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 Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]

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Oscar L'Ourson


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Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
02.02.17 23:37

Silence
Ils s'avancent et je ne sais pas pourquoi je me campe sur mes pieds. C'est peut-être parce que j'estime qu'ils veulent que je baisse les yeux. Estimer? Non. En réalité j'ai trop de fois observé ce genre de comportement. Ils finissent tous par demander à mes yeux de fixer autre chose que les leurs. Comme si mon regard devenait trop inquisiteur. Ils n'aiment pas quand on leur tient tête. Ils n'aiment pas non plus quand je baisse les yeux. Ou alors c'est moi qui n'aiment pas parce que leur comportement est déplaisant.

C'est une bête lutte de pouvoir je crois. Ritualisant les brimades qu'ils font aux plus faibles. Je crois qu'ils pensent que je suis faible. Ou trop dérangeant. Ou trop étranger. Ils n'aiment pas quand je ne respecte pas le jeu du plus fort. Et peut-être que j'y gagnerais plus s'ils avaient l'impression que joue moi aussi. Mais je n'y peux rien. Même quand ma bouche est asséchée et que je n'ai rien à leur dire mes yeux refusent de se baisser. Comme je refuse de répondre. Comme je refuse de m'arrêter. Ils peuvent déchirer mes notes. Ils peuvent me lancer des sorts aussi mais ça ne les amuse plus. Ou pas. Ils veulent que mes yeux fixent leurs chaussures. Ils ne sont pas les premiers. Pas les derniers aussi. Je reste à les fixer et immobile aussi. C'est parce que je ne sais quoi faire. C'est quand ils font mine de vouloir me frapper que je retrouve l'usage de mes bras et que je les dresse devant ma tête baissée. Ils trouvent ça particulièrement plaisant. Ils rient. Et moi je pense pourvu qu'ils m'oublient et ne me touchent pas.

Mais ça ils le savent aussi. Ils savent que c'est trop facile de me faire plier. Ils savent qu'ils leur suffit d'attraper un poignet, mes cheveux, un bout de peau ordinaire. Quelque chose qui semble anodin aux yeux de tous. Quelque chose qui ne mérite pas de sanction. Mais moi je meurs. Je m'affaisse. Ils continuent de rire. Je m'affaisse toujours. Il relâche mon poignet. Qui qu'il soit. C'est la même chose. Toujours la même chose et je suis fatigué je crois. Trop fatigué pour beaucoup de choses en réalité.

Et ce que je ressens est désagréable. Le pire du pire. Habituelle comme une rengaine. Une musique particulièrement déplaisante. La même envie de vomir. La même envie de hurler quand je suis muet. La même terrible impression et mes yeux révulsés. La bouche que je mords pour ne pas laisser mes yeux s'écouler. Les bras toujours levés au dessus de ma tête comme s'ils pouvaient me protéger. Mais ils sont inutiles. Je me recroqueville assis sur le sol. Replié sur moi-même j'attends qu'ils partent, qu'ils cessent de rire et de dire que je suis pathétique puisque ce sont eux qu'ils le sont. Ce sont eux. Je ferme les yeux.

Peut-être qu'ils partent. Peut-être pas. Je reste immobile. Essaie d'appuyer plus ma tête contre mes genoux. Je resterai ici l'éternité qu'ils continueraient de rire. Rien ne va et je le sais comme je sais que je ne fais que m'apitoyer sur mon sort, mais il y a des jours où je me demande s'il importe encore.

Je décide pour la énième fois que je resterai ici. Et ici c'est dans ma tête. Sur le sol aussi. C'est plus rassurant là que debout. J'essaie de réciter toutes les couleurs que je connaisse. J'entends le bruit de parchemin qu'on déchire. Des crayons qu'on renverse sur le sol. Je réalise qu'ils ont récupérer mon sac. Quand j'ose un coup d'œil je vois mes fusains. Quand je fais mine de m'approcher d'eux je réalise qu'ils pourraient m'attraper encore alors je me replie sur moi-même et j'attends. Des secondes et des minutes qui durent des éternités. J'ai la gorge nouée et je me traite mille fois d'idiot.

Quand les rires s'éloignent je n'ose même plus rien bouger. Pas même les yeux. Alors je resterai recroquevillé là jusqu'à ce que je puisse être certain que ça ira. Que j'irai bien.

Peut-être dans un millénaire.
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Othello Delor


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Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
02.02.17 23:58

plus tu bouges
moins tu meurs
musique - C’est au détour d’un couloir que leurs rires hilares résonnent. Ils passent par là, manquent d’effleurer mon épaule. Ils n’existent pas vraiment pour moi : j’ai les yeux rivés droit devant. Mais mon esprit s’arrête parce qu’il ne suffit que de quelques mots, que d’un nom. Je me stoppe au beau milieu du château et regarde ces dos devenir des silhouettes, leurs ricanements devenir de simples et lointains échos.
Derrière leur chemin ont été abandonné des feutres, des crayons et des morceaux de papiers. Je retrace cette route abstraite non pas sans appréhension. C’est vrai, mon coeur bat plus que je ne le veux. J’inspire, expire. Réfléchis. La curiosité, l’instinct, je l’ignore. Mais j’y arrive.

Face au vide, un petit corps recroquevillé. Celui que je connais le mieux pour l’avoir tant de fois rêve ainsi. Ma poitrine me serre. Fort, en fait. Plus que je ne le veux. Plus que je ne le pense. J’hésite. Un moment. Une seconde. Une minute. Je l’ignore. Mais j’hésite. Parce qu’il y a le vide. Parce qu’il y a Oscar. Et parce qu’il y a ma nature.

Je serre les dents. Secoue la tête. Je ne peux pas tourner les talons, même si les adieux ont été ancré dans notre peau. Je presse le pas et le rejoins. J’ignore la hauteur, enfin, j’essaye. J’ai les jambes coupées tandis que la brise est lourde et me gifle presque. Mes cheveux volent un peu. Je tremble à mon tour et je ne sais pas si c’est la peur ou la hargne qui m’emporte. Je ne suis pas idiot, j’ai très vite compris ce qu’il vient de se passer. A quelques secondes près, on aurait pu tout éviter.
Ah, on aurait pu.
Comme beaucoup de chose Oscar, n’est-ce pas ?

