais ? »

Son rire s’était perdu sur le bord de ses lèvres, alors que souriant elle était venue le dévisager avec malice. Et il y avait là tant d’innocence dans sa voix, mais également cette fébrilité un peu étrange; cette envie désespérée qu’il ne relève pas, continue de parler sans rien remarquer. Elle avait tant envie de pleurer, en cet instant; de lui avouer qu’elle désirait le suivre, se redresser et continuer tout ce qu’ils avaient entamé : mais qu’elle ne pouvait pas. Louise pétillante, Louise champagne laissée à l’air libre trop longtemps; bientôt fanée. A quand deviendrait-elle un vin fade, dépassé ? A quand la jèterait-on ? Qui avait décidé qu’elle devrait être consommée si rapidement ? Elle qui n’avait pas même eu le temps de se réaliser. Et Demeter ne le savait pas mais d’ordinaire elle criait tant, dans ces moments : s’offusquait de ce corps la lâchant, la refusant. Son coeur se serrait, ses poings se fermaient, l’impuissance la gagnait : et comme plongée dans la démence elle se répétait pourquoi pourquoi pourquoi. Pourquoi elle, pourquoi maintenant, pourquoi pas demain ? Pourquoi ce monde pourquoi cette vie pourquoi cette tragédie. Pourquoi vivait-elle ce que personne d’autre ne vivait, pourquoi avait-elle été cette unique parmi des milliers ? Pourquoi était-elle une pièce de théâtre, hm ? Pourquoi n’était-elle pas née ne serait-ce qu’un an plus tard : où peut-être on aurait trouvé un remède, un espoir à cultiver.

Mais elle faisait tant d’efforts, aujourd’hui : pour n’en vouloir à personne. Pour sourire, pour faire comme si de rien n’était, comme si tout allait bien. Alors elle regardait Demeter comme si c’était la seule chose à faire, cette esquisse un peu tout un peu rien figée sur le visage. Car il était bon de ne voir que lui, de pouvoir s’oublier un instant; s’effacer sous ce qu’il représentait. Car elle en avait marre de se vivre et marre de ne pas pouvoir faire comme les autres. Et que ferait-il, si il savait ? Que ferait-elle si il la tirait et qu’elle s’effondrait, incapable de le suivre ? Comprendrait-il à quel point il lui était compliqué de prétendre que tout allait bien alors que tout allait si mal ? Sans doute pas. Et qu’y pourrait-il ? Ce n’était pas comme si il était son miracle, sa solution. Ce n’était pas comme si il l’accepterait un jour, et que son acceptation servirait à quelque chose. Enfin. « Restons ainsi pour un instant, veux-tu ? » En attendant peut-être irait-elle mieux. « Donne-moi ton autre main. » Car si il n’avait rien à lui offrir, elle lui volerait pour un instant ses doigts; se rattacherait à lui pour mieux tenir. Et elle aurait aimé avoir l’audace de laisser tomber, de pleurer; de se réfugier chez ce seul ami qu’il incarnait. Il était la seule personne sur laquelle elle pouvait compter, mais était également la seule personne qui la trahirait, l’abandonnerait. N’était-ce pas horrible ?

Demeter tu es si méchant.
Nous sommes si affreux.
Voués à l’échec.
Défectueux.

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Re: Farther Away — [Demeter]
11.09.16 12:32

