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 Grand mère sait faire un bon café — [Flashback ; with Oscar]

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Marvel J. Solberg


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Marvel J. Solberg





Grand mère sait faire un bon café — [Flashback ; with Oscar]
06.11.16 2:04

You'll never feel happy, until you try

Everybody needs this
Everybody needs this, happy thing
Everybody needs this, everybody needs this, happy thing


Le rendez-vous avait été fixé aux alentours de quatre heures. Et emmitouflé dans son écharpe qui le protégeait des vents norvégiens, Marvel avait l'air d'un véritable extraterrestre sous le ciel de Londres. C'est vrai que les anglais avaient tellement peu de jours de soleil à l'année que quand ça arrivait, ils sortaient leurs débardeurs jaunes fluo ou leurs mini-jupes à fleurs.

C'est après avoir transplané à l'intérieur d'une cabine téléphonique recouverte d'affiches à moitié déchirées qu'il sortit de sa cachette, le plan du métro Londonien entre les mains. Visiblement, son ami ne se trouvait qu'à trois stations de là.

Étrangement, toute cette situation le rendait un peu nerveux. Non seulement il n'avait quasiment pas fermé l’œil de la nuit en se ressassant ce qu'il allait bien pouvoir dire une fois qu'ils se verraient en chair et en os, mais il avait essayé une dizaine de vêtements différents avant de revenir vers son choix initial.

« T'as un rencard, princesse ? » Son petit manège avait au moins amusé Mint. Mais non, ce rendez-vous avait été donné en toute amitié et n'avait absolument rien de romantique. Dans ce cas pourquoi était-il tellement à côté de ses pompes, alors qu'il aurait pu s'y rendre les mains dans les poches en sifflotant ?

Peut être qu'il avait juste peur de le décevoir, au final. Marvel et Oscar n'avaient cessé de s'envoyer des lettres durant tout l'été et quelque part, il avait l'impression de briser cette routine confortable, de sortir de sa nouvelle zone de confort.

Arrivé devant la bâtisse du Starbucks, le rouquin passa une main dans ses cheveux. Était-ce vraiment une bonne idée ? Ne ferait-il pas mieux de rebrousser chemin et de prétendre qu'il avait attrapé une terrible grippe ? C'était peut être un peu tôt pour se revoir. Ils pouvaient toujours reporter.
Prenant son courage à deux mains, il poussa finalement la porte d'entrée.

Le café était quasiment vide, et le rouquin reconnut son ami du premier coup d’œil. Lui qui était d'ordinaire si sociable perdit ses mots en fixant Oscar quelques secondes de trop. C'était vraiment bizarre comme situation. Pourtant, il avança vers lui, un léger sourire planté les lèvres.

« Oscar. » Ça faisait un moment qu'il n'avait pas prononcé ce prénom. Et ce fut comme un soulagement. Au final, peut-être qu'il allait se re-habituer à sa présence. « Il est bon de te revoir. Comment vas-tu ? » Cette fois-ci, Il pouvait directement lui poser la question, sans avoir peur de lire qu'il s'était brisé tous les os entre temps. « Tu as grandi. » Constata t-il, se maudissant intérieurement pour la banalité de ses mots.


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Re: Grand mère sait faire un bon café — [Flashback ; with Oscar]
12.11.16 16:24

Avec ou sans crème fouettée?
Nous devions nous voir. Enfin, c’était moi qui avait émis l’idée, je m’étais souvenu qu’il avait dit que même un percolateur pouvait devenir un petit être robotique. Développer une personnalité. Il avait dit qu’il en était capable et je n’avais pas douté une seule fois. Je dois pourtant confesser que ce n’était pas la seule et unique raison qui m’avait poussé à l’inviter, fin août arriverait à grand pas et avec elle la rentrée. Et c’est étrange, mais je crois que je n’avais pas voulu que l’été se termine. Bien sûr écrire et correspondre était quelque chose qui m’était agréable. Vraiment agréable. J’avais trouvé dans l’écriture un moyen plus efficace encore que la parole, de converser. Et moi qui ait temps de mal à exprimer, je m’étais senti d’un seul coup capable de communiquer. Réellement. De choses banales et qui n’avaient jamais eu, une seule fois, un quelconque rapport avec ce qui dysfonctionnait chez moi. Non. Les dysfonctions n’en n’étaient plus avec lui et j’appréciais cela, réellement.

Aussi, je crois que cette proposition là : « Voudriez-vous me rendre visite, à Londres ? »avait été l’expression d’un besoin. Le besoin de confirmer que je pouvais converser avec quelqu’un sans être mal à l’aise. Sans me sentir… Oppressé, acculé. Juste pouvoir entendre rire et comprendre que ce n’est pas de moi, mais ce que je dis ou alors mon sourire ? Parce qu’après-tout il était vrai que j’avais un sourire sur mon visage. Discret et précieux, aussi. Personne ne pouvait comprendre je crois que l’expression simple et pourtant sincère d’un fait : « Aujourd’hui je me sens bien »

Pas une seule fois je n’ai été nerveux. Au contraire, ma mère l’était plus que moi et semblait sur le point de syncoper tant je ne comprenais rien à ce qu’elle me disait. « Tu dois faire bonne impression, Oscar ! C’est important ! » Ne faisais-je pas déjà bonne impression ? « Tu ne vas pas porter ça tout de même ! Oooh et regarde comme tu es coiffé ! » J’avais haussé les épaules, ça ou tout autre vêtement m’irait, puisque que de toute évidence quand il me verrait je porterai mon uniforme et un tablier. « Argument invalide » m’a-t-elle rétorqué. « Vous allez tout de même sortir, n’est-ce pas ? » Je n’étais pas obligé de lui répondre que, non probablement pas. Aussi je l’ai laissé choisir ce que j’allais porter. Même essayer de me mettre de la laque dans les cheveux, pour qu’ils ressemblent à quelque chose. Pour une fois. Et je suis sorti.