« Oscar ? »

Je m’accroupis, pose le genou au sol. Puis j’ose me rapprocher un peu plus, au plus proche du sol. « Oscar, ça va aller. » Je ne suis pas doué pour conforter les gens. Surtout quand j’ai le regard noir et les mâchoires serrées, les idées sombres et puis les envies tranchantes. Mes mains se posent sur ses bras et remontent jusqu’à ses épaules. J’ai l’impression que cela fait des siècles.

« Est-ce que tu peux te lever ? »

Que j’aille les détruire aussi, en retour.

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Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
03.02.17 21:11

Silence
Je sais que je me mens et que je ne pourrai pas rester des millénaires ici. Même pas. Dix. Années. Mois. Semaines. Jours. Mais des heures sans doute. Dix heures à espérer et compter, réciter des choses pour me raccrocher, mais c’est difficile de le faire quand il y a le spectre d’une main sur ma peau et que mes pensées me ramènent à lui sans cesse. C’est quelque chose de terrible, qui fait très mal au ventre, mais ce n’est pas quelque chose de facile à comprendre quand on est pas moi et je le sais pertinemment.

Et si quelqu’un venait à me demander ce qu’il y a alors il n’entendait rien d’autre que « il m’a juste attrapé le poignet » et c’était la fin du monde. Et c’est grave, très grave, les gens ne peuvent pas comprendre parce qu’ils ne sont pas comme moi et qu’ils ne savent pas tout le dégoût que cela m’inspire. Pire encore, de l’angoisse, quelque chose qui fait trembler mes muscles, mord mes os, agresse ma peau. Alors on ne sanctionne pas. On n’explique pas. Parce qu’on ne comprend pas. Parce qu’ils ne sont pas moi et ils ne savent pas qu’il y a vraiment des choses qui dysfonctionnent.

Je n’ai pas bougé et je suis resté ainsi. À penser au carnage sans vraiment le voir. Tous mes dessins arrachés, sans parler de mes notes. Est-ce qu’un reparo pourrait tout régler ? Mais le vent va finir de tout emporter si ce n’est déjà fait. Je déglutis. Je suis un idiot et je n’ai pas bougé. Je suis un idiot qui ne peut rien faire d’autre que se recroqueviller.

Quand j’entends mon nom je crois que je rêve ou alors c’est mon oreille qui bourdonne. Un vulgaire écho de ma mémoire qui voudrait me faire croire qu’il n’a pas dit trop de fois « adieu Oscar ». Alors je ne réagis pas. J’ai du mal à avoir conscience de quoi que ce soit de toute façon. Il faut que je me concentre sur ma respiration et mes tempes qui cognent fort. Même le vent dans mon dos n’arrive pas à se frayer un chemin jusque mes os. Mais sa voix elle y arrive. Il me dit que ça aller. Il me semble que c’est plus proche. Peut-être que là encore j’imagine, mais ce n’est pas le genre de chose qu’il a l’habitude de me dire.

J’hésite un instant. Relever la tête ou la garder tout contre. De toute façon je ne veux pas voir son visage et il ne veut pas voir le mien. C’est mieux pour lui et pour moi. Quand il ne m’a pas dit qu’il serait heureux j’ai beaucoup douté, mais j’écoute toujours les rumeurs et je sais qu’il l’est à présent. Et c’est difficile, très difficile à entendre quand j’ai essayé longtemps, mais que je ne comprenais pas qu’avec moi dans son horizon il ne pouvait pas l’être. Alors je me sens très idiot, plus idiot encore qu’il y a quelques minutes. Mais je me fige encore quand je ressens ses mains sur mes bras. Je me crispe un peu. Sur mes épaules.ses paumes sont légères. Ou alors trop lourdes je ne sais pas trop. Mes épaules s’affaissent un peu de soulagement. J’entoure mes deux genoux avec mes bras qui semblent capables de bouger puisqu’il y était et que ce n’était plus si angoissant dans mon esprit. Un peu moins douloureux dans mon estomac. Il y a toujours la possibilité que ce ne soit pas lui, mais je sais reconnaître le son de sa voix – pas les intonations - et je ne sais que ses mains ne sont pas étrangères. Je réponds :

 « Non » Je secoue la tête. Sans trop savoir à quoi répondre en premier.  « ça ne va pas aller. » Ou pas vraiment. Pas tout de suite. C’est trop compliqué de se lever, de tenir debout.  « Je vais rester là un peu, tu peux t’en aller si tu veux. » Beaucoup de temps en réalité et peut-être qu’après ça ira mieux, oui. Je penche la tête un peu pour le voir, peut-être que j'ai besoin de croire qu'il n'est pas une hallucination trop réelle ou alors un autre tour. « Est-ce qu'ils ont déchiré les pages de mon cahier à dessin? » Je murmure la bouche un peu moins grimaçante, mais j'ai l'impression que je manque de souffle pour porter mes mots. « Je crois que si je regarde je vais encore avoir mal à l'estomac. »
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Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
03.02.17 21:34

plus tu bouges
moins tu meurs
musique - Il ne me regarde pas et cela me vexe tout autant que j’y étais préparé. Son non est sans hésitation et je sais déjà que ça ne sera pas une mince affaire que de l’extirper d’ici. Quand il me dit de partir, j’y songe. Et je me rends compte que ce n’est pas très humain. Et que la guérison ne fonctionne pas ainsi. Je soupire et baisse la tête avant de jeter un coup d’oeil au carnet en question. En morceaux. Non, miettes. Non, poussière. Je me pince les lèvres et sors ma baguette de la main. J’inspire. Lance un reparo murmuré. Je déteste utiliser la magie et cela m’en fera presque vomir lorsque j’y penserai d’ici demain. Je n’arrive pas à tout récupérer et lorsque cette feuille commence à se faire emporter par le vent, je ne réfléchis pas vraiment. Je me lève pour la rattraper, appuyer contre le rebord du balcon et penché dans le vide. Je l’attrape du bout de mon index et de mon majeur. Il me faut peu de temps pour réaliser la hauteur.