Demeter qui, souvent, ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, était pour une fois, attentif à quelqu’un qui n’était pas lui.
Il voulait Louise, aussi heureuse et aussi détendue qu’il l’était. Sans doute parce qu’il avait cette douce euphorie un peu contagieuse et donc l’envie pressante de la partager avec sa Louise. Il l’observait du coin de l’œil guettant sa réaction. Ses joues semblèrent rosir discrètement, il n’en était pas certain, peut-être était-ce son esprit qui lui jouait des tours. Qu’avait-il pensé d’ailleurs, en lui lançant de compliments aussi soudains, sans aucun préavis ? Demeter avait de ces caprices brusques qu’il se devait d’assouvir dès l’instant où il y songeait. Cette fois comme tant d’autres n’avaient pas fait exception. A tort on le pensait froid et détaché. C’était une image à laquelle lui-même s’attachait particulièrement, mais la vérité était que Demeter était abrité de soubresauts irrésistibles, qu’ils furent colériques ou affectueux et qu’il ne savait pas réprimer ces élans. Mais quel élan avait-il eu pour sortir de telles fadaises à Louise, à Rosabel avant elle ? Il ne mettait toujours pas le doigt sur ces pulsions l’animant et garda ses interrogations pour plus tard, trop heureux pour continuer à y songer.
Et il détailla Louise. Louise qui comme toujours lui renvoyait cette impression de fragile douceur. Il rattachait toujours son image à celle d’une poupée de porcelaine ; Si jolie mais si délicat qu’on aurait pu la briser au moindre contact. Pourtant il ne la voyait en tant que tel, que lorsqu’elle se trouvait en sa compagnie. Quand Louise n’était pas avec lui et qu’il l’apercevait au détour d’un couloir, il trouvait dans sa démarche une noblesse inflexible et décidée. Elle le surprit par une question soudaine qu’il trouva saugrenue sur le coup. Pourquoi ne pourrait-elle pas marcher ? Il n’avait pourtant décelé pas le moindre signe de souffrance un peu plus tôt. S’était-elle fait mal ?
Trop soucieux pour songer que cela ne fut qu’une plaisanterie, il la fixa un peu penché en avant, l’air inquiet. Louise esquissa alors un sourire espiègle et sembla rire doucement. Demeter rejeta sa tête en arrière en levant les yeux aux ciels, souriant lui aussi faiblement tandis qu’il passait une main dans ses cheveux blonds. Une fois n’était pas coutume mais il aurait voulu figer le temps pour en interrompre l’avance inexorable. En ce moment il avait cette impression délassante d’être loin du tout et que seul existait Louise et lui, indépendamment de leurs passés et leurs futurs, indépendamment des autres et du monde. Ils n’existaient qu’eux, leurs mots, leurs sourires et leurs mains entrelacées. Et seule Louise parvenait à susciter de telles émotions chez lui. Voilà pourquoi elle lui était si précieuse, Louise. Elle lui faisait oublier ce monde par moment infect, qui le dégoûtait tant.
 
-        Je ferais tout pour toi Louise.
 
Il avait balancé ces mots sur le ton de la plaisanterie mais il disait vrai. Elle avait atteint ce statut rare qui la mettait au même rang que les Juniper Argus et James, qui faisait que Demeter oubliait d’être égoïste. En témoignait cette aventure déplaisante dans l’épave, où il s’était égaré pour les beaux yeux de monsieur Taylor. Cela lui avait même collé aux basques la très désagréable compagnie d’Aileas Nails et pour rien au monde ne l’aurait-il accepté, s’il ne s’était pas soucié de l’un de ses amis.
Demeter passa son pouce sur les phalanges de l’index de Louise, raffermissant l’étreinte quelques secondes plus tard avec un sourire bienveillant.

-        Comme tu veux.

Marcher, rester assis. Tout cela lui importait peu. Tant que Louise demeurait à ses côtés, il était satisfait. Sa présence ne lui inspirait plus tout le tracas d’un peu plus tôt.

-        Pourquoi ?

Il avait légèrement froncé des sourcils, curieux avant de se retourner tout vers Louise. Ses deux épaules droites face à elle. Demeter tendit alors son autre main qui vint se joindre aux deux autres encore entrelacées. Il entoura celle de Louise des siennes, la coinça entre ses paumes, l’une en dessous, l’autre au-dessus. Comme un sandwich pensa-t-il, immature mais ravi de sa stupidité.

-        Tu as la peau douce.

C’était une constatation, pleine de malice. Puis l’instant d’après, il sentit le feu lui monter aux joues en se demandant de quoi ils pouvaient bien avoir l’air. Assis sur un banc, leurs mains unies de la sortes, lui face à elle, pourrait faire croire à n’importe qui, qu’ils étaient des amoureux transis. Etait-ce le cas ? Demeter n’avait aucun mot à mettre sur la nature de son affection envers Louise. Et n’avait pas envie de le faire maintenant. Mais il éprouvait une gêne toute particulière ainsi. Aussi n’arrivait-il pas à fixer les yeux de Louise, cela aurait été trop perturbant. Alors son regard coulissa plutôt vers les lèvres de Louise pendant quelques secondes, puis vers son cou, avant de retomber sur leurs mains.
Demeter ne savait quoi faire. Il resta muet. L’écho des vagues et des brises suffisaient à meubler le silence qui s’était installé. Puis son nom lui vint soudainement.

-        Louise.

Et il la regardait à présent, vaguement pensif, détacha une de ses mains et alla la perdre sur le visage de Louise, ramenant quelques mèches égarées derrière l’oreille de la jeune fille, dans un geste qui l’avait déjà eu pour elle. Il ne s’attarda pas plus longtemps cette fois et il ramena son bras à lui et leurs paumes se retrouvèrent.