Attendre avait été compliqué. J’ai même été distrait parfois quand l’heure approchait et que je regardais trop la porte de l’établissement. Mes collègues m’avaient dit « Tu es étrange aujourd’hui, Oscar. » J’ai haussé les épaules, mais c’est vrai. Ils avaient raison. Aujourd’hui était un jour étrange. Un jour de promesse qu’on échange avec un ami.

Quand il est arrivé j’ai essayé de ne pas trop esquisser. On m’a dit « tu fais peur quand tu souris, on pas l’habitude », alors j’ai décidé de ne pas sourire, pour ne pas faire « peur ». Ma journée devait se terminer à 16h précise et je crois bien qu’il est un peu en avance, mais ce n’est pas grave. Il me demande « Comment vas-tu » et cela me fait penser à ma première lettre, je réponds :
 « Je vais très bien et vous ? » Je passe une main sur ma nuque quand il dit que j’ai grandi. J’acquiesce.  Cinq centimètres. Ma mère pense que je do- Attendez je termine ce que je fais et je vais me changer. Mais je me rappelle que je suis toujours devant le comptoir et que je ne suis pas seul. Je termine le café que je préparais avec précipitation, le donne au client et m’enfonce dans les cuisine pour atteindre les vestiaires. Je me change et j’enfile mes vêtements hâtivement. Je ne sais même pas fermer correctement les boutons et je crois que je n’aime pas les motifs. Mais je n’avais pas trop de goût pour ces choses-là.

Je reviens peu de temps après et indique une table dans le coin.

  Vous voulez quelque chose ? Ils ne font pas payer leur employés... Mes doigts tapotent contre ma cuisse. Je suis impatient et je ne sais pas trop ce que j’attends, mais je crois bien que je suis content.
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Re: Grand mère sait faire un bon café — [Flashback ; with Oscar]
12.11.16 19:22

You'll never feel happy, until you try

Everybody needs this
Everybody needs this, happy thing
Everybody needs this, everybody needs this, happy thing


Ainsi donc, Oscar allait bien. Et à cette idée, le rouquin ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. Pas de danger d'os brisés ou de grève de la faim. C'est vrai qu'à chaque fois qu'il attendait une réponse de son ami, il y avait à la fois cette impatience qui s'installait dans la moindre parcelle de son corps, mais aussi cette crainte qui venait se loger dans son estomac. Combien de fois avait-il fait les cent pas devant sa fenêtre, dans l'espoir de recevoir de bonnes nouvelles ? Combien de fois avait-il lu et relu ses lignes, redessinant le contour de l'écriture avec ses doigts ? Combien de fois encore s'était-il imaginé ce que pouvait bien penser son correspondant à tel ou tel moment de la journée ?

Certes, nous étions en 2016 et il aurait été aisé d'expliquer au Serdaigle comment utiliser un téléphone pour l'appeler, ou de lui montrer comment envoyer un mail ou des textos. Mais cet échange épistolaire avait quelque chose de spécial, de magique. C'était comme un univers rien qu'à eux, que rien ni personne ne pouvait détruire. Via ce nouveau support, Marvel avait l'impression de découvrir son ami sous un nouveau jour. C'était une dimension à part, un « lieu » hors du temps où ils pouvaient communiquer leurs sentiments du moment, où ils pouvaient écrire leurs idées sans avoir la crainte de se faire couper ou de rester incompris. Et pour rien au monde il ne voulait arrêter ces conversations.  

Pourtant en le voyant debout face à lui, le rouquin réalisa quelque chose. Non, ce qui le préoccupait n'était pas tant le fait que son élève ait pris quelques centimètres ou que ses cheveux soient impeccablement coiffés. Ce n'était pas non plus l'enthousiasme de le voir sur ce lieu de travail dont il lui avait tant parlé. Ce même endroit qu'il avait visualisé tant de fois à travers les propos de son ami et qui était exactement comme dans ses rêves.

Non ! Quelque chose de complètement différent troublait ses pensées. Ça sonnait comme une évidence, et pourtant jamais il ne l'avait réalisé auparavant. Ou du moins pas directement. Mais le fait est qu'Oscar L'Ourson lui avait terriblement manqué. Et le voir face à lui, en chair et en os et surtout en direct lui fit presque perdre ses mots. Heureusement pour lui, son interlocuteur disparu assez vite dans l'arrière boutique,  et il ne remarqua pas à quel point son professeur avait l'air perturbé.

