ÉPISODE #9 — Dragonrun ! [course]

Les lanières tirent sur tes bras, tes coudes, tes épaules, alors que le sol (le dragon) se rebelle sous toi. Tes articulations hurlent. Ta peau, déjà en lambeaux, hurle avec elle. Quelque part dans ton nuage de coton et de douleur, ton esprit se réveille.

Cette course n'aura pas raison de toi.

La pluie s'abat sur ton dos, sur ta nuque. Si violente, dans ce ciel gris perle, qu'elle ne peut être que due à un sort. Si violente que tu cries.

L'eau éteint le feu qui couvait encore, l'eau frappe l'épiderme rongé et sensible. Tu hurles, avec tes articulations, avec ta peau. Tu hurles, parce que tu as mal, mais tu te redresses quand même parce que tu sais qu'il le faut. Au loin, un écho répond à ton hurlement, mais ce n'est qu'un délire de ton corps meurtri.

Pharaon n'a pas réussi à te briser. La souffrance n'y arrivera pas non plus.

La souffrance est bénéfique. La souffrance te rappelle que tu es toujours en vie. La souffrance te rappelle que la malédiction n'a pas encore gagné.

L'orage s'arrête aussi brusquement qu'il a commencé, mais tes mains se referment quand même sur les sangles de la selle. Elles tremblent. Tu sens encore la chaleur du feu jusque sur tes os. Sans doute qu'elles t'abandonneront à nouveau au moindre sursaut.

Mais tu as retrouvée ta volonté. Tu grimaces un semblant de sourire.

- Tu vas devoir me supporter encore un peu, Perle d'Ivoire.

Peut-être comprend-t-il que tu ne céderas pas. Peut-être veut-il passer sa colère sur quelqu'un d'autre. Soudain, le voilà qui pique en direction de Bastia.

Te voilà en troisième position.
Mais tu as toujours ce regard mauvais, ton dragon t'avais regonflé à bloc après son stupide sens de l'orientation. ceci était à présent du bon côté de la course. Mais ces bêtes sont si caractérielles, il te fait plein de looping. heureusement que tu ne souffre d'aucune maux de ce style.

Kieran est encore devant toi, une nouvelle fois ses vêtements prennent feu. Tu n'avais plus ta cape sur toi pour le sortir d'affaire.

Perle d'Ivoire continue sa descente en piquet et tu t'accroches de ton mieux. Le vent arrache de nouvelles larmes à tes yeux, mais la traversée de nuages apaise vaguement ta peau. Tu te doutes qu'une fois l'adrénaline retombée la douleur reviendra.

Ton dragon approche de plus en plus de Bastia et de sa monture, et tu sens venir la collision quand le Vert Gallois part soudain en loopings dans le ciel. Désarçonné, Perle d'Ivoire ralenti (brusquement) et ton visage vient heurter la selle. Au milieu des étoiles qui dansent un moment dans ton champ de vision tu aperçois les tours de Poudlard qui te surplombent.

L'arrivée n'est plus très loin.

Tu espères qu'aucune autre épreuve ne va te tomber sur le coin du visage, mais tu supposes qu'il ne sert à rien de rêver.

Comme pour te donner raison, ton fier et belliqueux destrier part à la poursuite de son congénère qui a osé l'esquiver de la sorte. Tu tentes de crier un avertissement à Bastia, mais ton dragon rentre déjà violemment dans le sien.

Les lanières nouées autour de tes membres te retiennent de t'envoler, mais la souffrance encore accrue dans tes articulations laisse présumer que tu ne t'en es pas sortie indemne pour autant.