J’ai les mains engourdies et chaud tout à coup. J’étouffe un cri de panique dans le fond de ma gorge avant de tomber en arrière. Je tremble. Mais j’ai la feuille. J’ai la poitrine qui prend feu. Je la glisse dans le carnet mais il me faut quelques secondes pour m’en remettre et glisser jusqu’à Oscar. Je n’ose pas trop me relever pour l’instant.

« Je n’ai pas pu tout récupérer. Je suis désolé. »

Je me sens triste. Puis en colère. Puis encore triste. Désespéré. Et à nouveau en colère. Une colère moins égoïste et plus juste qu’à mon habitude. Je serre ma baguette dans ma main, la sens se tordre un peu. Je manque de la casser et me stoppe très vite. Comment faire ? Comment réfléchit L’Ourson ?
Je remarque les craies sur le côté et en attrape quelques unes - les plus colorées.

Oscar n’est pas comme les autres et je crois que quelques mots ne suffiront pas à le faire lever d’ici. Il serait capable d’y rester la nuit et je ne veux pas être responsable de cela à nouveau. Indirectement.

Je me mets à quatre pattes et m’applique pour dessiner un chemin jusqu’à l’entrée du balcon, parsemé d’arabesques et de fleurs enfantines. J’y ajoute des bulles et des formes géométriques aux courbes généreuses ici et là, des flèches épaisses et un pauvre soleil. J’ai honte de moi-même mais nous sommes seuls. Alors tout va bien, pour une fois.

A l’autre bout de ce chemin, je me tiens accroupi. Je remonte les manches de mon pull et la trace de mes doigts roses et jaunes y restent. Je le fixe.

« Et maintenant ? »


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Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
04.02.17 0:46

Silence
Je fixe mes genoux, resserre mon emprise sur mes jambes et j’attends. J’attends qu’il se lève et qu’il parte encore. Et peut-être de toute façon qu’il partira pour de bon cette fois. Mais je resterai là, assis et je ne bougerai pas. Si je reste là, personne ne viendra me trouver, ni même me tourmenter. Je ne sais pas pourquoi il s’agite, mais je crois que j’entends les pans de ses vêtements que le vent malmène. J’essaie d’imaginer des mouvements tandis que je continue d’être le spectateur le moins coopératif du siècle. C’est comme s’il dansait et peut-être qu’il le fait, mais je refuse de voir ou même de lever le menton pour le faire. Je resterai ici, qu’importe ce qu’il peut dire. Je sais que je peux être entêté et de toute façon je n’ai pas assez de courage dans mes pieds et mes jambes pour me porter. Et mes yeux sont trop las pour voir trop haut.

Je ne sais pas ce qu’il fait, mais j’essaie d’imaginer toujours. J’imagine qu’il ne danse pas réellement. Il n’est pas un danseur. Pas un magicien non plus. Peut-être qu’il fait juste les cent pas et que le mouvement c’est le vent qui le créé de toute pièce juste avec le tissus. Pourtant quelques secondes je ne l’entends plus, il a arrêté de bouger. Et puis finalement il est tombé en arrière. J’ai bronché un peu et mes mains se sont glissées sur mes oreilles pour les boucher. Je ne voulais pas l’entendre saigner. Parce que c’est le pire qu’il me fait imaginer. Toujours le pire de toute façon. Quand on chahute petit je le tue presque. Quand on se revoit il me hait. Quand je crois qu’il a oublié il me dit qu’il veut que j’en souffre. Quand on se revoit je m’égratigne le ventre et il pleure. Et puis la dernière fois c’était un adieu. Alors je me demande  pourquoi nous sommes toujours confrontés à l’extrême. Ce qu’il y a du pire quand il devrait y avoir du meilleur quelque part dans ses paumes et les miennes.

Il s’excuse, j’enlève mes mains de mes oreilles et je hoche la tête. En réalité je suis content qu’il ne soit pas mort ou en train de mourir. D’avoir du pire sur la bouche. J’ai arrêté de respirer alors j’entrouvre les lèvres pour le faire. De nouveau il s’éloigne, je l’entends ramasser des choses. Se traîner ça et là. Mais ce n’est pas comme avant. Je crois que j’entends l’esquisse de quelque chose de très beau, mais je ne suis pas sûr. Je relève la tête un peu. Je crois apercevoir ses mains. Ses genoux contre la pierre. Je me cache la tête de nouveau et j’attends, dans le silence. L’entendre dessiner à quelque chose de rassurant, de familier aussi, parce que j’aime entendre les autres dessiner. Je crois qu’Iris aussi j’aime l’entendre dessiner. Mais je ne savais pas qu’Othello pouvait dessiner. C’est difficile d’imaginer ses doigts faire autre chose que tordre ou saisir, secouer ou abandonner.