« Si je veux quelque chose ? »
M'asseoir face à toi, observer les expressions faciales qui accompagnent tes paroles, écouter le son de ta voix pour  m'y perdre durant des heures à essayer d'en distinguer les nuances, comprendre les émotions qui se cachent derrière ce ton neutre apparent. « … J'ai entendu dire qu'il y avait un menu secret au Starbucks ! T'as qu'à faire les boissons qui nous ressemblent le plus. Même si je suis certain que mon frappuccino sera bourré de citrouille et de cannelle, à cause de la couleur de mes cheveux. Ceci dit, je serai curieux de voir à quoi ressemble le tien, comment tu te vois ». Peut-être qu'Oscar était un mélange de chocolat et de vanille. Était-il blond, ou brun ? À moins qu'il ne soit châtain ? C'était difficile à dire. Et devait-on se baser seulement sur l'apparence évidente du cuir chevelu ou bien baser les cocktails sur la personnalité ? Dans ce cas, quels ingrédients allaient à quelles caractéristiques ? À moins que tout ne se base sur les noms des cocktails ? Et dans ce cas, comment appeler celui d'Oscar ?

« Tu me vouvoies encore ? » Le chambra t-il, en s'installant un peu plus confortablement dans sa chaise. Oscar n'était-il pas celui qui voulait d'une relation égalitaire ? Pourquoi était-ce si dur pour lui de cesser durant une seconde de le voir simplement comme son professeur ? « Je sais que c'est pas évident, mais depuis le temps... Tu peux m'appeler par mon prénom. » Surtout au vu de la situation.

« Mais qu'importe. Raconte-moi, Oscar. Comment est la vie dans le Londres moldu ? N'es-tu pas perdu, toi qui as toujours vécu un pied dans le monde magique ? »



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Re: Grand mère sait faire un bon café — [Flashback ; with Oscar]
12.11.16 20:35

Avec ou sans crème fouettée?
Il me parle de notre menu secret. La plupart de nos clients ignoraient même que ce qu’il y avait sur la carte n’était pas les seules choses que nous commercions. Il y avait des clients pourtant qui étaient au courant et qui venaient, un sourire sur les lèvres, la démarche un peu chaloupée. Ils se penchent alors à la caisse et nous demandent de préparer l’une de ces boissons en murmurant tels des conspirateurs. Cette réaction m’a toujours étonné et je n’avais pas encore compris l’intérêt de ce fameux menu secret. Toujours est-il qu’il était le premier à m’en parler avec autant d’enthousiasme. Je dis : « D’accord dans ce cas… Je vais y réfléchir. » Déclarais-je alors, les sourcils froncés. Quel café ou frappucino lui conviendrait le mieux. Je fixe son visage. Essaie de deviner. Si je me lève et que je vais commander, l’employé lui préparera sans doute quelque chose à base de citrouille. Parce que ses cheveux sont oranges. Mais je ne pense pas que ce soit quelque chose qui lui convienne réellement.

Il souleva, pendant que je pensais encore à ce que je préparais s’il me le demandait, un fait important. Je le vouvoyais encore. Et dans ma tête Monsieur Solberg restait Monsieur Solberg. Je me pinçais les lèvres. Ce n’était pas si difficile. Après-tout nous étions ami et lui-même m’appelait par mon prénom et non par mon nom. Je crois que je n’aimerai pas qu’il m’appelle par mon nom. Les noms sont une distance. Les prénoms ? Quelque chose de précieux que tout le monde ne devrait pas se permettre de dire. Aussi je n’aime pas quand des inconnus m’appellent par mon prénom. Je crois que j’ai peur qu’ils m’écorchent s’ils me le disent. Et si c’est la mienne qui dit alors peut-être que c’est moi qui les écorcherai. Je n’ai toujours appelé qu’une seule personne par son prénom et c’est parce qu’il est un fantôme et que je ne peux plus réellement l’écorcher. Mais lui était quelqu’un fait de chair et sa chair à lui était belle et je ne voulais pas l’égratigner. Mais je ne pense pas qu’il ait peur que je l’écorche, sinon il ne serait pas là, de toute façon.


Il me pose une autre question, je le fixe et hausse les épaules. «  « Je travaille ici depuis quelques années. Alors je ne sais pas vraiment. Je crois que je me suis habitué à voir vivre les moldus derrière un comptoir. Je n’aime pas la foule… Je n’aime pas le matin parce qu’il y a toujours des clients trop pressés. Mais j’ai un peu l’impression de voir le monde à l’abri et c’est une sensation agréable. Celle d’être un observateur passif. C’est un monde en perpétuel changement. Tous les jours se ressemblent, mais différent dans un même temps. Le monde moldu est le même, mais différent aussi. »

