ÉPISODE #3

Encore un matin, un matin pour rien, comme dirait la chanson. Mais ce matin-là, qui aurait cru que tout irait de travers. Rien que le levé fut chaotique, impossible de trouver mon uniforme ou encore ma serviette pour aller prendre ma douche. Super, encore une super plaisanterie de quelques filles. Un jour je leur ferais manger leurs cours ... Mais pour le moment, il fallait que je retrouve mes affaires ... Que je retrouvai dans les douches. En voila une chose qu’elle est drôle. Heureusement que nous sommes à l'école et que je pouvais utiliser la magie pour faire sécher tout ce beau monde et enfin prendre ma douche.
Une fois propre, et surtout bien en retard, il était temps d'aller manger. M'enfin, je ne savais même pas si j'allais avoir assez de temps pour avaler mon thé. Je me demandais même si je n'avais pas passé l'heure des hiboux. Et puis zut, ce n'était en me pausant toutes ces questions que j'allais savoir. Et puis si j'arrivais en retard, cela serait bien la première fois depuis trois ans. Donc, je pouvais me permettre un léger retard de 5 minutes. Surtout que ce matin, je commençais par Histoire de la magie, le professeur ne verrait donc pas mon absence.

Je montai les escaliers juste après être sorti de ma pièce commune pour me rendre dans la grande salle. Il y avait énormément de monde dans les couloirs et surtout beaucoup de discussions. Elles semblaient toutes avoir le même sujet, mais je n'avais pas le temps d'écouter. Je devais vite aller prendre mon petit déjeuner. Il fallait absolument que j'avale quelque chose car jamais je ne tiendrais jusqu'à l'heure du déjeuner.
J'entrais enfin dans la grande salle. Et bien, il y en avait encore du monde, cela n'était pas banale. D'habitude à cette heure-ci, il y a peine une vingtaine de personne à finir de manger, mais là ... En plus, il y avait encore de nombreux hiboux : étrange. Peut-être que j'allais croiser Mortimer du coup. Bon, il n'avait pas systématiquement une lettre, mais il venait tous les matins pour me piquer un bout de bacon ou d'oeufs brouillés avant de repartir à la volière. Je me posai ma table, pris du thé ainsi qu'une part d'oeuf avant d'essayer de le trouver du regard. Il avait beau être grand, sauf qu'avec son pelage classique, il arrivait facilement à se fondre dans la masse.

Après quelques minutes à essayer de la repérer tout en mangeant, un volatile vint me voir. Le hic, ce que ce n'était pas Morti. Non, il s'agissait d'une chouette lapone qui renversa ma tasse de thé en atterrissant devant moi. Je soupirais doucement, décidément, rien n'allait ce matin. Je me penchai doucement sur le petit rapace et avant même que je n'eus détaché la lettre, je m'arrêtai : cette lettre ne m'était pas destinée. Comment le savais-je ? Car c'était toujours Mortimer qui m'envoyait mon courrier et aucun autre volatile, même quand la lettre venait d'une personne que je ne connaissais pas. Je rattachai donc l'enveloppe et fis signe à la chouette de s'envoler. Impossible, elle ne voulait pas partir. J'insistais pourtant, mais rien n'y fait, elle ne bougeait pas, limite si elle ne me donnait pas de coup de bec pour que je prenne la lettre.

-Bon très bien, je la prends ... Qui sait, peut-être qu'elle est vraiment pour moi, dis-je en prenant la lettre et en l'ouvrant. La lettre était assez courte pour que je puisse la lire rapidement. Je relevais la tête pour rattraper la chouette mais elle était déjà partie. Voila que c'est pas banale ça, une chouette qui se trompe de destinataire ...

La lettre n'était pas pour lui, effectivement. Mastiquant un bout de bacon grillé qui dépassait d'entre ses lèvres, Perceval parcourait les quelques brèves lignes la composant. Il leva à peine les yeux en voyant d'autres Poufsouffles s'assoir autour de lui. Abby Reynald — cela ne lui disait rien pour le moment. Il fouillait les recoins de sa mémoire, mais non. Semblerait-il donc que c'était une fille ; génial. Le jaune espérait seulement ne pas tomber sur un genre d'Ana ou pire, une Rosabel. Cela serait affreux. Il grimaça rien qu'à cette pensée. Il fit tourner la lettre entre ses doigts, prenant garde à ne pas froisser le papier. Un mot avait attiré son attention — Légilimente. N'était-ce pas, le même don possédé là que celui du professeur Orhan ? La faculté d'infiltrer les pensées, lui avait un jour expliqué ce dernier plus en détails, alors qu'il attendait que Perceval ne termine de l'aider à ranger son bazar de paperasse — pourquoi d'ailleurs l'aidait-il ce jour-là ? Il ne savait plus, endossant bien souvent le rôle de second, apprenti ou esclave selon les jours et les humeurs de l'enseignant. Mais Orhan savait se faire pardonner en partageant quelques fragments de ses connaissances avec son élève.

Le pouvoir, de l'ordre du divin presque, d'ôter les souvenirs. Rien que la remémoration de cette conversation, faisait froncer les sourcils à Perceval. Cette Abby apprenait un art dangereux ; un talent à ne pas mettre entre toutes les mains. Il reposa la lettre, cachant les écritures. Terminant son café, il parcourait la salle du regard, découvrant les réactions de chacun face à un courrier qui n'était celui attendu. Il avait encore de la chance, n'étant pas tombé sur quelque chose de trop compromettant encore. Mais il faudrait qu'il contacte la demoiselle Reynald prochainement — histoire de lui rendre son dû.

Achevant son petit-déjeuner, Perceval allait pour se lever et quitter la table, devant de toutes manières se préparer pour ses cours. Mais l'arrivée d'un nouveau hibou le stoppa dans son élan. Le brun cligna des yeux en voyant l'animal décrire quelques cercles hésitants au-dessus de sa tête, avant de lâcher la lettre qu'il gardait précieusement en son bec jusqu'à présent. « Eh mais attends — » L'animal cependant, repartait déjà, son vol rendu chaotique par les battements d'ailes furieux. Perceval se dit qu'il serait bon d'aller vérifier la Volière peut-être, ce comportement de la part de leurs fidèles messages était invraisemblable. Hésitant, il regarda la nouvelle enveloppe entre ses doigts, alors que la précédente se trouvait désormais pliée dans sa poche.