Au bout d’un moment je n’entends plus rien. Il me pose une question que je ne peux pas comprendre. Alors je me dis que je vais regarder juste un peu. J’ouvre les paumes, relâche mon visage, me redresse un peu pour m’accroupir et regarder le sol. Et dessus il y a un chemin. De mes chaussures jusqu’aux siennes. Avec des fleurs, des dessins, un soleil, un route. Le bout de mes doigts s’accrochent sur le sol encore et je redessine les contours. Je frotte parfois, sans le vouloir, pour me retrouver avec des arc-en-ciel sur les doigts. Je me frotte les poignets délicatement, passant chaque doigt sur le devant pour me dessiner un autre arc-en-ciel là où il y avait la paume inconnue et je n’y pense plus. Je regarde le chemin finalement, dans le silence, puis vais récupérer des craies, ignore les fusains écrasés et je me mets à dessiner aussi. Le vent, des pétales aussi qu’on emporte, d’autres fleurs à côté des siennes, plus jolies, je prends le temps d’en faire des jolies, même si je préfère dessiner les gens aux fleurs. Des portraits en réalités ou alors des gestes forts. Des mouvements que je n’arrive pas à comprendre aussi. Je dis :  « Et maintenant c’est mieux. » Même si mes genoux cognent un peu la pierre. Que les arc-en-ciels sont sur mes doigts et mon poignet. Je retourne au début du chemin et je m’accroupis pour dire.  « Il manque des gens sur ton chemin. » Même si je sais qu’il l’a dessiné pour que je puisse le rejoindre de l’autre côté. Je prends le temps d’observer le tout depuis mon côté et je dis :  « C’est très beau. » J’esquisse un sourire.  « Un peu enfantin » Parce qu’il ne fait pas de jolies fleurs, mais c’est suffisant. Je récupère mon carnet et je fais le chemin. En partant depuis ma ligne de départ, les yeux rivés au sol. Je m’arrête quand je vois ses chaussures et je m’accroupis de nouveau, déposant mon carnet à côté de moi. Je répète la question qu’il ma précédemment les yeux fixés sur ses genoux pleins de craie eux aussi : « Et maintenant ? »
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Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
04.02.17 1:29

plus tu bouges
moins tu meurs
musique - En une fraction de seconde, tout semble disparaître. J’ai enfin son attention. Pas sur moi mais au moins sur ce que j’ai fait. Quand il balaye le chemin du regard j’ai un sentiment de honte qui m’emporte. Je ne me suis pas appliqué c’est toujours embarrassant de montrer ce dont on est capable - ou non - à quelqu’un qui possède déjà tant de matériel dans ses poches et dans son sac. Je le fixe améliorer ma création, l’embellir et y rajouter sa touche personnel. J’aimerais sourire mais je suis trop concentré à le regarder faire. Alors, dans un silence de mort, je patiente.
Je suis mauvais pour soutenir les autres et leur remonter le moral. Je suis plutôt du genre à faire tout l’effet inverse mais je crois, oui je crois, que j’ai compris comment fonctionne réellement Oscar. Que quelques belles phrases ne suffiront pas, ni même une accolade ou encore un beau sourire. Mais qu’il faut des idées et des couleurs par centaine.

Cependant lorsqu’il s’accroupit face à moi, je demeure muet. La bouche entrouverte, je ne parviens pas à penser ni dire, si bien que mes mots se suffisent à des « ah » et des « euh » puis des « mh ». Je serre les dents et me gratte la nuque jusqu’à ce que quelque chose me vienne en tête.
Je me lève un peu et, avec la craie jaune, forme un grand cercle autour de nous. Je m’y assieds au centre, en tailler - me laissant presque tombé parce que j’ai eu le malheur de regarder au-loin et de me souvenir du sauvetage de la feuille.

« Et maintenant on dit qu’on est dans une cabane. Tu sais, comme on fait avec des draps et des coussins. »

Si quelqu’un me voit et m’entend ainsi, je meurs sur place.
Je croise les bras et me les frotte frénétiquement. Le vent a des retours glacés.

« On raconte des histoires. Je connais le début. Le prince du balcon dont on vole les biens et qui finit par se cacher pour sa survie. Mais il voit un chemin coloré et lumineux qui le guide ailleurs. Je me demande juste comment il se sent, maintenant ? »

Je le regarde, timidement d’abord.
Je ne pensais pas le retrouver ainsi après plus d’un mois de silence où ne nous ne sommes jamais croisés dans les couloirs, comme si le destin avait décidé de briser nos chaînes. Mais nous voilà à renouer les maillons entre eux malgré ça, à rattraper une enfance perdue quelque part entre la haine et les regrets.



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Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
04.02.17 11:51

Silence
Je continue de fixer ses genoux pendant qu’il essaie de trouver une réponse dans balbutiements incertains. "Et maintenant" aurait pu finir par ressembler à "et après", mais entre maintenant et après il y a beaucoup trop de temps incertain, alors je préfère penser et dire maintenant. Et après,"après" viendra seul. Quand je pense qu’il finit par trouver quelque chose à dire, il s’en va finalement. Je penche la tête, il récupère une craie jaune et mon regard s’accroche à sa mains. Peut-être qu’il va encore dessiner ? Et comme je ne sais ce qu’il fait je l’observe, sans jamais cligner, mes iris devenues des ombres. Je tourne la tête quand il tourne autour de moi. Je crois qu’il dessine un cercle. Et je suis à l’intérieur du cercle. Mes doigts repassent sur le trait, pour remettre du jaune sur mon index, mes yeux retracent les contours puis terminent sur lui. Qui a fini le cercle et qu’il s’y installe – ou se jette dedans – pour me fixer.

Je m’installe à mon tour, sans me jeter à l’intérieur, juste en m’asseyant. Je voudrais déplier les jambes, mais je pense qu’il n’y a pas assez de place pour les contenir et je crois qu’il faut que je reste totalement dans le cercle.Alors je m’installe en tailleur aussi, les mains nouées autour des chevilles. Il dit que c’est comme une cabane ici, mais je ne sais pas vraiment. Je n’ai jamais fait une cabane, mais je sais qu’il n’y a pas de cabane autour de nous. Et je ne connais pas de sortilège pour faire apparaître. Alors comme je n’arrive pas à me représenter une cabane j’observe. Observer, repérer, analyser et comprendre. Peut-être. Et je vois qu’il n’y a de la place que pour deux dans le cercle. Pour lui et pour moi. Alors je commence à penser que c’est un endroit fait pour accueillir deux personnes. Avec des coussins et des couvertures que nous n’avons pas.