Je vais chercher ses yeux. Je l’observe un peu, j’ai pensé à ce que je lui dirai quand je le verrai, mais les mots se bousculent tous. « C’est bien que … Tu aies pu venir. » Je passe une main dans mon cou et je baisse subrepticement le regard pour soupirer:  « C’est étrange. Je sais que tu es Marvel. Le même Marvel qui m’écris des lettres. Mais j’ai passé tout un été à vous vou- » Je me reprends. « Te vouvoyer. Ce n’est pas quelque chose qui m’est agréable je crois quand je te parle. Ça met de la distance entre tes mots et les miens. Mais d’un autre côté c’est quelque chose… De très … Difficile et douloureux pour mon ventre. J’ai trop l’habitude de penser que les mots peuvent vraiment casser les gens quand on ne fait pas attention. Le ton, l’intonation. Alors tutoyer quelqu’un c’est accepter le fait que les mots sont plus proches… Enfin ont plus de pouvoir… Et. » Je hausse les épaules pour secouer la tête et rire « Ce doit être confus. C’est confus pour moi aussi. Enfin. Une fois tu as écris que ce que je disais n’était pas inutile ou inintéressant. Alors je deviens trop … expansif quand tu es dans le coin. » Là encore je ris, mais c’est parce que je repense à ce que l’on m’a dit tout au long de la journée. «  Ils disent que je fais peur quand je souris trop. Et parle trop. »Dis-je en désignant le comptoir du menton. « Je vais aller te faire un frappucino je reviens. » Je me lève et retourne dans l’arrière boutique pour préparer un frappucino. Pas de citrouille, ni de cannelle… Mais du chocolat. Beaucoup de chocolat. Un Moka. Avec du chocolat. Un peu de vanille en poudre et de la crème chantilly au marshmallows. J’ajoute quelques morceaux de vrais marshmallows par dessus et du nappage chocolat par dessus. Je reviens vers lui après avoir contourné le regard insistant d’une de mes collègues qui me demandais de ne pas revenir ici sauf si je désirai faire des heures supplémentaires. Je m’excuse pour la forme, mais je n’en pense pas un mot. Je ne pouvais pas laisser n’importe qui lui faire son frappucino. Je lui rapporte, j’ai pris du cheesecake au citron pour moi. « Voilà. C’est comme ça que j’imagine votre… enfin, ton frappucino. »
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Re: Grand mère sait faire un bon café — [Flashback ; with Oscar]
20.11.16 3:21

You'll never feel happy, until you try

Everybody needs this
Everybody needs this, happy thing
Everybody needs this, everybody needs this, happy thing


L'image était très vivante. Marvel n'avait qu'à fermer les yeux pour imaginer les scènes décrites par son interlocuteur. C'était assez surprenant de voir le monde non-magique à travers les yeux d'un sorcier. Non, Oscar n'avait pas des paillettes dans les yeux comme les premières années moldus qui débarquaient à Poudlard. Non, il ne les idéalisait pas au point d'en sautiller partout, comme une certaine Winnifried. Non, il n'avait certainement pas été confronté au meilleur de ce que cette civilisation pouvait apporter dans son travail. Et pourtant, son élève s'était laissé apprivoiser par ces humanoïdes à la fois si similaires, et si différents des mages.

« Je ne pense pas que tu sois passif, Oscar. » trancha t-il, en secouant doucement la tête. « Ce monde n'est peut-être pas le tien par naissance, mais tu as choisi d'en être acteur lorsque tu as accepté ce job. Ceci dit, je comprends la sensation. Tu découvres tout un univers, et c'est nouveau pour toi. C'est comme si tu allais travailler dans un pays étranger et que tu devais t'habituer à leurs us et coutumes. Tu te sens extérieur, et pourtant nos mondes sont immensément liés les uns aux autres. Bien plus qu'on ne le croit. »

Après tout, une guerre nucléaire tuerait les moldus comme les sorciers de la même manière. Et l'arrivée d'un puissant mage noir affecterait forcément les sans-magie. C'est pour cette raison que les deux mondes devaient coexister et coopérer. L'alliance de la magie et de la technologie moldue ne créait-elle pas des merveilles ? Pourquoi était-ce encore si rare de combiner les deux ?

Mais avant qu'il n'ait pu trouver les réponses à ses questions, le regard de son élève vint chercher le sien et le coupa net.

« C'est... Toujours un plaisir de te voir, Oscar ! » répliqua t-il, en baissant les yeux lorsqu'il sentit ses joues se colorer. Mince, il devait avoir l'air tellement stupide comme ça. Ce n'était pas digne d'un professeur. Mais son ami l'avait tutoyé pour la première fois. Et en toute honnêteté, c'était une sensation étrange. Agréable, mais... imprévue. Et il ne savait pas comment réagir face à ça. Alors il se contenta de sourire en espérant que son corps décide enfin de se calmer. « Ne te rends pas malade à cause de moi, va. » Le ton se voulait décontracté, et pourtant il était tout aussi confus. « Dis juste les mots comme ils te viennent. Ne te force surtout pas, d'accord ? » Le pronom personnel utilisé ne changerait rien à l'impact de ses mots. Certes, Marvel préférait le « tu » qui leur donnait une relation d'égal à égal, mais si son ami ne pouvait se résoudre au « vous », il ferait avec.

« Quant aux sourires, je pense que tu ne devrais jamais les retenir. Ça peut illuminer la journée de quelqu'un, et peu importe si tu as l'air trop heureux. Il n'y a pas de mal à ça, et ça ne fait pas « peur ». Et puis... J'aime t'écouter parler, donc ne te bloque pas pour moi. » Venait-il de dire ça à voix haute ? Sans doute. Mais c'était la vérité.