-        J’aime passer le temps avec toi.
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Re: Farther Away — [Demeter]
13.09.16 21:58


« Et Louise s’était demandée, oui; si Demeter était sincère. Si dans cette promesse un peu fausse il s’engageait à rester toute sa vie à ses côtés. C’était si absurde, que d’y croire; que d’attacher une quelconque importance à ses joues rosissant, son regard déviant. Aussi aurait-elle aimé en rire, lui murmurer avec malice on dirait que tu vas me demander en mariage; montrant d’un geste leurs mains liées. Mails il y avait cette sensation étrange l’empêchant de le faire, ce savoir du personnage lui disant de se taire : car il n’avait pas fini. Alors elle s’était tue, avait abandonné ses sandales dans le sable pour venir poser ses doigts sur les mains si grandes de son ami. Il semblait aimer la faire prisonnière, ne pas lui laisser le choix : ne pas se rendre compte de tout le mal qu’il lui faisait, lui infligeait.

Elle aurait tant aimé partir.
Mettre fin à cette conversation, se lever et lui dire au revoir; à demain : à jamais. Mais elle ne le pouvait pas et condamnée à le subir elle glissait de plus en plus dans cet univers qu’il lui offrait. Je ne veux pas de toi, pourtant; se répétait-elle sans interruption. « Des fois j’ai l’impression que tu sais que nous ne sommes pas éternels. » Et elle lui avait souri avec tendresse, tristesse. Avait parlé de l’homme en général mais peut-être aussi d’eux, de ce qu’ils incarnaient. « Toi tu aimes passer le temps avec moi et moi je ne peux pas me passer de toi, qu’allons-nous bien faire ! » Riant, elle l’avait gratifié de sa plus belle moue; ne voulant être prise au sérieux. Car il y avait ce quelque chose de rassurant dans l’humour, ces demies-vérités et mensonges n’en étant pas. Car dans la blague on ne prenait que ce qu’on voulait, oubliant le reste. Car ainsi elle se protégeait, oui; fuyait. Aussi Louise pétillait-elle, s’incarnait-elle champagne; mimait un air content — mais il n’en était rien. Fissure.

« Je ne veux pas mourir Demeter. » Ses yeux avaient fui ceux si bleus du garçon quoique y revenant inlassablement, incapables de les éviter trop longtemps. Alors si tu prétends pouvoir tout faire pour moi, ne me laisse pas. Succomber de la sorte, si injustement : si jeune et inexpérimentée. Aussi son visage s’était-il fait déchiré, désespéré; aussi y avait-il eu la réelle et sincère fébrilité de Louise. Louise sans mensonges, si lassée, si dans l’envie de jeter Demeter hors de sa vie : de croire qu’il ne représentait plus rien. Je n’ai pas besoin de ta pitié. Ni de sa curiosité ou de tout intérêt envers ce qu’elle n’était pas; une simple maladie. Maintenant tu peux te lever, maintenant tu peux t’en aller. « Pas comme ça. »

Sourire, sourire qui n’en était pas un mais qui voulait montrer que tout allait bien. « C’est pour ça que je te demande tes mains. » Car ainsi tu me tiens et ne me laisseras pas tomber, car je t’oblige à ne pas me lâcher. Car je demande au destin de ne pas être si cruel, de ne l’être qu’avec moi et donc pas envers toi. Je le sais, que je ne m’effondrerai dans les bras d’un ami : je mourrai d’un coup, tomberai lorsque personne ne s’y attendra. Alors laisse-moi m’accaparer ta personne, me rassurer de ta présence car ainsi je croirai qu’il n’est pas l’heure. Pas encore. « Enfin. Pourquoi as-tu choisi l’occulmentie ? » Changement de sujet, comme si il ne s’était agi que d’une vaste plaisanterie, fumisterie. « La coopération magie te serait tant allé. »  

Car il lui évoquait une peinture, un tableau; lui apparaissait si noble et si apte à juger.