Quand je commence à penser que je ne sais pas ce qu’on fait dans une cabane, il m’apporte une réponse. Je fronce les sourcils. Je ne connais pas d’histoires à lui raconter. Mais je crois qu’il le sait parce que c’est lui qui raconte, moi qui écoute. Il parle d’un prince du balcon – peut-être celui là – à qui on a volé des affaires. Un prince qui a suivi un chemin. Mais soudainement il me demande ou se demande comment va le protagoniste de son histoire et je le regarde, silencieux. Je crois qu’il me le demande à moi, mais je ne suis pas certain. Je dis :  « Il n’y a pas de prince du balcon. » Je regarde autour de nous, essayant de ne pas fixer ses genoux.  « Je ne connais pas cette histoire non plus. » Alors je ne sais pas quel réponse je dois apporter. Je ne sais pas comment il va, ni comment il se sent. Je me dis que c’est un peu idiot de me demander parce que je ne suis pas vraiment capable de savoir ces choses-là.

Mes doigts frottent le contour du cercle quand je me rappelle à temps que c’est le mur d’une cabane où on raconte des histoires et que si je l’efface trop il n’en restera rien, alors je ramène mes mains à l’intérieur pour fixer. Fixer ses genoux, fixer ses mains aussi. Alors je crois comprendre un peu. Si cet endroit est une cabane pour lui et que le chemin et un chemin, que le balcon est un balcon alors peut-être qu’il parle de son chemin et qu’il parle de mes affaires et qu’il parle de moi. Je redresse la tête, remontant mes yeux de ses mains à ses yeux que je fixe maintenant.

 « Je ne suis pas un prince. » Je finis par dire alors.  « Et ton histoire ne parle pas vraiment d’un personnage important. » Je chuchote parce que j’ai l’impression que ce n’est pas des choses qu’on dit tout haut.  « La personne qui lui a montré le chemin. » Je sais que ce n’est la question qu’il m’a posé, mais c’est important si l’on doit faire des histoires des vrais événements.  « Et alors qu’est-ce que tu serais dans cette histoire si tu devais la raconter encore ? » Je veux savoir et j’insiste parce que c’est très important.  « Tu veux bien me donner ta main? »

Je demande, après quelques instants de réflexion. Mal assuré et maladroit je présente mes paumes, parce que je ne sais pas vraiment. Peut-être que j’ai peu aussi parce que je n’esquisse jamais de geste vers lui ou presque. Sauf quand il pleure et qu’il faut promettre de ne plus le faire pleurer.  « Je ne ferai pas de mal. » Je rajoute même, comme si c’était une précision importante. Mais je pense que c’est vraiment important puisque que l’histoire c’est déjà mal passée dans le passé à cause de moi et de moi seul. Et je n’ai pas vraiment de courage pour ce genre de chose habituellement, pour réparer ou pour essayer. C’est plus facile de penser que c’est de ma faute pour toujours et à jamais et que je ne peux rien y faire.

Je lève la tête et je souffle: « C’est promis. » Cette fois, tout se passera bien.
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Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
04.02.17 16:14

plus tu bouges
moins tu meurs
musique - Je soupire tout en riant. Il ne comprend pas. Pas tout de suite. Et me repose des questions par-dessus comme si mon rôle dans l’histoire importe réellement. Je n’y ai pas réfléchi, pour la première fois je ne me considère pas comme le principal protagoniste de cette courte épopée. Je baisse la tête et passe une main dans mes cheveux. Il est vraiment compliqué et imprévisible ; tout autant que moi je le crois bien.
Je suis agacé, peu imaginatif, et c’est d’un ton presque las que je siffle entre mes dents : « Disons que ce n’était pas une personne dans cette histoire. Ou je suis juste une métaphore. Je ne sais pas laquelle, par contre. »

J’ose un regard en sa direction, sourcils relevés et l’air un peu suspicieux. Ce n’est pas très crédible, j’en ai bien conscience. Oscar me montre ses paumes et me demande d’y déposer mes mains. Mon coeur a arrêté de battre quelques secondes, j’ai oublié de respirer et puis je me suis souvenu de la dernière fois où nos mains se sont liées. J’appréhende un moment, hésite, le goût salé des larmes comme arrière goût dans la bouche. Mais il n’y a ni couteau ni raisons que cela dérape aujourd’hui.
Et voilà plus d’un mois déjà que tout cela est derrière nous. Oscar me promet alors je suppose que je ne peux qu’accepter.

« Très bien. »

Doucement et dans un silence religieux, je dépose ma main dans les siennes. Un petit coup d’électricité statique me fait bondir. Je ricane dans ma barbe un peu. Je suis curieux de voir ce qu’il va bien pouvoir faire : lire mon futur dans les lignes de ma paume, dessiner sur le bout de mes doigts ou je ne sais trop quoi.
J’ignore à quoi m’attendre, en vérité.


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Oscar L'Ourson


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Oscar L'Ourson





Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
04.02.17 16:52

Silence
C’est un peu bête de ne pas savoir comment saisir. Il n’a jamais eu ce genre de problème lui et peut-être parce qu’il est toujours obligé de le faire. Je reste perpétuellement à ma place et jamais je n’esquisse le premier. C’est toujours lui qui dessine les contours de notre histoire, je ne fais que lui donner des accents insoutenables. C’est ainsi que les choses se passent et je sais que trop de fois je l’ai amené dans des retranchements où il ne s’est jamais vraiment senti à l’aise. J’attrape sa paume avec la mienne, mon pouce glisse de son poignet jusqu’au centre de sa main et dessiner au centre une infinité de cercle. J’ai l’air concentré et je le suis en réalité, je ne sais pas trop ce que je cherche, certainement pas un avenir. Certainement pas le passé. Mon pouce continue sa course, finalement, pour repasser sur ses phalanges, semblant examiner le jaune et le rose et toutes les couleurs qu’on trouve sur ses doigts.