Heureusement pour lui, son ami lui évita un moment gênant en se levant pour aller lui préparer son frappuccino. Et durant toute son absence, le rouquin réalisa qu'il ne tenait pas en place. Il dut même se retenir de se lever pour aller l'aider et décida de se triturer les mains avec nervosité, à la place. Était-il en train de l'exploiter durant son temps de pause ? Avait-il trop précipité leur amitié en lui demandant de le tutoyer ? Et tous ces compliments qui sortaient tout seuls... En faisait-il trop ? Pourtant, c'était sincère et il ne comprenait pas comment quelqu'un comme Oscar pouvait manquer autant de confiance en lui. Ne voyait-il pas qu'il rayonnait ?

« Wow ! Merci ! » s'exclama t-il, en voyant sa boisson arriver devant lui. Comment avait-il deviné son amour pour le chocolat et les marshmallows ? À moins qu'il n'y ait un autre message derrière ? Comme « je te vois comme quelqu'un de très sombre », ou « tu es de la même couleur qu'un ours brun ». Merlin, qu'il était nul en interprétation ! En tout cas, si Oscar l'appréciait autant que Marvel aimait le chocolat, c'est qu'ils devaient avoir une sacré amitié. « Et toi, tu ne bois rien ? » Peut-être qu'il n'aimait pas le café, ce qui était assez logique après avoir bossé durant des années dans un Starbucks.

« Je crois que si j'avais été à ta place, j'aurais mis des gousses de vanille dans le fond de ton frappé. Et beaucoup de chocolat aussi. » Parce qu'en un été, tu as pris une place importante pour moi, et tu comptes déjà comme un véritable confident.

« Pourquoi as-tu choisi de travailler ici, en particulier ? »
C'était peut-être indiscret, mais la question le démangeait.


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Re: Grand mère sait faire un bon café — [Flashback ; with Oscar]
06.12.16 21:09

Avec ou sans crème fouettée?
Je récupère ma cuillère en plastique et, sans plus tarder, je vais couper la pointe de mon cheesecake. J’ai toujours détesté le café. Enfin, il ne peut pas le savoir puisque je ne l’ai jamais dit, comme je n’ai jamais éprouvé le besoin de le faire. Ce n’est pas comme si communiquer toutes ces choses étaient une habitude. Comme si éprouver le besoin de le faire était aussi une habitude. Étrange, mais prévisible aussi, puisqu’il déliait ma langue sans que je puisse le comprendre. Peut-être que c’était son étrange façon d’être véritablement à l’écoute ou encore parce qu’il est l’un des seuls qui s’est un jour intéressé à moi, nonobstant mes dysfonctions pourtant évidentes. Ou du moins, je crois qu’il les voit, mais qu’il ne s’en formalise pas. Je crois qu’il les accepte et qu’il ne me demandera pas de faire des efforts pour être plus ceci, plus cela. Peut-être qu’il m’accepte moi qui suit moi. Un être qui s’exprime et pense différemment. Et comme si c’était naturel qu’il le sache je dis :
 « Je déteste le café. » Et ce n’est pas parce que j’ai trop traîné mes pieds ici, derrière ce comptoir. Je me pince les lèvres, tapotant le morceau de carton du bout de mon ongle, mes cils accrochent les siens parfois quand je crois qu’il ne m’observe pas. Mon regard est inquisiteur et j’aimerai savoir ce qu’il pense. Puis quand ses yeux peuvent voir les miens je les abaisse pour fixer mon doigt, le cheesecake, le carton. Je ne sais pas s’il attend une explication. Sans doute que oui. Ce n’est pas comme-ci je lui devais quoi que ce soit, je sais bien, il ne me forcerait pas à m’exprimer sur le sujet… Mais vraiment, je crois que les mots se bousculent trop sur le bout de ma langue quand il est dans le coin. Je relève encore les yeux, personne n’a encore rien dit. Peut-être qu’il ne va pas demander. J’occupe ma bouche avec un autre morceau de cheesecake. J’aime les pâtisseries de cet endroit, même si ce ne sont pas des choses que j’aime partager. Ce que j’aime c’est l’amertume du citron. Elle me pique la langue, mais j’y trouve un peu de douceur… Alors que le café… Oui.  « J’ai toujours détesté le café. » Je marque une pause.  « Parce qu’il donne des insomnies aux insomnies. » Et je sais que c’est un peu obscur.  « Mes deux unités parentales en buvaient beaucoup quand j’étais petit. » Petit et trop étrange. Incompréhensible aux yeux des autres. Étrange étranger qui hante la même maison. Qui dort de le même lit. Qui ressemble, mais diffère tellement de ce petit garçon qui savait encore rire. Je sais qu’ils conservent des photos de lui et qu’ils regardent à peine les miennes. Et pourtant nous sommes les même. Fondamentalement.  « Alors je suppose que ce n’est pas depuis toujours et que c’est faux. Qu’il y a eu un moment où l’odeur ne me dérangeait pas. » Je le fixe toujours. Marvel qui ne s’offusque pas et écoute. Qui ne semble pas trouver les choses futiles ou inintéressantes. « L’odeur me donnait mal au ventre. Me donnait des tremblements. Me rendait malade. » C’était avant, quand ils disaient que cela me rendait angoissé.  « Mais c’était pire qu’ils sachent puisqu’ils pensaient que c’était de leur faute. Et après ils se forçaient à ne plus en boire. » Peut-être qu’ils n’étaient pas obligés d’arrêter. Je n’aime pas avoir l’impression de conditionner leur comportement, comme si le contenu de ma notice était trop contraignant. Je coupe un morceau de gâteau sans pour autant le manger, car mon esprit travaille trop fort pour communiquer. Je m’accroche à ses tâches de rousseur.  « Alors j’ai choisi de travailler ici pour qu’ils puissent en boire de nouveau. Le café n’a pas la même odeur. » Je regarde autour de moi et désigne quelques personnes assises non loin.  « Ces moldus ne boivent pas du café, compte tenu de la teneur en café de nos boissons. Ce sont plus des boissons aromatisées et très sucrées. Mais pas du café. » Je mange un morceau de gâteau, avec plus de vaillance, comme si parfois certains gestes anodins me demandait trop de bravoure.  « Et je ne me sens pas particulièrement malade ici. » Je ne m’y sens pas à mal place, mais pas mal pour autant. Ce qui était une chose positive.   « Je déteste toujours le café, parce qu’il donne des insomnies aux insomnies. Mais quand l’odeur est noyée, masquée sous des litres de crème, de caramel et de chocolat, de vanille, alors cela ne m’affecte plus vraiment. » Je soupire et je me rends bien compte que ce n’est pas là le sujet le plus intéressant. J’ai mal au ventre quand je me dis que cela a pu l’ennuyer ou qu’il ne voulait peut-être rien savoir. Je passe ma main sur ma nuque et je retourne fixer le carton de mon gâteau. C’est la première que l’on se voit et je crois que l’idée que ce ne soit pas une réussite me dérange alors qu’il est si semblable à ses lettres.  « C’était une anecdote un peu insignifiante. » Dis-je en haussant les épaules et puis je me redresse pour dire, un peu plus assuré quand il s’agit d’exprimer ma retenue vis-à-vis des autres : Habituellement je prends un chocolat viennois, mais je n’aime pas que ce sont les autres qui le préparent. Ils ne mettent pas assez de chocolat. Du vrai chocolat. Et ils n’aiment pas quand je leur dis comment le faire comme je l’aime, ni quand je leur dis qu’ils le font très mal alors que c’est la strict vérité. » Basée sur mon observation subjective, j’en conviens, mais ils avaient tendance à y mettre trop de lait.  « Ils ne comprennent pas qu’il faut y mettre beaucoup de chocolat, ou du moins pas comme toi. Je te laisserai faire le mien, la prochaine fois. » S’il n’a pas été suffisamment assommé par cette histoire de café.
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Re: Grand mère sait faire un bon café — [Flashback ; with Oscar]
22.01.17 3:56