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Re: Farther Away — [Demeter]
14.09.16 13:17

Elle ne voulait pas mourir. La phrase impromptue s’immisça au beau milieu d’une plaisanterie, comme un léger barbouillis d’encre noir sur un tableau aux couleurs chatoyantes. La gravité soudaine de cette remarque troubla alors Demeter, dont le regard quitta enfin leurs mains jointes pour aller se planter dans les yeux de Louise. Il la dévisagea alors d’un air interrogateur, comme pour s’assurer qu’il avait bien entendu. Parce que pour lui, cette phrase paraissait bien absurde, bien étrange et bien soudaine. Elle détonnait de lourdeur au milieu de Louise et ses mots légers, Louise et ses douces réponses. D’autant plus qu’à présent, il y avait un air particulièrement vulnérable qui s’éprenait de tous ses traits. Il la trouva fragile et fébrile. Elle semblait alors pleine de faiblesse, petite au milieu du vent qui hurlait autour d’eux. Si minuscule au milieu de cette étendue sableuse sur laquelle il se trouvait. On l’aurait dit, pleine de détresse. Et Demeter eut presque envie de la serrer dans ses bras pour l’y faire disparaître, elle et son visage défait qui lui infligeait une peine soudaine. Il ne s’y autorisa pas, n’y songea même que brièvement, déglutissant plutôt et continuant d’observer Louise avec un air concerné, comme si cela aurait pu l’aider.

Puis d’un coup son visage s’illumina à nouveau. Un sourire s’étala sur ses lèvres et Demeter déconcerté continua de la fixer un peu déboussolé. Il fronça des sourcils ne comprenant pas réellement ce qui venait de se produire. Mais il préféra ce moment à l’autre d’un peu plus tôt, qu’il oublia parce que trop troublant et trop gênant. Il lui avait semblé entrevoir une obscurité dans laquelle il n’osait pas s’aventurer. Demeter avait toujours connu Louise pétillante et bonne vivante. Aussi cela l’avait presque effrayé de la voir soudainement si abattue et il préférait oublier cette image de Louise en détresse, car son chagrin avait alors semblé si réel qu’il avait eu des airs de catastrophe.
Il cessa alors de froncer les sourcils, se convaincant qu’il s’agissait d’une plaisanterie et oubliait déjà cette épisode perturbant alors que Louise lui posait à présent des questions, l’interrogeant sur le sens de son orientation. Demeter qui aimait toujours que le conversation tourne autour de lui, agita leurs mains comme l’aurait fait un enfant excité. En se souvenant de ces jeunes années, il toussota un rire mélancolique. Le temps de l’insouciance semblait à présent si loin.

-        Oh, je comptais y aller. Juniper également. Mon grand-père a toujours souhaité nous voir travailler au ministère puisque toute ma famille y a fait ou y fait actuellement carrière.


Il imagina alors Juniper passer une journée derrière un bureau dans une pièce obscure, en train de remplir des monticules et des montagnes de paperasse. Cette image saugrenue le rendit hilare.

-        Mais Argus et moi aimions beaucoup agiter nos baguettes.

Il haussa alors les épaules. Il se rendait à présent compte, à quel point ils avaient pu être idiots mais cela l’amusait. Demeter qui prenait toujours un temps incalculable avant de prendre la moindre décision importante, avait pris sa décision sur un coup de tête. Parce qu’il avait alors pensé, que de toute manière, qu’il fasse coopération magique ou pas, le relationnel agirait de tel sorte à lui garantir une place au sein du ministère. Et d’ailleurs, Demeter appréciait la magie en tant que tel. Il avait un côté presque savant, à vouloir en décrypter les secrets les plus obscurs. Cela lui avait toujours plu énormément. De ce fait l’occultisme avait été un choix presque naturel, sur lequel il ne s’était pas questionné longtemps. L’enthousiasme d’Argus Jones y avait également joué un rôle.

-        Plus sérieusement, l’étude des sortilèges me passionne.


Mais à présent il se rendait effectivement compte qu’avec l’âge, il aurait également aimé suivre le cursus de coopération magique qui lui paraissait nettement plus enrichissant. L’étude des sortilèges était en fait d’avantage un loisir que quelque chose de réellement pratique, puisqu’il ne s’imaginait pas devenir Auror, encore moins traqueur, et encore moins langue de plomb. Mais il se garda bien de faire part de ses regrets à Louise et fit comme si de rien n’était. Il s’interrogea alors sur elle. Louise mais aussi Louise Ryan. Son patronyme éminent la destinait à la grandeur. Aussi n’était-il pas surprenant qu’elle soit à Serpentard.

-        Et toi Ryan. Pourquoi ton double cursus ? Il est peu commun.

Il quitta alors la main de Louise, posant les siennes sur ses genoux, toujours affublé de ce short jaune criard. Cela l’intéressait véritablement de savoir où elle se voyait dans dix ans.

-        A quoi te destines-tu d’ailleurs ?


Il sourit.

-        Dans quel domaine est-ce que cette Ryan a décidé de briller ?
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