Étrangères. J’ai l’impression qu’elles le sont parce que j’ai longtemps cru qu’elles ne voulaient provoquer que le désastre. Pourtant Othello sait faire des choses, comme dessiner des arcs-en-ciel de couleur. Je pensais le connaître, mais je ne connais rien en réalité. Rien d’autre que l’acide et l’amertume aussi. Je sais maintenant que sa paume est douce et que son poing n’est qu’une infime partie de lui. Et c’est beau ça aussi, mais c’est comme s’il oubliait qu’il l’était ou qu’il ne le voyait pas. Je pourrai dessiner dessus, essayer de trouver longtemps des nervures, des aspérités qu’elles n’y seraient pas. Je crois que je voulais dessiner un arc-en-ciel aussi, mais je sais qu’il en a déjà et que ce n’est pas la peine. C’est difficile de tenir la main de quelqu’un quand on ne sait pas vraiment, ou alors qu’on cherche à le faire, mais qu’on cherche trop et que tout devient trop compliqué. Je ne connais pas la bonne manière de faire et après plusieurs essaies je finis par me dire que ce n’est pas grave si ce n’est pas toute sa main. Alors à la place je lui attrape le bout des doigts avec le pouce et l’index, avant de refermer ma main autour de ses phalanges.

 « C’est mieux maintenant. » Je finis par dire, sans même rappeler sa précédente question, tout a été balayé, mais ce n’est pas très grave.  « Moi je n’ai pas d’histoire à raconter, parce que je ne sais pas vraiment raconter en parlant. » Je continue de retenir ses doigts avec ma main, mes deux iris fixées sur ses genoux.  « Mais je sais que tu n’es pas une métaphore. » Le métaphore c’est le chemin, les quelques mètres parcourus. Ses chaussures et les miennes. Le départ et l’arrivée. « On ne peut pas tenir les mains des métaphores. »
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Othello Delor


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Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
05.02.17 0:16

plus tu bouges
moins tu meurs
musique - Lorsque ses doigts enferment les miens, j’ai le bras plutôt lâche, plutôt détendu. Je le regarde faire avec un regard presque mort. Je ne pensais pas pouvoir faire ça un jour ; nous ne nous sommes même pas serrés la main pour nos adieux. Il faut croire qu’il y avait une raison derrière cela : nous ne pourrons jamais nous quitter. Pas tant que Poudlard et ses couloirs nous appartiennent. Pas tant que l’air que nous respirons est le même. Pas tant que nous foulons les mêmes terres.
Je ne me tiens pas droit, j’ai le dos courbé et les épaules basses mais quand il me dit que je ne suis pas une métaphore je lève le bout du nez et le regarde encore. J’ai cru, au fil des années, ne représenter rien de plus qu’un mauvais souvenir, un vieux démon et une bonne vieille vengeance puérile. Un mois avant, j’aurais dit qu’il serait en train de se moquer de moi et que je lui ferai payer ses mensonge. Aujourd’hui, j’ai dû mal à en douter.

Je souris légèrement, mes cheveux se dressent un peu sur ma tête et dévoilent mon front sous un coup de vent - qui me rappelle où nous nous trouvons. « Qui l’aurait cru ? Maintenant on se tient la main… »

Je pouffe, car c’est vrai qu’en y réfléchissant cela n’a pas vraiment de sens. Mais c’est pourtant bien vrai. Mon pouce repose contre ses doigts, je n’ose pas faire plus que ça. « Comment c’est maintenant, sans… Tout ça ? » Sans moi. Sans nous. « Est-ce que tu te sens heureux ? » Je demande, par curiosité. Pour savoir si ça en valait la peine. Pour savoir si je peux dormir sur mes deux oreilles. Je ne suis pas certain qu’il va comprendre la question du premier coup ni même dire la vérité. Je n’ai pas vu Oscar depuis des lustres maintenant et tout me semble si différent. Sauf son regard. Sauf sa façon de parler. Comme s’il était resté figé près du Cogneur lors d’une froide nuit de décembre.

« Peut-être que je devrai partir maintenant… »

Je détourne la tête et fixe un point invisible. Je ne sais plus où me mettre à force et je ne veux pas que notre discussion s’éternise. Je veux tenir cette promesse faite au clair de Lune. Je ne veux plus être un poids, ou quoi que ce soit. Je ne veux pas que cette vieille flamme se ravive dans mon coeur et qu’elle brûle la mèche jusqu’à l’explosion. Pas encore. J’en ai eu bien assez.
Nous en avons eu bien assez.


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Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
05.02.17 14:09

Silence
J’esquisse un sourire, parce que je tiens entre mes doigts une petite victoire. Quelque chose que je ne pensais pas possible. Je tiens entre mes doigts les siens et il ne se passe rien de mal. Comme quoi nous ne sommes pas forcément condamnés à faire et défaire encore et encore. À provoquer des choses et à en casser d’autres. Je me suis souvent demandé comment on se sentait dans ces moments-là et je ne sais pas vraiment maintenant que nous y somme, face à quelque chose de bien je crois. Ou alors ce n’est pas vraiment ça. Mais c’est une victoire sur moi qui ne sait pas et lui qui pense que nous n’en sommes pas capable. Il demande qui aurait pu le croire, mais moi j’ai toujours espéré et toujours pensé à l’infime possibilité qu’un jour on ne soit pas juste condamné à hurler. Alors il rit et moi j’esquisse un sourire par dessus mon sourire esquissé et j’ai l’impression que mes lèvres sont trop étirées et que c’est un peu bête.

Et peut-être qu’on devrait rester là et attendre que mes doigts arrêtent de picoter. Sans vraiment parler, parce que moi j’aime les silences aussi et que je pense que ce silence là serait agréable. Mais peut-être qu’Othello n’aime pas les silences et qu’il préfère demander. Je le fixe quand sa bouche fini par demander encore une première fois comment c’est, mais je ne comprends pas alors j’attends qu’il exprime une autre quelque chose de plus compréhensible.

Mais peut-être que je n’aurais pas du et m’en aller. Est-ce que je suis heureux. C’est ce qu’il demande et je ne sais pas ce qu’il espère que je réponde. Je n’ai pas envie de le faire moi parce que tout ce que je pourrais dire pourrait l’affecter. Ou non, mais ce serait terrible aussi. Je fixe obstinément ses genoux. Ma bouche ne sourit plus, mais je ne sais pas depuis quand. Il dit qu’il devrait partir ensuite et là je lâche sa main. Je me rappelle qu’il a dit qu’il ne me parlerait plus et que je ne le verrais plus. Que c’était mieux.