You'll never feel happy, until you try

Everybody needs this
Everybody needs this, happy thing
Everybody needs this, everybody needs this, happy thing


Détester le café tout en travaillant dans un endroit pareil ? Décidément, Oscar L'Ourson était une personne étonnante. Mais pourquoi pas, surtout si tout cela l'aidait à mieux surmonter son dégoût. Ou peut-être qu'il avait pris ce job comme un défi personnel. Après tout, il était peu commun pour un sorcier d'accepter de travailler pour des moldus. Peut-être qu'il voulait les voir de plus près, être un observateur passif de cet univers qu'il n'avait jamais connu dans son enfance. Sinon, pourquoi travaillerait-il ici, et non dans le salon de thé de Madame Pieddodu ? C'était un boulot bien plus simple pour un magicien : il n'y avait aucune nouvelle règle à apprendre et on pouvait dégainer sa baguette à tout bout de champ, pour éviter de faire des tâches trop rébarbatives ou épuisantes. Mais non. Il avait fallu qu'il choisisse de travailler pour une firme multinationale synthétisant du café sous des couches de sucre.

« Tu en fais souvent des insomnies, Oscar ? » C'est vrai que ce genre de substance était peu recommandée en cas de troubles du sommeil. Et durant une seconde, Marvel hésita à y tremper les lèvres. N'avait-il pas l'air de quelqu'un mastiquant de la viande devant un végétarien ? Ne risquait-il pas de dégoûter son ami pour toujours, en buvant son frappuccino ? Et n'était-ce pas tout simplement égoïste de profiter de sa boisson, quand l'autre n'avait rien pour se désaltérer en plein mois d'août ? Peut-être qu'il pourrait l'aider en lui préparant un jus de fruits frais fait maison. Mais avaient-ils seulement ce genre d'ingrédients dans un Starbucks ? Et qu'en était-il d'un thé vert ?  « Tu ne veux pas au moins boire de l'eau ou... quelque chose ? Je peux te l'emmener si tu veux. Il fait au moins quarante degrés, ici. » Ce serait quand même dommage que son élève s'évanouisse en plein rendez-vous amical. Il avaient encore tant de choses à se dire, tant de sujets à aborder de vive voix. Ce n'était pas le moment de flancher.

« C'est une décision très altruiste. » Cette fois-ci, le rouquin se risqua à tremper ses lippes dans le breuvage. Et quel régal ! La boisson était encore meilleure que ce qu'il avait imaginé. Et le fait que son ami l'ait préparée y était certainement pour quelque chose. « C'est délicieux ! Vraiment, ton choix était le bon. » Pourtant, il n'y avait eu aucune mention de leurs aliments préférés dans les lettres. L'Ourson avait juste deviné. « Un jour, je te préparerai moi aussi une boisson ou un gâteau qui te représente. Sans un seul gramme de café, bien entendu. » Mais pour ça, il faudrait sans doute prendre quelques cours de cuisine auprès de Mint et s'entraîner jusqu'à la fin des vacances. Le résultat devait être parfait.

C'est à ce moment-là que son interlocuteur commença à douter. Insignifiante, son anecdote ? Pas du tout ! Au contraire, Marvel appréciait beaucoup la variété de leurs sujets de conversation. À vrai dire, le simple fait de communiquer avec le Serdaigle suffisait à son bonheur.  « Toutes les anecdotes sont bonnes à entendre. Et puis comme ça, je comprends mieux ton dégoût du café et tout le cheminement qui va avec. Tu sais, moi je suis incapable de croquer dans une cerise. J'ai toujours peur de mordre trop fort dans le noyau et de me casser les dents. Ou de tomber sur un ver. » Ébauche de souvenir d'enfance désagréable. Nez à nez avec un asticot, signe de pourriture.

Tu ne t'es jamais demandé comment aurait été ta vie, si tu avais été né sans facultés magiques ? Quel genre de métier aurais-tu fait ? Aurais-tu été bon à l'école ? Quelles options aurais-tu pris? Des étoiles dans les yeux, le professeur était déjà perdu dans un monde parallèle où tous les deux seraient un prof d'histoire aux blagues démodées et un élève studieux qui obtiendrait plus tard un prix Nobel ou une médaille Fields. « Tu me laisserais vraiment derrière le comptoir te préparer un chocolat ? » L'idée d'être entouré de toutes ces machines entièrement moldues le ravissait presque autant que le défi de lui créer la boisson idéale.


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Oscar L'Ourson


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Re: Grand mère sait faire un bon café — [Flashback ; with Oscar]
04.02.17 2:54

Avec ou sans crème fouettée?
Si j’avais été moldu. Si j’avais été cracmol, comment aurait été ma vie ? C’est une question difficile à entendre et je crois qu’il ne se rend pas réellement compte. Il a toujours les yeux brillants quand il parle des moldus et sans doute que ce monde là pour lui est un monde merveilleux. Peut-être aussi qu’il s’y sent mieux que dans le monde sorcier ? La façon dont il en parle me donne parfois l’impression que si je l’écoutais je pourrai me mettre à aimer le monde des moldus… Mais alors je me rappelle bien vite de ma propre histoire et mes vieilles rancunes s’impriment sur mes lèvres.  « Si j’avais été moldu ou cracmol… Et bien je crois que tout aurait été différent. »

Peut-être que personne n’aurait été blessé, mais je me rappelle aussi des tests et des rendez-vous différents avec divers docteurs moldus qui se vantaient de savoir ce qui n’allait pas. Je me rappelle aussi que j’ai commencé à entendre des mots qui ressemblaient à des insultes tournés à mon encontre. Des choses qui ont fini par atteindre mon alliance parentale. Je crois que c’est à cause de moi qu’ils ont longtemps pensé être de mauvaises unités parentales. Parce que je suis différent des autres enfants. Même très différent. Et si je n’avais pas été moldu alors j’aurai été juste différent. Atteint de troubles. Des mots compliqués qu’ils ont essayé de me coller sur le dos pour essayer de définir un dysfonction. Alors peut-être que si j’avais été moldu ou cracmol tout aurait été pire. Ou mieux. Mais sans doute pire.

 « On ne se serait jamais connu. Je serai resté en France. » Je finis par dire, pour commencer.  « Et je n’aurai pas été merveilleux. » Je continue, les yeux fixé sur la table.  « Je crois que j’aurais été Oscar L’Ourson. Un garçon différent, trop différent parce qu’il n’est pas comme les autres, mais dans un sens moldu plus terrifiant. » J’exprime une émotion, sans trop savoir si j’aurais été capable de la ressentir ou si je projette des mots sur des représentations cauchemardesques de mes alliances parentales.  « Ils n’auraient jamais pu retrouver le sommeil, aussi. » Je m’affaisse un peu, car je n’ai rien de bien à raconter. Rien de très agréable à rajouter à ce tableau un peu trop sombre.  « Nous n’aurions jamais été ami. Arti n’existerait pas dans mon esprit. Et cette rencontre n’aurait jamais eu lieu non plus. Alors je crois que je préfère ne pas trop penser à ça. » Parce qu’il y a quelque chose de trop douloureux pour mes tempes et mon ventre.