Je ramène de nouveau mes genoux contre mon torse et dépose ma tête contre mes genoux pour qu’il ne puisse rien voir. Mes mains s’enroulent autour de mes jambes. Et c’est comme ça que j’ai décidé que j’arrêterais de communiquer. Pendant quelques secondes je sais que je voudrais dire des choses, et puis d’autres secondes je m’entends penser que c’est égoïste et que je devrais mentir. Lui dire que tout va bien pour qu’il continue d’aller bien. Mais je déteste le mensonge alors peut-être que je devrais juste rester silencieux. C’est quelque chose que je peux faire. Ce serait facile. Ne pas parler, ne pas l’empêcher de partir, ne rien montrer et rester ici jusqu’à ce que mes yeux redeviennent secs.

Ce serait facile, mais je suis fatigué, épuisé même de penser toujours que je ma place n’est pas avec lui. Que je n’ai jamais rien réussi quand je voulais qu’il soit heureux. De penser du mal de son bonheur apparent et regretter qu’il soit heureux sans moi. De penser encore et toujours que c’est égoïste de dire les choses quand je ne sais pas. Je ne sais rien. Pas garder ces choses-là qui me rongent de l’intérieur. Je ne peux pas non plus les exprimer alors ça reste là, dans mon esprit. Et je crois que c’est en train de pourrir quand je me surprends à penser que je suis même fatigué d’exister. Je sais qu’il n’est pas le seul problème. Il y en a d’autres, comme la solitude, le manque d’horizon aussi, le rejet que j’ai de plus en plus de mal à supporter qui me fait me demander si je suis même fais pour être accepté, moi entier.

Il y aussi toutes ces choses que je ne comprends pas dans mon estomac, dans ma tête, autour de moi. Quand ce n’est pas le monde entier qui semble agir étrangement. Et même dans les couloirs je ne sais plus comment faire pour supporter quand on casse mes affaires, quand on les déchire, quand on me touche et que ça fait rire alors que j’ai l’impression que moi je me casse encore. Alors je pense souvent que je suis fatigué d’exister et ce n’est la faute de personne. C’est juste moi qui ne sait pas. Qui ne suis pas adapté. Qui ne fait que penser aux choses douloureuses et qui ne fait rien pour arrêter parce que je ne sais pas quoi faire. Parce que c’est trop compliqué. Parce que je ne sais pas ce qu’il faut dire ou ne pas dire et c’est usant.

Je glisse ma main gauche jusqu’à mes lèvres pour mordre mon index. Parfois quand je suis submergé par tout c’est utile. Mes yeux finissent par arrêter de couler, toujours, même si ça saigne. C’est parce que la douleur elle est toujours douloureuse de la même manière, que c’est rassurant quand les choses ne changent pas et qu’elles restent comme elles sont. Mais cette fois mes yeux n’arrêtent pas et n’arrêteront pas. Alors peut-être qu’il faudra que je reste ici longtemps finalement. Ou alors au plus proche du balcon.

Mais ça n’arrangera pas les choses. Tout ça n’arrangera rien quand je voudrais vraiment tout arranger. Je m’essuie la bouche avec le dos de ma main, la cache dans mon pull pour pouvoir essuyer mes yeux. Je tente d’attraper sa main avec ma main droite parce que je ne pourrai pas toujours le faire. Que je voudrais vraiment dire des choses.  « Non. » Je renifle.  « Je ne comprends toujours pas pourquoi ça devrait être mieux comme ça. Mieux pour moi. Et c’est égoïste je sais.Je sais.»


Je ferme les paupières contre mes genoux.  « Les rumeurs disent que tu as des amis et que tu sembles heureux, une copine petite aussi. Et c’est difficile à entendre et comprendre. Pourquoi tu es heureux toi et que ça ne me rend pas heureux parce que j’ai besoin de toi. » Je me mords la lèvres. Peut-être que c’est parce que je suis trop grand ou trop moi et qu’il ne supporte pas mon existence ou alors loin, très loin, mais je n’aime pas cette idée, peu importe comment il me la présente.  « Je sais que ce n’était pas mieux avant. Quand tu m’as détesté et que je n’étais pas capable de la faire. Je ne te déteste toujours pas et toi sans doute que oui, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est injuste. » Je marque une pause, renifle, je ne sais pas ce que j’essaie de faire, parce que je sais que je ne sais pas retenir les gens. Je ne sais pas m’imposer. Je ne sais pas m’exprimer. Je ne sais pas être accepté.  « Parce qu’on peut exister l’un en face de l’autre sans se faire du mal. On y arrive, tu vois ? Et alors même si c’est juste une minute. Juste deux. On y arrive. »


Je fixe nos mains, ses genoux ensuite.  « Je sais. Je sais que c’est parce que j’ai fait quelque chose et c’est quelque chose qui m’étouffe. Mais si je pouvais changer le passé je le ferai, parce que c’est injuste. Profondément injuste. Et je ne sais pas comment faire pour réparer les choses. Et je voudrais vraiment pour pouvoir exister dans ta vie, mais pas comme avant, agréablement. » Je relève la tête pour frotter mes yeux, il y a quelque chose qui me donne envie de hurler pour être entendu, mais il me semble que c’est parce que je suis trop agité.  « Et pourtant je sais… On peut dessiner des choses sur le sol ensemble, même tes genoux sont recouvert de craie et tes doigts aussi. On peut faire d’autres choses. Mais il reste toujours le passé. » Je m’affaisse de nouveau, les épaules lasses.  « Je me rappelle aussi qu’on aimait jouer ensemble avant. Même si je t’ai poussé. Même si je t’ai ouvert la tête et que tu as saigné. Même si je ne voulais pas et que je voulais rester pour dire que je ne voulais pas et que j’étais désolé. »

Ma bouche grimace un peu alors je cache de nouveau ma tête contre mes genoux.  « Ils ne voulaient pas, c’est comme s’ils avaient peur que je te fasse encore mal et c’était douloureux et ça l’est toujours parce que même si ça fait longtemps moi j’ai fini par croire que j’étais capable de tout ça et même encore maintenant. Parce que même chez moi, ils me regardent de cette façon. Cette façon qui dit que je suis trop étrange, monstrueux, incompréhensible. Et même si tu me détestais tu ne m’as jamais regardé comme ça. » Je me redresse sans le fixer, pour aller effacer avec ma manche la craie sur le sol. Une petite partie pour qu’il puisse partir. Et quand je pense que c’est la dernière chose que j’ai à lui dire je me tourne.  « Je ne veux pas que tu penses qu’il n’y a que toi qui me rend malheureux. Le fait est que tu ne m’as jamais rendu malheureux. Pas une seule fois. Et si parfois je suis fatigué de vivre ce n’est pas parce que tu es là ou que tu existes. C’est souvent à cause des autres, de moi surtout qui ne sait rien et qui n’est pas vraiment capable de réparer les choses. Qui ne fait que dire que c’est sa faute, mais qui n’a pas de solution. Et même si on ne doit plus se revoir je voudrais que tu saches que c’était bien. De faire tout ça avec toi. » Je désigne le sol, sa main, peut-être aussi nos rencontres, même si elles se sont toutes terminés mal.  « Et il faut que tu sois heureux. » Je déclare, les sourcils froncés et la bouche un peu sèche. Qu’il le soit pour nous deux. Je relève ma main, le cercle un peu effacé et je vais reprendre ma place dans le cercle. Et je me dis que je vais le regarder partir et qu’après je vais attendre que mes yeux arrêtent de couler. J’irai chercher mes affaires. Et mon chat qui doit être caché quelque part. Je ferai tout ça dans le silence parce que je n'ai jamais autant parlé et je suis las de le faire.  
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Re: Plus tu bouges moins tu meurs [Othello]
05.02.17 15:40

plus tu bouges
moins tu meurs
musique - Il se tait et me lâche trop longtemps.
C’est ainsi que je sais que je l’ai cassé. Encore. Son coeur, son âme, son esprit. Je pensais avoir bien fait jusqu’à présent, que je ne m’étais pas marché sur les pieds mais il n’a fallut que d’une question pour tout bouleverser, chambouler, renverser. Je le regarde et je ne sais pas trop quoi faire tandis qu’il semble trembler dans son cocon.
Je lève ma main pour tenter de le toucher mais me stoppe en plein milieu. Je ne sais pas consoler. Je n’ai jamais su le faire parce que je n’ai jamais eu de vrais amis ni de vrais amours. Je baisse la tête et je n’ose plus le regarder. Je n’ose plus le regarder car j’ai la sensation de faire face à un échec. Mais ses doigts s’agrippent aux miens et je ne peux pas m’en défaire. Je regarde ces maigres paumes qui m’encerclent et demeure silencieux.

Et enfin, Oscar parle. Il parle et j’entends sa voix tressauter tous les deux mots. Il ne m’en faut pas plus pour réaliser qu’il pleure et je crois que mon coeur est en miettes. J’ai toujours été victime de mes propres sanglots face à lui et la situation inverse est dérangeante.

Il prétend ne pas comprendre et expose les rumeurs entendues au tournant d’un couloir. Je baisse la tête - encore. Je ne suis pas satisfait de mes mensonges. Ma vie, ces dernières semaines, ne se basent que sur du faux. Les sourires et les relations, les amusements et puis les engouements. Je ne fais que prétendre et je ne pensais pas que cela aurait fini par l’atteindre. Une part de moi, en plus d’aller vers le chemin d’une prétendue guérison, espérait le rendre jaloux. Le mettre en bouilli, encore. Aujourd’hui, je me rends compte que je ne veux pas ça. Que je ne le veux plus. Ou même, que je ne l’ai jamais voulu. Et je me déteste pour avoir pensé ça.

Oscar m’annonce qu’il a besoin de moi et j’entrouvre la bouche, mais rien n’en sort. J’ai les mots bloqués dans la gorge et j’ai un frisson. Plus il continue et moins je n’ose l’interrompre. Il ressasse le passé et ce qu’il a vécu lui - une perspective que je n’avais jamais vraiment abordé encore, moi qui ne pensais qu’à moi. Moi, moi, moi.

Je ne me suis souvenu que de ce choc. J’avais oublié ces journées où nous n’avions pas peur l’un de l’autre, où nos parents ne nous tiraient pas le bras pour nous empêcher de nous croiser lorsque nous traversions les mêmes rues. Je me souviens que nous riions beaucoup à l’époque, que nous partagions et que nous aimions. Qu’avant d’être une némésis, Oscar était un ami.
J’avais oublié. J’avais oublié et j’en suis désolé.

Quand je reprends conscience de l’espace autour de nous, le cercle commence à disparaître. Comme je devrai le faire, je suppose. Mais je ne peux pas m’y résigner et reste assis, figé. Il ne dit plus rien à nouveau et je crois qu’il a trop parlé. Pour lui comme pour moi. Je ne me suis jamais senti aussi idiot et dénué de sens.

Mais je ne peux pas demeurer dans le silence quand lui a su me prendre dans ses bras et me souffler des mots rassurant contre l’oreille.

Je bascule vers l’avant et me mets à genoux, j’attrape ses poignets doucement pour le tirer vers moi. J’embrasse les larmes salées tombées aux coins de ses lèvres tout doucement. Je reste ainsi peut-être une seconde. Deux. Trois. Non, cinq. Avant d’aller essuyer ce qu’il en reste du revers de ma manche.

« Je ne suis pas heureux non plus Oscar. Je ne le serai jamais mais ce n’est la faute de personne. C’est juste dans ma tête et je le sais. »

J’inspire. Je ferme les yeux et me résigne par l’entourer de mes bras. « Mais j’ai envie de rattraper toutes ces années. Tous les deux. » Je souffle. « Je préfère devenir celui qui protège plutôt que celui qui fait du mal. Est-ce que… » J’hésite. « Tu m’y autorises ? » Je ne sais plus quoi dire, déjà. « Sans toi ma tête est vide. »

+ notes //
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