Je garde le silence longtemps. J’essaie de remonter le fil de la conversation. Il me semble que j’oublie toujours de répondre et d’exprimer. Il y a tellement de choses qui doivent être importantes et que je rate ! Je sais aussi que cette discussion-là ne doit pas être agréable à entendre. Mais de toute façon je ne serai jamais capable d’y apporter une réponse plus positive, car ce serait mensonger. Et faux. Mais au-delà de cela, je crois que je suis heureux. Qu’il me parle de lui. Qu’il me pose des questions. Qu’il s’inquiète assez pour m’envoyer tellement de tartelettes que j’en devienne malade à force d’en manger.


Je le fixe, pour réaliser tout ce qu’il me dit. C’est difficile à penser et à croire, mais on ne me demande jamais vraiment comment je vais. On me parle encore moins d’insomnies. On ne me confie pas non plus des anecdotes. Et c’est peut-être parce que je ne parle jamais assez, ou alors peut-être parce qu’ils ne s’intéressent pas assez. Ou qu’ils ont peur de s’intéresser. J’esquisse un sourire discret et baisse les yeux sur mon cheesecake. C’est agréable de savoir que quelqu’un s’intéresse réellement à ce que vous dites. De le comprendre surtout et de ne pas en douter mille fois. Je relève les yeux, réfléchir, former, exprimer. C’est comme cela qu’on arrive à communiquer.

 « Souvent je fais des insomnies. Mais ce n’est pas à cause du café. C’est les cauchemars. » Je fronce les sourcils et si je n’en faisais pas autant depuis que je suis en âge de regretter je n’y croirai pas moi-même. Puisque les cauchemars ne sont rien d’autres que des images, des couleurs, des événements, des sons factices. Qui viennent de quelque part, mais qui ne sont rien d’autre qu’une projection de l’esprit. Mais pourtant ces même cauchemars ont le pouvoir de me tenir éveiller longtemps. De me faire sursauter. De me forcer à l’insomnie quand trop secoué il ne me reste plus qu’à regarder le noir, les ombres et espérer y trouver le sommeil. Mais je n’y crois jamais assez.  « Mais je fais des rêves aussi. Qui ne sont pas des cauchemars. Et parfois aussi j’arrive à me rappeler de choses agréables. » Il me suffit de relire des lettres ou alors de me demander ce que fait Arti aujourd’hui. Mais je crois que je ne lui dirai pas, parce que ce n’est pas quelque chose à dire et qui m’appartient à moi.

Je mords le bout de ma cuillère et termine ma part de cheesecake. Je dépose celle-ci sur la table et je déclare  « Et non, les boissons ne sont pas à mon goût et je n’ai pas soif. » Je précise, même si j’ignore pourquoi il a tant hésite à boire lui-même. Je me suis demandé s’il n’aimait peut-être pas le chocolat, ou la guimauve, ou alors qu’il espérait vraiment de la cannelle et de la citrouille ? Et quand il a bu j’ai été soulagé. Et je crois que j’ai perdu un peu les repères de la conversation, ou alors ce sont mes doigts sont trop occupés à triturer mon siège qui m’ont déconcentré. Ou alors une impression étrange collée dans mon dos. Quelque chose qui fait picoter ma nuque. Peut-être parce qu’il a dit vouloir me préparer quelque chose moi aussi. J’ai le réflexe de me demander pourquoi. Parce que je ne suis pas un client. Qu’il ne travaille pas ici. Qu’il ne devrait pas se sentir obligé de me préparer quelque chose. Mais je crois que la réponse est trop étrange, ou alors trop inattendue aussi. Alors je lui demande parce que j’ai l’impression que je peux tout lui demander :

 « Pourquoi voudrais-tu me préparer quelque chose ? » Et c’est une question sincère, juste une incompréhension, quelque chose de trop étranger pour moi qui ai toujours besoin de raison.  « Je crois que j’aimerai que tu me prépares quelque chose, mais pourquoi le ferais-tu? » Je termine mon cheesecake, finalement et comme je ne sais pas quoi faire de mes mains je les glisse en dessous de ma siège.  « Pourquoi fait-on des choses pour les autres quand rien ne nous y oblige ? » Je questionne, mais ne lui laisse pas vraiment le temps de me répondre.  « Je n’ai jamais offert quoi que ce soit. À qui que ce soit. Jamais. » Je fixe la table.  « Et je n’aime pas vraiment quand mon alliance parentale me rapporte des choses quand je n’en ai pas vraiment besoin. » J’explique, en repensant à noël et à mon anniversaire.  « On ne devrait pas offrir des choses juste parce que la date l’exige. » Je finis par dire, en cherchant quelque part sur son visage.  « C’est encore plus difficile de comprendre quand il n’y a pas de date ou d’événements à célébrer. Quand c’est une proposition spontanée comme la tienne. » Je passe ma main sur ma nuque.  « Le concept des cadeaux est vraiment un concept trop étrange pour moi. Cela dépasse ma compréhension. » Je finis par déclarer, les sourcils froncés. Soulagé aussi de pouvoir l'exprimer, parce que ce n'est pas quelque chose de facile à dire parce que c'est une évidence pour le reste du monde et pourtant moi je ne sais pas, mais je sais qu'il ne se moquera pas et qu'il répondra s'il sait. J'en suis même persuadé.
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